Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 15 Mars Ordre de passage des participants : Billy puis Andrew

Journée pluvieuse. Journée où toute personne devrait rester à la maison bien au chaud et ne pas sortir. Sauf que personne ne pouvait s'arrêter de vivre, et encore moins arrêter son travail et notre cher conseiller en environnement. Il devait remplir des papiers et faire des états des lieux pour ensuite approuver la construction d'un bâtiment. Le moment venait où il devait sortir. Il regarda une dernière fois à la fenêtre de son bureau, avant de fermer son manteau jusqu'à son cou. La pluie était glaciale et il faut dire qu'il n'aimait pas trop ca. Il attrapa son parapluie qui était en train de sécher là.

Il prit son courage à deux mains et il sortit, tout en ouvrant son parapluie, sacoche sous le bras. Il ferma la porte de son humble bureau avant de se diriger vers l'endroit qu'il devait inspecter. Et pour faire encore mieux, celà se trouvait au port. Billy détestait ce trop pleins d'eau mais il allait devoir faire avec. Il ne se rappelle plus depuis quand il n'aimait pas ca, mais celà semblait très lointain... Il se mit à marcher pendant plusieurs minutes, en serrant son manteau contre lui, tentant de garder un peu de chaleur, son parapluie bien au dessus de sa tête, le protégeant un temps soit peu de la pluie.

Arrivé sur le port, le vent soufflait. Encore un nouvel élément qu'il n'aimait pas. Une grosse bourrasque finit à avoir raison de son parapluie qui vint à s'envoler loin derrière lui. Il ne chercha même pas à le rattraper. Peut être était ce une mauvaise idée d'être là au final... Mais une part de lui totalement inconsciente se disait: tu y es, tu y restes. Tu n'as qu'à te dépêcher c'est tout. Alors il continua son chemin pour arriver près des quais. Il commença à tourner et inspecter le terrain. Il s'employa alors à sortir son appareil photo et d'autres documents, tout en avançant. Il grogna quelques mots pour lui entre ses dents, en se demandant si c'était encore une bonne idée... Il avait son nez dans sa sacoche. Le sol n'arrivait pas à absorber toutes les trombes d'eau qui déferlaient depuis ce matin, et le sol était glissant.

Et par son entêtement, ce qui devait arriver, arriva. Il glissa sur le bord du quais et tomba directement dans l'eau. Il aurait pu facilement en sortir... si il savait nager... Mais Billy ne savait pas. Et c'était bien ca le problème. Il n'eut pas le temps de penser à ce qui était en train de se produire qu'il se retrouva en train de boire la tasse. Le froid de l'eau lui avait coupé le souffle. La panique monta en lui tout de suite. Il se voyait déjà couler au fond de l'eau. Il remonta une première fois à la surface et quand il put enfin prendre de l'air, il ouvrit la bouche pour crier à l'aide, mais à peine avait il terminé sa phrase que de l'eau s'engouffra de nouveau dans sa bouche et Billy suffoqua. Il paniquait pour de bon et se demandait si il allait s'en sortir. Malgré ses efforts, il replongea de nouveau. Il essaya de percer de nouveau et eut beaucoup de mal cette fois. Il tenta de cracher et de crier encore à l'aide dans un espoir de fin de monde. Mais l'eau vint à l'ensevelir de nouveau. Dans sa panique, il tentait désespérément de chercher de l'air mais il n'y arrivait pas. Il était dans le flou total, il n'entendait que le bruit fort et brutal de son coeur qui battait à rompre. Il n'arrivait plus qu'à avaler de l'eau, alors qu'il sentait ses poumons qui le brûlaient. Il pensait bien que c'était la fin...

À peine Andrew avait-il ouvert les yeux qu'il lança un regard à la fenêtre. De gros nuages s'accumulaient dans le ciel, menaçants d'une forte pluie. Un temps déprimant, en somme. Le jeune homme se redressa de son canapé-lit en soupirant. Il était las de la météo qui semblait accompagner son état d'âme actuelle. Depuis quelques jours, un de ses amis ne lui donnaient plus de nouvelles. Jamie ne venait plus chez Granny's et ne s'était pas renseigné sur l'état d'Andrew après l'avoir aidé à se sortir d'une petite grippe. Le cuisinier ne savait même pas ce que celui-ci devenait, s'il allait bien ou s'il était simplement débordé avec son travail. Pourquoi s'en préoccupait-il autant ? Peut-être parce qu'il avait des sentiments pour cette personne, qui allaient bien au delà de ce qu'il avait imaginé au départ. Il y pensait jour et nuit, au point de ne pas trouver le sommeil, au point de rêvasser chez Granny's tout en préparant les plats au rythme d'un nouvel employé sans expériences. Bref, Andrew n'était plus dans son état normal mais devait faire avec, en espérant qu'un jour, Jamie lui redonne de ses nouvelles.

Toute la matinée, le cuisinier avait observé les fenêtres du restaurant pour voir la pluie tomber sans s'arrêter. Les clients arrivaient trempés jusqu'aux os et demandaient souvent des boissons chaudes et des soupes pour se réchauffer. Même des habitants qui n'avaient pas l'habitude de venir s'étaient abrités chez Granny's en commandant un café ou un chocolat chaud. Et pendant toute ses heures de travail, Andrew avait espéré voir Jamie apparaître. Mais il n'était pas venu. Alors, lorsque ses horaires furent terminées, le cuisinier quitta le restaurant, décidé à rentrer chez lui pour lire un bon bouquin, enroulé dans une grosse couverture et en buvant un bon cappuccino fumant.

En marchant, Andrew fut surpris de voir un parapluie traîner sur la route. Il le récupéra malgré la puissance du vent et réussit même à le fermer, en jetant quelques regards alentours pour voir si le propriétaire de l'objet traînait dans le coin. Le cuisinier vit alors une silhouette au loin et crut reconnaître un très bon client de chez Granny's, Billy Huggins. Il s'avança, doucement au début, puis accélérera le pas en voyant l'homme glisser au bord du quai et tomber à l'eau. Andrew n'avait pas réellement les capacités d'un héros ni l'apparence, mais voir une personne en danger réveillait en lui un instinct qui le poussait à venir en aide à son prochain. Alors, il n'hésita pas à récupérer un gilet de sauvetage quelque part sur un bateau et fut prêt à le lancer à la victime. Seulement voilà, Billy était en train de se noyer et Andrew n'était pas sûr qu'il puisse réagir en voyant un gilet atterrir près de lui.

Contre toute attente, le jeune homme plongea pour essayer de sortir la victime de l'eau. Le corps de Billy était lourd avec tous ses vêtements mais Andrew réussit quand même à le hisser hors de l'eau - non sans avoir bu la tasse entre temps. Rapidement, le cuisinier rejoignit la victime sur le ponton et se pencha sur lui, pour voir s'il était conscient. « Tout va bien ? Tu te sens comment ? » La pluie continuait de tomber et il faisait froid. Très froid. Andrew ne pouvait pas se permettre d'attraper mal une seconde fois, pas en si peu de temps, et il devait trouver une solution pour se réchauffer, rapidement. « Tu veux que je t'emmène à l’hôpital ? » L’hôpital ou son appartement. Ou le logement de Billy. Andrew n'en savait rien mais il ne voulait pas rester sous la pluie trop longtemps.

Plus il essayait de remonter à la surface, plus, il avait l'impression qu'on le tirait vers le bas et ses habits lui semblaient si lourd qu'ils étaient devenus comme du plomb. Il avait des vertiges, et n'arrivait plus à savoir où était le haut ou le bas. Etait-ce celà qu'on appelait noyade ? Il crut voir une forme dans l'eau à un moment donné, mais il ne savait pas du tout ce que c'était et où celà se trouvait. Puis il arrêta de gesticuler dans tous les sens, alors qu'il allait perdre connaissance. Il sentit quelqu'un l'attraper par la taille et le soulever vers la surface.

Il était à demi-conscient quand on le tira sur le rivage. Billy se mit alors à cracher l'eau qu'il avait dans les poumons, tentant de reprendre son souffle comme il pouvait. Il avait encore les oreilles bourdonnantes et sa vision était obscurcie. Il ne voyait pas bien le visage de son sauveur, mais par la voix, il reconnu tout de suite Andrew, le cuisinier qui travaillait pour Granny et qui était un bon ami à lui. Il lui demanda si ca allait et comment il se sentait. Il ne répondit pas tout de suite, finissant de cracher de l'eau. Il dit d'une voix étranglée: « Ca va... Ca va... Je suis en vie, c'est le principal. Merci Andrew. »

A vrai dire, Billy était encore sous le choc, donc le froid, il ne s'en souciait pas trop, même si il risquait en plus de ca d'attraper la mort. Andrew lui demanda si il devait l'emmener à l'hôpital. Il secoua la tête un instant pour lui dire: « Ca va aller. Faut juste que... je respire et ca ira. J'ai juste encore un peu la tête qui tourne. Je vais... rentrer à la maison, ca sera mieux. J'ai été fou de vouloir sortir par ce temps. » Il réussit à s'asseoir et regarda Andrew avant de lui dire: « Si tu n'aurais pas été là, je serai surement au fond de l'eau. Encore merci. »

Puis un frisson lui parcourut le dos. Ses vêtements étaient trempés, la pluie glaciale continuait de tomber, et il faisait particulièrement froid. « Brrr... On ferait mieux de rentrer. Il faudrait mieux se mettre à l'abris. » A ce moment là, un éclair déchira le ciel. Il regarda la lumière s'abattre en pleine mer et ajouta: « Maintenant, ca serait bien en fait... » Il demanda appuie à Andrew, car il avait les jambes encore flageolantes.

Andrew n'arrivait pas à se relever. Pas tout de suite en tout cas. Le sauvetage en pleine mer n'était pas une activité qu'il pratiquait régulièrement et l'épuisement s'était vite fait ressentir. Il préférait donc rester assis tout en veillant à ce que son ami Billy soit en forme malgré sa presque noyade. Celui-ci le remercia pour son aide, mais Andrew ne répondit pas. Après tout, c'était un acte tout à fait normal. Il ne l'aurait pas regardé en train de se noyer sans rien faire, ou en appelant à l'aide désespérément alors que personne ne se trouvaient aux alentours. Le principal, maintenant, était que Billy aille bien. Andrew lui proposa quand même de faire un tour à l'hôpital mais son ami refusa, en secouant la tête, certain d'aller assez bien pour éviter l'établissement. Le cuisinier ne répliqua pas, une fois de plus, et restait très attentif à ce que lui répondait Billy. S'il avait été fou pour avoir choisi de sortir par un temps pareil ? Oui, surtout pour se rendre près du port... près de l'eau.

Billy remercia Andrew, une seconde fois, après s'être assis. Le jeune homme secoua la tête, l'air de dire que ce n'était rien. « Arrête de me remercier, c'est normal. » Malgré la situation, le cuisinier tenta un peu d'humour, pour détendre l'atmosphère et surtout pour détendre Billy qui devait être encore sous le choc. « Je n'aurais quand même pas risqué de perdre notre meilleur client de chez Granny's. » Suite à ces paroles, Andrew donna deux tapes amicales sur le bras de Billy, qui tremblait de froid. Ce dernier proposa alors de rentrer pour se mettre à l'abri et à peine eut-il terminé sa phrase qu'un éclair zébra le ciel au dessus de la mer, accompagné d'un terrible grondement. « En effet, maintenant c'est... parfait ! »

Ni une, ni deux, Andrew souleva Billy qui prenait appuie sur lui pour l'emmener loin d'ici. Sans trop réfléchir, le jeune homme se dirigeait chez lui, dans son petit studio. Il ne se souvenait plus exactement où vivait Billy et n'avait pas le courage de lui demander. Le vent et la pluie étaient tellement forts que Andrew avait du mal à parler sans recevoir de l'eau en pleine figure. Mieux valait-il donc attendre d'être à l'abri pour causer. De plus, le petit immeuble où logeait le cuisinier n'était pas très loin et en quelques minutes, ils arrivèrent à destination.

« Bon, euh... des serviettes. » Dans son studio, Andrew se dépêchait d'entrer dans la salle de bain et lança une grande serviette de bain à Billy. Il ne tenait pas tellement à ce que son canapé soit trempé, surtout que le divan faisait office de lit une fois la nuit tombée. « Je ne sais pas si mes vêtements pourraient t'aller, mais si tu veux te changer, n'hésite pas. » Andrew et Billy n'avaient pas la même corpulence, surtout parce que le jeune cuisinier était terriblement mince pour un garçon de son âge, même s'il se nourrissait bien. Alors, à part rencontrer une autre personne de son gabarit, Andrew n'avait pas vraiment l'occasion de pouvoir prêter ses vêtements à son entourage à cause de sa silhouette d'éternel adolescent. « Tu veux boire, manger quelque chose ? » Après un choc, le réconfort !

Billy ne savait pas trop dans quel état il était, mais il n'avait qu'une envie: se mettre à l'abris. Qu'importe l'abris. Quel idiot de sortir par ce temps et en plus... Il venait de perdre une foule de documents importants. Rha... Ce n'était pas le moment de s'attarder sur quelque chose de matériel, ne venait-il pas de manquer de mourir à l'instant ? Il se laissa porter par Andrew. Il remarqua qu'il l'emmenait plutôt chez lui. Une fois la porte refermée, ce fut une sorte de bénédiction.

Billy remarqua qu'il était bel et bien trempé jusqu'aux os et c'était peu de le dire. Il nageait même dans ses chaussures. En même temps, après la tasse qu'il venait de se prendre. Il attrapa avec bonheur la serviette que lui lança Andrew et s'y réfugia en le remerciant pour la énième fois dans la soirée. Il se permit de retirer ses chaussures, ses chaussettes, son manteau et son pull. Andrew lui proposa des vêtements, Billy serait heureux de se changer mais comme l'avait fait remarqué son ami: ils n'avaient pas la même corpulence. Billy était un gars plutôt petit et malgré les apparences, il était quand même bien portant sous ses vêtements. Enfin... Il n'était pas gros, loin de là mais on devinait qu'il aimait bien manger. Après, par sa taille, il restait quand même chétif comparé à certain, donc les habits du garçon pourrait peut être aller. Il répondit à Andrew avec un léger sourire « Oui en effet. Je dois avouer que j'ai un corps moins longiligne que le tiens. Après je pense qu'un T-shirt pourrait aller, et qu'un jogging ou un pantalon avec un élastique au niveau de la taille pourrait aussi convenir. » Il récupéra des habits que Billy avait demandé et commença à retirer d'abord sa chemise et son maillot de corps tout en répondant à Andrew « Je ne voudrais pas abuser de ton hospitalité. » Il s'arrêta un instant et regarda Andrew et finit par dire « Je capitule. Je meurs de faim et je rêve d'une boisson chaude. Un chocolat chaud. »

Il attrapa le T-Shirt et l'enfila avant de retirer son pantalon trempé et de le changer avec celui qu'Andrew lui avait donné. Bon, celà n'était pas pile poil sa taille mais c'était tout un réconfort d'être dans des affaires sèches. Il mit ensuite à sécher ses affaires près d'un radiateur et vint à rejoindre Andrew près des plats. « Tu vas encore me dire d'arrêter de te dire merci, mais je te dois une fière chandelle et en plus tu me recueilles chez toi. Promis, quand la tempête sera passé, je ne te dérangerais pas plus longtemps. D'ailleurs, ca sera à charge de revanche. » Il se sentait beaucoup mieux à l'instant, mais savait qu'un rhume n'allait pas tarder à couver après ce qu'il venait de vivre, mais ce n'était rien au final.

Andrew avait fait sa bonne action de la journée. Même si la situation ne portait pas à sourire de son exploit, il se sentait fier d'être venu en aide à quelqu'un. En refermant la porte de son petit studio, le jeune homme espérait que son invité ne remarque pas trop le désordre qui s'était installé dans la pièce depuis quelques semaines. Était-ce l'absence de son ami Jamie qui avait poussé Andrew à ne plus prendre soin de son petit intérieur ? Probablement. Il était déjà de base peu organisé, alors avec toute cette histoire, les bouquins et autres vêtements avaient pris des places imprévues dans le studio. Sur les meubles, sur la télévision, sur le plan de travail coté cuisine, sur les tabourets, même sur les poignées des fenêtres. Ce n'était pas non plus la foire à la brocante, mais quand même. On aurait presque pu prendre ce studio pour la chambre d'un adolescent de quinze ans qui ne savait pas ce qu'était un panier à linge.

Le ménage attendrait. Pour l'instant, Andrew proposa à Billy quelques vêtements et lui passa une serviette pour se sécher, tout en se dirigeant vers le coin cuisine - en prenant soin de débarrasser le plan de travail des bouquins qui y traînaient - pour préparer des boissons chaudes et sortir quelques gâteaux du placard. Il attendait encore la réponse de son invité imprévu, qui disait ne pas vouloir abuser de son hospitalité. Puis, Billy changea d'avis et accepta volontiers l'offre du cuisinier qui s'affairait encore à tout rassembler pour le goûter improvisé. « Un chocolat chaud, c'est noté. Je prépare ça. » Andrew se tourna pour récupérer une brique de lait et du chocolat en poudre dans son placard, puis une casserole dans laquelle il fit chauffer le tout. En se retournant vers son invité, le cuisinier fut surpris de le voir se déshabiller dans le salon, sans gêne. Même s'il n'était pas nu, Andrew détourna le regard, pour laisser un peu d'intimité à Billy qui ne devait pas avoir pensé à se déplacer dans la salle de bain. Tant pis, le cuisinier en avait vu d'autres. Son invité fut rapidement changé et il n'avait pas hésité à poser ses vêtements sur le radiateur pour qu'ils puissent être sec dans quelques minutes, ou quelques heures. C'est à cet instant précis que le jeune Andrew regrettait de ne pas avoir de cheminée. Il avait encore froid et le radiateur n'était pas assez puissant pour réchauffer toute la pièce.

Une fois que les chocolats furent prêts, Andrew déposa les bols sur le comptoir de son coin cuisine et invita Billy à s'asseoir sur un tabouret. Ce dernier commença alors à parler et remercia une nouvelle fois le cuisinier, qui roula des yeux. Ce n'était pas de l'exaspération, mais il ne tenait pas à ce que Billy se confonde en excuse toute sa vie. « Ne t'en fais pas. Je te l'ai déjà dit. C'est normal. Et pour ce qui est de l'invitation, c'est la même chose. Tu as vu cet éclair au dessus de la mer ? Je ne tenais pas vraiment à rester dehors une minute de plus. » Andrew donna trois tape amicale sur l'épaule de son invité et le contourna, lui laissant quelques gâteaux sous les yeux s'il voulait manger. « Je vais me changer aussi. Je reviens. » Tremblant de froid, le jeune homme se dirigea vers sa salle de bain après avoir récupéré des vêtements secs. Il ne mit pas longtemps à ôter ses vêtements pour s'en changer et rejoignit très vite Billy dans le coin cuisine. « Bon. Puisque nous sommes enfermés ici, tous les deux, autant discuter. Comment ça va pour toi, en ce moment ? » Andrew prit son bol de chocolat chaud et le serra entre ses deux mains pâles et gelées. Qu'est-ce qu'il était agréable de pouvoir sentir la chaleur contre ses paumes et ses doigts.

Qu'il était bon d'être au chaud à l'instant. Bien que Billy ne soit pas totalement remis de ce qu'il venait de se passer et qu'au final, il avait encore un peu froid, il appréciait le moment présent. Après s'être changé dans le salon, notre cher Billy vint à retrouver Andrew dans la cuisine, qui était en train de préparer chocolat chaud et quelques petits trucs à manger. Billy était, bien entendu, du genre à s'excuser un peu de trop mais il ne savait pas trop comment exprimer autrement sa gratitude à l'homme qui l'avait sauvé.

Oui, dehors, c'était le déluge et cet éclair avait été particulièrement effrayant pour nos deux hommes. Il ne valait mieux pas rester à l'extérieur par ce temps là. Billy eut un petit sourire à celà. Il s'en alla ensuite se changer, laissant quelques gâteaux à disposition de l'hôte et son bol de chocolat chaud. Billy attrapa le bol chaud et réconfortant entre ses mains tout en grignotant un peu en l'attendant, se rendant encore plus compte que cette histoire lui avait bel et bien creusé l'appétit. Il porta ensuite la préparation jusqu'à ses lèvres. Il l'apprécia encore plus que d'ordinaire.

Andrew revint et s'installa près de lui, et commença à faire la même chose. Il le regarda prendre place silencieusement alors que son ami vint à commencer une discussion. Billy posa son bol et lui dit « Et bien, la routine j'ai envie de te dire... Je m'étais rendu au port pour une expertise environnementale. Je crois que j'ai mal cerné le danger avant de sortir de mon bureau. Sinon à part ca, j'ai l'impression qu'en ce moment c'est le calme plat... Enfin presque... Il y a toujours Harvey et son excentricité dans le coin. » Il but une nouvelle gorgée de son bol avant d'ajouter: « Et toi ? Ton travail chez Granny ? J'ai quelques recettes à te montrer, il faudra qu'on se fasse une journée cuisine un de ces jours. » Oui, Andrew et Billy avaient bien une passion commune et c'était la cuisine. Billy ne sait pas d'où viennent les recettes qu'il a en tête, qui étaient en plus, pas simplement de bons plats mais d'excellent repas qu'il pouvait préparer. Était-ce un don inné ? Notre ancien hobbit ne cherchait pas plus loin et se disait qu'il avait simplement celà dans les veines. A vrai dire, avait il un souvenir de son enfance ? De ses études ? Tout celà lui semblait incroyablement fou, mais comme toujours et surtout: comme tous ici. Personne ne se souciait de celà. C'est la vie simplement... Avec le temps, les souvenirs s'estompent et son remplacés par d'autres.

Dehors, le temps était de plus en plus déchaîné. Des trombes d'eau s’abattaient sur la ville et l'orage semblait de plus en plus proche. Dans la salle de bain, Andrew remarqua le grésillement des petites ampoules qui éclairaient la pièce, ce qui n'était pas bon signe. Bientôt, il n'y aurait plus de courant. Par chance, il avait préparé les chocolats chauds avant le drame. Puisqu'il possédait des plaques de cuissons électriques, Andrew n'aurait pas eu le loisir de proposer de boisson chaude à son invité si l'électricité serait venu à manquer. Il s'y était donc pris à temps pour tout préparer et se félicita lui-même, intérieurement, de ne pas avoir traîné.

Une fois qu'il eut terminé de mettre ses vêtements secs, Andrew retourna dans la pièce principale en jetant un regard vers la double-fenêtre. Le ciel était de plus en plus sombre et menaçant à l'extérieur et les lumières de la ville étaient déjà allumées. Andrew s'approcha ensuite du comptoir dans le coin cuisine et récupéra sa tasse fumante tout en prenant place sur un tabouret. À chaque fois que l'orage grondait, l'ampoule du salon perdait de son intensité. Andrew était certain que bientôt, le petit studio serait plongé dans le noir. En attendant, il demanda des nouvelles à son ami, Billy, histoire de faire un peu la conversation en ce temps chaotique. Tout d'abord, celui-ci raconta comment il s'était retrouvé sur le port, avant l'accident. Il avait raison sur un point : il n'aura pas dû se rendre sur le terrain avec la météo actuelle. Cet épisode rappelait inévitablement à Andrew l'histoire de Mary Margaret, qui était allée en forêt par un temps semblable. Il avait entendu l'histoire chez Granny's alors qu'il préparait des cafés, le lendemain de la tempête.

Billy enchaîna son récit, disant que dans sa vie, en ce moment, c'était le calme plat. Andrew avait l'impression que la situation était égale pour tout le monde, lui compris. Avec l'absence de Jamie dans son quotidien, le cuisinier avait le sentiment qu'il ne se passait rien d'intéressant depuis des semaines. Et aussitôt pensa t-il au journaliste qu'il ferma brièvement les yeux, comme si ce geste allait chasser Jamie de son esprit. Billy était encore en train de parler, qui plus est, et Andrew devait l'écouter, au lieu de se perdre dans ses pensées.

Harvey ? Le jeune homme le connaissait de réputation mais n'avait jamais pu apprendre à connaître cet homme étrange. En tout cas, il acquiesça les paroles de Billy en levant le menton. Le sujet fut rapidement mis au placard, puisque l'invité d'Andrew lui posa quelques questions. Le jeune homme resserra son étreinte autour de la tasse et laissa un soupir passer ses lèvres. Puis, alors qu'il allait répondre, Billy ajouta une dernière phrase qui eut le don de changer les idées du cuisinier. Des recettes ? Bien-sûr qu'il en voulait ! Andrew adorait expérimenter diverses recettes, même s'il en possédait déjà d'origine, une différence dans la liste des ingrédients pouvait changer beaucoup de choses, parfois en bien, parfois en mal. Au moins, il avait de quoi tester sa façon de cuisiner. « Une journée cuisine ? Eh bien, oui, on pourrait en faire une. J'ai pas mal de recettes aussi, dont quelques unes de Granny, mais chut. » Un petit sourire malicieux se glissa sur le visage du jeune homme qui posa une nouvelle casserole de lait au chocolat chaud sur le comptoir, au cas où son invité aurait envie de se resservir. « Sinon, chez Granny's c'est plutôt calme en ce moment. Même dans ma vie. Je crois que nous sommes tous les deux entrés dans la routine quotidienne. Enfin, ce qu'il s'est passé aujourd'hui n'avait rien de banal. » L'accident avait mis un peu d'action dans la vie des deux hommes. Une action triste et dangereuse, mais une action quand même. Puisque tout s'était bien terminé, ils n'avaient pas à s'en plaindre. « Si l'orage ne s'arrête pas, tu peux dormir ici. J'ai déjà préparé mon repas pour ce soir, des lasagnes au saumon. Et je crois que j'en ai trop fait. » Au moins, ce dîner n'allait pas terminer comme celui qu'il avait passé avec Jamie. Et pour finir, le courant venait de partir, à l'instant même. « Super. Je vais allumer des bougies. » Aussitôt, le jeune homme sortit tout ce qu'il avait sous la main et posa trois bougies sur le comptoir, qu'il alluma avec son briquet, avant de s'allumer une cigarette et d'en proposer une à Billy. Il ne savait pas si ce dernier fumait, mais lui en avait besoin.

Arf quel temps ! Billy révait d'un beau soleil et de colline verdoyante où il serait bon d'y vivre. Storybrooke était tout sauf celà. Et d'ailleurs pourquoi penser à celà maintenant ? Était-ce cet orage et tout ce qui venait de se passer qui lui avait tapé sur la tête ? Surement. Il préféra se concentrer sur son chocolat chaud et sur la douceur du foyer qu'à l'extérieur. C'était bien mieux ! Andrew et lui parlèrent de tout et de rien, et Billy se demanda si ils pouvaient en venir à échanger quelques recettes. Andrew lui avoua qu'il avait récupérer un secret de Granny. Billy eut un petit sourire en coin espiègle à cette entente. « Je ne dirai rien mais j'ai hâte de voir et de goûter celà. »

La nourriture ! Celà avait toujours été un pêché mignon pour Billy. Aussi bien pour cuisiner que pour déguster. Il n'était pas de ceux qui font attention à leur ligne ! Quoi que Billy s'en sortait drôlement bien avec tout ce qu'il mangeait. Il était loin d'être gros.

Non la vie à Storybrooke était décidément d'un banal pour tous en ce moment. Quoi que celà a toujours été ainsi. Il ne se passe jamais rien ici. Quoi que depuis l'arrivée d'Emma il y a déjà eu plusieurs rebondissements sur la ville. Billy ne savait pas trop si il aimait ca ou pas. Une partie de lui avait envie de faire bouger les choses et l'autre avait une peur bleue de tenter quoi que ce soit. Bien qu'aujourd'hui, il avait bien faillit se noyer et ce n'était pas rien. Non. Ce genre de choses n'étaient pas faite pour lui. « Ouais... Je préfère encore ma routine que ce genres de choses qui vous mettent dans des galères plus grosses que vous. »

Andrew proposa ensuite à Billy de dormir là si l'orage ne s'arrête pas. Il tenta un coup d’œil dehors des trombes d'eau continuait de s'abattre sur la ville. Il dit « Je ne voudrais pas t'ennuyer. C'est de ma faute si je me suis mis dans cette situation là, la prochaine fois, j'écouterai mon bon sens. » C'est alors qu'ils se retrouvèrent dans le noir. Billy leva le nez alors qu'Andrew pesta et alla chercher quelques bougies. Oui, il ne manquait plus que ca. Billy observa son ami en silence tout en finissant sa tasse de chocolat.

Il s'alluma alors une cigarette que notre ami releva le menton. Andrew lui en proposa une. Billy était un gros fumeur mais il essayait de se calmer quant à sa consommation de tabac. Mais après ce qu'il venait de se passer, il n'allait pas refuser ce geste. Il attrapa la cigarette en le remerciant et l'alluma. La première aspiration eut un effet calmant sur ses nerfs, ce qui était assez impressionnant. « Merci. Je crois que mon paquet a pris l'eau. » Finit-il sur une note d'humour. Il se frotta le front, porta sa cigarette à ses lèvres avant d'ajouter « Je ne veux pas penser à demain et à la tonne de travail que je risque d'avoir. J'ai perdu presque l'intégralité de mes documents dans l'eau. J'espère que le temps se calmera. »

Sincèrement, Andrew pourrait parler de nourriture pendant un bon moment encore. Tout comme pour Billy, elle représentait un intérêt social bien particulier. Le jeune homme adorait se mettre derrière les fourneaux et préparer de bons petits repas plutôt que d'acheter de la nourriture fabriquée en usine. D'accord, c'était bien pratique pour ceux et celles qui n'avaient pas le temps de faire quoi que ce soit eux-même ou pour ceux qui n'étaient pas doués dans le domaine, mais comparé à un plat fait maison, tout paraissait bien fade.

Enfin, cette discussion s'arrêta là et il valait mieux. Andrew aurait bien été capable de donner des tas de conseils cuisine à Billy et ce n'était franchement pas le bon moment pour une telle discussion. Non, en fait, si. C'était le bon moment, mais aborder un tel sujet pourrait très vite donner envie à Andrew de préparer quelque chose de supplémentaire et si le courant venait à manquer, il serait assez mal barré pour tout finir. Bref, le jeune homme changea de sujet, passant par les petites discussions sur la routine et le quotidien.

L'orage battait son plein à l'extérieur et Andrew était conscient que laisser sortir son ami sous cette flotte et cet orage ne serait sûrement pas une bonne idée. Alors, il lui avait tout naturellement proposé de passer la soirée dans son studio, ce qui était normal, d'après lui. Mais Billy semblait gêné. « C'est peut-être de ta faute mais en attendant je t'ai repêché et je vais pas te laisser te mettre en danger une seconde fois. Si je te le propose, c'est que ça ne m'ennuie pas, alors profites-en. » Andrew donna trois tapes amicales sur l'épaule de Billy et rangea toute la vaisselle sale...avant que le courant ne coupe.

Après avoir sorti des bougies et les avoir allumé, Andrew proposa une cigarette à Billy, qui accepta volontiers, puisque son paquet avait pris l'eau, ainsi que tout son travail. Le cuisinier eut une petite grimace en pensant à tout ce qu'avait perdu son ami puis soupira. « Ce n'est pas récupérable ? Je veux dire, sur un ordinateur, tu n'as pas tout conservé sur un disque dur ? » La technologie était le moyen le plus sûr d'éviter le pire. Granny's se servait souvent de son ordinateur pour entrer tous ses comptes et faisait même des copies pour ne pas avoir de mauvaises surprises. « Mais si tu veux, on peut parler d'autre chose. En attendant que la lumière revienne. Ou alors, tu peux dormir si tu en as besoin. »