Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : Jour de la St Valentin Ordre de passage des participants : Harvey & Billy

Un jour que Billy n'aimait guère. Ce genre de jour où tout le monde lui rappelait à quel point il était seul et qu'il n'avait pas la chance de vivre un simple amour. Et il n'était pas le seul dans ce cas-là. A croire que son ami Harvey était aussi de son avis... Et ce malgré beaucoup de divergence d'opinion, ils se mettaient d'accord là dessus. Ils en avaient parlé dans la journée lors de leur pause déjeuner et ils finirent par se dire qu'ils pourraient bien passer la soirée ensemble.

Ho, Billy va vous dire de ne pas vous y méprendre. Il va vous dire que c'est une soirée de célibataires endurcis... Bien qu'une part de lui se sentait incroyablement heureux de passer cette soirée avec cet homme qu'il appréciait beaucoup... Voir un peu trop à son goût.

Mais Billy a un problème. Il ne veut pas se faire remarquer, du coup, il fait toujours profil bas à StoryBrooke et cela veut dire de ne pas attirer l'attention sur lui. Alors il passe son temps à mentir à lui-même et aux autres pour ne jamais faire face à la vérité. Et la vérité est qu'il tenait beaucoup plus à Harvey  que ce qu'il aimait penser.

Bon vous le prenez comme vous le voulez mais nos deux hommes s'étaient donné rendez-vous en face du Rabbit Hole à 20h. Billy était nerveux et regardait pour la dixième fois sa montre. Harvey n'était pas en retard... Pas encore en tout cas, mais il se demandait si c'était une bonne idée d'avoir invité cet homme un soir comme celui-là. Il avait beau se dire que ce n'était pas un rencard mais une simple soirée entre célibataire endurcie... Le fait de se le répétait lui donnait la conviction certaine qu'il se mentait de plus en plus à lui-même.

Puis son ami arriva. Billy ne put s'empêcher de sourire. Il connaissait Harvey et il savait qu'il n'était pas la plus agréable compagnie de StoryBrooke mais il lui convenait étrangement. Et Billy connaissait le secret d'Harvey qui s'appelait Hyde. Il l'avait croisé une fois, et il était clair que ce Hyde avait un sérieux problème. Quoi qu'il en soit, Billy ne vint pas à fuir mais à vouloir aider Harvey. D'abord à cacher son secret et ensuite à l'aider à maîtriser cette part de lui.

Harvey. Non, il ne pouvait pas le fuir. Il continuait de sourire en le voyant arriver. Sa démarche si sûre. Son air si mystérieux dans son long manteau noir. Son regard gris à la fois glacial et envoûtant. Ses boucles noires et juvéniles. Sa silhouette subtile à la fois fragile et forte. Etait-ce celà l'amour aussi au final ? Non... Leur relation était purement amicale et il ne pouvait se permettre ce genre de choses. C'était impossible.

Quand son ami se trouva près de lui, il lui dit malicieusement " Tu es à l'heure. Une première mondiale. Je te félicite ! "

La saint-Valentin. Un jour comme les autres au final pour Harvey. Il a toujours été seul pour cette journée "spéciale" et cela ne l'a jamais vraiment dérangé. On s'habitue à être seul. Puis il ne comprenait pas pourquoi les gens qui s'aiment avaient besoin d'une journée en particulier pour se dire qu'ils s'aiment. Après, cette journée pouvait bien être utile, un prétexte pour sortir avec son seul ami, Billy. C'était d'ailleurs le sujet de leur pause déjeuner et Harvey glissa doucement vers une invitation à sortir juste tous les deux. Heureusement Billy était seul aussi ce soir-là. Il n'avait pas invité sa stupide voisine bénévole de l'hôpital. Stupide, peut-être pas, Harvey ne l'avait jamais rencontrée, mais Billy lui en avait quelque-fois parlé et toujours avec cet air un peu rêveur que le médecin légiste affectionnait tant. Quoiqu'il en soit, ils avaient convenu d'un rendez-vous au Rabbit Hole à 20h. Ce fut avec l'esprit léger que Harvey retourna travailler ce jour-là.

Et il rentra suffisamment tôt pour se préparer. Même s'il savait qu'aux yeux de son ami, ce n'était qu'une soirée amicale, Harvey voulait toujours bien paraître aux yeux de son ami, on ne savait pas ce qu'il pouvait se passer. Il soupira devant son miroir et voilà qu'il se mettait à verser dans le sentimentalisme et à ressembler à ces pauvres gens qui espèrent tant de leurs premiers rendez-vous. En même temps, cela y ressemblait beaucoup. Hyde ricanait doucement au fond de sa tête, il trouvait tout ceci totalement ridicule. Si Harvey voulait Billy, il n'avait qu'à se servir, il pouvait même l'aider. Harvey écarta cette pensée et avala d'une traite un de ses neuroleptiques. Hors de question que Hyde fasse irruption et gâche tout ce soir-là. Il regarda sa montre, enfila une de ses chemises bleues-nuit en prenant soit de garder le col flotter, comme à son habitude en fait, glissa dans son long manteau noir et sortit de chez lui. Il était à l'heure. Harvey était assez laxiste avec les horaires, ce qui avait le don d'agacer certains, mais cette soirée avait un goût spécial. Il serait à l'heure.

Alors que Harvey s'approchait de plus en plus du bar-restaurant, il se sentait léger, presque ravi de cette soirée à venir. Ses pas se firent plus rapide, sa démarche souple et agréable. Il aurait presque pu sembler sympathique aux yeux des passants. Et il aperçut Billy. Son ami souriait en l'attendant. Harvey adorait le voir sourire. Billy avait souvent l'air renfermé, dans ses pensées, tellement peu sûr de lui. Alors qu'il cachait tellement de choses en lui. « Tu es à l'heure. Une première mondiale. Je te félicite ! » Le médecin sourit de plus belle à cette remarque, fixa son ami et lui répondit sur le même ton malicieux : « Comme quoi, tout peut arriver en ce monde ...». Il fit un geste vers l'entrée du restaurant pour inviter son ami à entrer en premier.

Le restaurant était nettement plus plein que le bar, en même temps l'ambiance y était cosy et agréable, les couleurs douces, un lieu propice au rencontres et aux soirées de couples. Ce fut donc sans surprise pour Harvey qu'un serveur s'approcha pour leur proposer une table pour deux près de la fenêtre en leur promettant que c'était le coin le plus romantique du restaurant. Cette remarque eut le mérite de tirer un léger sourire à Harvey, même s'il savait qu'elle était totalement hypocrite car sortie à tous les couples du restaurant. Le jeune homme retira sa veste d'un geste fluide et s'installa à la table tout en observant son ami qui semblait embarrassé par le serveur, à moins que ce ne soit les lumières tamisés qui lui donnent cet air.

Le serveur revint avec le menu de la soirée, en leur proposant évidement le menu spécial de la saint-valentin, mais le regard glacial de l'homme aux boucles noires -il avait bien vu l'embarra de son ami- l'arrêta en plein déclaration, et le pauvre serveur se retira rapidement en marmonnant qu'il revenait dans quelques instants.

Harvey ne savait pas vraiment quoi dire en de telles circonstances, la situation n'étant pas embarrassante pour lui, et se contenta d'un simple mais néanmoins léger : « Un apéritif ? »

Billy était vraiment heureux de voir Harvey. Quand il était avec lui, il se sentait moins seul. Une solitude qui l'avait rongé pendant tant d'années... Malgré ses efforts pour cacher son attirance envers son ami, il voulait aussi profiter de l'instant. Autant que Harvey se confiait à lui, autant Billy le faisait aussi en retour. Billy lui répondit avec un plus large sourire.

Nos deux amis entrèrent dans le Rabbit Hole. Le serveur les accueillit comme il se doit... Et peut être un peu trop comme il se doit. Le sourire de Billy se crispa et la gêne le prit. En cette soirée de St Valentin, ce n'était pas forcément une bonne idée de sortir en public comme ca. Meilleurs amis ou pas. Mais l'idée de passer une soirée privée avec Harvey le terrifiait encore plus. Non, ne vous méprenez pas, il n'avait pas peur de Hyde, mais il avait peur que par l'intimité que les choses viennent à se dénouer rapidement. Et Billy pensait ne pas se sentir prêt.

Billy n'osait pourtant trop rien dire face à ce garçon qui ne faisait que son travail, mais il lança quand même un petit froid. Harvey prit un air glacial face au serveur qui s'en alla penaud. Billy enchaîna et dit à mi-voix d'un air plus qu'embarrassé. « Ce n'est pas un rancard. » Sa phrase sonnait faux pourtant et même si il voulait y mettre de la conviction. Ce n'était peut être pas un rancard, mais une voix au fond de lui l'espérait. Une voix qu'il fit taire immédiatement.

Billy regarda son ami et étant d'une maladresse maladive au niveau de l'interprétation des signes des autres, se demanda ce que celà voulait bien dire. Quels étaient ses pensées. Il resta silencieux quand le serveur s'en alla. Il avait alors l'impression de sentir quelques regards sur eux. C'était idiot et tout le monde se fichait éperdument de voir Harvey et Billy traîner ensemble... De toute manière, ils passaient leur temps à traîner ensemble. C'était une habitude à StoryBrooke.

Harvey baissa les yeux vers lui. Alors qu'il était resté pendant tout ce temps muet. Il lui proposa un apéritif. « Heu... Oui. Je veux bien. Ils... Ils proposent un Kir. Je vais prendre ca. » Il se demandait si pour la peine, il ne devrait pas se rendre ivre pour cette fin de soirée et s'éviter des malaises comme certains qu'il pouvait vivre et en même temps ca lui semblait une mauvaise idée. Il parcourut la carte des yeux et finit par prendre le menu proposé. Il laissa Harvey faire son choix. Le serveur revint et leur demanda leur commande. Billy donna la sienne qui restait encore et toujours particulièrement copieux, et laissa Harvey faire de même. Il commanda un pichet de vin en plus. « Ca va toi sinon ? »

Le serveur ramena leur apéritif. Billy lui dit merci dans un sourire, histoire de lui faire comprendre qu'il n'y avait pas de problème et de calmer son malaise. Il attrapa son verre et le leva face à Harvey en disant « A nous ! Pauvres célibataires que nous sommes. A croire que j'ai la poisse en amour... » Il porta ensuite son verre à ses lèvres.

Il était vrai qu'il n'était pas très commun de voir un couple d'hommes à Storybrook. Mais Harvey et Billy, c'était différent, ils étaient toujours fourrés ensembles. A la moindre occasion, ils se voyaient, en même temps ce n'était pas comme si Harvey avait une foule d'autres personnes à voir. Il arrivait de temps en temps que Sora Matsui le retrouve et se mette à lui coller aux talons, mais il s'y était habitué, elle n'était pas tout le temps de mauvaise compagnie, même si elle était le plus souvent assez agaçante. Au final, Harvey ne pensa pas une seconde que cette soirée mettrait Billy mal à l'aise et pourtant, quand il observait son ami, il vit plusieurs traces d'embarras. Il se demandait ce qui pouvait bien le déranger et ce qu'il pensait dans sa tête bien faite. C'était bien une chose que Harvey aimerait pouvoir faire, lire les pensées de son ami à ce moment précis. Il n'avait pas envie de faire d'erreur, surtout pas ce soir-là.

Et il ne fut pas étonné quand Billy sortit d'une petite voix embarrassée : « Ce n'est pas un rencard ». Comme s'il ressentait le pouvoir de se justifier. Harvey arqua un sourcil et lui dit le plus naturellement du monde : « Évidement que non ». Mais sa phrase sonnait tout aussi faux que la réplique de Billy. La conversation démarrait vraiment idéalement, en un échange de fausses vérités. Harvey ne regarda même pas la carte des boissons, il prenait assez souvent la même chose quand il se rendait au Rabbit Hole, ce bar lui était plus sympathique que chez Granny, pas de petites peste en serveuse. « Et moi, un mojito, pour une fois qu'un bar sait les faire ». Et puis, il se décida pour un petit menu, Harvey n'était pas connu pour son grand appétit. Pourtant, il savait qu'alcool et rien dans l'estomac ne faisait pas bon ménage, mais qu'importe, il était avec son ami, il pouvait bien se permettre d'essayer de s'amuser un peu. Le serveur revint et celui-ci se tourna immédiatement vers Billy ne voulant pas recroiser le regard du médecin et les deux amis commandèrent.

Harvey ne quittait pas Billy des yeux, quelque-chose semblait le tracasser. La journée de la saint-valentin ? Encore cet abruti de Kwanitaa ? Ou autre chose que son ami ne lui aurait pas encore révélé ? « Ca va toi sinon ? » Ou comment détourner la conversation. Harvey lui répondut en haussant les épaules : « Oui, plutôt bien. On m'a confié une stagiaire il y a quelques-jours, je dois la surveiller durant son semestre de formation. Et je la trouve ... Etrange ». Harvey trouvant quelqu'un étrange, cela relevait du paradoxe. « Elle est plutôt douée, attentive, mais comme tous les étudiants, affiche un air je-sais-tout ». Il ne savait pas comment décrire Oswin. Les jours à venir lui en révéleront davantage. C'était déjà un exploit qu'elle ait survécu plus de 3 jours avec le médecin légiste. Généralement, les étudiants quittait leurs stages au bout de 2 jours en pleurant chez le directeur de l'hôpital, c'était toujours un moment assez particulier pour Harvey, jamais peu fier.

Les boissons arrivèrent et Billy leva son verre. « A nous ! Pauvres célibataires que nous sommes. A croire que j'ai la poisse en amour... ». Alors que Harvey allait boire son verre, il interrompit son geste, étonné. De quoi parlait-il ? Il pouvait avoir qui il voulait, du moins il pouvait l'avoir lui, il n'avait qu'à tendre la main. Curieux, il lui répondit : « Célibataire, il n'y a pas de doute. Mais la poisse mais je ne suis pas sûr de te suivre. Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu sembles ... Contrarié. » Au moins, l'avantage avec lui, c'est qu'on ne tournait pas 36 ans autour de pot. Quand Harvey veut savoir quelque-chose il ne passe pas par quatre chemins. Surtout en ce qui concerne Billy. Il avala une grande gorgée de son mojito redoutant un peu ce qu'allait lui dire son ami. Si c'était Kwanitaa, il avait déjà quelques idées pour lui faire payer l'envie d'être ce qu'il était, un abruti. Si c'était cette idiote d'institutrice, il savait où elle habitait et avait déjà un beau discours à clamer à Billy. Il était toujours là pour son ami. Surtout quand il s'agissait d'essayer de lui faire comprendre qu'il valait tant. Que s'il le voulait, le monde était à lui, s'il ne s'arrêtait pas aux regards des autres.

Billy tenta de détendre l'atmosphère. Il n'aimait pas les conflits et les malaises, mais en réalité, il ne se rendait pas compte qu'il se les créait tout seul. Harvey était là pour lui et rien d'autre. Il se fichait de ce que pensaient les autres, ce que Billy avait en vénération, car il était incapable de faire la même chose.

Il tenta de parler de la pluie et du beau temps. Un Ca va ? bien placé pour démarrer une discussion. Harvey parla d'une stagiaire étrange. Billy ne put s'empêcher de sourire à cette remarque. C'était lui qui disait celà ? C'est qu'elle devait l'être en effet. Harvey avait cette particularité mystérieuse que Billy aimait tant ! Sa part de mystère. Il commençait à en voir quelques brides mais pas tout. Il se doutait que d'avoir un psychopathe dans la tête ne devait pas aider. Mais cela faisait parti d'un tout que Billy aimait chez lui. Quand il vint à la description de la demoiselle, il ne put s'empêcher de rire doucement et répondit « Ca me rappelle étrangement quelqu'un et il n'y a que les étudiants qui affichent un air je-sais-tout ? » Il disait ca pour le taquiner et non méchamment. Il est vrai qu'Harvey avait aussi sa petite fierté qui tapait sur les nerfs de beaucoup de monde. Il but une nouvelle gorgée de son Kir tout en ajouta « Si elle te ressemble. En effet, c'est qu'elle doit être vraiment spéciale. »

C'était plutôt un compliment venant de Billy et Harvey devait le sentir. Il s'était intéressé à lui alors que tous voyaient un pauvre type qui allait surement finir vieux garçon et dont sa vie rime entre son boulot mortel, sa vie de famille chaotique, son appartement moyens qui regorgeait de la vaisselle de sa mère défunte, et sa normalité à tout épreuve. Billy voulait toujours contenter tout le monde mais ce n'était absolument pas possible. Car dans la vie on avait des bons et des mauvais. C'était comme ca, on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Harvey n'aimait pas les gens normaux pour ainsi dire, alors Billy s'était toujours demandé pourquoi il l'avait choisi lui. Une question qu'il n'osait jamais poser... Peut être le trouvait il aussi fascinant que lui au final ?

Il trinqua à leur soirée, mais Harvey, comme d'habitude, capta le sens caché de ses mots. Là où personne n'arrivait à les discerner, il y arrivait avec une facilité accablante. Il baissa son verre. C'était gênant de parler de ca à Harvey et en même temps, ca le réconfortait qu'il pouvait avoir des relations amoureuses pour ainsi dire "normales"... Enfin... Celà s'était mal terminé dans son cas. « C'est juste... Mary-Margaret. J'ai pris mon courage à deux mains il y a deux semaines et je lui ai dit ce que je ressentais. Ca fait un moment que je t'en parle. Et bien, on a... essayé de sortir ensemble mais ca été un fiasco total ! » Il finit de boire son verre d'une traite avant de le poser. Il soupira longuement. « David l'a appris deux jours plus tard et ca a fini en baston chez Granny. Mary-Margaret a débarqué et a vu la scène. Elle m'a fait lourdement comprendre que j'étais comme ces autres types au final, et elle nous a laissé en plan tous les deux comme ca. Depuis, je n'ai plus le droit à un seul mot de sa part. » Il regarda le fond de son verre et aimerait pouvoir le vider d'avantage. « Tu me connais. Je ne me bats jamais. Je sais pas ce qu'il m'a prit. Il m'a juste tapé sur les nerfs et le fait de savoir qu'il lui a fait du mal... » Quand il parlait de cette histoire, il reculait dans ses retranchements en refusant leur relation naissante, mais en même temps, par sa confidence, il s'ouvrait à Harvey comme jamais. Il se rendait compte qu'il serait la même chose pour Harvey si quelqu'un lui faisait du mal et c'était aussi ce qu'Harvey faisait à son égard.

Le serveur revint avec leur commande. Il laissa faire l'homme et attendit qu'il s'en aille pour continuer « Pour te dire aussi que voilà: Je t'ai menti. La semaine dernière pour le coup à la lèvre ouverte. Je ne suis pas tombé dans les escaliers mais voilà la vraie raison. Mais promets moi de ne pas en faire toute une histoire. L'histoire est réglée, d'accord ? Et puis, je n'ai pas envie de passer ma soirée à parler de mes problèmes. » Il proposa un verre de vin à Harvey et se servit juste après.

Il était vrai que Harvey aimait avoir raison sur tout. Il ne s'en cachait pas. C'est pourquoi la remarque de son ami le fit sourire. Et en même le laissant perplexe. Il était vrai qu'il ressemblait beaucoup à Oswin. Mais avait-il cette même sauvagerie dans le regard ? Cette même froideur ? Elle était glaciale. Il entendit Hyde acquiescer fermement. Mais au final n'était-elle pas plus Hyde que Harvey ? Le jeune homme se distinguait de son double. Il faisait tout pour. Mais parfois, il avait l'impression de se confondre, qu'ils ne fassent qu'un et cela le terrifiait. Il en parlait peu avec Billy, de peur de l'effrayer. Passer du temps avec lui, lui faisait oublier sa condition, c'est ce qu'il aimait tant dans ses moments-là.

Et, enfin, Billy révéla ce qui le tracassait. Et Harvey avait encore vu juste. Mais il resta sonné devant les déclarations de son ami. Il ne s'attendait pas du tout à cette réponse, la relation avortée, une bagarre, un mensonge. Et fidèle à lui-même, Billy était désolé. Ou du moins le semblait. Comme si les choses allaient de soi. Comme si une autre fin à cette péripétie ne pouvait arriver. Le médecin ne bougea pas d'une semelle. Harvey se sentit révolté, non pas par le mensonge de son ami, il ne voulait pas l'inquiéter c'était dans la nature de Billy, mais étrangement parce que cette stupide bonne femme avait eu le culot d'envoyer paître son ami (alors qu'au final, ça l'arrangerait sacrement bien). Révolté que ce foutu amnésique marié eut levé le poing sur ce qui avait le plus de valeurs ses yeux. Cela faisait beaucoup pour Harvey qui sentit son cœur s’accélérer.

Et Billy lui demanda de faire comme si de rien n'était, de ne pas en faire tout un drame, c'était bien lui tout ça. Ne pas faire de vague, ne pas se révolter, pourtant c'était bien lui qui avait mis un poing dans la figure de Nolan ?

Il se redressa sur son fauteuil et fixa son ami droit dans les yeux. Ce fut pourtant d'une voix très calme mais déterminée qu'il commença sa tirade : « Je pensais cette femme stupide, mais cela dépasse mon entendement. Non, Billy. Tu n'es pas comme tous ses autres types. Tu as du cran. Tu lui as dis ce que tu ressentais, au nez et à la barbe de cet abruti de Nolan. C'est elle qui ne te mérite pas. Non, mais pour qui se prend-t-elle ? Pour tenter quelque-chose et au final te laisser en plan ? ». Harvey commençait à sentir son pouls augmenter dangereusement, l'adrénaline couler dans ses veines. Hyde n'attendait qu'un signe supplémentaire. Il ne devait pas s'énerver, se calmer vite, avant que la soirée ne tourne au cauchemar.

Il fit une pause, inspira longuement et machinalement posa sa main sur celle de Billy et le fixa à nouveau : « Je me fiche éperdument que tu m’aie menti, du moins sur ce genre de choses, tant qu'il ne t'arrive rien de grave. D'ailleurs, je suis sûr qu'il ne l'a pas volé cette bagarre.» Harvey esquissa un léger sourire à l'imagination de la scène. « La seule chose qui compte, c'est que tu saches que tu vaux mieux qu'elle. Personne n'a le droit de te traiter comme elle l'a fait. C'est elle qui ne mérite même pas ton estime. Alors, ne regrette pas cette hypothétique relation. »

Harvey avait toujours sa main posée sur cette de Billy, et ne remarqua même pas le passage du serveur. Ce contact le calmait, l'apaisait et la tension retomba. Se concentrer sur ses sentiments, cela repoussait Hyde. Il le savait, c'est pour cela que l'idée de perdre Billy lui était insupportable, il perdrait une partie de lui-même, celle qui avait encore de l'espoir.

Il ne savait pas comment Harvey prendrait cette nouvelle mais il devait lui dire. Il savait qu'il n'aimait pas trop qu'on s'attaque à lui. Il ne voulait pas qu'il se mette dans tous ses états pour si peu de chose. C'est aussi surement la raison pour laquelle il lui cachait ce genre d'informations. Ce n'était pas contre Harvey, c'était pour lui.

Son ami prend sa défense, comme toujours d'ailleurs. Harvey mettait toujours Billy sur un piédestal, lui donnant plus de valeur qu'il ne pensait avoir. Il baissa le nez. Il n'était pas tout à fait d'accord avec les dire de son ami. Il haussa les épaules tout en répondant. « Mary-Margaret n'est pas stupide. Je n'aurai pas dû me battre chez Granny, tout est de ma faute. J'ai agi comme David. Sa réaction est tout à fait normale. »

Il releva le nez lors du contact physique de la main d'Harvey sur la sienne. Il fut assez surpris sur le coup et le regarda avec de grands yeux, sans pour autant retirer sa main. Il ressentait un réel apaisement face à ce geste. Harvey avait toute l'attention de Billy. Il ne put s'empêcher d'avoir un léger sourire à ses dires. Il n'avait qu'une envie, prendre sa main dans la sienne et la serrer mais il gardait ce blocage en lui qui l'empêchait de le faire. Une peur infondée. « Peut-être... Et disons que pour corriger le tir, nous avons tous nos tords dans cette histoire. On est surement pas fait pour être ensemble. » Il baissa les yeux sur leurs mains. Il n'osait pas bouger. Tout ce qu'il lui disait, était fort, spontané et véritable. Billy ne put s'empêcher de lui dire à la suite. « Tu as raison. Je ne regrette pas, car au final, le regret, c'est de ne pas essayer. » Cette phrase sonnait comme une vérité mais en même temps, c'était tellement fou de penser à ce qu'il voudrait faire que tenter une approche face à l'homme qui était là lui semblait impossible.

Mais c'était plus fort que lui, il détourna le regard deux secondes après et vit le serveur frôler leur table. Les regards, ces foutus regards... Il fit glisser sa main et la retira de la sienne, sans brusquerie pourtant, pour attraper son verre de vin et but une gorgée. Il commença à manger. Était-ce de l'amour ? Il ne voulait pas y penser, c'était idiot et il avait peur de faire quelque chose contre son ami. Il ne voulait pas perdre le jeu une nouvelle fois. Et si Harvey venait à lui tourner le dos, il le prendrait encore plus mal que Mary-Margaret. Il restait un instant perdu dans ses pensées quand un type avec un accordéon vint à s'approcher de leur table et commença à leur faire une sorte de sérénade.

A croire que malgré tout ce qu'il tentait de faire, un écriteau était affiché au dessus de leur tête. Le type les accosta, alors que Billy posa ses couverts et se passa une main sur le front d'un air gêné. Cette histoire le rendait malade. Quand il porta son regard sur la table d'à côté, il avait la nette impression que le couple les regardait. Bien qu'en réalité, leur attention était portée sur l'accordéoniste qui se trouvait entre leur deux tables. Dans un geste maladroit, il voulu attraper son verre de vin afin de se concentrer sur quelque chose qui le ferait oublier ses tracas, mais dans son geste brusque, il fit tomber son verre en direction d'Harvey, ce qui éclaboussa sa chemise. Il se leva immédiatement, totalement confus. « Mer... Zut... Excuse-moi. Tu sais bien que j'ai deux mains gauches quand je m'y mets. »

Il attrapa les serviettes sur la table, se leva et s'avança vers lui pour éponger le vin sur sa chemise. Il voulait éviter un malaise, le malaise était pire à présent. Car pour sûr, maintenant les gens les regardaient vraiment. Et à chaque fois que Billy passait un papier sur la chemise qui transparaissait avec le vin, Billy se débattait encore plus intérieurement. « Tu... tu devrais passer... un coup aux toilettes... A l'eau... Si tu veux que je t'aide... Enfin... Je pense que tu vas savoir te débrouiller seul... Ho, je suis confus, je ne sais plus ce que je dis... Je ne sais pas si cette soirée était une bonne idée. » Il voulait quitter l'endroit remplit de monde pour ne plus avoir ces regards sur lui et qui l’oppressait. Il se sentait mal à cause de ca.

« Peut-être... Et disons que pour corriger le tir, nous avons tous nos tords dans cette histoire. On est surement pas fait pour être ensemble. » Pour Harvey cela n'en faisait aucun doute. Personne n'était assez bien pour son ami ... A part lui-même ? Il acquiesça donc à la remarque de son ami avec diplomatie néanmoins. Et oui, il était possible que cet homme froid ait de temps en temps un sursaut de civilité, mais en même temps ce n'était pas avec n'importe qui.

« Tu as raison. Je ne regrette pas, car au final, le regret, c'est de ne pas essayer. » Cette phrase fit écho dans l'esprit du médecin. Il avait raison au fond. Alors pourquoi donc n'arrivait-il pas à lui révéler ses sentiments ? Parce qu'il n'était pas sûr qu'ils soient partagés. Harvey n'était pas totalement suicidaire pour autant, il était un scientifique, sa vie était basée sur des faits, des actions, des paroles concrètes. Et il n'avait pas d'élément en sa possession qui lui garantissait de ne pas perdre Billy s'il lui révélait quoique se soit. C'est pourquoi, quand son ami retira sa main, il ne tenta rien pour l'en empêcher. Mais cela lui laissa comme un sentiment de vide. Même si son action n'était pas calculée, il avait espéré y voir un signe. Mais rien de plus. En même temps, ils étaient dans un lieu public, plutôt fréquenté ce soir-là et Billy avait clairement l'air de ne pas être à l'aise. Le connaissant par coeur, Harvey se doutait bien que ce n'était pas le bon moment.

Il se lança donc dans la dégustation de son repas. Il avait ses pensées ailleurs, se demandant comment faire en sorte de rendre son ami plus à l'aise, il ne nota pas tout de suite l'arrivée de l'accordéoniste. Qui jouait plutôt mal d'ailleurs. Un air de Piaf, "La vie en rose" non ? Harvey était musicophile, il jouait lui-même du piano de façon assez virtuose et ne disait pas non à écouter de la bonne musique. Mais là, cet homme ne faisait que massacrer un chef-d’œuvre de la musique française, pour essayer de donner un air romantique à cette soirée. Alors, quand le type les accosta, Harvey ne fit même pas attention aux tables voisines et lui lança d'un ton cassant : « Quand vous aurez fini d'achever cette chère Edith, je vous serais reconnaissant d'aller jouer votre bruit plus loin » ponctué par un faux sourire aimable et les sourcils froncés. Trop occupé à foudroyer le musicien, il ne vit pas l'embarras croissant de son ami, qui commençait à ne pas faire attention à tous ses gestes. Le médecin fut tiré de son énervement par un liquide froid qui l'éclaboussant copieusement.

Tout d'abord surpris, il comprit rapidement le pourquoi du comment, mais il fut encore plus étonné quand Billy se leva pour essayer de l'essuyer. Il était si près de lui que cette proximité intimida presque le jeune médecin. Billy était si gêné, il n'arrêtait pas de s'excuser -alors que Harvey n'en avait pas grand-chose à faire de sa chemise- de bégayer comme un petit garçon perdu. Ce qui eut bien sûr le don de le toucher. Il n'osait rien faire, il ne voulait pas briser cette intimité, mais en même temps voulait terriblement aider son ami. Le sortir d'ici. Ce n'était pas la soirée qui était une mauvaise idée. Même si, sur le coup, cette remarqua blessa légèrement Harvey, il savait que le lieu n'était peut-être pas tout à fait approprié et qu'une soirée chez l'un ou l'autre aurait été préférable. Il fallait qu'il trouve un moyen pour partir d'ici, le plus rapidement possible. Et Harvey eut une idée. Complètement folle, il n'était pas sûr que cela soit la meilleure idée qu'il ait eu jusqu'alors, mais lui non plus ne pouvait rester une seconde de plus dans ce restaurant. Et comment quitter ce lieu, sans attirer les regards sur Billy ? Et faire taire les qu'en dira-t-on ? Il n'avait qu'à prendre la vedette.

Il prit son ami par le col pour approcher son oreille de ses lèvres et lui dire doucement : « Joue le jeu. Dans moins de 30 secondes, je vais mettre ce mec qui se croit musicien par terre, attrape moi par le col et fais mine de me traîner dehors pour me calmer. Et après, on prend nos jambes à nos cous et on se pose chez moi. » C'était le meilleur moyen, Harvey aimait jouer la comédie, les gens se focaliseront sur lui et verront en Billy l'ami aidant, comme tout le monde le connaissait. Et au moins, cela mettra un peu d'animation, Hyde sera content et lui lâchera les baskets pendant quelques-temps.

Il relâcha son ami, lui lança un sourire resplendissant, puis se leva rapidement. Le pauvre accordéoniste, qui au final se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, ne s'était pas arrêté de jouer et tournait le dos aux deux comparses. Harvey laissa un peu de son énervement prendre le dessus et rajouta un peu de comédie par dessus. Il retourna brusquement l'homme en question pour le pousser d'un coup : « Je vous avais pourtant prévenu d'arrêter de casser les oreilles de tout le monde » et ajouta une nouvelle secousse pour essayer de le mettre à terre « C'est ça en fait votre problème, vous êtes complètement sourds en fait ! ». Maintenant est-ce que Billy allait jouer le jeu ? Il avait plutôt intérêt, Harvey n'était pas sûr de pouvoir tenir Hyde bien longtemps, son plan était peut-être risqué, mais au moins ils seraient tout deux dehors et tranquilles dans moins de 2 minutes. Cette histoire était complètement folle, au pire ce n'était pas du vol, c'était à peine s'ils étaient restés 20 minutes et touché à leurs plats. Oh et puis, était-ce si grave ? Harvey n'en avait en fait pas grand chose à faire. Il fallait qu'ils sortent d'ici ...

Spoiler:

Harvey se montrait particulièrement mordant avec l'accordéoniste, comme d'ordinaire. Bon, il est vrai qu'il ne jouait pas le mieux du monde mais il se débrouillait quand même... Il aurait peut être trouvé cette remarque bien placée particulièrement maligne. Les événements s’enchaînèrent alors. Billy fit tomber son verre de vin qui alla couler vers la chemise d'Harvey.

Il devint encore plus honteux et tenta d'éponger tout celà, sachant que tout celà leur donnait un rapport de proximité qui mettait mal à l'aise Billy à un point très peu imaginable. Billy fit de gros yeux inquiet quand il lui attrapa le col pour le ramener vers lui. Mais Harvey avait l'intention de lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Sa respiration contre sa peau, sa voix si grave près de lui, son odeur si particulière. Si Billy n'avait pas un minimum de contrôle sur lui, il aurait pu vouloir aller plus loin. Mais son esprit était bien là, ses peurs, ses blocages...

Pour revenir à ce que lui disait Harvey. Il mettait en place un plan pour qu'ils se fassent la malle d'ici. Comment ca ? Juste... Là ? Et l'addition ? Ils étaient au milieu du repas ? Chez lui ? Tous les deux ? Il ne voulait pas qu'Harvey ait des ennuies qui plus est... Pleins de choses qui le rendait perplexe du plan de son ami. Et une autre part de lui trépignait de jouer ce jeu là. Mais il n'eut guère le temps de répliquer. Harvey était déjà sur le pauvre accordéoniste.

Billy mit un léger temps avant de se diriger vers Harvey et l'attraper par le bras. Il fronça les sourcils à son ami et dit « Harvey ! Qu'est-ce qu'il te prend.  » Il se tourna vers l'autre type et continua « Excusez nous. Je crois que le Mojito qu'à prit mon ami ne passe pas bien et il est du genre graaaannnd mélomane et la moindre note qui chavire... C'est lui qui chavire... Je vais devoir le ramener chez lui... D'accord ? » Il continua de tirer Harvey vers la porte, en attrapant leurs affaires en passant. Il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il reviendrait payer l'addition plus tard.

Quand ils passèrent la porte. Billy ne put s'empêcher de lancer « Tu sais on aurait pu simplement payer et s'en aller... » Une fois dehors, il vit le serveur les regarder avec insistance et voyant qu'il semblait prêt à passer la porte. « On vient de nous repérer dans le restau. On court... » Il tirait toujours Harvey par la manche tout en commençant à courir à travers les rues sombres de StoryBrooke mais sans qu'il n'y prit gare, sa main avait glissé contre la sienne. Il maintenait Harvey fermement pour ne pas le perdre derrière lui. Billy ne réfléchissait plus. Le serveur ne les lâchait pas et il semblait sportif le bougre. Ils ne pourraient pas l'avoir par le sprint.

Ils devaient se cacher. C'était clair. Ils se dirigeaient vers le port qui était beaucoup plus sombre que la ville en elle même. Même si Billy n'aimait guère l'eau surtout après ce qu'il s'était passé quelques temps plus tôt. Mais Billy avait toujours eu une vue bien mieux que la meilleure partie des gens et il avait une faculté propre à voir dans le noir. Dès qu'il vit l'échappatoire. « Là ! » Il poussa Harvey dans une barque et se laissa tomber ensuite sur lui.

Ils ne devaient pas être visible si ils ne bougeaient pas. Mais à vrai dire, ils se retrouvaient l'un contre l'autre dans cette barque. Premièrement ce n'était pas très confortable et deuxièmement... Suis-je obligé de vous le formuler ? Le souffle court avec sa course, Billy regardait Harvey droit dans les yeux, oubliant un peu ce qu'il foutait là. Mais la raison revint. Il entendit les pas du type et vit une ombre passer près d'eux. Il s'arrêta même de respirer même si les vagues dissimulaient leur respiration. Après quelques secondes interminables. Le type finit par leur tourner le dos. Le calme retomba d'un seul coup... Enfin presque. Billy s'était redressé et regardait Harvey droit dans les yeux. Il était toujours partagé par cette envie de se lever et s'éloigner directement et celle de profiter de cet instant de proximité. Dans un souffle il se contenta de lâcher un « Ca va ? »

Le monde commençait à se tourner vers lui. Un petit scandale ça divertissait toujours les foules. Et comme Harvey l'espérait son ami entra dans le jeu, au grand désespoir de Hyde qui voulait s'amuser un peu. Billy s'interposa entre son ami et le musicien, s'excusant à sa place, faussement confus sur ce coup-là, même s'il était plutôt convainquant. Mais Harvey décida de jouer sa petite comédie jusqu'au bout : « Pas besoin d'être grand mélomane pour être scandalisé par ce type ! » tout en essayant, de façon totalement exagérée, d'échapper à l'emprise de son ami qui le tirait vers la sortie. Cette scène était tout à fait comique, si Hyde n'essayait pas tant bien que mal de sortir et de laisser exploser sa colère.

Une fois à la porte, et après que Billy eut pris leurs affaires, il glissa à son ami-comédien : « Tu sais on aurait pu simplement payer et s'en aller... ». Harvey lui répondit tout en souriant : « Peut-être, mais cela n'aurait pas été aussi amusant ... ». Pour une fois qu'il y avait un peu d'animation, ça ne faisait pas de mal. C'est alors qu'il vit un regard se diriger vers eux. Le serveur. Il venait de les remarquer et surtout d'apercevoir le grand sourire du médecin. Arf, comme quoi un vrai comédien est sensé jouer son rôle jusqu'au bout. L’intrus commença à se diriger vers eux. Il était temps de tirer le rideau et de sortir de scène. Billy eut la même idée, lui intima l'ordre de courir tout en lui maintenant fermement le poignet. Harvey ne se le fit pas répéter deux fois.

Les deux comparses se mirent à courir dans les rues sombres de Storybrook avec le satané serveur à leur trousse. C'était un paramètre que n'avait pas pris en compte Harvey. Il ne pensait pas le serveur capable de quitter son triste poste pour leur courir après. Tout en traversant leur petite ville, il sentit l'étreinte de la main de Billy se décaler tout doucement jusqu'à atteindre sa main. Harvey ne pouvait rêver mieux, et se mit à sourire comme un abruti alors qu'il courrait main dans la main avec Billy. Heureusement que celui-ci courrait en tête et ne pouvait le voir. C'était peut-être une bonne soirée finalement.

Le scientifique avait mal estimé les aptitudes physique de leur poursuivant qui était un sacré bon sportif. Ils n'arriveraient vraisemblablement pas à les semer. C'était quasi-certain. Harvey suivait toujours Billy, au final c'était quand même le conseiller en environnement qui connaissait mieux la ville, c'est pourquoi il les emmena jusqu'au port, la partie de la ville la moins éclairée la nuit. Maintenant, venait l'étape de la cachette. Ils ne tardèrent pas à la trouver. Mais plus vite que Harvey ne le pensait, il se sentit poussé d'un coup sec et tomba lourdement dans ce qui semblait être une petite embarcation. Billy ne rejoignit en lui tombant dessus.

Définitivement, c'était une bonne soirée. Qui se déroulait bizarrement certes, mais au moins Harvey était collé à Billy. Ils ne pouvaient être plus proche, et le jeune homme était aux anges, oubliant presque qu'ils étaient poursuivi. D'ailleurs, il remercia le serveur de les avoir poussés jusque là. Il irait peut-être payé l'addition finalement. La barque était tout sauf confortable, il avait d'ailleurs un morceau de bois qui lui rentrait dans les côtes, mais Harvey s'en fichait éperdument. Il n'y avait aucun bruit, il avait Billy contre lui, et espérait que ce moment ne s'arrête jamais. Mais finalement le pauvre bougre qui les chassait passa près d'eux et rebroussa chemin. Dommage.

Son ami se redressa et le regarda droit dans les yeux. Se contact visuel eut le don d'électriser Harvey. Il se redressa lui même, pour que son visage ne soit qu'à quelques centimètre de celui de son ami. Il ne savait pas ce qu'il lui prenait, enhardi par cette course, le souffle court, leurs mains ensembles, il lui répondit dans un murmure rauque : « On ne peut mieux ... Et toi ? ». Il ne voulait pas brusquer son ami, ni lui faire peur. Mais toute l'adrénaline de la course s'écoulait de ses veines, et Harvey était poussé par une sorte de force qu'il ne se connaissait pas. Hyde ? Il n'en savait rien et s'en fichait complètement. Malgré ça il ne voulait pas faire de bêtise, il continua : « Tu sais à quel point tu es important pour moi Billy ? Si tu le voulais ... », il inspira un grand coup, tout en restant si près de lui, « On pourrait ... ».

Mais le jeune homme n'eut pas le loisir d'en dire plus, une vague un peu plus forte que les autres -un gros bateau de pêche qui entrait/sortait probablement dans le port- fit se secouer la barque et le grand dadet qu'était Harvey perdit son équilibre et bascula en arrière. Et un plongeon un ! Quoi de mieux après une bonne course, qu'une baignade au clair de lune. Il maudit de toutes ses forces la vague perturbatrice et essaya tant bien que mal de se maintenir à flot. Ses vêtements s'imbibait d'eau et devenait de plus en plus lourds. Mais il était plutôt bon nageur, il se rapprocha de la barque et attrapa le bord. Bon, il était risqué d'essayer seul de remonter, il y avait plus de chance de faire basculer complètement l'embarcation. Et il savait que Billy ne savait pas nager. Il ne devait pas lui faire courir ce risque « Je vais essayer de nager jusqu'au bord. Ma veste pèse trois tonnes ... ». Il n'était pas tout à fait sûr d'y arriver, mais il devait toujours essayer. Il lâcha la barque et nagea tant bien que mal jusqu'au bord. Il s'accrocha à la berge qui était bien trop haute. Il n'arriverait pas à remonter seul, et il commençait à vraiment avoir froid ... Quelle soirée !

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