Parce que, bien évidemment, dès le premier domino tombé, il ne pouvait y avoir plus qu’une succession d’évènements qui s’enchainent. Mnémis, comme l’oracle qu’elle était, avait réussi à éviter les soupçons de la police pour le corps qui avait été retrouvé dans la forêt. Mais voilà, elle savait qu’il était inutile de chercher à y échapper. Ils y en auraient d’autres. C’était inéluctable. En bon outil du destin qu’elle était, elle se retrouvait à présent dans une salle d’hôpital. Ce n’était pas une chambre. Ce n’était qu’un simple stock de médicaments. Ça voulait dire qu’il y aurait bien vite du passage, et que quelqu’un trouverait bientôt le corps chaud qui trainait à ses pieds. Une de ses voix, dans sa tête, jubilait, se moquait de la chance de Mnémis de toujours se foutre dans le pétrin. Et elle, l’ancienne criminelle – qui avait décidemment les habitudes bien tenaces – observait cette infirmière lutter avec la mort, dans un dernier sursaut de survie, qui ne serait pas salvateur.

La fumée de sa cigarette s’écrasa sur la paupière de la jeune femme brune. « Arrête de lutter, ça sera moins douloureux, Ama. Et non, il ne t’oubliera pas de sitôt. » Les paroles de Mnémis n’apaisèrent en rien la jeune femme, mais la lutte fut moins douloureuse et bientôt, elle fut témoin du décès du personnel soignant. Mnémis resta penchée encore un peu, observant la défunte, un sourire amer sur les lèvres. Peu de temps, par après, elle sortit du local, le laissant entrouvert, pour qu’une âme curieuse trouve le corps. Elle resta à l’affut quelques minutes, avant, qu’en effet, une malheureuse personne ne tombe sur l’infirmière fraichement décédée. Une fois celle-ci entrée dans la salle, Mnémis se glissa devant la porte et la ferma de l’extérieur à l’aide d’une chaise qui trainait par là. Cette diversion lui donnerait le temps de s’éloigner un peu de l’hopital…