Once Upon A Time...
Journal de bordVers les docks où le poids et l'ennui
Me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi
De fruits les bateaux
Ils viennent du bout du monde
Apportant avec eux
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciels bleus
De mirages
Je m'appelle Killian Jones, je suis le capitaine du plus beau navire que vous n'ayez jamais vu. Oubliez donc vos Jack Sparrow and co, le vrai pirate c'est moi.
Je n'étais pas du tout prédestiné à être un pirate, bien au contraire. Je suis né et j'ai grandi dans une famille plutôt bourgeoise où les convenances étaient de rigueur. Puis au début de ma vie d'adulte j'ai commencé à fréquenter des tavernes et des bars. Souvent des marins y faisaient escale et j'enviais leur vie tellement libre, je n'avais qu'une envie être comme eux voguer de mers en océans et ne plus avoir d'attaches. Cette vie trop stricte et formelle ne me convenait pas du tout. Un jour, des marins d'un genre particulier jetèrent l'ancre dans ma ville. Je me ruais le soir même à la taverne du coin pour faire leur connaissance. Ils n'étaient pas pareil que les autres, encore plus libres si cela est possible. Je compris bien vite qu'ils étaient des pirates. Ils revinrent deux soirs d'affilés et au bout du troisième celui qui semblait être leur chef, leur capitaine vint me parler en personne. Il comprit vite l’intérêt que je portais à leur mode de vie et me proposa de faire partie de son équipage qui devait repartir en mer à l'aube. Il ne me fallu pas beaucoup de temps pour me décider et c'est sans un regard en arrière que je pris place à bord de ce navire.
Traînant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d'éternels étés
Où l'on vit presque nus
Sur les plages
Moi qui n'ai connu toute ma vie
Que le ciel du nord
J'aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord
La vie de pirate me convenait à la perfection. Ce sentiment de liberté était inexplicable, nous faisions ce que bon nous semblait, une femme dans chaque port, une vie passée sur les mers. Le capitaine avait beaucoup de sympathie pour moi, il disait qu'il me ressemblait à mon âge. J'étais toujours avide d'apprendre et ne rechignais pas à la tâche. Très vite je pris des gallons, surpassant même mes frères sur le navire depuis plus longtemps que moi. Et à la mort de mon bien aimé capitaine, je pris sa place. Grâce à mon charisme et mon charme naturel je fis instantanément l'unanimité parmi mes hommes. Ma vie de pirate battait son plein et je l'aimais parce qu'elle n'avait aucune limite. Je n'avais pas d'attaches ni sentimentales, ni familiales. Pourtant comme tous les hommes, l'amour me rattrapa bien vite.
Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil
Nous accostâmes ce jour là dans une petite ville portuaire. Comme à notre habitude, dès que l'on posait un pied à terre nous nous mettions à la recherche de deux choses: de l'alcool et des femmes. En tant que bons pirates qui se respectent nous commençâmes par étancher notre soif. Il n'y avait qu'une taverne dans ce bled, nous décidâmes donc de nous y arrêter. Une belle et jeune femme nous regardait du coin de l'oeil avec envie. Je l'invitais à notre table souhaitant en faire ma conquête pour la nuit. A y regarder de plus près elle n'était pas si jeune que cela mais elle restait néanmoins une très belle femme. De longs cheveux bruns, des yeux verts pétillants, des formes généreuses... Le genre de femme qui me mettaient en appétit.
Dans les bars à la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d'amour
Un verre à la main
Je perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M'enlève et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grève
Elle s’appelait Millah et nous raconta son histoire. Elle était mariée à un lâche, bafouée par son manque de courage. Alors que tous les hommes étaient partis se battre à la guerre lui s'était caché et depuis ce jour elle était montrée du doigt par le reste des villageois. Elle en avait marre de sa vie, avait envie de partir, d'être libre. Après quelques verres l'ambiance se fit plus intime entre nous, quelques regards échangés, quelques frôlements, je savais que je lui plaisait et il en était de même pour moi. Ma foi, la nuit allait être bonne !
Où je vois tendant les bras
L'amour qui comme un fou
Court au devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêve
Quand les bars ferment, que les marins
Rejoignent leur bord
Moi je rêve encore jusqu'au matin
Debout sur le port
Mais son cancrelat de mari pointa le bout de son nez, la sommant de rentrer chez eux. Les pics qu'elle lui envoya en guise de réponse me firent rire. Une aussi belle femme ne méritait certainement pas un minable tel que lui. Il allait baisser les armes lorsqu'un petit garçon apparut derrière lui. Son instinct maternel prit le dessus et elle rentra chez elle. Voilà que je venais de perdre mon joujou pour la nuit. Tant pis je devrais me rabattre sur une autre, hélas.
Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil
Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque le lendemain Millah s'invita sur mon navire en me suppliant de la prendre avec moi. Elle ne voulait plus de cette vie, ne supportait son mari et me suppliait de faire d'elle une des notre. Et bien après tout pourquoi pas, elle serait d'une compagnie agréable me dis-je. J'acceptais donc avec joie sa demande mais quelques heures à peine plus tard son mari fit également irruption. Bon sang il ne faudrait pas que s'inviter sur mon bateau devienne une habitude. Cet homme - Rumpelstilskin de son prénom - venait réclamer sa femme, prétextant qu'ils avaient un enfant ensemble et bla bla bla... Je ne voulais malheureusement pas perdre mon joujou mais j'acceptais de lui céder à la condition qu'il la gagne en duel. Tu parles, Millah avait raison, il n'était rien d'autre qu'un lâche et tremblait comme une feuille. Trop trouillard à l'idée de m'affronter il repartit chez lui sans sa femme.
Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil
Je ne m'imaginais pas tomber amoureux, ma vie de bohème libertin me convenait à la perfection. Mais il fallait avouer que Millah était vraiment de très bonne compagnie, une femme charmante, une maîtresse exquise et arriva ce qui devait arriver j'en tombais amoureux. Ce fut réciproque et ensemble nous fîmes un joli bout de chemin. Puis nous revinrent dans son village natal. Une courte escale pour nous ravitailler entre deux destinations. Nous ne voulions pas que Millah soit reconnue. L'alcool avait une fois encore coulée à flot, mes hommes et moi étions plutôt ivres sur le chemin du retour lorsque nous fîmes une rencontre singulière.
Un beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerais dans
La soute à charbon
Prenant la route qui mène
A mes rêves d'enfant
Sur des îles lointaines
Où rien n'est important
Que de vivre
Le mari de Millah se tenait devant moi et me provoquer en duel. Gonflé d’orgueil, l'homme était devenu un sorcier puissant, voir même redoutable, mais je n'étais pas lâche et j'acceptais ce duel perdu d'avance. La suite vous la connaissez sans doute, Millah me sauva in extremis d'une mort toute assurée en échange d'un haricot magique. Le lendemain lorsqu'il monta à bord de mon navire pour chercher son dû il tua Millah en lui arrachant le cœur après qu'elle lui ait affirmé ne jamais l'avoir aimé. Fou de rage, je voulu la venger et me battre avec ce lâche mais il me trancha la main. De toutes façons ce monstre ne pouvait être tué de manière classique avec une arme. C'est ainsi que je devins le capitaine Crochet, et je voue désormais ma vie à un seul but: celui de venger ma défunte bien aimée et de tuer le Ténébreux.
Où les filles alanguies
Vous ravissent le cur
En tressant m'a t'on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent
Je fuirais laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagage et le cur libéré
En chantant très fort.
Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil...