Introduction Époque du sujet : Now Date du sujet : Janvier Ordre de passage des participants : Elwyn - Moïra

Elwyn ne savait pas combien de jours ça faisait ? Il avait perdu le compte. Depuis combien de temps s’était-il réveillé, après ce si long sommeil de 28 ans ? Combien de kilomètre avait-il parcouru, combien de fois avait-il tourné dans ces bois à la recherche de survivant ? Oh, il en avait trouvé, ça oui. Il suffisait qu’il se retourne pour voir le visage de Moïra et qu’il se rappelle que ses efforts n’avaient pas été vains. Et puis, il était chanceux : Elwyn n’avait pas été séparé d’Annah – il ne sait pas comment il aurait fait si ça n’avait pas été le cas. Mais ce n’était pas assez. Ni le nombre de rescapé, ni le fait de pouvoir s’endormir tous les soirs à côté de son véritable amour. Elwyn, en réalité, ne désirait que retrouver son frère. C’était simple. Vraiment. Et pourtant, qu’importe les kilomètres, qu’importe les jours, qu’importe ses espoirs. William n’était pas là. Il restait juste introuvable. Ca le tuait à petit feu, même s’il essayait de ne pas le montrer, de le cacher, quelque part, dans le fond de son esprit, où il y penserait le moins possible.

Parfois ça fonctionnait. Comme aujourd’hui. Il s’était levé au petit matin, avec le chant des oiseaux. Annah les avait quittés, deux jours auparavant, pour étendre la zone de recherche. Il serait bien resté avec elle, mais il savait qu’Annah n’aurait aucun problème seule. Moïra, il ne la connaissait pas assez, il ne savait pas s’il pouvait se permettre de l’abandonner dans la Forêt Enchantée et savoir si elle allait survivre par elle-même.

Elwyn joua distraitement avec son alliance, s’arrêtant au bord d’une route ayant survécu au sort. Ils avaient entendu parler d’un endroit où les gens comme eux se regroupaient. L’union fait la force. Ils avaient dû foirer leur orientation, parce que pour le moment, Elwyn ne voyait aucune trace de ce qui devait ressembler à un camp de survivants. Il se retourna vers l’ancienne fille de noblesse. « Ca te dirait qu’on fasse une pause ? J’ai l’impression qu’on va nulle part. » C’était comme jouer à cache-cache, sans savoir si quelqu’un se cachait vraiment. Elwyn n’attendit pas son avis, se posant sur une large racine sortant du sol, fouillant dans son sac en bandoulière les fruits qu’il avait cueilli dans la matinée, avant de partir.

Les jours passent et se ressemblent. Décidément, j'ai vraiment l'impression de marcher sans but, de passer là où je suis déjà passé des centaines et des centaines de fois. Barbant. Après tout, ce n'est pas pour rien que l'on dit que la Forêt Enchantée est sans fin. Et cela se confirme bien ! J'en ai marre de marcher. Je suis fatiguée d'avancer sans réellement savoir pourquoi ou vers quoi je vais. Enfin si, je le sais, Denitsa. Oui, c'est une femme que je cherche. Car nous avons beaucoup plus de points en communs qu'on ne peut le penser. Nous avons surtout un ennemi en commun. Et l'union fait la force ! Je suis à sa recherche depuis maintenant quasiment une année - que j'ai pu facilement compter avec le passage des saisons. Certaines étaient plus difficiles que d'autres. L'hiver a été rude et froid. La nourriture se faisait rare. C'est alors que j'avais rencontré Elwyn et Annah. Tous deux voyageant avec un but assez précis : retrouver William, le frère d'Elwyn. Dans la Forêt Enchantée, on s'y perd. On ne sait plus ce qu'on cherche, ni depuis combien de temps nous sommes coincés ici. Moi, j'ai appris à y vivre, dans cet endroit... Mais tout le monde n'en est pas capable. Loin de là. Avec toutes les créatures étranges qui y rôdent, nous ne sommes jamais vraiment en sécurité. Avec le temps et la détermination, on arrive à s'y faire. Ayant une préférence pour la solitude, c'est avec un peu d'enthousiasme quand même que j'ai décidé d'accompagner Annah et Elwyn dans leur quête. Je me sentais vraiment seule après trois saisons passées. Au début, je ne savais pas vraiment si je pouvais leur faire confiance mais quand ils m'ont dit pourquoi ils étaient là, j'ai tout de suite compris que je ne pouvais qu'avoir confiance en eux. Il n'y a aucune quête qui soit plus noble que de chercher quelqu'un que l'on aime. Et pour qui on donnerait sa vie. Je suis loin d'en être là, à vrai dire, c'est une toute autre force qui m'anime. Celle que je souhaite à personne, celle qui me fait agir sans réfléchir. Celle de la vengeance. Alors que je ressassais encore ces mauvaises pensées, Elwyn se retournait vers moi, visiblement fatigué de cette marche aussi et me dit : « Ca te dirait qu’on fasse une pause ? J’ai l’impression qu’on va nulle part. » Et il avait bien raison. Sans même que j'ai le temps de répondre par la positive, il se posa sur une racine hors du sol et se mit à grignoter les quelques baies qu'il avait ramassé un peu plus tôt. « C'est effectivement une bonne idée de se poser un peu, j'ai besoin de dormir quelques minutes. » Je grimpa à une branche mi haute et posa mon écharpe sur les yeux afin de gagner en obscurité. « Au fait, où est ta dulcinée ?» lui demandais je alors que je commençais déjà presque à m'endormir...

C’était de l’épuisement, pur et simple. Celui qui ne s’échappa pas après une bonne nuit de sommeil. A quoi bon, Elwyn avait des difficultés à se reposer ces derniers jours, rêvant toujours des mêmes choses horribles qui revenaient en boucle. Encore & encore. Alors oui, s’arrêter sur cette racine lui rendrait quelque force physique, ainsi que manger des baies. Ça ne lui rendait pas l’espoir avec lequel il vivait, ni avec l’attente de trouver William caché derrière un tronc d’arbre comme il avait l’habitude de le faire quand ils jouaient à cache-cache dans leur enfance. Mais ceci remontait à un temps perdu, un temps oublié. William n’était certainement pas caché derrière un arbre, sinon Elwyn aurait retourné toutes les écorces de la Forêt Enchantée et des autres royaumes pour retrouver son frère. Mais, ici, ce n’était pas le cas. Le sort de Regina était d’un tout autre genre. Et malheureusement pour Elwyn, il ne savait pas encore lequel.

Il regarda Moïra grimper aisément à l’arbre, lui adressant un sourire narquois sans qu’elle ne le voit. « Okay, je vais rester silencieux. Quant à toi, évite de tomber de ton perchoir, m’dam. » La formule de politesse tronquée n’était là que par jeu. Moïra n’avait plus rien de cette famille de Noble dont elle descendait. Ses parents avaient disparu comme la plupart des habitants de ce monde et son château, sa fortune, dissipée. C’est pour ça qu’il l’aimait bien, Moïra. Elle avait une revanche dans les yeux qui ne cessait d’intriguer le boulanger, même s’il n’avait pas encore osé lui demander après quoi, elle courait vraiment. La remarque de la rousse sur sa fiancée lui fit hausser les épaules. « Je te l’ai déjà dit : elle est partie au Nord, pour voir s’il n’y avait pas des gens paumés, comme nous. On la retrouvera dans trois jours. » Mais Elwyn doutait que Moïra l’ai entendue, elle devait certainement déjà dormir.

Elwyn s’étira donc, se reposant contre le tronc d’arbre, accordant trente minutes de pauses. Ca serait suffisant pour que Moïra fasse une petite sieste et lui, pour lui redonner le goût à la marche. Il sortit son couteau et commença à sculpter un morceau de bois représentant un loup. Ca l’occupa un certain temps, le calme de la forêt reprenant le dessus, les animaux chantant. Il eut même l’occasion d’apercevoir au loin, dans les fourrés, un daim. S’il avait eu un arc, il l’aurait bien chassé. Mais il y aurait eu trop de nourriture pour seulement lui et la demoiselle. Elwyn ne possédait qu’une épée. Et même si ce n’était pas ce qu’il maniait le mieux –il se débrouillait plus avec des dagues- c’était toujours plus efficace que d’être désarmé.

Elwyn divaguait dans ses pensées, se perdant sur des détails de la vie de tous les jours, sur les hypothèses vues et revues d’où pouvait se trouver son frère. Quand, soudain, un craquement peu familier surgit de derrière lui. Des oiseaux s’envolèrent et il remarque l’agitation chez des écureuils. Elwyn fronça les sourcils et, suivant son instinct, grimpa sur la branche ou se trouvait Moïra. Ainsi penché à presque trois mètres du sol, il attendit, prenant soin de ne pas réveiller la Belle aux bois dormants à côté de lui. Il resta ainsi à peu près cinq minutes, retenant son souffle, le cœur commençant à battre dans sa poitrine, annonciatrice d’un danger imminent. La silhouette se dégagea d’entre les arbres. Grande. Grise. Massive.

Un orc.

Super. Il ne manquait plus que ça. Les orcs. Ils avaient repris possession d’une partie de la Forêt Enchantée depuis que la malédiction de Regina avait frappé. Elwyn en avait croisé plusieurs à quelques occasions. Et il avait toujours choisi de les éviter, par question de prudence. Elwyn n’était pas armé pour faire face à pareille créature. Il passa une main dans ses cheveux, décidant de réveiller Moïra. Délicatement, il posa sa main sur la bouche de la rousse, tandis que de l’autre, il la secouait par l’épaule pour la réveiller. Quand ses yeux bleus se fixèrent sur lui, il posa un doigt sur sa propre bouche, lui faisant signe de se taire, tout en pointant du doigt l’orc, juste en dessous d’eux.

Je commençais lentement par me laisser emporter par un sommeil qui se voulait assez réparateur il me semble. J'avais vraiment besoin de sommeil. La marche de ces derniers jours m'avait vraiment fatiguée et je ne sais pas pourquoi j'étais justement si fatiguée... Cette fatigue n'était pas que musculaire, j'en étais presque sûre. Donc il fallait que je me repose. Je posa donc une énième fois la question sur sa dulcinée avant de partir vers le pays des rêves, ou ce qu'il pouvait être. Je n'entendais même plus la réponse d'Elwyn tellement le sommeil me gagna facilement. J'étais bien, pas super bien calée sur cette branche mais je réussi à rendre à mon esprit un peu de tranquillité. Je pouvais sentir qu'Elwyn bougeait par ci, par là mais je sentais bien que son esprit était bel et bien ailleurs. Il devait encore penser à son frère... Cette situation me désolait sincèrement pour lui. Voir même plus que la mienne. Moi, je cherche simplement une alliée pour assouvir ma revanche mais lui cherchait une moitié de lui, son propre frère... Je ne peux qu'imaginer sa douleur quotidienne. Mes pensées divaguaient sans trop vraiment se décider à ne penser qu'à une seule chose. Je n'y arrivais tout simplement pas. Je pensais à trop de choses, en même temps. Impossible de faire un ordre des priorités ou de trier toutes ces choses. Je ne suis animée que par la vengeance et je sais bien que cela n'est pas bon pour moi. Il faudrait que j'arrive à trouver autre chose mais pour le moment, je vois mal comment je pourrais. Simplement parce que je me suis toujours forcée à aller au fond des choses et à terminer ce que j'ai commencé. Voilà, ce qu'est la détermination. Alors que Morphée m'avait envahi, je pouvais sentir quand même la certaine agitation autour de moi. J'entendais des bruits lointains sans trop pouvoir les distinguer. C'est alors qu'une masse vint se poser sur ma branche et je suis à moitié réveillée. Je me trouvais dans un demi état de sommeil, très désagréable. Je me demandais ce que faisait Elwyn, il ne pouvait pas me laisser 30 minutes tranquille ? D'un autre côté, s'il me réveille, c'est qu'il a une bonne raison. Je sais bien que sinon, il ne le ferait pas. Au contact d'Elwyn, j'avais appris beaucoup sur l'estime de soi et surtout, la maitrise de soi . C'est un point essentiel, qui m'a permis d'éviter tellement de problèmes... C'est à cet instant précis que je senti une main se poser sur ma bouche et une autre me secouer avec énergie. Je vais le maudire. Mais je pense qu'il a une bonne raison pour me réveiller. Sûrement l'agitation que j'ai senti précédemment. J'ouvris mes yeux, le découvrais calme et sur la défensive. Il leva son doigt pour le mettre devant sa bouche afin de ma faire comprendre qu'il ne fallait pas que je fasse de bruit. Effectivement, je suivis son autre doigt du regard et je découvrais alors un orc. Merde. Il ne manquait plus que ça. Ma main alla instinctivement à mes dagues accrochées à ma ceinture. Je pensais aussi à mon arc mais il était déjà trop tard. Je pris la main d'Elwyn qu'il avait mis sur ma bouche et la baissa. Je me rapprochais de lui et lui confia : "Je vais descendre lentement, le contourner afin d'aller récupérer mon épée. Je te fais signe quand tu peux prévoir une dispersion. " Je descendis de l'arbre sans faire le moindre bruit, sans éveiller les soupçons... Ce n'était pas mon premier orc, mais il semblait particulièrement robuste celui là. Et il devait avoir faim. Ma crainte était de faire un bruit qu'il puisse révéler ma présence. Une fois à terre, je m'accroupie et jetais un regard assuré à Elwyn. Une fois mon épée en main, je me relève et prépare mon coup. Je regarde une dernière fois Elwyn et lui fais un signe de la tête. J'attend le moment opportun pour frapper.

La Forêt Enchantée était vraiment un lieu paradisiaque, si on omettait les quelques créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres qui s’y baladaient certains jours. Elwyn, avant que la malédiction ne soit lancée, avait déjà perdu plusieurs compagnons sous le joug des créatures magiques. Depuis qu’il s’était réveillé de son long sommeil, il avait rejoint le groupe de ceux qui se vantaient d’avoir éliminé ce genre de créatures. En soi, ce n’était pas si difficile que ça de les pourfendre. Il fallait juste planter le bout pointu de l’épée dans le corps de la créature (et à ces mots nous comprenons pourquoi Elwyn était un boulanger et non un soldat). Même s’il n’avait pas vraiment de notions de combat, il pouvait compter sur sa rapidité et son agilité. Après, contre des personnes comme Brennan, Elwyn ne ferait jamais long feu, il n’était pas dupe. Avec du recul, l’ainé Orpwood était heureux que des gens de la trempe du barbare ou de Moïra l’aient rejoint, avec Annah. Ils ne formaient pas une famille ou une quelconque guilde, mais ils étaient ensemble. Et dans ces jours sombres, c’était important.

A présent qu’Elwyn était en train de réveiller la rousse, il laissa glisser son regard sur la créature horrible qui se trouvait quelques mètres en dessous d’eux. Elwyn ne savait pas d’où ce monstre pouvait venir. A contrario, le boulanger reconnaissait leur caractère qui s’avérait dangereux aussi que la force démesurée dont ils faisaient preuve. Cela, pour autant, ne sembla ni traverser l’esprit de Moïra, ni l’inquiéter de ce fait. Sans qu’il n’ait le temps de la retenir par le poignet, elle se faufilait déjà discrètement au sol, près des affaires qui avaient été laissés à la base de l’arbre. Elwyn fronça alors les sourcils, se retenant de lancer un commentaire sur le comportement de sa compagne, de crainte d’attirer l’attention de la créature. Il tourna sa tête entre la rousse et l’orc, suivant l’avancée de celui-ci. L’idée de faire diversion n’était pas une de ses favorites. Il choisit de ne pas penser au danger et aux risques que cela pouvait représenter. Au signe de tête de Moïra, Elwyn ne se posa pas plus de question.

Il inspira profondément, avant de descendre lui aussi de son point d’observation. Presque silencieusement, il s’éloigna de là où se trouvait Moïra, ramassant par la même occasion une roche, saisissant dans son autre main le couteau qu’il avait. Sans remarquer que c’était de pauvres armes qu’il avait en sa possession, il siffla un coup sec et fort, rompant le silence angoissé qui s’était installé dans la forêt. « Eh mon gros ! Je sais qu’on dit que tu nais de la terre. Ce serait pas de la merde pour ton cas ? » Okay, il avait dû faire cette accroche sur le tas et il évita d’apporter un esprit critique sur la pauvreté de son insulte. L’orc se tourna vers l’ancien boulanger, tandis qu’il se demandait si la créature était assez intelligente pour comprendre ce qu’il venait de dire. Dans le doute, il lui lança la pierre qu’il avait dans sa main, touchant l’orc au visage.

Elwyn aurait voulu remercier les cieux pour sa cible touchée, vraiment. Mais quand le monstre poussa un cri de rage –surement- le brun ne put que se maudire et maudire Moïra pour avoir une pareille idée. Il se tendit, prêt à recevoir l’orc avec son pauvre poignard, espérant que la rousse agisse à temps.

Le moment était critique - ne surtout pas paniquer. Elwyn savait ce qu'il avait à faire, je lui faisais confiance, même si des fois, je pouvais douter de sa loyauté. Mais il ne me devait rien, je lui devais même plus que la vie. Il a su trouver les mots pour chasser les images et les pensées noires de mon esprit. Je suis toujours prête à l'attaque, attendant qu'Elwyn fasse diversion. Je sais bien qu'il n'aime pas trop quand je lui demande de le faire mais je pense être plus à même de me déplacer rapidement que lui. Après lui avoir balancé une injure que je ne pourrais répéter, et l'orc se retourna vers Elwyn. A cet instant, un frisson a parcouru mon corps, je ne souhaitais pas qu'il lui arrive quelque chose. J'allais balancer ma lame sur l'orc mais Elwyn lui balança un caillou qui lui arriva en plein visage. Outch. Je ne devais pas relâcher mon attention et être prête à attaquer. L'orc poussa alors un cri, un beuglement même, vraiment atroce. C'est alors que je compris que je devais agir. Mon épée chargée au dessus de l'épaule, j'avais pris un peu de hauteur afin de toucher plus violemment l'orc. Je pris de l'élan et me jeta sur l'orc, poussant un cri pour me motiver et j'atterri pile là où je voulais, sur l'épaule de cet orc. En l'air, je m'étais préparé et j'enfonça avec haine mon épée entre son épaule et son cou. Là où il y a la jugulaire. L'orc poussa un cri de douleur sans vraiment comprendre ce qu'il lui arrivait. Mon effet de surprise avait vraiment bien marché ! J'étais contente. Elwyn devait s'étonner devant ma violence mais ça fait du bien !! Evacuer un peu tout ce que j'accumule depuis quelques temps. L'orc termina par s'effondrer au sol et moi avec. Mais rien de grave. Je sauta en vol et terminais sur le sol en roulade. L'art de la parade n'avait plus de secret pour moi. Ce combat me montra que je n'étais pas aussi rouillée que ce que je le pensais ! Cette montée d'adrénaline m'avait fait le plus grand bien. Je reprenais doucement ma respiration en me relevant lentement. Je cherchais Elwyn des yeux et je l'aperçu exactement au même endroit que tout à l'heure. Je me posa contre un arbre, à terre, le dos droit colé contre le tronc. Ma récupération était quand même un peu plus lente qu'avant. Mais ce n'est qu'une question d'habitude. Il faut absolument que je reprenne le combat, ou en tout cas, l'entrainement. Je fermais les yeux quelques instants et cherchais la gourde que j'accroche à ma ceinture d'épée. Je la pris et bu à grandes gorgées. Ensuite, j'entrepris de me lever et de me diriger vers Elwyn. Avant cela, je suis passé près de l'orc afin de vérifier s'il était bien mort. Loin de là l'idée que les orcs puissent jouer la comédie, mais on ne sait jamais. En même temps, je retira mon épée emplie de sang. Je la trainais derrière moi et m'approcha d'Elwyn : Il faut que l'on trouve un point d'eau. Pour remplir nos gourdes et surtout pour enlever tout ce sang sur ma lame. Je regardais Elwyn, pour me rassurer, me dire que tout ça n'avait pas été vain et qu'il allait bien.

Plus ce monstre se rapprochait, plus Elwyn le trouvait répugnant et particulièrement malodorant. Pourquoi avait-il eu cette idée de lui balancer une pierre déjà ? Ah, merde. En plus, c’est que ça courrait vite cet orc. L’ancien boulanger crut que la créature allait lui sauter dessus pour planter ce qui lui servait de dents et de crocs dans sa jugulaire pour festoyer sur la fontaine de sang que deviendrait l’ainé Orpwood. Et il y eut un deuxième cri. Tombant d’une branche, Moïra menait son attaque comme elle l’avait décrit précédemment à Elwyn.

Le brun, remarquablement inutile pour ce qui se passait se contenta d’être un simple spectateur du côté barbare enfuit de Moïra que ressortait alors que l’orc s’effondrait au sol, dans un dernier sursaut de douleur. Elwyn relâcha finalement sa respiration, ne s’était même pas rendu compte qu’il avait arrêté de souffler dès que le monstre s’était jeté sur lui. A présent que la menace était bien éliminée, il porta une main sur son ventre, soulager de ne pas avoir fini comme mise-en-bouche pour la créature de la Forêt Enchantée. Il regarda une seconde son couteau qui n’avait pas été d’une grande aide, le rangeant à sa ceinture alors qu’il s’approchait d’un Moïra un peu essoufflé. Ça avait été assez d’émotion pour le moment.

A la constatation de l’ancienne demoiselle, il hocha la tête, s’approchant d’elle. Une fois près d’elle, il déposa une main sur son épaule. « J’espère juste que tu n’as pas attiré les copains de l’autre chose » coup de tête vers la chose morte en question « avec ton cri. En tout cas, c’était une chouette démonstration. » Le ton léger et plaisantin d’Elwyn cherchait à détendre l’atmosphère qui avait manqué de se briser dès que l’orc s’était trouvé dans le même lieu que les deux survivants. Le Orpwood se pencha, récupérant l’épée ensanglantée. Il fit mine de sentir l’odeur que le liquide noir avait et fronça le nez. Ce monstre puant autant de l’intérieur que de l’extérieur. Effectivement, il valait mieux se débarrasser du parfum plus qu’écœurant, au risque de se faire traquer par n’importe quel autre danger.

« Je pense qu’il y a un ruisseau pas loin. Ca devrait être suffisant. » Cela dit, il partit récupéré ses affaires qu’il avait abandonnées au pied de l’arbre qui lui avait tenue compagnie pendant la sieste de la rousse. Passant la bandoulière sur son épaule, il attendit que Moïra soit également prête pour se mettre en marche, revenant en partie sur ses pas, là où il avait remarqué que le sol était plus humide, les feuilles des arbres lubrifiés par une humidité présente. Ils continuèrent sur moins d’un kilomètre, avant que le bruit de l’écoulement de l’eau ne se fasse entendre. Presque fier de son coup, Elwyn eut un mince sourire, alors qu’il rejoignait le bord du ruisseau. Sans aucune pensée pour ses chaussures, il plongea ses pieds dans l’eau, ainsi que la lame qu’il se mit à frotter soigneusement. « Rassure-moi, c’était ton premier orc ? »

Je me remettais doucement de cette épreuve et je voyais quand même que j'avais perdu un peu de rapidité. Cela me contrariait un peu. Le principal est que nous allons bien et que nous soyons sains et saufs. Elwyn pris mon épée et la senti. L'odeur lui monta tellement rapidement au nez qu'il la retira aussitôt de son visage. Ce qui confirmait qu'il fallait nettoyer cette lame et trouver un point d'eau car nos gourdes commençait à atteindre un niveau critique. Elwyn pensait en avoir trouvé un. Je lui faisais confiance et donc lui emboitait le pas. Il se trouva qu’il avait un bon instinct et nous nous nous retrouvions assez rapidement à un petit ruisseau. Elwyn était fier de lui et se jeta presque à l’eau sans prendre soin d’enlever quelque vêtement. Peut importe, j’y alla aussi et j’étais bien contente de pouvoir me rafraichir et me remettre de mes émotions de tout à l’heure. Je vis Elwyn en train de nettoyer ma lame, ce qui me fit encore plus plaisir. Il était appliqué sur ce qu’il faisait et cela était une de ces grandes qualités. Quelques secondes plus tard, il me demanda si l’orc que j’avais abattu tout à l’heure était bien mon premier orc. J’avais levé les yeux lorsqu’il m’a adressé la parole et là, je les ai rebaissés lentement vers l’eau du ruisseau. Ce n’était absolument pas mon premier orc. Il se trouve qu’avant de le rencontrer, j’en ai croisé et abattu plein d’autres… Je ne savais pas trop si je devais lui faire cette confession. Il semblait quand même un peu secoué par ce que nous avons vécu précédemment. Je préférai nuancer ma réponse : « Pas tout à fait le premier, mais un des premiers oui, Elwyn. » Je ne voulais pas l’effrayer plus que nécessaire. « J’ai rencontré quelques autres créatures sur mon chemin avant de te rencontrer. Et je dois t’avouer que les combats étaient beaucoup plus longs seule. Avoir un allié est quand même un sacré avantage face à ces monstres ! » Je rigola doucement quant à cette confession, puis je me reconcentra sur la tâche que j’avais commencé plus tôt, remplir ma gourde et nettoyer le sang qu’il me restait sur les mains. Je sentais qu’Elwyn était quand même un peu mal à l’aise face à ma brutalité et je m’en voulais un peu de lui avoir montré ce côté – prédominant – de ma personnalité. Je sortais de l’eau doucement et alla me poser contre un arbre. La saison était douce et l’air pas trop froid. Elwyn continuait de nettoyer ma lame et je lui dis alors : « Elwyn, ne t’en fais pas pour ma lame, je la ferait nettoyer quand on arrivera en ville. Ne t’embête pas avec cela et sors de l’eau avant d’attraper froid ! Il ne faudrait pas que je te rende malade à ton Annah ! » lui dis-je en rigolant. Je voulais détendre un peu l’atmosphère qui me semblait beaucoup trop tendue. « Alors, tu m’as dis être boulanger avant de prendre la route, raconte moi un peu ton métier, ton savoir faire, je suis sûre que ça doit être passionnant ! » Je voulais qu’on soit un peu plus proches que des simples compagnons d’aventure, même si tuer un orc créé forcement plus de liens que de poser des questions sur le passé de l’autre.

Elwyn aurait toujours un peu de difficultés à imaginer Moïra en une dangereuse guerrière. Faut dire qu’elle ne donnait pas l’impression d’être une combattante sanguinaire. Comme quoi, l’habit ne fait pas le moine. Elwyn, à leur première rencontre, l’avait prise pour une demoiselle en détresse qui serait plus un poids à trainer qu’un véritable allier. Maintenant, il ne méritait que les pires châtiments quand il se rendait compte à quel point il s’était trompé. L’ancienne fille de noblesse était une camarade sur laquelle l’ancien boulanger savait qu’il pouvait compter sur elle, dans n’importe quelle situation. La mort de l’orc le lui avait bien prouvé. Et vraisemblablement, même si le brun n’avait pas été tout à fait du même secours que Moïra l’avait été, elle pensait la même chose de lui. C’est pourquoi il lui offrit un sourire simple et heureux, qui contrastait avec son humeur générale depuis qu’il s’était réveillé de cette malédiction, mais qui montrait le bien qu’il ressentait en recevant pareilles paroles.

Puis elle s’inquiéta pour sa santé et il lui offrit juste un regard amusé ainsi qu’un froncement de sourcils. « Cesses donc de me couver ainsi, je suis un grand garçon tu sais. J’ai presque fini, et je n’ai pas envie d’être tracé à l’odeur avec une puanteur pareille. Donc tu t’installes et tu attends sagement d’avoir ton arme toute propre, est-ce clair ? » C’est-à-dire qu’il n’accepterait aucune plainte de la rousse sur ce qu’il faisait et lui offrant un regard sérieux, il continua de frotter la lame paisiblement, faisant peu cas de ses pieds humides. En réalité, les frissons que lui procurait la fraicheur du ruisseau était plus de la bienvenue. Elwyn connaissait la forêt, ça aurait été un comble qu’il attrape un rhume pour si peu.

Elwyn releva les yeux vers Moïra quand elle s’intéressa à son passé, renvoyant inévitablement l’aine Orpwood dans une vague de souvenirs remontant sans grande peine dans sa mémoire. Il revoyait la porte de son ancienne maison, la chaleur du foyer et l’odeur du pain qui gonflait dans le four. Il sentait la main de William sur son épaule alors qu’il répondait malicieusement à une remarque de son grand frère. Mais déjà, il faisait un effort pour s’étriper de ses pensées bien qu’heureuses, à présent ne remontaient que son lot de souffrance. C’était la première fois que Moïra s’intéressait à son passé. Il pouvait bien lui répondre. « Oui, c’est passionnant. Faut dire que je fais ça depuis que je suis tout petit. Donc le pain, c’est un peu ma vie. Ca permettait à mon frère et à moi d’avoir à manger un minimum tous les jours. Il faut des mains fortes pour pétrir la pâte et ne pas craindre le feu quand tu la fais cuir. Toi, par exemple, tes mains sont trop délicates. » Ce n’était pas une critique. Juste une constatation. Lui, ses mains étaient rugueuses, recouvertes de peaux dures à certains endroits. Le contact avec la farine lui manquait, craquer la croute du pain une fois cuit, également. « Ce n’était pas une vie facile, mais elle me plaisait comme elle était. » Puis le sort avait tout emporté. Ses pains. Sa maison. Son frère. Il tuerait Regina pour ça. « Et toi, comment était la vie de château ? » Elwyn avait pris ce ton léger, cherchant simplement à faire la conversation alors qu’il finissait – finalement- de nettoyer l’arme de Moïra en la lui tendant, en silence.

Vu que nous sommes amenés à passer du temps ensemble, autant apprendre à se connaitre ! J'avais demandé à Elwyn comment était son métier avant. Lors de sa réponse, j'ai senti qu'il repartait vers ses souvenirs et je m'en suis quelque peu voulu par la suite car je ne voulais qu'il se sente mal ou qu'un brin de nostalgie l'emporte. Cependant, il me répondit, et ce, avec beaucoup de profondeur. J'en déduis que sa vie d'avant devait beaucoup lui manquer... La mienne aussi. Mais beaucoup moins que lui. Je pouvais sentir dans sa façon de parler qu'il souffrait de sa situation actuelle et que parler de son passé le remuait un peu. Je le regardait avec beaucoup d'admiration. C'est vrai, je l'admire beaucoup ce Elwyn. Il est vraiment quelqu'un d'intéressant et de dévoué. J'aurais aim" avoir quelqu'un qui parte à travers la Forêt Enchantée pour me retrouver... Simplement parce qu'il m'aime. Mais je ne berçais plus d'illusion depuis bien longtemps. Je l'écoutait parler de son passé et il semblait avoir été vraiment bien dans sa vie d'avant. Je ne pouvais que compatir. Il m'avait même dit " Toi, par exemple, tes mains sont trop délicates. " en parlant de son métier. Je releva le regard vers, puis vers mes mains et rigola légèrement : " Tu as raison, Elwyn, je pense que je ne pourrais même pas tenir la pate dans mes mains ! " Je ne le prenais pas mal, je savais qu'il était un expert dans le domaine, et puis je ne me voyait pas du tout faire du pain ! Puis je compris ensuite qu'avec la malédiction, il avait tout perdu. Quelque part, moi, aussi j'ai tout perdu... Il continuait de nettoyer ma lame, il se concentrait sur sa tâche et je ne voulais pas le distraire trop. Il me posa une question, cette fois sur mon passé : " Et toi, comment était la vie de château ?" puis il s'avançait afin de me rendre ma lame dans le plus silence qui soit. Je pris ma lame en lui faisait un petit signe de tête : "Merci Elwyn, grâce à toi, elle brille encore plus qu'avant ! ", paroles que je voulais sincère. Je le pensais vraiment. Il n'était pas obligé de le faire mais il l'a fait et j'apprécie beaucoup. " Pour en revenir à ta question, la vie de chateau n'était que poudre aux yeux. Je ne regrette pas d'être née dans le milieu ou je suis née mais quelque part, je suis heureuse de découvrir l'envers de la médaille. La vie mondaine a ses avantages et ses inconvénients. Et je trouve qu'il y a plus de points négatifs. " Je marqua une pause. Repensant à ma vie d'avant, forcément. " Hormis le fait de devoir faire toujours comme si tout allait bien, j'ai eu la chance de pouvoir apprendre à lire, écrire et compter. Non pas que ça me serve aujourd'hui mais j'aime apprendre. J'ai eu aussi des cours de tir à l'arc et de combat. Même si mon père était contre. Même si je suis féminine, j'ai toujours voulu apprendre à me battre. Il est vrai que pour l'époque, une femme qui sait se battre, ce n'est pas commode. Puis ensuite, il y a eu... Klaus." Mon visage s'est fermé à ce moment, lorsque j'ai dis ce prénom que j'haïssais un peu plus de jour en jour. Je ne savais pas vraiment si je pouvais me confier sur cet épisode douloureux de ma vie avec Elwyn... Non pas qu'il ne le mérite pas, mais je n'ai pas envie de l'embêter avec mes problèmes du passé.