Elwyn, finalement, sortit ses pieds de l’eau, profita de la proximité de la source pour se désaltérer un peu, passer de l’eau dans ses cheveux pour se rafraîchir le crâne. L’épée propre et rendue à son propriétaire, Elwyn se nettoya les mains, écoutant attentivement le récit de Moïra. C’était vraiment étrange, de voir comment deux personnes comme eux, issus de deux milieux sociaux parfaitement différents, aux modes de vies et aux valeurs totalement opposées, se retrouvaient côte-à-côte, une fois le sort libéré. Dans la situation de chaos qui avait frappé le monde des contes, les anciennes bases, placées sur la noblesse de sang, ne comptaient plus vraiment. Ce qui était important, c’était de survivre, qu’importe si vous aviez passé votre enfance avec une cuillère d’argent, ou de bois, dans la bouche.

Cependant, Elwyn aurait toujours de la difficulté à se faire à cette vision d’aristocratie malheureuse. C’est vrai que les pièces d’or n’apportaient pas le bonheur, mais cela aidait grandement. Avec l’estomac vide, il était difficile de s’attarder sur les choses simples de la vie. Elwyn se souvint de la première fois qu’il avait volée, parce que cela faisait trop de jours que William et lui n’avaient pas mangé. Il se souvint, également, de sa première rencontre avec Rumplestiltskin, pour pouvoir payer la redevance qu’il devait à un seigneur. Il se souvint de l’attraction qu’il avait eue, pour la magie, se disant que posséder un peu de sorcellerie dans le sang faciliterait leur vie. Il se souvint de la peur de perdre son frère, si jamais il franchissait cette ligne. Qu’il avait été sot ! Il avait essayé de vivre le plus correctement possibl, même s’il avait fait des choses dont il n’était pas fier, pour protéger son frère, du mieux qu’il le pouvait, de certaines horreurs du monde. Une fois Regina déchainée, sa malédiction rongeant le monde des contes, Elwyn se rendait compte que tout ce qu’il avait fait était réduit à néant.

Elwyn secoua la tête, chassant du mieux qu’il put ses pensées, se concentra sur la chance qu’avait eue Moïra d’apprendre à se battre. « Tant mieux, que tu n’aies pas décidé à être une parfaite demoiselle de la cour. Ça nous a bien servi avec l’orc aujourd’hui. » Elwyn ne pouvait pas ressentir de la jalousie envers sa compagne de voyage. A présent qu’ils étaient égaux, Elwyn fut heureux de ses nombreuses années à chercher à se nourrir de ce qui poussait dans la forêt à l’état naturel. Ça lui avait permis de survivre depuis qu’il s’était réveillée de son sommeil de 28 ans. Il doutait que bon nombre de ceux qui vivaient dans un château puisse en faire pareil.

A l’évocation de cet homme, Klaus, Elwyn leva la tête, fronça un peu les sourcils. « Klaus ? » Elwyn l’invitait, par cette simple interrogation, à continuer son histoire. C’était un petit gars attention, l’ainé Orpwood. Quelque part, il était convaincu qu’en apprendre plus sur Moïra permettrait de mieux voyager ensemble. Ils avaient tous un but, à parcourir le monde des contes de long en large, et il se rendait compte qu’il ne savait pas pourquoi Moïra avait accepté de le suivre, avec Annah.