« Lorsque l'on découvre l'envers du décor, on peut voir les ficelles. Ce n'est jamais bon pour un novice d'apprendre les secrets de son maître. Veuillez m'excuser. »

Je me drape dans la dignité qui me reste et rejoins la loge derrière la scène, délaissant les trois adolescents aux rires aussi tranchants que des bouts de verre brisés. Je m'assois lourdement devant le miroir, et retire avec lenteur le maquillage sur mon visage. Mon regard est terne - ici, je ne suis plus chez moi. Zelena me contrôle, et mes pouvoirs sont affaiblis. Cela me pèse de devoir jouer les abrutis sur scène, mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé. J'aime la magie - et même si plutôt que de la louer j'en fais quelque chose de plutôt pathétique, au moins je suis proche d'elle. Je n'ai pas réfléchi plus loin. J'ai du mal à réfléchir, à dire vrai, ces temps-ci.

Je mets mon veston noir, prends ma canne, pose mon chapeau haut-de-forme sur ma chevelure bouclée et je sors dans le vent froid du soir. Je n'ai pas encore mangé, et j'ai hâte de retrouver mon appartement. Toto doit m'y attendre. Toto. Personne n'a encore compris la référence - je suis déçu. Personne ne sait qui je suis ici - qui se douterait que je suis le grand magicien d'Oz ? Je n'ai de grand que le nom - Zelena me possède, me fait chanter. Je déteste ça, elle me tient pieds et poings liés. Elle a même été jusqu'à me priver d'une partie de mes pouvoirs. Ma magie fonctionne encore, mais si je me retournais contre elle ...

Je sais que je ne suis pas mauvais. J'avais de bonnes raisons de refuser de l'aider, cette fois-là. Mais elle est entrée dans une rage folle ... Même en songeant à tout ce qui m'est arrivé depuis - et croyez-moi, je me rappelle parfaitement ce que cela fait d'être un singe ailé - je referais la même chose. J'entre dans le hall de mon appartement, retire mon manteau, pose mes affaires et joue un instant avec ma canne. Cependant, elle ne m'a pas dépossédé de mes attributs - et cet objet est rempli de magie. Allez savoir si elle la fait volontairement ou pas - en attendant, je reste Oz. Ou plutôt Oswald Blueberry, le magicien de pacotille, plus doué pour faire rire.

Je ne leur en veux pas. Mais j'ai peur - peur de mes agissements, de ce que cette sorcière va me pousser à faire. Et je sais que, quoi qu'elle demandera, je n'aurais qu'un mot à répondre.

Oui.