tu n'as pas une dent envers moi? ▬ Tooth

Introduction

Époque du sujet : actuelle
Date du sujet : 15 mai
Ordre de passage des participants : age - tooth

Age avait commencé à remplacer Casey pour livrer les journaux au petit matin, pour que toute la ville de Storybrooke se tienne au courant des dernières nouveautés. Le chat était satisfait, il gagnait un peu avec ce nouveau boulot et quand il avait l’autorisation, il squattait chez le cygne. Quand il ne l’avait pas, il tentait de se faire une place chez le lapin. De fait, il passait beaucoup moins de nuits dehors. Ce qui était une augmentation non négligeable pour son niveau de vie. Cela se ressentait dans son humeur. Déjà qu’il était une boule de bonheur en temps normal, maintenant, il était un chat très heureux. Ce qui, principalement, pour l’humeur des habitants, ne faisait pas grande différence : il était toujours agaçant pour son entourage. Mais le chat s’en moquait. Il n’allait pas s’abaisser à subir la colère des autres. Aujourd’hui, il profitait de l’air frais, des oiseaux qui passaient au-dessus de sa tête. C’était d’ailleurs très frustrant de ne pas pouvoir courir après eux, au risque de se faire dévisager par les autres. A la place, il se contentait de les observer, le nez perdu dans le ciel, ne faisant pas attention à ce qui l’entourait, comme d’habitude.

Et comme d’habitude, il rentra dans quelqu’un. Faire tomber Casey de son vélo aurait dû lui servir de leçon, mais Age apprenait très lentement. Heureusement, il avait des réflexes. Il attrapa de justesse la jeune femme par le poignet, l’empêchant ainsi de se retrouver le nez collé au sol. « Pardon, je ne regardais pas où j’allais. » L’excuse fut vite prononcée, tandis qu’il vérifiait d’un rapide coup d’œil que la jeune femme n’avait rien. C’était étrange, son parfum lui disait quelque chose. Il s’arrêta, fronça les sourcils, incapable de se souvenir d’où il la connaissait. Mais le visage de l’inconnue ne trompait pas. Il avait déjà vu la jeune femme auparavant. Sauf que sa mémoire faisait défaut. « J’ai l’impression de vous connaitre. C’est normal ? » Oui, autant demander. Ne sait-on jamais qu’elle le reconnaisse. A moins qu’il ne l’ait rencontré quand il était sous sa forme de chat ? Hum.

Son attention fermement fixée sur la jeune femme, il entendit au loin les glapissements d’un oiseau. Et ça lui revint, comme une claque de frayeur et d’effroi. Oui, il se souvenait de cette femme. C’était la fée des dents, qui avait manqué de le tuer, alors qu’il s’était pris à une innocente proie. Les pupilles contractées par la peur, il lâcha soudainement la jeune femme, se reculant brusquement, sur la défensive, apeuré, aussi. « Non, j’ai dû me tromper, désolé. » Oui, il espérait s’en sortir avec une telle technique, très mauvaise. Maintenant, il ne trompait personne : il se souvenait de la fée des dents.

Toothiana n'était pas ce que l'on pouvait appeler une fée contente. Non. Elle était même plutôt en colère. Contre qui, elle n'en avait aucune idée, mais le fait est qu'elle maudissait sincèrement la personne, ou les personnes, qui l'avait entraînée dans cette malédiction.
Pourquoi diable était-elle en colère ? Voilà qui est très simple. Cette malédiction avait visiblement pour but de faire apparaître tout le monde vivant dans les contrées de la Forêt Enchantée dans un monde quasiment dénuée de toute magie. Mais, ce qui n'avait pas, semble-t-il, été prévu, était la perte de mémoire. Une année d'oubliée. Pourquoi, par la lune, avaient-ils tous oubliés une année de leur vie ? Mais le pire, pour Tooth n'était pas le fait qu'elle soit dans une ville qui ne devrait pas exister, ni le fait d'avoir un trou noir d'une année dans sa mémoire, non ces deux faits, elle aurait pu très bien les gérer. Non, le pire, était le fait qu'elle soit coincée dans son apparence humaine ! Pas qu'elle médise cette apparence. Mais, elle aime énormément avoir son apparence de fée avec ses plumes, donc, si on lui laissait le choix : le plus de temps elle est avec ses plumes, le mieux elle se porte ; mais si par malheur elle est forcée, que dis-je contrainte d'être sous sa forme humaine ; non seulement la transformation forcée lui est extrêmement douloureuse, mais en plus, elle doit attendre un certaine laps de temps avant de pouvoir se retransformer en fée. La Fée des Dents n'était donc pas vraiment dans son assiette.
Après s'être réveillée dans cette forêt et sous cette apparence, elle avait été plus ou moins désarçonnée. D'accord. Elle avait été complètement larguée. Elle avait réussi à se trouver de petits endroits ici et là pour dormir et réussie à se nourrir régulièrement.

Les jours passant, elle s'était donnée comme habitude de se promener dans le centre, vagabondant de rues en rues, attendant quoi ? Elle l'ignorait. Peut-être qu'elle essayait de voir si elle pouvait reconnaître quelqu'un. Elle savait qu'il y avait un bon nombre de personne qu'elle avait déjà rencontré ici, son instinct - et la partie de ses pouvoirs basiques de fée - lui permettaient de le savoir. Ce qui, en soit, aurait pu être une bonne chose, mais encore fallait-il que les dîtes personnes la reconnaisse, ce qui était une toute autre histoire. Elle était donc en train de penser à la façon de pouvoir se faire reconnaître, convaincre une personne que, oui elle était bien la Fée des Dents, mais que non, elle ne pouvait pas encore reprendre sa forme, sa magie ne le lui permettant pas encore. Ce genre de « Mais oui mais non » n'étant pas toujours une réponse satisfaisante, elle préférait attendre de revoir les personnes dont elle était certaine d'être reconnue - et ils n'étaient pas nombreux. C'est en pensant à tout cela, sans vraiment faire attention où elle marchait, que quelqu'un lui rentra dedans. Ou peut-être était-ce elle. Cela dit, la personne avait eu d'excellent réflexe, car elle avait à peine constaté qu'elle était bien en train de chuter, se rapprochant dangereusement du sol, que la personne la rattrapa par les poignets afin de la retenir. Et avant même de pouvoir s'excuser, le jeune homme - parce qu'il s'agissait en effet d'un jeune homme - la devança, en présentant ses excuses rapidement. Elle ne répondit pas tout de suite, le fait de tomber et d'être relevée, le tout dans un laps de temps aussi réduit, lui avait fait se rappeler qu'elle avait une migraine - qui n'en finissait pas - et l'engourdissement de son corps se fit également plus présent. À faire constamment attention à ne pas être trop tendue et soudainement l'être, n'était pas agréable pour elle. Elle remarqua vaguement l'évidente observation dont elle était sujette par le jeune homme et l'entendis lui demander s'ils ne s'étaient pas déjà rencontrés. La question, pourtant anodine, la fit observer plus attentivement la personne en face d'elle, s'exclamant en même temps « Je devrais plutôt être celle qui s'excuse, je n'étais pas du tout attentive au monde autour de moi. Merci de m'avoir retenu, une rencontre avec le sol m'aurait été désagréable » elle grimaça en s'imaginant tomber. Que ses ailes pouvaient lui manquer ! Elle reprit rapidement cependant « Il est vrai que vous me semblez familier également ... ».

Elle essayait de se souvenir de cette personne. Où avait-elle bien pu le rencontrer ? Dans quelle ville ? De jour ? De nuit ? Elle entendit le son d'un insecte voler près de son oreille et son regard se fit plus lointain. Oh, cela lui revenait, lentement, parce qu'il faisait nuit ce jour-là, mais elle savait d'où elle avait rencontré cet homme. À l'origine un chat, elle l'avait surpris en train de jouer avec l'une de ses petites fées. Et, de toute évidence, le brun semblait aussi très bien se souvenir de qui elle était. Elle ne lui avait jamais montré sa forme humaine, peut-être était-ce son odorat, ou bien autre chose qu'en savait-elle, mais elle savait qu'il avait compris qui elle était et de selon toute vraisemblance, Toothiana avait tellement effrayé le chat, dans le passé, qu'il l'avait brutalement lâchée et avait reculé de quelques pas. Il eut tout de même la foi de nier son souvenir en s'exprimant par « Non, j'ai dû me tromper, désolé ». Elle avait vraiment terrorisé le pauvre animal, ou le pauvre homme, pour qu'il en soit venue à mentir comme cela. Si, au moins cela avait eu l'air convainquant.
Elle soupira, tentant d'oublier sa migraine, puis s'exprima, peut-être un peu, beaucoup, gauchement en se raclant la gorge, assez mal-à-l'aise « Hm, salut le chat. ». Certes, il y a mieux comme entrée en matière, mais c'était la seule à laquelle elle avait pensé. Elle se doutait bien que l'homme-chat n'avait pas oublié cet épisode de sa vie. D'accord, elle avait voulu le punir en le surélevant dans les air, juste pour lui faire un petit peu peur ! Mais l'idiot, parce que oui, il avait été complètement idiot de se changer en homme alors qu'ils volaient ! Une chance qu'il y ait eu un lac tout près d'eux et qu'elle avait pu le lâcher dedans !
Elle réprima tout de même un léger sourire moqueur à se souvenir - ne va pas le rendre encore plus mal-à-l'aise, se disait-elle - puis reprit la parole « Comment ça va ? ». Brillant, oui c'était brillant. Mais pour sa défense, elle n'était pas au mieux de sa forme.

La fée des dents lui paraissait différente. Était-ce parce qu’elle ne portait plus sa parure de plumes et qu’elle avait abandonné ses ailes ? Oui, dans une apparence humaine, Toothiana était bien moins intimidante que quand elle avait tenté de l’écraser au sol, puis de le noyer. Pourtant, Age était toujours sur la défensive, les yeux écarquillés, prêt à prendre la fuite au moindre geste menaçant qu’il verrait. Parce qu’il avait été perçu à jour, sur son gros mensonge. Eh oui, quand il était pris par surprise, face à de mauvais souvenirs, le chat perdait toute sa fourberie naturelle. Ca le trahissait. S’il l’avait mieux joué, peut-être aurait-il pu s’en tirer tranquillement. Mais voilà. « Hm, salut le chat. » Grillé le chat. Il retint un petit miaulement plaintif, enfonçant ses mains dans les poches de son vieux manteau, grommelant quelques insultes envers lui-même. Rester dans cette ville lui faisait perdre les précautions qu’il avait l’habitude de garder.

Mais Toothiana ne semblait pas menaçante. Elle ne l’avait pas encore pris pour lui éclater son sublime minois sur le sol. La rancune devait être passée. Age, après tout, n’avait plus jamais chassé une fée des dents, quand il en voyait une. A la place, il se rabattait sur les innocents oiseaux, dont il était persuadé qu’aucune créature magique n’interviendrait pour venger sa proie. Age releva ses yeux bruns du sol, étudiant prudemment la jeune femme qui se tenait devant elle. Parce que c’était ça. Toothiana n’avait plus rien de son statut d’impératrice des dents de laits. Elle semblait… relativement… humaine. « Comment ça va ? » Maintenant qu’il l’observait de plus près, il constatait qu’il lui manquait cette superbe qui avait cloué le félin au sol. Il se permit de humer l’air discrètement, penchant la tête sur le côté, ses pupilles noires fixées sur l’humaine. « Ca va… ? » Il n’était pas certain qu’il y avait une bonne réponse à apporter à cette question. Et son intérêt n’était pas fixé à répondre à ce genre de civilité que les hommes appréciaient tant.

Pourquoi Toothiana n’avait plus ses plumes ? Et qu’est-ce qu’elle faisait ici, à errer dans les rues, alors qu’il y avait certainement une quantité faramineuse de dents qui l’attendaient, enfuies sous les oreilles d’enfants endormis. Age s’approcha un peu plus, toujours partagé avec cette envie de fuir qui lui rongeait les entrailles. Il passa au-dessus de ce que son instinct de froussard lui criait, tournant autour de Toothiana, pour s’assurer qu’elle ne cachait pas ses plumes sous ses vêtements. Mais non, rien. Il n’y avait que de la chair et des os. « Tu as été prise dans la malédiction ? » Age était très prudent avec ses propos, il ne voulait pas que la fée se sente offusquée par sa question. La deuxième lui échappa, juste après, toujours avec cet étonnement dans la voix et cette prudence qu’il ne quitterait pas de sitôt – un tel traumatisme ne s’oubliait pas si facilement, pour un chat. « Elles sont où, tes plumes ? » Oui, il avait toujours le don de mettre la griffe sur ce qui n’allait pas.

Le jeune homme, qui d'un côté n'était pas si homme que cela, avait toujours ce petit quelque chose qui faisait qu'il était plus que ce qu'il laissait voir. Le fait de savoir qu'il était un chat, à la base, avait de quoi l'aider dans ce raisonnement ; elle était donc capable de desceller le comportement d'un félin derrière sa forme humaine. Le fait de le voir agir de la sorte lui fit se demander s'il avait toujours la capacité de se changer en chat quand il le souhaitait, ou s'il avait juste gardé des vieux tics dont ils ne pouvaient se détacher. Elle lui souhaitait sincèrement d'avoir gardé cette habilité, pouvoir changer de forme et prendre celle que l'on préférait n'avait pas de prix. Elle souhaitait pouvoir retrouver ses plumes, toutes ses plumes. Ses ailes aussi. Le cheminement de ses pensées commençait vraiment à la faire déprimer. Comme à chaque fois qu'elle y pensait soit dit en passant ; ce qu'elle faisait une fois seule, le soir, la nuit. Bref, presque tout le temps en somme.
Elle vit le jeune homme qui, si ses souvenirs ne la trompaient pas, se nommait Age, devenir nerveux plus agité quand elle le salua et en même temps signala qu'elle savait qui il était. Bon, elle n'avait pas fait dans la subtilité, certes et il semblait éprouvé un certain malaise à cause de sa présence. Pour quelle raison ? Le fait qu'elle sache qui il soit, ou bien à cause du petit incident qui l'avait conduit à prendre un bain dans un lac ? (Après une envolée dans les air bien entendu). Elle cherchait à ne pas paraître menaçante, chose qui ne devait pas être difficile vu que même avec ses plumes elle ne se sentaient pas menaçante. Sauf en colère. Mais là, étant humaine et son corps étant toujours douloureux, ainsi qu'elle n'éprouvait aucune mauvaise intention envers son interlocuteur, elle n'avait aucune raison d'être menaçante.

Elle le vit l'observer attentivement avant de répondre à sa question, qui ne brillait pas par son originalité. Mais il agissait toujours avec cette réserve et prudence qui donnait à Tooth l'envie s'enfuir en volant le plus vite possible. Mais sans ailes c'était légèrement compromis ; il était aussi hors de question qu'elle s'enfuit en courant. Elle n'avait pas du tout confiance en ces longs appendices pour tenter une telle chose. Avant de répondre, elle vit Age, toujours en train de l'observer puis de pencher sa tête sur le côté, comme s'il y entendait quelque chose qu'il était le seul à entendre, cela devait être un comportement typiquement félin. Et sa réponse se fit aussi prudente que son comportement « Ça va... ? » Répondait-il ou lui posait-il la question ? N'étant pas certaine de dire ce qu'il fallait, elle préféra hocher la tête, d'une façon assez hésitante.

Ce qui suivi la laissa perplexe, mais elle laissa le jeune homme-chat faire. Elle ne sentait aucune hostilité dans son comportement et elle ne voulait pas faire fuir le brun alors qu'il était tout de même une personne qu'elle connaissait d'avant - même si cela n'était pas un bon souvenir pour son interlocuteur - et qui savait qui elle était. Une chance cependant qu'elle ne sente rien de menaçant, parce que se faire tourner autour de la sorte n'était pas vraiment agréable et aurait tendance à la rendre mal-à-l'aise. En étant fée, elle avait l'habitude de faire la même chose - mais cela n'était jamais pour menacer, ou presque - mais dans l'absolue elle aurait plus tendance à se sentir menacer. Elle resta donc immobile, mais prête à se défendre au moindre geste violent de la part d'Age. Elle restait prudente, attentive aux gestes, ses sourcils assez froncés. Age lui-même semblait prudent alors qu'il tournait autour d'elle. Elle avait l'intuition que la prochaine fois qu'il parlerait serait pour lui poser une question à laquelle la réponse qu'elle lui donnerait, elle-même ne l'appréciait pas. Et ce qui devait arriver arriva, il prit la parole « Tu as été prise dans la malédiction ? » il semblait rester prudent. Elle ne l'avait quand même pas autant effrayé, si ? Elle lui répondit, peut-être un peu sèchement, mais elle ne se plaisait pas ici. Elle avait une mission qu'elle était incapable d'accomplir ! « De toute évidence. Et d'après ce que je peux en déduire, toi aussi ? Comment c'est arrivé ? » Elle ne voulait pas être indiscrète, mais discuter lui faisait du bien, elle pouvait se concentrer sur autre chose que la douleur. Cependant, la seconde question du chat lui fit se rappeler le pourquoi de cette douleur. « Elles sont où, tes plumes ? » Cette question ne lui plu pas, et lui fit mal. En colère parce qu'elle n'avait plus ses plumes, elle pouvait presque sentir celles qu'elle arborait sur tête se hérisser. Mais elle n'avait plus de plumes, ni d'ailes. Puis sa colère laissa place à une énorme lassitude et fatigue qu'elle ne savait pas ressentir à ce point. Elle savait que la tristesse qu'elle ressentait à ce manque devait très bien se voir ; elle ne chercha pas à la cacher puis elle répliqua « Je ne les ai plus. Je ne peux plus être sous ma forme de fée. » Dire tout ça, à voix haute, était peut-être l'une des choses les plus difficiles à faire. Elle se pinça l'arrête du nez avec l'une de ses mains, soupira puis reprit « Et toi, pourquoi n'es-tu plus une boule de poils ? » C'était peut-être un peu mesquin et la pauvre bête n'y était pour rien, mais quand elle était mal, comme à l'instant, elle pouvait devenir moins condescendante. Une certaine génie n'avait peut-être pas eu la meilleure influence sur elle ...

Ils se regardaient tous les deux en chiens de Fayence, prêts à prendre la fuite au moindre geste brusque de la part de l’autre. La situation aurait été amusante, si Age n’était pas l’un de ces deux-là. Leur position prêtait même au ridicule, de se méfier à ce point, de l’autre. C’était plus fort que lui, le chat ne pouvait enlever ce mauvais souvenir de sa mémoire, ni le sentiment d’effroi qui lui tiraillait le ventre. Toothiana n’était pas des plus tranquilles non plus. Était-ce à cause de lui ? La question lui traversa l’esprit, tandis qu’il posait celle sur la malédiction. « De toute évidence. Et d'après ce que je peux en déduire, toi aussi ? Comment c'est arrivé ? » Détectait-il de la rancune dans les propos de la fée des dents ? Age, néanmoins, comprenait la frustration, surtout pour une fée de l’envergure de Toothiana. Si elle n’avait pas été prise par la première, se faire attraper par la deuxième était relativement frustrant, et confus. Et il n’avait aucune idée de qui était derrière ce mauvais plan. Ça ne l’intéressait même pas. Ainsi, il haussa les épaules, les mains toujours enfoncées dans ses poches. « Je sais pas. C’est arrivé. Personne sait, apparemment. » C’était tout ce dont il était au courant.

Age n’avait pas l’envergure d’un héros et il se disait bien que le coupable serait découvert tôt ou tard. Du moment qu’il avait un toit pour la nuit et du poisson à se mettre dans le ventre, le chat était content. Sa philosophie de vie, cependant, ne pouvait s’appliquer à lui. Pas étonnant que Toothiana semblait quelque peu irritable, sous son air blasé. « Je ne les ai plus. Je ne peux plus être sous ma forme de fée. » Il ouvrit la bouche, surpris. Ça ne fonctionnait pas comme lui, les fées ? Bon, il n’avait pas d’aile, mais il trouvait ça étonnant. Il pencha une fois de plus la tête sur le côté. « Tu fais comment alors… pour les dents ? » Oui, parce que c’était son boulot, ce pour quoi elle existait, non ? Si elle ne pouvait plus diriger ses oiseaux récolteurs, comment ces petites s’en sortaient ? Et si elles se faisaient attrapées par des gros matous dans son genre ? Oh… est-ce que ça voulait dire qu’il aurait une chance d’en croquer une, juste pour la curiosité ?

« Et toi, pourquoi n'es-tu plus une boule de poils ? » Il haussa un sourcil. Elle n’avait pas dû faire le lien la première fois. « Ce n’est que la nuit, que je peux être un chat. » A force de côtoyer un lapin et un cygne, il avait compris que le contrôle sur sa transformation pouvait attirer quelques jalousies. C’est pour cela qu’il ne ponctua pas sa phrase d’un grand sourire rayonnant, restant modeste – ce qui n’était pas facile à apprendre, pour lui. « Mais tu peux vraiment plus être avec tes plumes ? Parce que la magie est toujours là, dans l’air. » Oui, il avait du mal à comprendre, pauvre félin.

Être impuissante était quelque chose qu'elle détestait ressentir ; et c'est ce qu'elle était, enfin dans l'absolue. Sinon elle ne l'était pas, enfin pas vraiment. Elle aurait très bien pu faire ce pourquoi elle existait, mais elle en était incapable ! Si seulement elle savait qui avait eu le mauvais goût de lancer cette malédiction. D'autant plus que, d'après ce qu'elle avait compris, la ville Storybrook n'était pas censée exister et avait été créée lors d'une première malédiction. Elle trouvait cela de mauvais goûts, mais il n'y avait rien qu'elle puisse faire et honnêtement, cela lui importait peu. Enfin, cela lui importerait peu si elle n'avait pas été prise dans la seconde. Et après avoir posé une question à Age, celui-ci n'en savait visiblement pas plus. « Je sais pas. C'est arrivé. Personne sait, apparemment. » Merveilleux, absolument merveilleux. Elle laissa échapper un léger grognement d'agacement face à cette réponse, ses sourcils toujours froncés. Elle demanda tout de même « Et le fait que personne ne se souvienne de quoi que soit, c'est pareil pour tout le monde où non? » Si c'était le cas, cela avait un petit côté rassurant, en quelque sorte. Un an d'oublier, c'était pas rien, mais c'était mieux que toute une vie.

Alors qu'elle répondait à la question à propos de ses plumes, elle vit que cela le surpris. Et elle ne cessait de se le rappeler à elle-même : cela la contrariait au plus au point et encore, le verbe était faible. Sa réponse attisa une fois de plus ce qui semblait être de la curiosité. Elle pouvait presque deviner quelle question allait suivre, elle n'était pas devineresse, mais c'était plus ou moins évident, si elle ne pouvait pas être une fée, on la questionnerait sur sa mission. Donc l'interrogation d'Age qui suivit était légitime - quoi que frustrante « Tu fais comment alors... pour les dents ? » Oh que oui, c'était extrêmement frustrant, mais elle avait bien entraîné ses petites fées donc elle savait qu'il n'y avait aucun risque pour que la mission soit en pause. Et elle savait que les plus anciennes de ses fées prendraient le relais et veilleraient aux bien-être des plus jeunes. Elle leur faisait confiance pour cela. « Mes petites fées s'en occupent. » Elle plissa les yeux, suspicieuse « Et les rondes se font en plus gros nombre. Dans le cas où on tenterait de s'en prendre à elles. » Ce qu'elle ne dit pas, ou pas encore que si l'une de ses fées étaient attaquées, les autres devaient attaquer l'assaillant. Personne ne s'était jamais questionnée sur la raison de leur long nez ? Elle eut un petit sourire indulgent à la pensée d'une soudaine victime. Autant garder quelques informations cachées non ?

Quand elle lui posa la question sur sa capacité à être chat, la réponse l'a surpris « Ce n'est que la nuit que je peux être chat. » Puis un élan de jalousie s'empara d'elle, le chat le verrait peut-être, mais il était resté correct dans la façon dont il avait lâché la bombe, ce n'était pas comme s'il avait cherché à s'en vanter. Et dans le fond, elle ne pouvait pas lui en vouloir, alors elle secoua la tête pour se remettre les idées en place. Cela dit, quelque chose l'intriguait « C'est bien, mais pourquoi seulement la nuit ? » Elle n'avait pas demandé pas cela de façon mesquine ou quoi que ce soit ; c'était seulement de la curiosité, rien de mal placé. Et Age lui demanda autre chose « Mais tu peux vraiment plus être avec tes plumes ? Parce que la magie est toujours là, dans l'air. » Elle haussa un sourcil puis lui répondit le plus simplement possible, pas qu'elle pense qu'il soit idiot, mais souvent les choses les plus simplement expliquées étaient les mieux comprises, elle resta un moment silencieuse afin de trouver les mots, mots qu'elle savait bien douloureux à dire
« Je devais être dans la Forêt Enchantée au moment de la malédiction et j'ai été prise de force dedans. Comme les autres fées présentent dans la ville, il me semble, on a toutes prise une forme humaine. » Elle laissa passer quelques secondes afin de voir si le brun la suivait, puis reprit « Pour moi, être forcée, contrainte, à être sous ma forme humaine, est douloureux, surtout quand je ne le veux pas. Et c'est ce qu'il s'est passé. Je reste toujours un être magique, si tu te demandes, mais tant que la douleur du à ma transformation ne sera pas passée, que ma magie ne se sera pas stabilisée, je ne pourrais pas reprendre ma forme de fée, et retrouver mes plumes. » Cette dernière phrase avait été dite avec toute la rage et la douleur qu'elle ressentait face à cette situation. Quelqu'un pouvait-il comprendre combien ses plumes, ses ailes, être tout simplement Toothiana, lui manquait ?

Age n’avait pas pris la peine d’apprendre à connaitre la fée des dents durant leur bref et traumatisante première rencontre. Il fallait dire qu’ils avaient mal commencé, tous les deux. Lui, avec une mini-fée dans les dents, elle, prête à venger son ouvrière – ce qu’elle avait d’ailleurs brillamment réussi. Maintenant qu’il n’était plus en position de difficultés et que Toothiana n’avait plus son élément de dominance - ses ailes – peut-être pouvaient-ils partir sur des bases plus saines. Quoiqu’il en soit, au fur et à mesure que les minutes s’accumulaient, le chat n’avait plus tant envie que ça de fuir. La curiosité, petit à petit, remplaçait la crainte qu’il ressentait, par un intérêt authentique et une certaine empathie pour la fée. Age n’avait jamais eu de tâche vitale, à l’exception de faire son chat paresseux, c’est pour cela qu’il valorisait énormément les tâches de chacun. Mais il semblait que, avant de s’intéresser aux problèmes personnels de Toothiana, cette dernière avait la malédiction en intérêt. « Et le fait que personne ne se souvienne de quoi que soit, c'est pareil pour tout le monde où non ? » Le chat la regarda. Elle n’avait pas fait la discussion avec n’importe qui autour d’elle ? Chassant cette pensée, il répondit simplement. « Ouais, pareil pour tout le monde. Y parait qu’il y avait pas ça, dans la première version du sort noir. » Il haussa à nouveau les épaules, ayant dit tout ce qu’il savait à propos de la situation dans laquelle tout Storybrooke se trouvait.

Et il n’avait pas tant envie que ça de s’attarder sur ce sujet. Le cas de Toothiana était beaucoup plus intéressant et grave, à ses yeux. Le sujet était sensible, mais la fée des dents n’hésita pas à se livrer à lui. Il se demandait d’où venait cet excès de confiance, mais ne prononça aucune réticence, ne voulant pas agacer ou faire fuir la fée. « Mes petites fées s'en occupent. Et les rondes se font en plus gros nombre. Dans le cas où on tenterait de s'en prendre à elles. » Age prit un air innocent, s’intéressant soudainement pour le sol. Ce n’était pas de sa faute si ces choses ressemblaient à des oiseaux terriblement apetissant. Mais plaider sa cause avec cette excuse ne l’aiderait certainement pas. Puis, il y avait plus intéressant que de prendre un blâme pour lequel il avait déjà payé sa faute. « Oh, ça veut dire que tu es encore en contact avec elles ? » Oui, parce qu’il ne connaissait pas le fond de l’histoire, et que ce raisonnement lui paraissait terriblement logique. Après-tout, les ouvrières devaient bien reconnaitre leur reine, non ?

Une autre chose que le chat ignorait, c’était les détails sur sa propre nature, depuis qu’il avait été touché par un sort qui ne lui était pas destiné, et qui l’avait transformé en Sapiens Sapiens. C’était amusant, de constater la curiosité qu’il attirait, quand les humains apprenaient qu’il était un chat, de naissance. Il avait toujours droit aux mêmes questions, et lui donnait les mêmes réponses. « La nuit serait mon élément. C’est pas tout à fait faux, vu que, avant, j’étais surtout un animal nocturne. » Depuis qu’il était homme, sa tendance diurne se marquait de plus en plus. A tel point que, les nuits, principalement, il en profitait pour dormir, et non pour vadrouiller sous sa forme féline. Ce qui lui manquait terriblement. Sa nature changeait, il le sentait. Et Age avait peur qu’un jour, il ne soit plus capable de retrouver son agréable fourrure. Mais ce genre de peur était enfuie, loin et profondément. Car, pour le présent, il y avait d’autres soucis que l’avenir du bout de sa queue.

Toothiana aussi, connaissait ces problèmes de transformation. Quand elle évoqua la douleur, Age eut un sourire désolé, comprenant parfaitement ce qu’elle vivait, pour avoir subi la même étape à plusieurs reprises, quand il perdit son attribut animal. Il hocha la tête à la mention des fées, se rappelant d’une certaines Synth, qui l’avait d’ailleurs aidé à plusieurs reprises. Tiens. Il se demandait si elle ne pourrait pas aider sa consœur. Synth était vétérinaire, et Tooth devait avoir quelque chose de l’oiseau. Il irait demander à la fée blanche, quand il en aurait l’occasion. Age parut songeur, quelques secondes, se demandant s’il ne pouvait rien faire pour aider Tooth. La vieille hache de guerre s’enterrait lentement, mais surement. Serait-ce trop précipiter d’offrir son aide ? Oh, eh puis, il était un chat avant tout, il n’avait que faire de ce que la bienséance humaine attendait de lui. Aussi longtemps qu’il le pouvait, il se considèrerait comme un chat, avec les faux pas et la candeur que cela exigeait. « Tu fais quelque chose, contre ça, pas attendre que ça passe ? Si tu veux, je fais des massages, tu sais, je pétris, comme un chat. » La phrase était candide, mais Age était sérieux avec son offre. « Pour la magie je connais. » Il s’arrêta. Il n’était pas certain que diriger Toothiana vers sa sorcière soit la meilleure des solutions. « Non, en fait je sais pas pour la magie. » Oui, c’était mieux pour tout le monde. Et Age ne se sentait pas prêt pour renter à la maison. Parce qu’il savait qu’une fois qu’il reverrait sa sorcière, il ne voudrait plus la quitter. Pour l’heure, il avait une fée à aider.

Avoir été percutée par Age, ou l'avoir percuté, personne ne saurait le fin mot de tout ça. Pas qu'elle en ait quelque chose à faire en fin de compte puisque la discussion qu'ils avaient tous les deux n'étaient pas si déplaisante. Elle apprenait à connaître l'homme-chat qu'elle avait un jour lâché dans un lac -après un petit saut au-dessus des nuages - chose dont il avait dû lui reprocher un bon moment à en juger les débuts de cette rencontre inattendue. Et elle ne le répéterait jamais assez, mais elle était venue en aide à l'une de ses fées, qui était sur le point de faire le repas du félidé. Peut-être qu'ils allaient enfin pouvoir oublier ce malheureux incident et reprendre sur de bonnes et positives bases. Voilà qui semblait une bonne idée pour elle. Une très bonne même. Elle avait questionné le brun sur la malédiction et de toute évidence, tous les habitants de cette ville était logée à la même enseigne. Tous avaient donc perdu une année de leur vie. D'une certaine façon cela avait un petit quelque chose de réconfortant de savoir que tous avaient le même problème et que personne en particulier n'avait été ciblé. Et d'après Age, il n'y avait pas ça lors de la première malédiction. Elle ne savait pas qui, mais quelqu'un avait énormément énervé une autre personne pour subir cette malédiction encore une fois. Il ne fallait pas que cela devienne une habitude. Sinon, elle prendrait le risque de ne plus allé chercher les dents des enfants dans la zone de la Forêt Enchantée. Risquer les plumes de ses petites fées et les siennes ? Non merci. Toothiana hocha la tête en guise de remerciement pour la réponse d'Age. Elle était maintenant fixée sur le cas de la ville, ce n'était pas la peine de polémiquer sur l'injustice de la situation. Elle essayait plutôt de l'oublier au maximum, la dîtes situation.

De plus, l'homme-chat n'était visiblement pas très intéressé par ce sujet de conversation. Elle ne savait pas trop le pourquoi, là tout de suite, maintenant, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Par contre, il voulait en savoir plus sur sa situation et elle pouvait deviner que cela n'était pas une curiosité malsaine. Juste la basique curiosité humaine mêlée à celle déjà conséquente à celle d'un chat. Mélange explosif pensa-t-elle brièvement. C'est pourquoi elle lui répondait honnêtement et de toute façon mentir ne servait pas toujours à grand-chose. La mention de ses fées, étant en plus grand nombre lors des collectes, au cas où une créature mal avisée aurait de vilaines intentions, fit mouche. Elle vit bien comment le jeune homme tenta un regard innocent et trouver le sol soudainement très intéressant. Elle ne pu retenir un petit reniflement moqueur. Rien de bien méchant. Peut-être comprendrait-il qu'elle ne lui en voulait plus ; mais qu'il ne fallait pas qu'une telle chose se reproduise. Il prit néanmoins la parole juste après « Oh, ça veut dire que tu es encore en contact avec elles ? » Elle prit soin de réfléchir à façon de répondre. Elle savait que ses fées passaient régulièrement dans la ville, mais aucune n'avait encore sentie sa présence ici. Elle soupira, cela montrait combien cette transformation forcée l'avait affaiblie. « Pas tout à fait. Comment dire ... Je sais, ou sens, qu'elles passent dans la ville régulièrement. Mais je suis encore trop, hm, pas assez en forme pour qu'elles sachent que je suis ici. Elles ne parviennent pas à me sentir. Elles sentent que je suis sur ce continent, dans la région. Mais après ... » Ce n'était pas une confession simple à dire. Elle ne sentait encore plus faible et elle n'aimait pas vraiment ça ; elle ne pouvait même pas aider ses petites fées et elle espérait que rien de mal ne leur arriverait, elle ne se le pardonnerait jamais.

Elle avait à son tour questionner Age sur le pourquoi ce n'était que la nuit qu'il pouvait se transformer. Puisqu'elle ne savait pas le pourquoi le chat pouvait devenir homme et vise-versa, les conditions de la transformation. Il lui répondit « La nuit serait mon élément. C'est pas tout à fait faux, vu que, avant, j'étais surtout un animal nocturne. » C'était logique après tout, c'était un fait connu de tous, que les chats avaient plutôt tendance à ne pas faire grand-chose de leur journée puis étaient tout contents quand le soleil se couchait. Ils se mettaient à vadrouiller comme les petits curieux qu'ils étaient. Une question la taraudait « Ca ne t'épuise pas trop ? Le fait de passer la journée en humain et la nuit en chat, tu n'as trop de mal à gérer tout ça ? Je veux dire, en temps normal, les humains dorment la nuit donc si tu fais tes affaires de chat pendant ce temps, tu dois être complètement éreinté. » Elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir légèrement inquiète pour le jeune homme. Même s'il maîtrisait la transformation - et elle ne savait pas trop si c'était le cas - vivre le jour et la nuit allait finir par avoir raison de lui. Peut-être pouvait-elle lui proposer de dormir le jour de temps à autre et vivre en tant que chat la nuit ? Enfin, attendons de voir où tout ça nous mène.

Toothiana éprouva un grand élan de sympathie pour le chat qui de toute évidence connaissait - ou avait connu - la douleur liée à la transformation. Quelque part c'était un peu réconfortant. Elle percevait qu'Age était en train de manigancer quelque chose ; quoi elle l'ignorait puis comme ça n'était pas menaçant, elle se dit qu'elle le laisserait faire. Il finit par lui demander si elle faisait quelque chose contre sa douleur. Il lui proposa aussi de lui faire des massages. Sur le coup, elle écarquilla les yeux. Cela n'était pas une proposition à laquelle on pouvait s'attendre. Mais le brun était sérieux et ne pensait pas à mal. Elle savait à quoi on pouvait associer ce genre de proposition ; elle était peut-être une fée, mais elle n'était pas si naïve. Avec un petit sourire elle prit la parole « Merci pour ta proposition. J'apprécie, vraiment, mais je doute que tu puisses y faire quelque chose. Pour que ça passe, je fais une sorte de méditation qui aide un peu. Mais merci. » Elle lui était sincèrement reconnaissante de l'aide qu'il proposait. Si cela continuait peut-être deviendraient-ils amis ? Il sembla indécis sur ses connaissances sur la magie. Ce fut un coup oui et un autre non. Il devait avoir ses raisons c'est pourquoi elle ne releva pas. Elle se doutait bien qu'il devait en avoir quelque notion : on ne devenait pas un homme-chat en claquant des doigts. Elle ne voulait pas non plus faire un cours sur quelque chose d'aussi complexe. Elle-même ne savait tout à propos de la magie, ce n'était pas vraiment son domaine en plus.

Age commençait à apprivoiser ces sentiments contraires, qui lui tiraillaient l’estomac. Soudainement, il repensa à ce que Sora lui avait raconté, contre ces instincts qu’elle combattait sans cesse, devinant, un peu plus facilement, la situation réelle que cela représentait. Toothiana semblait gentille, et elle était bien moins effrayante sans ses plumes. Plumes qu’elle avait perdus. Plumes sur lesquelles ils s’entretenaient, tandis qu’Age tentait de comprendre toutes les spécificités du mauvais sort qui s’était abattu sur elle. C’était nettement moins compliqué de comprendre son problème que de tenter de saisir tout le complexe de la raison humaine. Parce que la magie fonctionnait avec une certaine intuition, que le chat arrivait à percevoir et à comprendre. Puisqu’il en avait été témoin pendant quelques années, pour finir par en être victime, lui aussi. « Elles sentent que je suis sur ce continent, dans la région. Mais après ... » Le chat hocha la tête. C’était comme cherché une dent dans une botte de foin. Tous les humains se ressemblaient, quand l’œil n’y était pas habitué. D’autant plus que Toothiana n’avait pas tout à fait la même apparence que quand elle était en fée. « Elles finiront bien par te trouver. Ou alors, tu peux leur tendre un piège avec plein de dents. » Ses yeux brillèrent d’excitation en songeant à un plan pareil. Il n’y avait rien de malsain dans sa proposition, qu’une idée lâchée au vent. Hum. Il pourrait même tenter d’en attraper une, si c’était pour la bonne cause. Dans le pire des cas, Toothiana ne pourrait pas l’envoyer dans les nuages, puis dans l’eau, puisqu’elle n’avait plus ses ailes. C’était peut-être sa chance…

Mais trouver les mini-fées n’aurait été qu’une part de la solution. Si la fée des dents ne pouvait pas reprendre sa forme originelle, il y aurait toujours un souci dans son plan. Age se gratta l’arrière de l’oreille de façon pensive, sans trouver de solution, à part celle de se confier au temps, qui réglait toujours les choses, d’une manière ou d’une autre. D’autant plus que le sujet de la conversation changea quelque peu, pour se tourner sur lui-même. « Ca ne t'épuise pas trop ? Le fait de passer la journée en humain et la nuit en chat, tu n'as trop de mal à gérer tout ça ? » Age haussa les épaules, toujours en se grattant l’oreille. Ce n’était pas vraiment un problème pour lui. Il avait besoin de moins de sommeil que quand il était un chat. Puis, dès qu’il avait un moment, il faisait une sieste dans un coin, pour être une pleine forme, par après. « Non, je me débrouille comme je peux. Puis je dors quand même la nuit. Il ne se passe pas grand-chose, de toute façon, quand tout le monde est endormi. » Et surtout, s’il voulait s’occuper d’un détail, d’une affaire, Age était un chat très rapide. Il n’y avait rien de plus facile que de se faufiler chez quelqu’un. Le fait, surtout, était qu’il s’était habitué au rythme de l’homme. Dormant de plus en plus souvent la nuit. L’essence de chat s’effaçait, de manière infime chaque jour…

Il ne pouvait rien faire pour lutter contre son état. Celui de Tooth, il pouvait tenter de trouver une solution pour l’aider. Même si les pistes qu’il proposait n’étaient que peu concluantes. « Je doute que tu puisses y faire quelque chose. » Le chat pinça des lèvres, déçu de son manque de solution. Il ne pouvait pas aider tout le monde, n’est-ce pas. Age pencha la tête sur le côté, observant un peu plus précisément Toothiana, remarquant une certaine similitude avec lui. Il huma l’air, sans se cacher, attrapant l’odeur de la fée des dents, gardant toujours la tête penchée, en pleine réflexion. « Dis, tu vis où avec tout ça ? » Oui, ça lui semblait vaguement familier, les cheveux un peu en bataille, une odeur caractéristique. « T’as réussi à trouver un endroit où loger ? » Parce qu’il le savait, pour être dans la même situation qu’elle. Tous ceux qui avaient débarqués avec la deuxième malédiction n’avaient pas nécessairement un toit sur la tête.

Maintenant qu'ils parlaient sans qu'il y ait la suspicion d'une menace ou quoi que ce soit d'autre, Toothhiana était, en quelque sorte immobile ; dans le sens où elle ne marchait pas. Et elle sentait qu'il fallait qu'elle bouge, sinon quoi elle aurait quelques difficultés à reprendre la marche une fois leur interaction terminée. Merci à sa transformation. Si elle en avait été capable elle en aurait grogné, mais les gorges humaines n'étant que très peu faite pour produire ce genre de son ... Donc, pour éviter une importante raideur, elle choisi de bouger en se mettent tour à tour sur un pied, pour replier l'autre contre son fessier puis la même chose de l'autre côté. Tant pis pour les apparences, mais dans l'absolue elle n'en avait rien à faire et comme elle connaissait son interlocuteur et qu'elle avait déjà vu celui-ci dans un moment de faiblesse - certes, c'était en quelque sorte de sa faute - elle ne pensait pas qu'il ferait de remarque désobligeante sur le pourquoi elle gesticulait sans cesse.

Le brun lui posa la question sur ses fées et sa réponse, quoi que vague, fut comprise. Alors qu'elle-même se demandait parfois si le sortilège n'avait pas fait disparaître sa faculté à s'exprimer comme il faut. « Elles finiront bien par te trouver. Ou alors, tu peux leur tendre un piège avec plein de dents. » L'homme-animal était plutôt optimiste, mais l'idée de tendre un tel piège à ses acolytes la fit rire. Pas un vilain rire, plutôt celui qui montre que l'idée n'est pas idiote, mais « L'idée n'est pas stupide, mais dis-moi, comment penses-tu collecter suffisamment de dents ? » Non, il fallait trouver autre chose. Et elle était reconnaissante de l'aide que lui apportait Age. Mais comment faire pour qu'une de ses fées trouve le chemin jusqu'à elle ? Une folle idée apparue dans son esprit et elle dévisagea le jeune homme comme pour doser le pour et le contre de ce qu'elle était en train d'imaginer, elle expliqua son comportement de façon hésitante « [color=#66cc66]Le mieux, serait d'en attraper une, sans alerter les autres, mais sans pour autant la blesser. » Peut-être n'était-elle pas claire dans la proposition qu'elle venait de faire, ou de sous-entendre, mais comme ça elle pourrait voir si Age se porterait volontaire. Allait-il accepter de courir après une petite fée et l'attraper ? Finir ce qu'il avait commencé il y a de ça quelque temps ?

Une fois que l'une des fées serait en sa présence elle saurait qui elle était. Ce qui était une information non-négligeable et permettrait à Tooth de se rassurer quant au sort de ses acolytes, mais aussi de rassurer celles-ci sur son sort à elle. Et avec un peu de chance, elle pourrait bientôt reprendre sa forme de fée. Ça ne serait pas permanent, puisque sa magie serait toujours un peu instable, mais pendant plusieurs heures, pour enfin redevenir permanent si elle le souhaitait, elle avait d'être enfin à ce moment. Vint alors ses interrogations sur le bien-être du chat quand il se transformait la nuit, comment il gérait ses deux vies. « (...) Je me débrouille comme je peux. Puis je dors quand même la nuit. Il ne se passe pas grand-chose, de toute façon, quand tout le monde est endormi. » Pas faux. La plupart des habitants de cette ville ayant pour habitude de dormir la nuit, le pauvre animal ne devait pas avoir grand-chose à faire. « C'est une bonne chose alors. Même si ça doit être ennuyeux. » Elle-même s'ennuyait pendant ces longues nuits, puisque d'habitude elle les passe à collecter les dents, ou du moins, ranger dans les petites boîtes les dents de chaque enfant dans la boîte correspondant à l'enfant. C'était donc l'ennuie total.

Quand il proposa son aide pour les engourdissements, sa réponse négative parue déplaire au brun. Mais cela ne semblait pas diriger contre elle. Peu de temps après elle le vit renifler l'air. C'est une chose assez étrange à voir, mais dans le domaine de l'étrangeté elle n'avait pas grand-chose à dire, cela aurait été un peu hypocrite. Elle se contenta juste de hausser un sourcil. Le sujet changea quand il lui demanda si elle logeait quelque part. Comment dire ... « Disons juste que j'arrive à dormir de façon plus ou moins confortable. Enfin, j'ai en quelque sorte réussis à, comment dit-on déjà ? Squatter un campement. » Comment dire à voix haute qu'elle avait usé de magie pour piquer une tente et y dormir ? Cela n'arrangeait pas son état, mais les choses étant ce qu'elles sont, elle n'avait pas eu le choix. Une chance - c'était une chance maintenant, mais cela ne l'avait pas toujours été - qu'elle est rencontrée Mia, elle serait en train de beaucoup plus culpabiliser sinon. Sa situation n'était pas incroyable, mais dans l'absolu elle ne pouvait rien y faire.

Sujet: Re: tu n'as pas une dent envers moi? ▬ Tooth