Une soirée à ajouter aux milles et une nuits [TERMINE]

Jafar & Shéhérazade

Bon je vais devoir me passer d’un objet du dit Merlin pour le retrouver, c’est bien dommage cela aurait été tellement plus simple. Comme quoi le destin veut me rendre la tâche difficile pour arriver à mes fins, faire en sorte que je ne puisse pas avoir mon dû sur le champ. Cela me donne envie de raser tout ce qui se trouve, s’était trouvé, et se trouvera sur mon chemin pour faire comprendre que ma patience commence à avoir difficile. Ce qui me surprend ensuite c’est comment elle vient préciser qu’il est intelligent de la garder à ma porté, comme si elle avait besoin de redonner une raison pour que je ne lui fasse point de mal. Bon je dois me faire des idées, cela doit être une suggestion, peut-être qu’elle signifie par la son désir d’être en ma compagnie lors de cette quête pour surveiller mes actes, vérifier que je ne fais rien de trop dangereux pour autrui, ou contre ceux à qui elle pourrait être attachée. Après tout je suis sur que cette bonne âme s’inquiéterait de mes actes et des conséquences de ma présence en cette ville de Storybrooke. Dommage que je ne puisse pas user des génies en ma possession pour trouver ce Merlin, je suis sur qu’un vœu aurait tout arrangé, mais nous nous en passerons, après tout cela laissera le temps d’en apprendre plus et de mieux préparer le terrain. Oui préparer le terrain car je suis sur que la curiosité de Shéhérazade la poussera à m’interroger et chercher ce que je veux faire de cette lampe, de ce que je convoite réellement car souvent un génie est convoité pour obtenir des vœux. Les miens par contre sont différents car ce ne sont pas les génies qui me les donneront, mais moi même qui les réaliserai une fois le sortilège lancé.

« Je comptais bien vous garder auprès de moi ma Chère, cela ne fera que renforcer notre lien ainsi que les bases de notre accord. Puis ainsi vous ne pourrez que constater par vous même que je ne compte point vous jouer un mauvais tour dans cette histoire. De plus il est vrai que si cet homme est ici, votre aide sera plus que précieuse. »

Dis je calmement, restant sur cet air paisible à nouveau pour totalement faire oublier l’instant de colère avant de me montrer vile flatteur, obtenant petit à petit un effet escompté. Rire, couleur changeante sur ses joues, j’arrive à l’affecter tout en écoutant ces paroles modestes qu’elle m’offre. Comment une sultane peut dire ouvertement qu’elle ne mériterait pas plus que cette pauvre demeure ? Ce qui me semble étrange c’est la suite de ses paroles, quand elle me dit que personne ne l’a aimé pour ce qu’elle est réellement, mais est il nécessaire que ce soit le cas ? Elle devrait être heureuse d’être aimé pour une raison ou une autre, point besoin que ce soit pour une personnalité, ou un comportement. Enfin il faut être franc, le sujet amour n’est point de mon registre, la seule personne qui m’en a donné est maintenant un Sceptre, et le seul que j’ai réellement convoité est celui d’un père à son fils. Je libère un petit rire, comme amusée de l’ironie quand elle parle de ne point être exceptionnelle.

« Shéhérazade, votre nom a voyagé dans des contrés, vous êtes celle qui donne vie aux histoires simplement en les contant. Et regardez vous, jouant la modestie, chose rare chez une femme de pouvoir… Sans compter que vous semblez simplement touchée alors que je parle de votre beauté que tout être peut constater. Vous avez vos propres dons et je suis sur que vous pourriez faire plier plus d’une personne à vos désirs. »

Dis je cette fois sans chercher la flatterie, mais je suis sur aussi que cette femme n’est point assez corrompue pour utiliser ces qualités à des fins plus sombres. Pourtant je reste certain qu’elle ferait une merveilleuse manipulatrice si elle pouvait mettre de coté sa conscience. Je relâche lentement son menton sans pour autant la quitter du regard, ne pouvant pas non plus répondre ouvertement à sa question. Si je m’intéresse à sa personne, c’est aussi pour la cerner, l’analyser, trouver les failles et les forces qu’elle développer, chercher à aussi attirer sa confiance en lui donnant la sensation qu’elle peut me parler, s’ouvrir à moi naturellement. Faire sombrer les frontières, la méfiance, lui donner la sensation de me côtoyer plus que de travailler avec moi. J’apprends de mes erreurs, j’ai vu ce qu’il s’est passé avec Red Queen, je saurai corriger le tire pour ne plus avoir les mêmes résultats.

« Et bien, si nous travaillons ensembles, Chère Shéhérazade, il est nécessaire donc aussi de mieux se connaître vous ne pensez point ? Et puis j’avoue que de voir ce lieu m’a ouvert la curiosité, l’envie de comprendre pourquoi une personne digne comme vous ne cherche point d’être entouré de plus de splendeurs. » Je marque un petit arrêt, mon regard se portant un peu plus sur ces lieux avant que je me relève pour marcher à nouveau en ces lieux, laissant Amara à coté de Shéhérazade, m’intéressant un peu plus à ses livres, aux titres de ces derniers. « Mais si vous préférez, nous pouvons parler uniquement de Merlin, de la Lampe et du dernier Vœu… Je pensais que vous seriez touchée que je m’intéresse un peu à votre personne et non uniquement à obtenir quelque chose de vous. »

FICHE © SINENOMINEVULGUS

Je lui adresse un léger sourire en sachant que je l'accompagnerai. Il fallait maintenant trouver un moyen d'être discret, de ne pas attirer l'attention, qu'il se change au moins, plus personne ne porte ce genre de vêtements ici. Il faut dire que mes voilages me manquent tout particulièrement, confortables, pratique contre la chaleur et des tissus doux comme une caresse. Les mets d'Arabie me manquaient beaucoup aussi, le sucré-salée qu'on ne trouve pas en Amérique et qui manque à mon palais. Le soleil aussi, la chaleur est certes désagréable, mais elle l'est beaucoup moins que la pluie incessante du Maine. Cet endroit est triste, sans aucune chaleur humaine, les couleurs sont fades comparées à celles de Perse ; les gens sont ennuyants et même s'ils ont des histoires à raconter, mon humeur allait de paire avec la météo, si mal que je n'avais pas cœur à les entendre. Je ne pensais pas que partir à l'aventure me ferait me sentir à nouveau vivante, même si l'aventure se déroulerait avec l'homme responsable de mes malheurs et que je risquais gros.

Impossible de faire partir le rouge de mes joues. Ses flatteries s'enchaînait et j'étais difficilement à l'aise face à lui. Je n'imaginais pas une seule seconde qu'il pouvait me faire des compliments, même s'il était clairement en train d'élaborer je ne sais quelle tactique pour me détendre et certainement soutirer plus d'informations... était-il au moins sincère ? Lui qui était si sérieux, l'entendre rire me surpris et c'est un regard dubitatif que je lui adressais. Si c'était une simple tactique, j'étais là, comme une idiote, à l'écouter me faire des flatteries et à rire comme une jeune fille qui n'avait jamais reçu de compliments...

Il fallait dire qu'il n'était pas le seul dont la curiosité était attisé, plus je lui parlais, plus je voulais en apprendre sur lui et cette discussion entre nous laisse plusieurs questions en suspens... C'était un personnage étrange qui me faisait face, avec un passé obscur et des motivations tout aussi floues. Je ne savais toujours pas pourquoi il voulait la lampe, ni pourquoi cette femme l'avait fuit, ni qui elle était d'ailleurs. Je n'étais apparemment pas la seule femme à fuir face à lui, sauf que cette fois-ci, je ne laisserais pas ma peur prendre le dessus.

J'attrapais le sceptre qu'il avait laissé près de moi et me poste face à lui. J'adoptais un attitude insolente en m'approchant dangereusement. « J'aurais très bien pu, dès votre arrivée, tenter de vous faire plier à mes désirs. » Je passais un doigt sous son menton, mon visage un peu trop près du sien, frôlant presque ses lèvres de miennes, je riais légèrement. Mon corps collé au sien, j'avais subitement adopté une attitude sulfureuse qui collait peut-être un peu plus à mon physique de beauté asiatique. « J'aurais pu tenter de vous manipuler, user de mes charmes plutôt que d'user de diplomatie trop longue est ennuyante. Et peut-être vous faire craquer... » Je posais son sceptre contre son torse et repris aussitôt mon attitude habituelle en me décollant de lui : « Mais je sais que ça ne marcherait pas sur vous et je ne suis pas comme ça. Je peux être riche seulement si c'est nécessaire, je n'étais pas destinée au trône et même si je suis d'une famille noble, je reste humble. Et puis personne ne peut me faire revenir d'où je viens, maintenant, c'est trop tard. J'apprécie fortement votre démarche d'en apprendre plus sur moi. Mais j'aimerais en apprendre aussi sur vous. »

Jafar & Shéhérazade

Je vois l’effet de mes mots sur elle, elle semble comme « rajeunir », se laisser emporter par les paroles, se laisser peut-être même toucher d’une certaine façon. Cela me laisse donc comprendre qu’aucun être de ce monde ne doit la courtiser, qu’aucun n’a montré d’intérêt, sinon elle réagirait soit dans un sens plus agressif, repoussant en signalant une gêne par rapport à une autre personne. Soit elle serait habituée à ces mots et du coup ne réagirait point ainsi. Suis je sincère ? Je ne pourrai pas le dire, mais d’une part surement pour bien des détails car je ne suis pas homme à avoir une grande imagination sur les mots positifs pouvant servir à flatter autrui, je ne fais que me baser sur ce que j’aperçois et entrevois. En faite je traduis simplement ce que mon regard observe, même moi ne peut ignorer le faite que cette femme a une beauté orientale rare, unique, des courbes pouvant surement faire tomber bien des hommes. Mais soudainement elle me fait sortir de mes pensées, se relevant… Se relevant en agrippant Amara ? Mon regard s’assombrit sur le coup alors que celui du Sceptre semble s’éclaircir, ne se rend elle compte qu’elle est occupée à manipuler une sorcière entre ses doigts ? Qu’elle n’est pas simplement un élément de décoration ? J’entrouvre les lèvres pour libérer des mots qui allaient être des plus désagréable quand soudainement elle me coupe la parole en rentrant dans mon jeu au sujet des dons de manipulation qu’elle pourrait utiliser. Elle se rapproche, elle me touche, son visage assez rapproché pour que nos souffles se mêlent, son corps épousant le mien. Surement que si elle ne tenait pas Amara entre ses mains et portait une tenue plus digne que ces vêtements si ternes, j’aurai surement profité d’une telle provocation, mais mon esprit était pris ailleurs. Je prends une grande inspiration, repensant au faite que je voulais lui offrir ma protection, repensant que j’ai besoin d’elle et de sa confiance pour éviter d’agir à nouveau sous l’impulsivité. Elle me rend Amara pour finalement me dire que son petit jeu ne pourrait pas marcher sur moi et je la regarde reprendre une attitude plus classique.

« A jouer avec le feu, vous pouvez vous bruler. » Je resserre Amara entre mes doigts et le regard rougeoyant de la tête de serpent vient s’éteindre petit à petit. Mon regard redevient petit à petit normal sur elle, alors que je claque la pointe du sceptre sur le sol. « Et croyez moi, vous ne voudriez point réussir à user de vos charmes sur ma personne, car quand je veux quelque chose, je l’obtiens… Cela aurait engendré une situation qui vous aurait mis dans une impasse ma Chère. » Ce n’est point une menace, mais un avertissement pour faire comprendre que son petit jeu pourrait être dangereux, surtout qu’elle n’a pas encore vision de quoi je suis capable, ni de ce que je pourrai être capable quand mon projet serai abouti. D’un mouvement de la main, usant de magie, je l’attire vers moi, face à moi en la regardant à nouveau avec un certain sérieux. « Et c’est ce que vous croyez, mais il existe des moyens de vous renvoyer d’où vous venez, et je ne parle pas uniquement de lieu, mais de moment. » Un petit mot pour faire comprendre que je peux réellement lui offrir plus qu’elle ne croit, plus que ce qu’un génie est capable de faire avec ses vœux. Je repose la main sur sa joue, le pouce sur son menton pour garder son visage fixe. « Ne me dites pas que vous êtes tombée dans une sorte de fatalité qui vous fait penser que ce monde est celui où vous vivrez jusqu’au dernier souffle ? »

Puis je la lâche en me détournant d’elle, venant simplement retourner à ce canapé et lui faisant signe de revenir elle aussi reprendre sa place. Je me doute que sa curiosité va se faire forte présente vu qu’elle a dit désirer en savoir plus sur moi, que je dois me préparer au pire, à entendre des questions précises ou dangereuses, à voir celle ci jouer de méfiance contre moi. Mais je saurai toujours trouver comment lui répondre pour apaiser son esprit. Il est vital qu’elle me croit et qu’elle finisse par accepter de collaborer totalement avec ma personne.

« Et que voudriez vous savoir de ma personne et que vous ne savez point déjà… Je suis tout à votre écoute si cela vous permet ensuite de plus facilement vous libérer. Et après nous pourrions voir ce que donne cette ville, que je puisse me faire une idée de ce qu’est un monde de liberté… » Ce dernier mot me fait l’impression d’avaler des oursins tellement il est odieux. Liberté, cela sonne tellement faux, tellement sale… Un mot hypocrite car aucune liberté n’existe, chez aucun être, il y a toujours des lois, des limites, des frontières ou des entraves.

FICHE © SINENOMINEVULGUS

Je souris quand il parle de jouer avec le feu. J'ai bien vu dans son attitude que d'avoir pris son sceptre ne lui avait pas plus mais je ne réponds rien. Il sait que je ne suis pas magique, pourquoi était-il si en colère ? Je pourrais devenir magique ? Je sais que ce n'est pas possible sans avoir une personne de ma famille magique et je sais pertinemment que ce n'est pas le cas alors pourquoi tant de colère et de méfiance ? Bon, oui, je sais que je ne suis pas digne de confiance à ses yeux mais je suis certainement la plus honnête personne qu'il trouve à Storybrooke mais il n'a pas l'air de comprendre. C'est moi qui devrais être la plus méfiante...

Il m'attire à lui par magie, moins surprise, je reste droite une fois face à lui. « C'est pour ça que je ne l'ai pas fait. Je ne suis pas stupide et je préfère utiliser mon cerveau plutôt que ma beauté éphémère. » Je fronce les sourcils lorsqu'il me dit que je peux retourner le passé et annuler tout ce qui c'est passé, éviter Schariar, éviter Storybrooke. Tellement tentant... Mais en y réfléchissant, si je n'étais pas intervenue beaucoup de femmes seraient mortes, je ne serais pas là aujourd'hui et je n'aurais pas pu être la personne que je suis aujourd'hui. D'autant plus que la magie a toujours un prix, je le sais suffisamment pour ne pas tenter l'expérience. Schariar est mon fardeau. Et lorsque Jafar mettra fin à mon fardeau, que m'arrivera-t-il ? Je suis persuadée que lui donner la lampe l'aidera à faire des choses horribles et j'en serais l'entière responsable...

Je le rejoins sur le canapé, croise les jambes et réfléchis à comment poser habilement mes questions. Je ne dois pas être trop maladroite, mais aussi suffisamment claire pour qu'il ne tourne pas autour du pot. « Cette lampe, que vous cherchez depuis longtemps... à quoi va-t-elle vous servir ? Vos vœux sont aussi irréalistes ? Pourquoi cette femme du Pays des Merveilles a pris la fuite ? Pour la même raison que moi ? Comment se fait-il que les femmes vous fuient-elles, vous êtes pourtant charmant ? Et puis, vous n'avez pas de femmes ? Avec l'âge que vous avez, vous devriez y penser... Sans vouloir vous offenser... Quoi que vous avez raison, je me suis mariée trop tôt... »

Jafar & Shéhérazade

« La beauté n’est éphémère que pour celui qui ne fait que voir le reflet dans un miroir, et ce n’est pas la jeunesse éternelle qui conserve la beauté… Mais ne nous lançons point dans des débats philosophiques. »

Dis je simplement avant que nous nous installons sur ce canapé, la où Shéhérazade ne pose point une ou deux petites questions, mais bien un flot d’interrogations sur des sujets délicats ainsi que dangereux. Elle voulait savoir ce que je pourrai faire de la lampe, mes vœux, tout cela sans comprendre encore que le pouvoir d’un génie est trop faible pour m’octroyer ce que je souhaite, elle se pose des questions sur la Red Queen qui a fuit, voulant savoir ce qui a pu l’effrayer chez moi… Et bien ce serait aussi un long sujet car la terreur vient de mes actes, de ma façon d’agir aussi face à l’échec. Sans compter que j’ai déjà tenté de tuer cette Reine Rouge car elle me semblait devenue inutile. D’ailleurs en parlant de femmes, elle s’intéresse à mon passé plus intime, ce qui me fait regarder Amara un instant, un petit sourire amusé. Je pourrai ben mentir à toutes ces questions, me dérober ou encore jouer des mots, mais je pense que cette Shéhérazade est bien trop intelligente pour que je commence avec de tels jeux, elle conteuse d’histoire, verra surement la différence entre réalité et conte. D’un coté, peut-être aussi qu’un peu de franchise l’incitera à se plier à ma volonté en m’offrant sa confiance. Je glisse mes doigts sur mon menton, réfléchissant un instant, laissant le silence imprégner les lieux avant de m’adresser à elle d’une voix plus imposante, non point froide mais sérieuse.

« Bien, puisque nous allons collaborer et que je me doute que vous allez faire attention à chaque parole pour veiller sur ma sincérité. Alors je vais jouer franc jeu avec vous, en espérant que vous ne me le ferez point regretter… Car cela serait vraiment de mauvais augure pour votre personne ma chère Shéhérazade. »

Je redépose lentement Amara contre le canapé, me tournant vers cette nouvelle partenaire avec un petit air amusé, oui amusé car j’ai hâte de voir sa réaction face à la vérité, hâte de voir le regret apparaître sur son visage, le regret de s’être montrée curieuse face à moi. Je la mets dans une situation difficile, sur une corde raide car d’un coté elle verra la menace que je suis avec elle, mais aussi la menace que je représente si elle tente de ne point tenir les accords que nous avons fondés ensembles. Bien sur je l’analyse aussi, étudiant chaque expression de son visage, voulant étudier chaque émotion qu’elle affichera pour mieux la cerner et juger de sa fiabilité. Bien commençons par la première question, la Lampe du génie, la question surement la plus facile et complexe à la fois car elle va comprendre que ce n’est justement pas qu’une histoire de feu, mais une histoire qui dépasse surement ses connaissances de la magie.

« Je ne m’intéresse pas aux vœux qu’octroie le génie, les vœux n’ont pas le pouvoir de m’octroyer ce que je désire, mais je connais un sortilège qui fait que les lois de la magie ne seront plus, un sortilège qui fera que la magie n’aura plus de prix… Pour ce sortilège il me faut trois génies… Il ne m’en manque qu’un. » Au moins je suis plus que sincère sur ce cas, montrant clairement que ce projet est précis, calculé, que je n’ai pas tardé autour d’un seul génie mais que j’en ai cherché plusieurs, qu’il ne reste qu’une pièce pour finir le puzzle, une pièce qu’elle connaît justement. Je sais que j’aurai pu cacher le pourquoi, mais elle l’aurait demandé et mon silence aurait apporté plus de suspicions. Voilà pour le début de son interrogatoire, ayant libéré tous ces mots avec facilité, repensant justement à ce que je voulais obtenir, à ce que je pourrai créer grâce à cette nouvelle puissance, au faite que mon père pourrait enfin ressentir de l’amour pour mon être.

« Il n'y a aucune certitude que la Reine Rouge du Pays des Merveilles m’a fuit, elle a peut-être été envoyée ici par nos adversaires, mais je ne serai pas étonné par la première solution. Notre collaboration n’était point idéale et je devais souvent faire preuve d’une certaine violence pour lui rappeler que je n’appréciais point ses subterfuges, ses mensonges, ou ses tentatives vaines de me cacher certaines choses… Je crois que son amour pour un être l’a corrompu et éloigné de notre objectif. Et comme beaucoup, elle sait ce que je fais à ceux qui me trahissent. » Je pense que ce speech suffira à lui répondre autant pour la Red Queen, que pour tous ceux qui m’évitent. Point besoin de lui donner les détails comme la strangulation, la décapitation, les pétrifications, les immolations, les transformations en poussières, ou en objets. Mes mots suffisent surement à laisser paraître le coté menaçant et dangereux, le coté sombre de mon être, lui faire comprendre que ce coté charmant dont elle vient de parler, surement pour me flatter, n’est rien à coté de ma colère.

« Aucune… disons partenaire idéale s'est présentée pour penser à prendre épouse. La dernière qui a partagé ma vie était celle qui m’a appris les bases de la sorcellerie, celle avec qui j’ai attaqué ton Sultanat. Je lui ai offert une renaissance. » Dis je en passant la main sur la tête de serpent du Sceptre, presque comme une caresse pour faire comprendre ce qu’il est advenue de la sorcière. Oui je prends un risque en jouant ainsi la carte de la vérité, mais je me dis que maintenant elle ne pourra plus douter de ma parole et se montrera bien plus coopérative. Après cet effort, après toute cette conversation sérieuse je pose ma main sur la sienne, lui offrant un regard plus présent, plus oppressant. « Je suppose que maintenant que je vous ai fais preuve de ma bonne foi, je pourrai m’attendre à autant de sincérité de votre part ? Ou avez vous encore quelques questions ? »

FICHE © SINENOMINEVULGUS

J'étais impatiente de connaître les réponses à mes questions, mais ce ne fut pas sans surprise de voir qu'il serait honnête avec moi. Je regardais son air amusé sans m'attendre une seule seconde à ce que j'allais entendre. L'attente à sa première réponse en est presque insupportable mais je reste immobile. J'allais enfin connaître son « plan », la vraie raison pour laquelle notre aventure allait commencer, j'allais savoir les raisons de toute cette ambition et également la raison pour laquelle je me retrouve ici aujourd'hui. Même si c'est une raison qu'il pense personnelle, elle me concerne aussi car c'est pour la dernière lampe qu'il cherche que j'ai dû faire plusieurs sacrifices et dire au revoir à ma famille. C'est aussi grâce à ça que je me suis débarrassée d'un tyran qui serait hors d'état de nuire par mon interlocuteur – en tout cas s'il tient parole – et évitera à un bon nombre de personne de risquer sa vie.

Au fur et à mesure que les mots s'enchaînent, je hausse les sourcils. Non seulement, il ne voulait pas utiliser ses vœux, mais en plus, il avait déjà deux génies. Deux génies et bientôt un troisième qui lui permettrait d'enfreindre les lois de la magie. Le bon côté est que les dégâts que les génie provoquent seront évités, je me suis assez frottée aux pouvoirs des lampes pour le savoir, mais le mauvais est que passer par dessus ses lois risque de faire de lui un être surpuissant, dangereux qui fera, inconsciemment ou non, de gros dégâts. Des dégâts colossaux, je dirais. Et du peu que j'ai pu voir jusqu'ici, il sera parfaitement conscient de ces dégâts. Que va-t-il advenir des pauvres gens qui vivront sous son règne ? Sera-t-il un tyran ? Il est calculateur, vu la façon dont il a entrepris ce projet et la façon dont il a avancé. Ou peut-être même qu'il laissera les peuples livrés à eux-même ? Il n'était même plus temps pour moi de faire machine arrière, femme de parole, je devais tenir mon engagement. Peut-être pourrais-je l'aider au moins à bien tenir son royaume ? Voir des gens souffrir par ma faute, je n'y survivrais pas, mais croire que je serais l'une de ses conseillères était utopique et même si je restais de marbre, mes yeux traduisaient une tristesse profonde, celle de ma mort plus qu’imminente une fois qu'il aura obtenu ce qu'il voulait.

La Reine Rouge, cette femme envolée, s'était peut-être échappée par amour. Quel romantisme... Je n'étais pas tellement fleur bleue, je préférais mille fois un voyage plein de danger à une histoire trop platonique, mais cette histoire était intéressante, plein de malheur et de danger autour d'une seule femme... Des ennemis en commun avec Jafar et Jafar, aussi, en ennemi. Je mordille ma lèvre en réfléchissant, toutes ces histoires auraient pu faire un livre parfait et auraient enfin pu me faire atteindre le rang de Best Seller, rang que je n'avais pas attend depuis un moment. L'histoire de Jafar à elle seule aurait certainement était une histoire de plusieurs tomes. Je suis tellement attristée pour cette Reine Rouge. « Je n'ai jamais connu l'amour, je ne sais pas ce que c'est, en vérité. Mais j'en ai suffisamment vu pour savoir que par amour, on peut faire n'importe quoi pour l'autre. Ne soyez pas dur avec elle, on perd tous la tête par amour au moins une fois dans sa vie... ». Je cesse de le regarder pour entrer encore plus loin dans mes pensées. Ce témoignage me montrait encore plus le visage de cet homme. Je n'étais pas sûr de vouloir savoir sa vie amoureuse, peut-être qu'il tenait, comme Schariar, un nombre phénoménal de femmes tuées, un palmarès, peut-être que c'était un jeu pour les hommes et que l'odeur d'une tête fraîchement coupée, que l'odeur d'un corps fraîchement pendu leur plaisait.

Cette fois, l'attente me permet d'avaler ce que je viens d'entendre et sans le savoir, me préparer au pire, à la suite. Le début de sa prise de parole a pourtant l'air bonne. Une belle histoire qui n'a certes pas continuée mais qui lui a permis d'être ce qu'il est aujourd'hui. Je regarde ses yeux pour tenter d'y voir une petite étincelle d'amour, d'affection... Mais je n'y vois rien de tout cela. Sa main attire mon regard et c'est avec stupeur que je comprends que le sceptre que je tenais dix minutes plutôt était en faite l'ex petite amie de Jafar, une femme, bien vivante. Je comprends aussitôt sa colère et ma tête me tourne soudain, comme une heure auparavant, cette fois pas de colère mais à cause d'une surprise tellement forte qu'elle me prend les tripes durant quelques secondes. Sa main sur la mienne me permet de revenir sur terre. Je tourne mon visage vers le sien et lui fais un signe positif de la tête pour lui faire comprendre que je serais aussi franche, difficile de faire mieux à ce stade... Je regarde à nouveau nos mains, pensive, puis dépose ma deuxième main sur les nôtres, avec douceur. Il est aussi impulsif que moi, peut-être même plus et je ne voulais pas qu'il prenne mal mon silence. C'est après plusieurs minutes que je reprends la parole :

« J'ai peut-être une dernière question... » Je me redresse légèrement, sans lâcher sa main, au contraire, elle sert un peu plus la sienne. Je me sais un peu trop tactile comparée aux autres mais ce n'est qu'une manière de montrer que je suis coopérative. Je pèse mes mots, les fais tourner sept fois dans mon esprit avant de les prononcer. J'essaie d'avoir du tact... Mes yeux replongent dans les siens pour avoir son attention et mon pouce caresse le dos de sa main pour tenter de l'adoucir, l'apaiser... Mon sourcil droit se hausse par surprise, je me surprends moi-même. Je pensais avoir perdu la sultane que j'avais été mais toute la personne que je suis à ce moment même, réfléchie, diplomate, douce, c'était elle la sultane, celle qui ne jugeait pas les apparences et qui tentait toujours de comprendre pourquoi. « Qu'est-ce qu'on vous a fait ? »

Jafar & Shéhérazade

Elle m’écoute attentivement, je le vois bien sur son visage, remarquant une tristesse dans son regard à mes paroles alors que je continue à conter mes projets. Ce qui est amusant, c’est qu’elle soit triste au début, avant que je ne parle de choses plus rudes ou sombres, juste à savoir la puissance que je convoite. Il est ainsi facile de comprendre que la jeune femme doit s’inquiéter de ce que je ferai d’une telle puissance, de mes actes, de mes victimes. Sa seconde intervention c’est au sujet de la Reine rouge où la elle prend parole pour la défendre, venant avouer n’avoir point connu la beauté de l’amour, se dévoilant un peu en ajoutant une forme de compassion pour celle ci. En y repensant je me demanderai presque si j’ai aimé quelqu’un dans ma vie autre que mon père comme un digne fils. Ai je aimé Amara ? Oui peut-être au début, avant qu’elle m’apprenne à me surpasser, avant qu’elle me dise que si je veux avoir de l’ambition, du pouvoir, je dois être prêt à tout, me poussant à laisser mourir un innocent. Je n’ai pas réellement perdu mon amour pour elle à ce moment la, mais celui ci était devenu futile pour laisser place justement à cette partie plus pragmatique de ma personne. Je prend alors une petite pause dans les réponses pour réagir face à de telles paroles, par rapport à cette tentative de m’adoucir face à celle qui semble avoir fuit à Storybrooke.

« Elle a tenté de me cacher cela, mais je ne suis pas idiot, j’ai vu à sa façon de l’épargner qu’elle aimait ce simple Valet… Cet homme qui s’opposait à nous en aidant notre ennemie. » Je ne suis point prêt à oublier ce voleur car sans son intervention, Alice aurait fait déjà deux vœux, sans lui j’aurai surement su lui faire faire son troisième, je ne serai point ici, j’aurai le génie et tout serait arrangé. Alors oui, Will Scarlett est un ennemi que j’aurai grand plaisir à détruire quand je croiserai sa route pour lui faire regretter de s’être interposé sur mon chemin. « L’amour est une chose, mais la trahison n’est point tolérable. » J’ajoute ces mots pour faire comprendre l’offense causée. Peut-être que je pourrai retrouver Will et lui faire subir bien pire que la mort devant les yeux de la Reine Rouge pour lui faire comprendre de ne plus faire faux bond, et que si elle veut récupérer son mâle, elle devra alors coopérer pour que je connaisse la réussite dans mon projet.

Mais ce qui semble la choquer le plus c’est quand je lui fais comprendre que celle qui a partagé ma vie avant n’est autre que le sceptre qui m’accompagne partout, une sorcière que j’ai gardé car pour le sortilège des trois génies il faut la puissance de deux grands sorciers. Et comme Amara m’avait enseigné, pour obtenir ce qui est désiré, il faut savoir être prêt à tout. Après tout je n’ai fais qu’appliquer son enseignement en lui offrant une apparence d’un symbole qu’elle vénérait, le serpent. Elle est comme perdue, regardant fixement le vide, ne réagissant qu’au moment où je touche sa main, a t’elle peur de finir ainsi ? Mais elle reste encore muette malgré mes paroles, prenant le temps avant de réagir pour me dire qu’elle a une question, mais elle ne la pose pas directement semblant prendre des précautions, agissant comme si elle se trouve face à un monstre qu’elle veut adoucir pour ne point se faire dévorer, capturant ma main entre ses mains, offrant même une sorte de caresse délicate sur ma peau, agissant réellement comme si elle cherche à m’apaiser, voulant éviter de me voir devenir agressif. Et la, sa question tombe, certes dévoilée avec douceur mais cette simple question fait revenir les images du passé, me poussant soudainement à me redresser, un mouvement brusque, impulsif, me retrouvant du coup presque contre elle, une main toujours entre les siennes, l’autre s’étant soudainement rapprochée de sa gorge mais ne la touchant point. Ma mâchoire est crispée alors que je libère quelques premiers mots. « Vous savez trouver les questions fâcheuses n’est ce pas ? » Je me demande un instant comment elle a pu survivre avec son époux si elle possède une curiosité telle qu’elle emprunte des chemins si dangereux. Elle a de la chance que j’ai besoin d’elle, que j’ai promis franchise et surtout qu’elle soit Shéhérazade, la nostalgie de notre monde aidant peut-être à sa survie. « Je ne sais pas en quoi cela vous apportera quelque chose de savoir cela, ni quel serait le rapport avec ce que nous cherchons… Mais si tel est votre plaisir, je vais vous répondre au plus court, point besoin de vous faire de grands contes. » Non je ne suis pas idiot, je me doute qu’elle veut savoir non point ce qui m’est arrivé dans la vie, mais ce qui a fait naitre cette haine chez moi, cette colère, cette ambition, cette quête de pouvoir. Je ne compte pas lui dire que mon père est dans une cage à attendre le jour où j’aurai le pouvoir, mais je peux confier cet acte qu’il a commit face à son propre fils, face à moi.

« Je suis Jafar, fils batard du Sultan d’Agrabah… Et j’ai connu la mort des mains de l’être que je chérissais par dessus tout, de celui dont je n’attendais qu’une chose, une étincelle de fierté dans son regard, un signe d’amour paternel. » Je m’arrête un instant, sans la quitter des yeux, la main agressive s’étant rabaissée le long de mon corps, mon autre main toujours entre les siennes. Elle veut de la vérité, elle va l’avoir, elle va comprendre qu’un cœur noir comme le mien ne nait pas du simple désir. « Ce n’est point une métaphore, il m’a noyé et fait jeté avec les déchets hors des murs du Sultanat, mais la mort n’a pas voulu de moi. » Point besoin de parler du reste, de celui qui m’a ramassé dans la rue alors que je n’étais qu’un enfant pour me forcer à travailler jusqu’à l’épuisement, pas besoin de parler de ce que Amara m’a poussé à faire pour tester mes limites. Elle voulant savoir ce que la vie m’a faite, et bien elle a sa réponse, la vie m’a tuée. « La réponse vous apporte satisfaction ma chère ? » Une petite pointe encore agressive se fait entendre à ces mots, les traits de mon visage plus froid en repensant à cette scène ravivant la flamme de la haine.

Je ne suis pas surprise de sa réaction. En fait, je m'y attendais, la raison pour laquelle j'avais été douce pour l'y préparer. Je le vois approcher sa main pour m'étrangler, je ferme les yeux en m'y attendant mais il n'en fait rien. Il se contient pour ne pas me faire du mal – je devine que ce n'est pas pour mes beaux yeux – sa mâchoire crispée me rappelle celle de Schariar lorsqu'il perdait patiente, à la différence que Schariar n'aurait certainement pas hésité à serrer mon cou entre ses doigts. Schariar, je connaissais ses limites, avec Jafar, je tâtonne, je prends des risques pour les connaître. Mais c'est nécessaire. Sans tester, je ne peux pas me lancer et je ne peux pas savoir comment le prendre, comment agir avec lui sans mettre ma vie en danger, même si je l'avais mise au moins trois fois en une heure à tout casser. Sa main est toujours prisonnière des miennes, il ne la retire pas et moi non plus. Il décide enfin de me raconter pourquoi et enfin je comprends.

Je connais plus que bien les règles que le génie m'avait dicté avant. Je les avais trouvé étranges au départ, mais logique, seule une personne désespérée pourrait tenter d'user ces vœux interdits. Il veut donc forcer son père à l'aimer. J'aime tellement le mien que d'imaginer ne pas avoir cet amour paternel réciproque me donne des frissons dans le dos. Je suis presque empathique pour ces actes horribles, j'aurais certainement tenté de faire la même chose, mais je suis beaucoup moins ambitieuse et c'est certainement l'une de ses forces, mais aussi l'une de ses faiblesses. Mais tenter de tuer son fils ? Pourquoi ? Pourquoi être aussi horrible envers un enfant qui était encore innocent ?

« Le cœur le plus noir, ce n'est pas le votre. » Je fronce légèrement les sourcils, je comprends ce qu'est un monde sans amour en regardant Jafar et je comprends peu à peu sa façon d'agir. L'ambition est la seule chose qu'il a toujours eu, l'amour non, et l'amour d'Amara était neuf, au départ, intéressant, mais certainement pas suffisant, peut-être effrayant ? Non, pas effrayant, il n'est pas peureux. Elle n'était pas suffisante, oui, celle qu'il cherche est celle d'un monstre qui ne lui donnera apparemment jamais sans ce sortilège. « C'est le sien. La façon dont il vous a traité... c'est vraiment horrible, Jafar. » Je dépose sa main que je tiens sur ma joue, gardant mes sourcils froncés, je garde ma main sur la sienne pour qu'elle ne bouge pas. « Ne vous mettez pas en colère, je ne savais pas que ce souvenir raviverait votre colère. J'essaie de comprendre la personne que vous êtes, tout simplement. » Je reste silencieuse un long moment, j'attends qu'il se calme, que le souvenir s'en aille, que la tension se dissipe.

Après un long moment, je soupire, dépose ma main libre sur son épaule pour le rasseoir et lui souris. « J'ai été un peu indiscrète avec vous, oui, un peu trop. Posez les questions que vous voulez, je vous répondrez franchement aussi. Même si je n'ai pas autant de secret que vous, ma vie est fade depuis un moment. Et je pense que vous savez déjà tout de moi. » Je retire ma main sur la sienne, je ne le quitte pas des yeux. Je dépose mes mains sur mes genoux et attends ce qu'il finirait par me dire après toute cette tension et toutes ses révélations.

Jafar & Shéhérazade

Elle ne réagit pas mal, ne tente pas de reculer ou fuir, ni de se défendre alors que je suis en posture agressive, elle ne retire même pas ses mains, prenant le risque de devoir me faire face et subir ma rage. Se rend elle seulement compte de ce que je pourrai lui faire subir ? Que je pourrai donner l’impression que la mort n’est qu’une douce étreinte à coté de choses que je peux lui faire endurer ? Est ce de la folie, du courage ou simplement un trop plein d’assurance qui la pousse ainsi à ne pas prendre de recule face à ma personne ? Beaucoup de questions passant rapidement dans mon esprit alors qu’elle s’enfonce dans un comportement dangereux en venant montrer de la compassion, compassion que je prends directement pour de la pitié. Comment ose t’elle faire preuve de pitié ? Est ce que je suis le genre d’homme ayant besoin de ce genre de sentiment ou montrant une telle faiblesse ? Je prends une nouvelle inspiration, sans quitter son regard, tentant de me maitriser alors qu’elle pense que mon cœur n’est point si noir, pas autant que mon géniteur à qui pour l’instant je fais regretter chaque jour son acte. Il a déjà tenté de me priver de la chance d’avoir un jour sa reconnaissance en tentant de se suicider, mais j’ai su l’en empêcher, l’arrêter pour le remettre dans sa petite cage.

« Ne montrez point de pitié envers moi, je ne suis pas un de ces faibles êtes qui recherche le réconfort chez autrui ou qui a le besoin d’avoir des paroles rassurantes pour continuer à avancer. N’osez point un instant penser que je suis faible à cause de lui. Bien au contraire il a fait ma force en me montrant la réalité des choses. » Dis je avec un sérieux presque implacable, montrer que je ne tolérerai pas ce genre de sentiment à mon égard. Mais étrangement je ne m’arrête pas la, je sens ma respiration un peu plus forte alors que d’autres paroles viennent s’échapper de mes lèvres naturellement, comme pour faire bien comprendre la situation, ou ma position, montrer que mes actes sont dictées par une conviction propre et que ma méfiance envers les autres est justifiée par une forme de rancœur envers ceux vivants tout simplement. « Vous savez, le seul regret de cet homme, encore aujourd’hui, est simplement de ne pas s’être assuré que jamais le souffle de la vie reviendrait en moi. » Au lieu de simplement dire qu’il regrettait d’avoir tenté de me noyer, ce qui aurait surement changé tant de choses… « La Mort elle même m’a rejeté, et bientôt je serai montrer à tous quel est ma destinée en ne faisant pas que passer outre des lois de la vie, mais aussi de la magie. » Je m’arrête la, n’ayant presque pas bougé, laissant régner une aura meurtrière dans cette pièce, une envie de meurtre qui se montre plus que présent et non point sur elle mais sur tous ceux qui pourraient oser tenter de l’arrêter. Elle tente encore pourtant de m’apaiser, cherchant à se montrer encore douce en posant ma main sur sa joue, en me parlant et me demandant de ne point laisser la colère l’emporter. « Est ce pour comprendre qui je suis, ou pour tenter de trouver une faille à exploiter Chère Shéhérazade ? » Ma question tombe d’un coup, comme naturelle, montrant cette méfiance qu’elle a éveillée, montrant que la je me questionne sur son envie possible de me manipuler en trouvant mes faiblesses. Bien entendu à aucun moment je ne pourrai penser qu’une personne puisse avoir des intentions positives à mon égard.

Elle me pousse alors à m’asseoir pour encore une fois tenter de me dompter en s’ouvrant à moi, me permettant de lui poser toutes les questions que je désire, qu’elle saurait se montrer franche avec ma personne. Chose que je doute malgré tout car surement comme d’autres elle cherchera à m’empêcher d’atteindre le but ultime pour éviter que je ne puisse faire du tord à ce monde. Après tout elle s’est bien sacrifiée pour arrêter son époux dans ses crimes réguliers non ? Je tente d’abord de me calmer, ce qui n’est pas réellement évident, me détournant d’elle pour fixer le mur comme si des images pouvaient y apparaître et m’apporter un souffle de paix. « Bien, est ce simplement par peur ? Par envie de vengeance envers votre époux, ou avez vous une autre raison pour accepter de travailler avec moi et retrouver votre lampe ? A moins que cette vie fade vous lasse et que l’aventure est un besoin qui se fait sentir, mais dans ce cas devrai-je me méfier de vous, ou allez vous prendre le risque de respecter notre accord jusqu’au moment fatidique ? » Je m’arrête un instant, repensant à ce qu’elle m’avait dit un peu plutôt pour parler alors d’elle, qu’elle se dévoile aussi sur sa personne. Je connais l’histoire de son sacrifice mais depuis mon intervention le temps est passé, alors comment ce fait il qu’elle reste ainsi à l’écart ? « Vous dites ne point connaître l’amour, je ne comprends pas, si vous vous êtes débarrassé de votre époux, rien ne vous empêchait de refaire votre vie… Qu’est ce qui vous a retenu tout ce temps ? Ne tentez point de me dire qu’aucun être de cette ville maudite n’a point tenté de se rapprocher de vous ? » Une curiosité qui me permettrait peut-être de la cerner sur un point, sur ce qu’elle était devenue réellement depuis tout ce temps, depuis son arrivé à Storybrooke.

« D’ailleurs j’aurai besoin de vos connaissances sur ce monde pour retrouver la Reine Rouge aussi… Si c’est ce que je crains, elle sera surement rapprochée de son Valet, Will Scarlett. Je dois le retrouver car une fois qu’il sera sous mon emprise totale, elle ne pourra plus fuir et sera obligée de se plier devant moi. » Ceci n’est point une question, plus un objectif car après tout elle doit m’aider à connaître ce monde et vu qu’elle est présente depuis plus longtemps que moi, mais aussi que je ne sais pas comment le temps défile ici à coté du Wonderland, peut-être qu’elle connaît déjà un des deux protagonistes ou les deux. Surtout que vu la colère animée en moi en cet instant, mes envies de destructions sont encore plus présentes, ce qui me refait penser à ce Valet qui a osé s’interposer. Pourtant malgré cela, sans m’en rendre compte ma main s’est reposé sur la sienne, sur son genoux.

Je suis surprise qu'il prenne ma douceur pour de la pitié. Il n'a rien compris. Il ne comprendra certainement jamais. Quel idiot de penser que j'essayais de le manipuler pour je ne sais quelle raison. Ne lui avais-je pas dit que je n'étais pas ce genre de personne ? Quel culot, menacer ainsi, me dire que ma vie pouvait être en danger, comme si je ne le savais suffisamment pas. Me prendre de haut, se méfier de moi alors que je tente d'être calme et diplomate. N'était-ce pas lui qui demandait de partir sur de bonnes bases pour cette alliance ? Est-ce si surprenant d'accepter ? Si ça l'est, j'avais raison, il veut faire ce sortilège pour de mauvaises choses, si mauvaise que de l'aider devrait me rebuter.

« Je vous ai dit que je n'étais pas une manipulatrice, mais vous doutez toujours de ma loyauté, Jafar ? Je ne peux pas être douce simplement parce que je vous comprends ? Parce que le problème de votre père est un vrai problème, contrairement à certains qui se plaignent d'une femme infidèle ou d'autres choses aussi futiles ? N'ai-je pas le droit de comprendre qui se tient face à moi, de savoir avec qui j'ai fait un pacte et pourquoi je l'ai fait ? »

Mon visage en dit long sur mon humeur soudaine : je ne souris plus, mon visage est tendue et, agacée, ma voix aussi a changé : un peu plus grave, elle n'est plus aussi mélodieuse que les fois précédentes. Je risque ma vie et il ose encore douter ? Je comprends que ce soit louche mais Schariar m'a tellement posé problèmes que je ne suis plus à même de pouvoir dire non. J'ai besoin de Jafar, que je le veuille ou non. « Il y a un peu de peur envers Schariar, je l'ai maudit, par ma faute, il croupit au milieu de dizaines de cadavres. Je sais qu'un jour, je vais devoir payer pour ça, votre simple venue ici en témoigne. C'est une histoire de vengeance, quelque part, mais pas pour moi. Je veux venger les morts qu'il a tué sans raison, simplement à cause d'un égaux surdimensionné, d'un honneur soit disant bafoué et s'attaquant à des femmes qui n'ont aucune défense contre lui. Je suis la seule à lui avoir tenu tête, je suis la seule à pouvoir le stopper. Mais aussi pour éviter que cela ne se produise. Je ne veux pas que les autres prennent des risques par ma faute et quitte à encrasser mon cœur pour éviter d'autres massacres et bien certes, il pourra être aussi noir que le charbon. » J'avais dit cela d'une traite. J'étais agacée, pas en colère, je ne comprenais pas pourquoi personne ne pensait comme moi, serais-je la seule à y avoir songé ? Il pensait peut-être que ma quête était insignifiante mais je m'en fichais, pour moi elle était aussi importante que ce besoin d'amour par son père.

« J'aime aussi l'aventure, c'est vrai. Je n'ai jamais été aussi libre qu'avant mon mariage avec le sultan, quand je découvrais d'autres mondes et d'autres créatures, quand je mettais ma vie en danger pour découvrir et savoir. Et non, je ne peux pas me permettre de vous trahir, même au moment fatidique et même si je dois le tuer de mes propres mains, croyez-moi, je le ferais. » Il y avait quelque chose de bestial dans mes derniers mots, comme si ma raison, sur ce point, n'était plus capable de répondre de moi. J'ai toujours été capable de passer au dessus des choses, de mettre de côté, de faire l'impasse, mais aujourd'hui, je pensais en être capable mais cela n'en était rien. J'étais furieuse contre cet homme qui a gâché, m'ayant pris comme un trophée auquel il n'a pas su prendre soin. Tous ses gestes de sympathie, je les accueillais avec plaisir, ceux d'amour me rebutaient presque. Ces mille et une premières nuits étaient les plus angoissantes de ma vie, me demandant si ma tête serait toujours sur mes épaules à l'aube. Partager le lit de cet homme a certainement été le plus difficile à faire dans ma vie, je préférais affronter des monstres, risquer ma vie de n'importe laquelle des manières que de mourir comme femme d'un homme égocentrique et dérangé.

Je marquais une pause en me rendant compte que mon agressivité et cette colère sur le sujet Schariar allait peut-être trop loin. Et quand il me posa la question de ma vie, je réalisais que ce n'était peut-être pas Schariar le monstre, mais moi. La lampe que j'avais apporté avait mis le chaos dans la Forêt Enchantée, toutes ces femmes sont mortes à cause de moi. Depuis les mille et une nuits, il n'avait plus jamais tué une femme, j'avais raviver son instinct de tueur. J'avais toujours décidé d'être à l'écart par méfiance mais peut-être aussi pour ne pas faire vivre l'enfer à quelqu'un, peut-être parce que, les personnes qui me côtoyaient, finissaient souvent par avoir un destin tragique... « J'ai décidé de ne pas me lier d'amitié avec qui que ce soit à Storybrook. Le seul moment où je croisais des gens était lorsque je me rendais à la bibliothèque pour lire, comme aujourd'hui. J'étais totalement fermée à la discussion, si personne ne me connaît, personne ne peut se rapprocher de moi. Ma chance a tourné et je ne veux pas que quelqu'un en fasse les frais malgré moi... » J'avais maudit Schariar et maintenant je parlais de sa mort. Peut-être qu'il était changé, dans sa prison. Ou bien il a ruminé à sa vengeance durant des années. « Je suis tout ce qu'un homme déteste : je suis têtue, un peu trop intelligente pour certains, trop caractérielle pour d'autres. Je n'ai pas besoin d'eux pour m'occuper de moi, l'argent ne m'intéresse pas, seulement les livres, alors certains me trouvent ennuyante. Je n'aime pas qu'on me dise quoi faire, je veux simplement qu'on me conseille. Lorsque j'étais sultane, je n'avais pas le droit à un compliment, vu le phénomène qu'était mon mari et la peur qu'il suscitait et maintenant je suis trop recluse pour en avoir un. Et si je n'ai personne c'est parce que je l'ai bien voulu... »

Même si mon agacement était toujours palpable, j'étais légèrement plus calme. Calme vite perdu lorsque j'entendis le nom de Will Scarlet, apparemment en danger à cause de cette Reine Rouge et de Jafar. Je fermais quelques secondes mes grands yeux pour cacher la lune que j'avais dans chaque pupille et soupirais légèrement pour tenter de ne pas aller trop loin. Je ne pensais pas que je bouillonnais autant à l'intérieur, il a fallu une discussion avec Jafar pour m'en rendre compte. « J'ai protégé Will face à Schariar, je refuse que vous lui fassiez du mal. Il est mon ami et mes amis sont précieux. Devenez l'un des miens et laissez cet homme. » Ce n'était pas une menace, plutôt une suggestion. Suggestion suggestive, à vrai dire... Sa main posée sur mon genou, je ne sais pas comment réagir. Je meurs d'envie de la retirer, trop en colère, cette fois oui, c'est de la colère, pour le laisser me toucher. Mais vu l'histoire de sa vie, un rejet le mettrait plus en colère encore. Oui, c'est pour ce genre de situation que je voulais le connaître, en principe, mais comme je vous l'ai déjà dit, je ne réponds plus de moi. Cette fois, je me lève, je quitte la pièce et m'en vais dans la cuisine. Si je reste assise là à rien faire, je vais me mettre tellement en colère que « homme » aura été le dernier mot que je prononcerais dans ma foutue vie et croyez-moi, c'est le seul mot qui ne sortira pas de ma bouche à mon agonie.

Dans ma cuisine, j'ouvre férocement le frigo et attrape une forme indistincte et dure. L'énorme morceau de viande que j'avais réservée pour couper plus tard. J'ouvre un tiroir, attrape un énorme couteau de boucher, ferme un peu trop fort ce tiroir et me mets à couper méthodiquement la viande, dans l'espoir de me calmer. Je serre tellement ma mâchoire qu'elle me fait mal et mes doigts agrippe si fortement le couteau que mes jointures sont blanches. Je suis incapable de dire quoi que ce soit pour le moment et lorsque Jafar entre dans la cuisine – je ne vois même pas son visage, je ne lève pas le visage pour percevoir l'état d'esprit qu'il a apporté avec lui en entrant dans la pièce – je le désigne avec la pointe de mon couteau, juste après avoir maladroitement mis une mèche de cheveux derrière l'oreille en tentant de ne pas la salir avec mes doigts sales. « Vous avez un sacré culot, de venir chez moi, pour réclamer MON vœux et espérer que je vous donnerez en plus la tête de mes amis sur un plateau d'argent, comme l'a fait Salomé. J'ai été coopérative. » J'appuie le dernier mot en coupant un bout de viande, en faisant un bruit sourd au passage, signe que la douceur qu'il avait rejeté avait disparue. « Douce. » Je réitère mon geste. « Accueillante. » Encore... « Et compréhensive et vous avez l'audace de me prendre pour une femme vile et manipulatrice qui manque de parole ? Personne ! Personne n'aurait été aussi coopérative que moi, vous auriez dû user de toute la magie que vous possédez pour trouver la lampe et même avec ça, vous n'auriez pas pu savoir où elle était. »