Tea Time ! ~ Paige (Bonus : Jamie)

Introduction

Époque du sujet : Actuelle
Date du sujet : 03.02.13
Ordre de passage des participants : Andrew, Paige, Jamie (dès qu'il intervient)

Aujourd'hui, Andrew avait pris une journée de congé car il devait préparer un goûter très important et royal, qui plus est. En effet, le jeune homme avait convié la princesse Paige pour une séance de thé et biscuits. Bon, Paige n'était pas une princesse mais une jeune fille de douze ans qui avait beaucoup d'imagination et qui était vraiment adorable. Andrew la comparait souvent à une petite princesse, à cause de ses cheveux longs et de son teint de porcelaine. De plus, c'était une jeune fille très intelligente. Elle avait de la conversation et surtout, elle adorait les goûters. Chez lui, Andrew avait tout préparé pour accueillir sa jeune amie. Il avait installé un service à thé et à café et avait préparé quelques biscuits et un gâteau.

Le jeune cuisinier adorait invité Paige. Il avait appris à la connaître car celle-ci venait souvent chez Granny avec ses parents. Puisqu'elle aimait les goûters, tous deux avaient tissé un lien d'amitié à travers la cuisine, la nourriture. C'était un petit duo de gourmand. De plus, passer ses journées en compagnie de la jeune fille permettait à Andrew de souffler un peu. Il en avait parfois marre des conversations d'adultes. Paige était une jeune fille très intelligente, loin d'être une de ces gamines prétentieuse dès le plus jeune âge. Elle avait encore cette petite part d'innocence que Andrew regrettait avoir perdu. Cependant, lorsqu'il se retrouvait en tête-à-tête avec Paige, le jeune homme retombait en enfance et faisait l'imbécile autant qu'il le pouvait. Personne ne le jugeait, au moins. Souvent, lorsqu'il était avec sa fiancée Julianne, Andrew essayait de faire le guignol, sans succès. Sa petite amie le rappelait souvent à l'ordre, disant qu'il avait passé l'âge.

Lorsqu'on toqua à la porte d'entrée, le jeune cuisinier se dirigea vers celle-ci et l'ouvrit, en faisant une petite révérence. « Bienvenue, princesse Paige ! » Après avoir salué son invité, Andrew se redressa et ferma la porte derrière la jeune fille. Il avait décidé de mettre un costume basique qui se composait d'un pantalon noir, d'un gilet assorti et d'une chemise blanche. Pour ce goûter, Andrew n'avait pas mis le gilet que Jamie Twigley lui avait fait cadeau. Il ne voulait pas le salir. « Alors, comment vas-tu ? Je veux tout savoir. » En parlant, Andrew déposa les quelques biscuits encore tout chauds sur la table basse, le seul endroit où il pouvait recevoir ses invités.

Un réveil aux aurores à cause d'une pressante envie de boire avait forcé la petite fille à sortir de ses couettes bien douillettes pour la jeter sur le carrelage froid de la cuisine. Mal réveillée, elle fit tomber un pot de confiture en cherchant la bouteille d'eau cachée dans la porte du frigidaire. Heureusement le bruit ne réveilla pas ses parents. Aussi elle se dépêcha de tout nettoyer dans le silence, s'entaillant légèrement le doigt à cause d'un morceau de verre. Décidément la journée commençait bien mal. Recouchée une demie-heure après elle ne réussit à grappiller d'une heure de sommeil supplémentaire avant que son père ne vienne la réveiller pour qu'elle ne soit pas en retard en cours. Elle passa une matinée tout aussi déplorable que sa nuit, entre ennuie mortel et déconcentration totale. Heureusement que son après-midi était libre. Rentrée chez elle en bicyclette, elle ne trouva qu'une bonne dose de mauvaise humeur. Elle aurait d'ailleurs du s'y attendre. La veille ils avaient mangé chez Papi et Mami et, comme d'ordinaire, Mami et Maman s'étaient disputées par petites remarques d'apparences anodines. Par contre, contrairement à d'ordinaire, elle avait vite était prise dans la dispute, les remarques se faisant plus sérieuse quant à son éducation. Soit disant qu'elle était trop tête en l'air et qu'elle ne pouvait pas continuer à vivre comme dans un rêve à son âge. Si ses parents avaient pris sa défense pendant le repas, elle voyait bien dans l'acharnement qu'ils mettaient aujourd'hui à la faire participer aux tâches ménagères et aux courses que les choses allaient quelque peut changer.

Alors quand l'heure du thé arriva, autant dire que la petite fille fut plus qu'heureuse de pouvoir s'enfuir et retrouver un semblant de bonne humeur. On pourrait trouver étrange que ses parents la laissent s'en aller prendre le goûter chez un adulte -un qui n'avait pas d'enfant, qui plus est- mais ce n'était pas n'importe quel adulte. C'était son tonton Andrew et ils avaient tous les deux liés une solide amitié à base de tasses de thé et de divers gâteaux et pâtisseries. Sortant de la rue avec son éternelle bicyclette, elle pédala vite pour profiter de la sensation du vent lui fouettant le visage et l'impression de liberté qu'elle en tirait toujours. Le trajet fut court et elle abandonna son véhicule devant le logement de son ami, prenant tout de même le soin de mettre l'antivol. Storybrooke était certes une petite ville, il valait toujours mieux être trop prudent. Trottinant jusqu'à la porte d'entrée, elle frappa trois petits coups. La porte s'ouvrit dans les secondes qui suivirent et elle eut un immense sourire face à l'accueil d'Andrew. Tirant les pans de sa jupe couleur abricot, elle fit elle même une petite révérence avec un léger rire. « C'est toujours un plaisir que de venir ici, Votre Majesté. » Puis elle entra chez le jeune homme, la bonne humeur qui lui avait fait défaut toute la journée finalement retrouvée. L'odeur de gâteau qui régnait ici lui mit immédiatement l'eau à la bouche. Andrew était sans conteste possible le meilleur cuisiner de la ville, plus doué même que sa maman à elle et ce n'était pas un mince compliment. Sans hésiter et plus par habitude qu'autre chose, elle s'installa à proximité de la table basse. « Je crois que je me suis levée du pied gauche ce matin. Même si cette expression me laisse toujours perplexe. Est-ce que tu sais, toi, pourquoi c'est une mauvaise chose de se lever du pied gauche tonton Andrew ? Pour moi c'est un mystère. » Savoir tout ? Elle voulait bien mais par où commencer ? Elle n'allait tout de même lui dire avec l'air le plus naturel du monde que ses parents commençaient à la trouver trop vieille pour les Disneys, qu'un garçon -dont elle était amoureuse- lui avait donné rendez-vous dans l'unique but de la laisser espérer et attendre dans la neige et qu'elle avait reçu le titre d'adjointe de l'adjoint du shérif. Ça faisait beaucoup pour une seule petite fille. « Et toi ? Comment vas-tu ? »

Andrew n'allait pas considérer Paige comme une fillette toute l'après-midi. Ces salutations aux airs princiers n'étaient qu'une façon originale de dire bonjour. Il la considérait avant tout comme une personne à part entière et non une gamine. Bien-sûr, il y avait des limites aux discussions qu'ils pouvaient avoir. Andrew n'allait pas parler de ses problèmes de couple ni de ses soucis d'argent - bien que ceux-ci soient minimes. Il allait discutait avec Paige en veillant bien à être en raccord avec son âge sans avoir l'air niais. Il détestait voir des adultes s'adresser à des enfants comme s'ils parlaient à des animaux. Paige était adorable, certes, mais aussi très intelligente. Andrew ne se doutait même pas de la vie qu'elle avait eu avant d'échouer à Storybrooke mais se sentait étrangement proche d'elle. Ici, la jeune fille avait une famille, mais dans le monde des contes, elle avait perdu son père. Andrew, lui, avait perdu ses parents très jeune. Dans ce nouveau monde, le jeune homme avait également perdu sa famille mais n'en parlait que très rarement. Il n'avait jamais connu ses parents et avait toujours vécu dans des diverses familles avant de pouvoir vivre seul.

En déposant tout le goûter sur la table, boissons comprises, le jeune cuisinier demanda à Paige comment elle allait. Celle-ci disait s'être levée du pied gauche, ce qui eut le don de faire sourire Andrew. Il prit place sur un coussin de sol tout en se servant une bonne tasse de cappuccino - gourmand jusqu'au bout. Lorsque Paige fit part de son questionnement, Andrew leva les yeux au ciel, réfléchissant à quoi répondre. « Et bien, si tu as posé ton pied gauche en premier ce matin en te levant de ton lit, je pense pas que ce soit une mauvaise chose. » Il prit quelques biscuits et servit une part de gâteau à Paige. « En revanche, si tu t'es réveillée de mauvaise humeur, l'expression est censé refléter ton état. Je crois que dans une autre époque, ils jugeaient mal les parties gauches de notre corps comme la main ou le pied. » Une fois entièrement servi, Andrew lança un bref regard à Paige qui lui demanda à son tour comment il allait. Que répondre ? « Euh... bien, je pense. » Il fixait alors l'assiette de cookies et se perdit dans ses pensées, le temps de quelques secondes, avant de réaliser qu'un silence s'était installé. « J'espère que tout va bien. Tu m'inquiètes depuis ton histoire de pied gauche. » Il prit un cookie, le trempa dans le cappuccino et mordit dedans. C'était vraiment délicieux. « S'il y a quoi que ce soit dont tu veux parler, tu sais très bien que je suis muet comme une tombe. Je sais très bien garder les secrets. »

Paige prit le temps de réfléchir à la réponse de Andrew tout en se servant une tasse de thé. Elle rajouta deux sucres dans la tasse en porcelaine, un peu de lait et se saisit d'une petite cuillère pour mélanger le tout, l'air concentrée et plongée dans une intense réflexion. S'était-elle levée de mauvaise humeur ? Il est vrai qu'aucune des conditions de son réveil ne l'avait aidée à se mettre d'une agréable humeur pour la journée. Elle avouait peut être avoir pu être plus à fleur de peau et sur les nerfs que d'habitude. Cette première partie de la réponse examinée, elle passa à la seconde. Ainsi donc l'expression viendrait d'une certaine aversion portée pour la partie gauche dans le passé. Etrange. Après tout, il fallait bien une droite et une gauche. Alors pourquoi détester l'une des deux ? Ça semblait être un choix arbitraire -oui, elle savait ce que ce mot voulait dire, elle l'avait cherché dans le dictionnaire- et injuste pour la gauche. Cependant, aussi insensé que c'était, ça avait le mérite d'expliquer pourquoi c'était mal vu de se lever du pied gauche et c'était tout ce que la petite fille demandait. Heureuse d'en avoir terminé avec sa réflexion, elle arrêta de faire tourner sa petite cuillère, la déposa sur la coupelle et porta la tassa à sa bouche, avalant une gorgée du liquide chaud et infusé juste comme elle l'aimait. Avec un sourire radieux, elle reprit enfin la parole. « Merci pour l'explication ! Mais... ils étaient quand même drôlement étranges avant. »

Paige accepta avec joie une part de gâteau que lui servait Andrew, salivant d'avance rien qu'à l'odeur. Elle savait par expérience que les pâtisseries qui agrémentaient toujours leurs petites parties de thé étaient juste excellentes. Elle mordit dedans et, au même moment, le cuisinier lui répondit, l'air peu assuré de ce qu'il disait. Elle haussa un sourcil dans une moue perplexe mais n'eut pas le temps de faire une remarque : à peine avait-elle fini sa bouchée -délicieuse, juste comme prévu- que déjà il parlait à nouveau. Elle secoua vivement la tête alors qu'il affirmait s'inquiéter pour elle. Vraiment, il n'y avait pas de quoi en faire une montagne. « Je pense que j'ai juste mal dormi alors j'étais plutôt de mauvaise humeur et les choses ne semblaient pas vouloir aller comme il faut aujourd'hui. Mais ça va déjà mieux ! Et c'est surement grâce à tes pâtisseries. Elles sont super bonnes. » Comme pour appuyer ses propos, la petite fille s'empara d'un cookie qu'elle dégusta non sans gourmandise. « Mais toi, dis moi donc ce qui t'arrive. Ton 'je pense' fais au moins aussi peur que mon histoire de pied gauche... C'est une histoire de fille, c'est ça ? Ma maman dit toujours que quand c'est compliqué, c'est à cause des choses de l'amour. » Elle passa religieusement sous silence le fait qu'elle-même avait connu il y a quelques semaines des problèmes que toutes petites filles connaissent un jour ou l'autre. Même si toutes les petites filles ne deviennent pas la risée de l'école pendant deux semaines entière à cause d'un garçon. C'était une chose que de parler de son premier rendez-vous à sa mère, c'en était une toute différente que de raconter son premier échec sentimental à son tonton Andrew, peut importe la confiance qu'elle avait en lui et son silence. Aussi elle se contenta d'attendre avec une curiosité mal dissimulée la réponse à sa question indiscrète lancée avec toute l'innocence et la candeur qui caractérisent encore les enfants.

Paige fit rire Andrew, très franchement. Oui, les personnes qui avaient inventé de telles locutions étaient étranges. Se lever du pied gauche, être mal luné, chercher midi à quatorze heures et tant d'autres. C'était assez amusant d'ailleurs, en y réfléchissant bien. Au moins, ce fut un thème original de discussion avec Paige. « Et encore, ils n'étaient pas étranges qu'avec leurs expressions. » Dans le temps, ils étaient si croyants, si craintif. En se projetant assez dans le passé, on pouvait s'apercevoir qu'à cette période, les gens étaient presque des esclaves. Mais bon, c'était une toute autre histoire et Andrew n'allait pas se lancer dans des théories farfelues. De plus, il ne voulait pas confronter la jeune fille avec des histoires de croyances et autres délires. Lui qui était si détaché de tout, qui ne croyait qu'en ce qu'il voyait, ne pouvait pas risquer de se lancer dans un tel débat qui serait sûrement un peu dépassé pour une enfant. Non pas que Andrew prenne Paige pour une gamine incapable d'avoir des avis fondés, mais il voulait éviter de se lancer dans une telle discussion. Ils n'avaient pas besoin de réfléchir mais de s'amuser, passer un bon moment.

Servant une part de gâteau à Paige, le jeune homme fit part de son inquiétude. Il se demandait pourquoi son invitée s'était levée du pied gauche et espérait qu'elle n'ait aucun soucis. La petite demoiselle ne tarda pas à rassurer Andrew, laissant entendre au passage que les pâtisseries étaient super bonnes et qu'elle se sentait bien mieux grâce aux délicieux petits gâteaux. Le cuisinier fut plutôt ravi d'entendre un tel compliment et eut un très très grand sourire. Puis, Paige lui demanda comment il allait. Eh bien... c'était difficile à dire. Cependant, il ne voulait pas affoler sa jeune amie - qu'il considérait comme une petite sœur qu'il n'avait jamais eu ceci-dit. Il lui répondit alors le plus simplement du monde en essayant de masquer son état. Mais Paige n'était sûrement pas née de la dernière pluie - tiens, une nouvelle expression étrange. La petite fille s'inquiéta à son tour, demandant à Andrew s'il s'agissait d'un problème d'amour. Il ne put que sourire. Oui, c'était un problème de cette veine-là. Il ne pouvait cependant pas parler de Jamie à la jeune fille et surtout pas du fait qu'il était sûrement amoureux d'un garçon. Il ne connaissait pas l'avis de Paige à ce sujet. Ce n'était pas un sujet populaire des cours de récréations. « Comme tu le sais, je suis fiancé à Julianne et en ce moment, ça ne va pas fort. » Autant parler de sa fiancée. C'était bien plus simple. « Ce sont des choses qui arrive. L'amour c'est vraiment compliqué. J'aimerais avoir à nouveau dix ans. Au moins, à cet âge là, je me préoccupais plus de vivre des aventures imaginaires que de la réalité. » Ah, qu'est-ce que c'était bien la vie d'un enfant. On jouait, on s'inventait une vie, tout semblait si simple...

Paige avait déjà croisé plusieurs fois Julianne. Toujours en coup de vent, avant de repartir de chez Andrew ou simplement les rares fois où elles étaient chez Granny à la même heure. La petite fille n'avait pas eu l'occasion de beaucoup discuter avec la jeune femme mais elles avaient toujours échangés de grands sourires. Pourtant, et malgré tout le bien qu'elle pensait de le demoiselle, il y avait bien une chose qui lui tapait sur le système. C'était que, comme la plupart des adultes à part exceptions, elle avait cette façon de parler aux enfants comme si... Comme si ils n'étaient pas assez intelligents, pas assez au courant du monde pour leur expliquer des affaires de 'grandes personnes'. Mais, vraiment, c'était le seul reproche qu'elle avait à lui faire et l'annonce des problèmes de couple d'Andrew attrista la petite fille. Andrew méritait plus que quiconque d'être heureux. Paige se pinça les lèvres, gênée d'avoir abordée un sujet de toute évidence douloureux. « Peut être que Julianne n'était pas la bonne princesse et qu'une autre demoiselle en détresse t'attend autre part. En tout cas je suis sure que Julianne ne se rend pas encore compte de ce qu'elle perd en te laissant filer : c'est super rare les princes charmants avec option cuisine ! » L'écolière dédia un grand sourire amusé à son ami. Elle savait bien que princes et princesses n'existaient que dans les livres pour enfants -ceux-là mêmes que ses parents jugeaient soudainement ne plus lui convenir- mais elle se disait aussi qu'il n'y avait rien de mal à rappeler parfois aux adultes que c'est avant tout à ça que rêvait tout le monde dès les premiers émois du coeur : trouver le partenaire idéal.

Le sourire de la petite fille se fit néanmoins un petit peu plus absent quand Andrew révéla vouloir redevenir un enfant insouciant. Comme si ça existait vraiment. Paige avait l'impression que les adultes oubliaient peu à peu tous les inconvénients que présentait l'enfance pour ne conserver que les mauvais souvenirs. Elle entendait souvent dire "J'aimerais que mon plus grand problème soit encore une mine de crayon de couleur cassé". Avaient-ils oublié à quel point cela pouvait être frustrant et énervant pour un petit enfant ? A quel point cela semblait alors le plus grave de tous les problèmes ? Il en était de même pour les histoires de coeur. A vrai dire c'était même encore pire : on se rendait brusquement compte qu'aucun prince ne viendrait et qu'il allait falloir s'accrocher pour trouver un garçon qui vaille le coup. Et qui veuille bien de vous en retour. Oh ! Mais qu'elle pessimiste elle faisait ! Tout ça parce qu'un stupide garçon plus âgé c'était joué d'elle. C'était loin d'être la mort d'autant plus que sa soirée s'était agréablement finie grâce à Galaad. Il fallait vraiment qu'elle surveille cette tendance à dramatiser ; ça ne lui ressemblait vraiment pas. « Pourtant à dix ans aussi c'est fichtrement compliqué... Enfin, heureusement qu'il nous reste les aventures imaginaires. Ça ne donne pas envie de grandir si ça veut dire laisser ce réconfort derrière. » Elle priait sincèrement pour toujours être capable de voir l'extraordinaire et le magnifique dans les choses du quotidien que tout le monde s'évertuait à rationaliser avec une ferveur inexplicable.

Trentième fois qu’il était à deux doigts d’écrire « dîner » en plein milieu d’un article…Non mais franchement, il devait faire quelque chose là. Un lourd soupir s’échappa de Jamie, alors qu’il effaçait le mot, puis, finalement, tout l’article. Ce n’est pas comme s’il arrivait à faire quelque chose de toute façon. Il était physiquement présent au journal, pouvant répondre aux interrogations de ses collègues et même participer à des discussions importantes. Pourtant, une grande partie de son esprit était absente du lieu. A des milliers de lieues du journal, elle traversait le temps et l’espace pour aller se placer à une bonne grosse semaine plus tôt, dans l’appartement d’Andrew, lors d’un dîner en tête à tête dont personne n’était au courant. C’est pourtant une chose banale que d’aller dîner chez un ami. Ce qui l’était moins, pour un homme marié comme lui, était d’avoir flirté toute la soirée avec le dit ami et qu’il ait même osé…Rien que de penser à cette ombre de baiser lui mit le feu aux joues de honte. Comment avait-il pu abuser Andrew de cette façon ? Il lui faisait confiance, l’avait laissé rester chez lui pour la nuit et comment il le remerciait ? Ha ! Il était bien beau le Jamie Twigley avec ses grands principes et idéaux mais qui n’étaient pas mieux que n’importe quel homme.

Ce qu’il allait faire aujourd’hui serait probablement catégorisé d’une inutilité grandissante et c’était bien possible. Cependant Jamie ne pouvait pas continuer comme ça, il devait faire quelque chose pour régler cette situation au plus vite, sinon ça n’allait faire qu’empirer, rendant sa vie misérable et surtout invivable. Il voulait pouvoir à nouveau regarder Andrew dans les yeux, pouvoir le voir sans repenser systématiquement à ce baiser qui n'aurait pas dû être. Pour arriver à ce résultat, le journaliste comptait aller s’excuser auprès du cuisinier. Il se couvrirait derrière des agissements qu’il ne se souvenait pas avoir eu mais dans le doute, il préférait s’excuser, alors que son cerveau assimilait ses excuses à celles qu’il aurait pu faire pour cet acte de trahison. Oui, il y allait peut-être un peu fort, mais c’était ainsi qu’il le ressentait. Andrew n’avait absolument aucune idée de ce qu’il avait fait et c’était tant mieux ainsi. En tout cas, il avait décidé de le chercher pour s’excuser de son comportement lors du dîner. Il d’abord tenter chez Granny, mais il n’y était pas. Bon. Alors chez lui.

Jamie fit le chemin vers l’immeuble d’Andrew à pied. Ce n’était pas si loin de chez Granny que ça et ça lui permettrait de se remettre un peu les idées en place avant de voir Andrew pour de bon. Il marcha, le pas vif et déterminé. Il se devait de garder cette attitude ; s’il laissait ne serait-ce que l’once d’une hésitation prendre place dans son esprit, il était sûr de faire demi-tour et de rentrer chez lui pour faire…il ne savait trop quoi, probablement travailler sur un prochain article. Pour l’instant, il avait réussi à arriver à la rue où se trouvait l’immeuble du cuisinier, c’était déjà ça. Pas après pas, il avançait vers l’immeuble, puis l’appartement d’Andrew. Finalement arrivé à destination, il sonna à la porte, priant à la fois pour que le jeune homme soit là et en même temps qu’il soit absent. Absurde, n’est-ce pas ?

Voilà, il s'était confié à Paige. Son cercle d'amis, très fermé, commençait à être au courant de cette histoire à propos de Julianne. Ce n'était plus un secret pour personne... enfin, presque personne. Ces derniers temps, Andrew n'était plus aux petits soins pour sa fiancée. Il avait d'autres préoccupations, d'autres envies que de passer du temps en sa présence. Fallait-il blâmer Julianne ? Non. Andrew était celui qui s'éloignait. Il commençait à regretter d'avoir demandé sa main, de lui avoir fait croire qu'ils auraient un avenir ensemble. Le pire dans cette histoire, c'est que le jeune homme ne savait même plus quelles avaient été ses motivations lorsqu'il avait fait ce choix. Bien qu'il ait été amoureux d'elle, Andrew n'arrivait pas à comprendre comment il en était arrivé là. C'était comme s'il avait sommeillé durant des années. Il avait l'impression d'avoir été dans un brouillard jusqu'à ce que Jamie n'entre dans sa vie. Là, il s'était enfin réveillé et avait réalisé que sa vie n'avait aucun sens auparavant. Des sentiments nouveaux étaient apparus et Andrew ne pouvait plus le nier. Il n'en avait plus envie.

Paige le fit sourire, même rire, lorsqu'elle termina sa phrase. Elle voyait donc Andrew comme un prince charmant très rare à débusquer car il savait cuisiner. Les hommes sachant préparer des plats étaient-ils si peu nombreux ? Le jeune cuisinier tapota la main de Paige, la remerciant pour ce petit compliment. Cependant, Paige pensait que Julianne ne se rendait pas compte qu'elle laissait filer un bon fiancé. Andrew dut compléter son histoire pour que sa jeune amie comprenne ce qui n'allait pas dans son couple. « Tu sais, c'est moi le fautif. Je commence à m'ennuyer avec Julianne. J'ai été amoureux d'elle mais ce sentiment n'a pas duré. Il commence à disparaître et je ne sais pas si je dois le retenir ou le laisser s'envoler à tout jamais. » Il soupira et haussa les épaules. Il n'allait pas mentir. Il ajouta même que la vie d'un enfant était beaucoup plus simple, en tout cas le concernant. Plus jeune, il était si libre de faire ce dont-il avait envie. Aujourd'hui, c'était comme si une force invisible le poussait à agir.

Paige donna son avis sur la remarque d'Andrew. Pour elle, à dix ans, la vie était aussi assez compliquée. L'histoire du cuisinier ne lui donna pas envie de grandir, ce qui était compréhensible. Les adultes préservaient tellement l'innocence des enfants qu'une fois devenue adultes, la majorité d'entre eux tombaient de bien haut. Enfant, on désire devenir pompier, vétérinaire, célèbre... et lorsque l'âge adulte arrive, plus rien n'est aussi simple. On commence à douter et l'avenir paraît moins clair. « Alors, profite de ta vie d'enfant. Tu as encore le temps de grandir... » Sa phrase fut coupée par des coups à la porte. Pourvu que ce ne soit pas Julianne. Elle tomberait bien mal, surtout avec la discussion actuelle. « J'espère ne pas avoir à user de l'expression "quand on parle du loup", » dit Andrew avec humour, en référence à leur précédent débat.

Il se déplaça donc à travers la pièce et ouvrit la porte. Surprise, surprise, c'était Jamie. Andrew affichait un air surpris. Depuis leur dîner, une semaine auparavant, le journaliste n'avait pas donné de nouvelle. « Jamie, salut... euh, entre. » Il n'allait quand même pas le laisser sur le palier, même pour lui demander la raison de sa venue. Ah oui et il avait une invitée, autant donner des explications supplémentaires. « Hum, je suis en plein goûter avec Paige, tu dois la connaître. » Il se tourna vers sa jeune amie, tout sourire, avant de porter son attention sur Jamie. « Tu veux du thé ? Café ? Biscuits ? » Andrew attaquait déjà son invité surprise avec boissons et pâtisseries. Il n'était pas sûr que le journaliste ait le temps de s'installer et ne savait pas encore pourquoi il était ici, ce qu'il avait à lui demander, mais qu'importe. La politesse avant tout.

Paige ne pu s'empêcher de se sentir un petit peu fière de réussir à arracher un rire et un beau sourire à Andrew alors que la discussion tournait sur des sujets on ne peut plus fâcheux. Cependant la confession du jeune homme effaça aussitôt ce sentiment bien puéril. C'était lui le fautif. Comme si il y avait réellement un genre de responsable pour ces choses là. C'était déjà sûrement assez difficile d'avouer que les sentiments n'étaient plus là sans en prendre la responsabilité. Paige serra doucement la main d'Andrew, espérant faire passer un peu de soutient dans ce geste anodin. Elle était peut être petite, elle savait qu'être celui disait au revoir n'était pas forcément la meilleure des positions. De toute façon, il n'y avait pas de bonnes positions dans cette situation. Elle réfléchit un instant, mais les seules phrases qui lui venaient à la tête étaient celles qu'elle avait déjà entendu à la télévision, dans les feuilletons qui passaient l'après-midi et que sa mère regardait tout en cuisinant. Pourtant elles sonnaient drôlement justes en ce moment même. « Je pense qu'il vaut mieux dire au revoir à quelque chose tant qu'on peut en conserver de beaux souvenirs plutôt que de chercher à le retenir à tout prix, quitte à rendre ce qui était heureux triste et compliqué. »

Elle relâcha doucement la main de l'adulte, consciente que c'était assez bizarre de l'entendre parler des choses de l'amour alors qu'elle était bien loin de s'y connaitre et n'avait jamais eu un seul petit ami. Mais elle avait le sentiment que cette phrase pouvait s'appliquer à bien des choses : l'humain avait tendance à tout vouloir posséder et conserver, même ce que son coeur ne désirait pas franchement. La discussion dériva sur les bienfaits de l'enfance et la petite fille eut un grand sourire face au conseil du cuisinier. Comme si elle allait laissé filer son enfance son en profiter ! « Oui, chef ! Avec plaisir, chef ! » Des coups frappés à la porte la coupèrent dans son élan pour s'emparer d'un cookie et elle tourna la tête vers l'entrée avec surprise. Andrew attendait-il de la visite ? Elle lui jeta un rapide coup d'oeil alors qu'il se levait pour aller ouvrir et en conclut que non, il n'attendait personne. Ils auraient donc un visiteur surprise pour leur petit goûter ? Chouette alors ! Rien de mieux pour pimenter un peu l'après-midi.

Tout sourire suite à la remarque de son tonton Andrew -franchement, les expressions courantes étaient toutes plus étranges les unes que les autres : sérieusement, un loup ?- elle se redressa un eu sur le fauteuil pour apercevoir le nouvel arrivant alors que la porte s'ouvrait. Grand, la trentaine, le visage fin et l'air hésitant se présentait un parfait inconnu pour la petite écolière. Ce qui était assez surprenant quand on connaissait le nombre d'habitants à Storybrooke. Pourtant l'homme ne semblait pas du tout inconnu d'Andrew qui lui proposa vite d'entrer, la présenta et lui offrit de se joindre à eux. Comme le parfait gentleman qu'il était. Paige posa la tasse de thé sur la table basse et se leva avec un petit sourire pour les politesses d'usage. « Enchantée de faire votre connaissance, Monsieur Jamie. » Et voilà. Ses parents n'auraient jamais à dire qu'ils avaient totalement raté son éducation. Elle se rassit, le sourire toujours aux lèvres, avec l'espoir de faire un peu plus connaissance avec l'adulte. Et oui, Paige avait grand nombre d'amis qui étaient loin d'avoir son âge et ne demandait rien de moins que de s'en faire un nouveau. « Oh oui ! Venez donc prendre le goûter avec nous ! Tonton Andrew fait vraiment les meilleures pâtisseries de la ville ! »

Quand Andrew ouvrit la porte, ce fut un soulagement. Au moins il ne s’était pas dégonflé et en plus le cuisinier était là, ce qui signifiait qu’il n’avait pas fait le chemin jusqu’ici pour rien. Un sourire apparut aussitôt sur le visage de Jamie. C’était vraiment incontrôlable en présence de l’autre homme. Il avait envie de sourire en permanence (et sincèrement, il n’était pas sûr qu’ils lui donnent tous l’air intelligent). Andrew était surpris de le voir là, ce qui se comprenait vu qu’il débarquait totalement à l’improviste. D’un coup, le journaliste sentit son hésitation revenir à vitesse grand V. Et s’il tombait mal ? C’était plus que possible après tout. Il n’avait même pas été sûr qu’Andrew soit chez lui quand il s’était décidé à venir le voir pour mettre les choses aux claires après ce dîner. Alors si ça se trouvait, il était occupé, ou bien allait sortir, ou avec quelqu’un…Julianne peut-être ? Jamie hésitait à trouver une excuse bidon pour expliquer qu’il soit là et repartir aussi sec.

Cependant il entra et fut confirmé dans une hypothèse, Andrew recevait quelqu’un. Cependant ce n’était personne à qui le journaliste s’attendait. C’était une enfant, Paige. Le cuisinier avait fait entrer Jamie chez lui, ce qui était aussi ce qui faisait hésiter ce dernier à partir. S’il ne voulait ou pouvait pas le voir, il ne lui aurait pas proposé d’entrer, enfin c’était ce qu’il se disait. Il fut confirmé dans son idée qu’il n’était pas recalé à l’entrée quand Andrew enchaina en lui proposant des gâteaux. Malgré tout, il hésitait à rester. Ce dont il voulait parler avec le cuisinier n’avait pas à tomber dans les oreilles d’une enfant, ni même de quelqu’un d’autre, adulte ou non. Mais la fillette était adorable, parfaitement élevée (il souligna cependant le "Tonton Andrew" d’un sourcil interrogateur haussé, une lueur amusée dans le regard) et…Qui semblait contente de voir quelqu’un d’autre joindre leur petit goûter. Alors il céda.

"Enchanté Paige. Eh bien, puisque que c’est proposé si gentiment et que vous semblez vouloir que je reste, je reste. Tu peux m’appeler Jamie d’ailleurs. Le « Monsieur » sonne horriblement vieux." Annonça-t-il d’un ton amusé et le regard rieur.

Enfin, ce ne fut pas que pour les beaux yeux de Paige qu’il accepta, c’était aussi parce qu’il était content de pouvoir passer un peu de temps avec Andrew, bien qu’ils ne soient pas seuls. Jamie laissa donc son manteau sur le porte-manteau et fit quelques pas dans la pièce principale, préférant attendre que le cuisinier s’asseye avant de faire de même.

"Je vais me laisser tenter par un café je crois."

Il faillit rajouter qu’il n’avait pas exactement bien dormi la nuit de la veille, mais il ne voulait pas qu’on lui pose des questions sur le pourquoi, d’une part et en plus inquiéter les gens inutilement. Alors il opta pour tourner son attention vers la fillette qu’il ne connaissait pas vraiment à vrai dire ; il l’avait déjà vu passé, mais sans plus. Sauf qu’il ne savait pas des masses quoi lui dire…Jamie n’avait jamais été très proche des enfants.

Sujet: Re: Tea Time ! ~ Paige (Bonus : Jamie)