Une folie qui prend le contrôle ▬ Declan

Introduction

Époque du sujet : Actuelle
Date du sujet : Début Mars
Ordre de passage des participants : elwyn -declan

Les mois avaient passé, marquant petit à petit le visage d’Elwyn. Il avait pris du muscle, aussi incroyable que cela puisse paraitre. Ses cheveux avaient poussé, malgré les tentatives d’Annah pour qu’elle les lui coupe. Son regard, déjà bien sombre avant que le sort ne soit lancé, échappait une dureté gagnée au cours des dernières semaines, mélangé à un éclat de fragilité, représentatif de cette ligne invisible que l’ainé Orpwood tentait de suivre pour retrouve son cadet. Mais rien n’était ressorti de leurs recherches. Il s’était fait des compagnons, certes. Il y avait eu Brennan, Moïra, et ce sorcier cinglé du nom d’Alistair. Elwyn avait gagné des alliés de poids, qui se révélaient être des compagnons de route inestimable. Avec la montée en pouvoir des ogres, le danger que refermait la Forêt Enchanté avait accru de manière exponentiel et l’ancien boulanger ne comptait plus le nombre de fois qu’il avait échappé de justesse à la mort. Il avait appris à se battre, à tirer à l’arc aussi. Il avait gagné quelques blessures, quelques cicatrices. Il avait gagné du désespoir qui assombrissait son cœur, au fil des jours, où, à chaque fois, il revenait bredouille d’une prétendue piste.

Elwyn s’était retrouvé avec le besoin d’être seul, quand la colère envers lui-même grondait de trop, qu’une envie de planter sa dague dans le cœur de Regina se faisait trop forte. Il y avait tant de personnes qui étaient portées disparues. Snow, Charming, Ruby… Il s’efforça de ne pas penser à William, se dirigeant vers le petit marché dans la ville de fortune qu’il avait rejoint. Les gens tentaient de reconstruire leurs vies. Il était vrai que sans la vilaine sorcière, la situation était devenu plus facile pour certains. Pour Elwyn, c’était inconcevable. Il ne pouvait pas abandonner son petit frère et n’accepterait jamais l’idée qu’il soit mort. William ne pouvait pas mourir aussi simplement, sans qu’il ne décide correctement de sa destinée. Il était si jeune, avait passé ses 21 ans depuis peu de temps. Non. Le brun ne pourrait jamais accepter d’abandonner sa seule famille, que ça le tue, jour après jour, mais il n’abandonnerait pas.

Elwyn s’arrêta devant une échoppe qui vendait des denrées alimentaires et il troqua quelques prises attrapées au collet contre du pain et un peu de fromage. Le ciel, déjà bien gris, commença à faire tomber la pluie. D’abord de fines gouttelettes éparses, ce fut bientôt une intempérie conséquent qui leur tomba sur la tête. Elwyn, sans échapper de juron, rabattu le capuchon de sa vieille cape sur sa tête, protégeant par la même occasion le sac en bandoulière où se trouvait les vivres qu’il venait d’échanger. Il jugea qu’il était temps de rejoindre ses compagnons, avant de finir tremper jusqu’aux os et avec une vilaine fièvre, ce qui ne ferait que les ralentir pour plusieurs jours. C’est là qu’il rentra dans un individu. Il le rattrapa par le poignet, pour éviter qu’il ne tombe – oui, Elwyn avait également gagné en réflexes-. « Pardonnez-m. » Il s’arrêta, reconnaissant parfaitement la personne en face de lui. « Toi. » Il aurait pu y avoir de la surprise, s’il ne se souvenait pas que ce Declan avait tenté de se faire passer pour un oncle, bien avant que tout ceci n’arrive. Ainsi, ce fut plus un élan de colère froide qui modela ses cordes vocales, pour faire comprendre à ce prétendu membre de la famille, qu’il n’était pas une agréable surprise.

Attendre. Ce mot là était devenu bien familier aux oreilles de Declan. Même s'il avait passé les vingt-huit dernières années endormi, le sorcier commençait à trouver le temps long dans le monde des contes. Depuis presque six mois maintenant, il était en quête de retrouver le monde où Regina Mills avait envoyé une bonne partie des habitants. Pour se faire, Declan s'était allié à Cora, la mère de celle qui avait osé lancé le sort noir. L'équipe de la redoutable sorcière commençait peu à peu à s'agrandir mais la solution n'était pas encore trouvée. Il leur fallait un moyen d'ouvrir le portail qui les mènerait dans ce mystérieux monde dépourvu de magie. Declan se fichait bien de quitter le monde des contes, pensant à sa famille avant tout. Sa sœur, Mallory, devait retrouver son époux et un de ses fils qui avaient été emporté par le sort. Le sorcier n'avait donc pas hésité à la suivre dans cette mission personnelle. Par le passé, il avait déjà tenté de l'aider en se rapprochant de ses fils, sans succès. Ceux-ci avaient été victime d'un sort de mémoire lancé par Eirian, une sorcière vengeresse qui avait volé le bonheur de Mallory. Ils ne se souvenaient plus de leur véritable mère ni de leurs oncles.

Declan savait que l'un de ses neveux était encore ici. Elwyn s'était allié à quelques rebelles qui fuyaient autant les ogres que Cora. Une mauvaise équipe, selon le sorcier. Declan avait besoin de le rallier à lui et de lui faire entendre raison. Il ne pouvait pas le brusquer à cause du sort et des effets que pouvait avoir celui-ci sur l'esprit de son neveu. Alors, le sorcier restait dans l'ombre, surveillant les moindres faits et gestes d'Elwyn pour connaître ses habitudes. Il devait parvenir à approcher le jeune homme et surtout gagner sa confiance. Declan n'avait absolument rien contre lui mais son apparence, sa façon d'être, pouvait rendre sceptique. Le sorcier n'était pas réputé pour avoir un sourire d'ange, au contraire, celui-ci lui donnait un air plutôt angoissant. Lorsque l'on croise Declan, on sait immédiatement à qui l'on a affaire. Son caractère se lit sur son visage, dans ses traits, dans ses manières.

Aujourd'hui, le sorcier avait décidé de suivre Elwyn. Il l'avait repéré sur un marché qui s'était installé depuis peu. Les habitants profitaient de l'absence des ogres pour s'affairer à la vente et à l'échange de vivres. Declan restait loin de son neveu, l'observant avec attention. Il pouvait voir que celui-ci n'était plus aussi en forme que lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois, un an avant que le sort ne soit lancé. Elwyn échangea quelques vivres alors que la pluie tombait de plus en plus fort. Declan avait toujours son regard posé sur lui lorsqu'il fut bousculé de toutes parts. Il perdit alors la trace de son neveu et n'hésita pas à lancer quelques jurons. Il décida donc de partir lorsqu'une nouvelle personne entra en collision avec lui. Celle-ci s'excusa aussitôt alors que Declan leva les yeux. Elwyn le reconnu aussitôt et ne semblait pas franchement ravi de lui tomber dessus. Le sorcier eut un sourire malgré tout et arrangea sa cape qui tombait sur ses épaules. « Elwyn... comme on se retrouve. » Les gens se pressaient autour d'eux pour se mettre à l'abri alors que Declan demeurait bien calme. Il se fichait de la pluie qui lui trempait la tête et le visage. Son regard ne lâcha pas Elwyn un instant. Il devait trouver un moyen de le retenir et de lui parler. « Puis-je t'offrir un verre ? » Declan lança cette invitation comme si de rien était. Après tout, pourquoi perdrait-il son temps à s'expliquer en vitesse ? Il n'avait absolument rien à se reprocher dans son attitude passée, lorsqu'il avait tenté de dire la vérité à Elwyn sur son compte. Le sorcier comptait bien recommencer, autant qu'il pouvait le faire.

Les souvenirs avaient fusés. Elwyn revoyait sa première rencontre avec Declan, qui voulait se faire passer pour un membre de sa famille, un prétendu oncle, qu’il n’avait jamais eu. Sa mère et son père, disparus, personne n’était venu les aider. Aucune famille, aucun ami. Les enfants Orpwood devinrent les orphelins Orpwood et Elwyn apprit à se débrouiller seul, sans l’aide d’un lien de sang. Alors, quand cet inconnu était un jour apparu, le boulanger, à l’époque, ne l’avait pas cru, et ne le croirait toujours pas. Elwyn se méfiait de Declan comme la peste. Il savait que c’était un sorcier et ce genre d’individus le révulsaient, parce que c’était une sorcière qui était à l’origine de la malédiction. Elwyn faisait le raccourcit bien bête de tous les mettre dans le même panier, mais il ne pouvait pas s’accorder le luxe de l’erreur. Il lâcha le poignet de Declan, comme si il était recouvert d’un quelconque poison, reculant par la même occasion de plusieurs pas, pour imposer une distance de sécurité entre eux.

Declan n’avait jamais démontré le moindre signe de menace envers Elwyn, mais il se méfiait de lui comme la peste, c’était viral, chaque fibre de son corps lui criant de se méfier de l’homme, de l’évier si possible. Quel malheur qu’il soit entré en collision avec elle. Le hasard, en partie, faisait bien les choses. Certes. Mais depuis que le sort était lancé, Elwyn ne s’était jamais posé la question de ce qu’était advenu de cet homme. Il n’y avait jamais repensé, pour tout dire. Ainsi, quand Declan l’invita à prendre un verre, Elwyn secoua brièvement la tête, présentant la meilleure réponse qu’il soit. « Pourquoi voudrais-je boire un verre avec toi ? » Oh, il y avait une poignée de raisons qui auraient présenté un certain poids, en temps normal. Mais pour Declan, Elwyn se sentait le cœur de se présenter de mauvaise foi. Il trouvait cela étrange, que le sorcier ne soit pas pris dans la malédiction de Regina, trouvait cela dommage même. Peut-être était-ce mieux ainsi, qu’il soit en compagnie de l’ainé Orpwood plutôt qu’avec William.

Elwyn se gratta la nuque, sa main se posant sur la dague à sa ceinture. L’arme serait peu efficace contre le prétendu oncle, pourtant, le geste le rassura. Le brun ne quitta pas le nouveau venu du regard, malgré les mouvements de la foule pour se protéger de l’intempérie, des marchands qui protégeaient leurs produits de la pluie. C’était comme si tout était figé autour du boulanger, tout ne tournant plus qu’autour de Declan. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Eh oui, il ne serait pas chose aisée de gagner la confiance d’Elwyn. Pas après tout ce qu’il avait vécu et et traversé.

La réponse négative d'Elwyn n'étonna guère le sorcier qui se mit à rire, amusé par le ton qu'employait son neveu pour s'adresser à lui. C'était bien un Orpwood, tout aussi impétueux. Declan avait connu le père d'Elwyn et ne put s'empêcher de comparer les deux hommes. Il se souvenait très clairement de l'attitude de Denton envers la magie, les sorciers et surtout envers Declan. Ce dernier n'avait pas su s'attirer la sympathie de l'époux de sa sœur et tout comme Elwyn en ce moment-même, il s'était méfié. Declan se devait de trouver un moyen d'attiser la curiosité de son neveu. Il ne lâcha pas son regard, n'abandonna pas son sourire. Il se montrait autant accueillant qu'inquiétant. Elwyn avait bien une part de Weathers en lui. Declan devait trouver son point faible. On ne piège un Weathers que par les sentiments - comme tout autre être humain, en fait.

Le regard de Declan descendit vers la main de son neveu qui se posa sur une dague. Un grand sourire s'étira sur le visage du sorcier. Ainsi, Elwyn se méfiait de lui au point de penser qu'il aurait à se servir d'une arme ? Les yeux de Declan remontèrent vers ceux de son neveu lorsqu'il s'adressa à lui de nouveau. Il voulait savoir ce que le sorcier lui voulait, ce qui eut pour effet de faire naître un nouveau sourire sur les lèvres de l'homme en question. « Disons que j'ai quelques informations qui pourraient t'intéresser. » Cette réponse sembla vague mais Declan fit exprès de ne pas continuer sur sa lancée. Il attendit quelques secondes puis repris la petite discussion. « William a été emporté par la malédiction n'est-ce pas ? » Là, peut-être qu'il pourrait attirer l'attention du jeune Elwyn. Son petit frère devait forcément lui manquer, sinon pourquoi se serai-il allié à un sorcier guérisseur et guerriers ?

Declan conservait son sourire. Il avait l'air étrangement serein pour un type qui cherchait désespérément un moyen de se rendre dans le monde sans magie. « Je sais dans quel monde il se trouve et je sais aussi comment s'y rendre. » À moitié vrai. Declan savait bien quel genre de monde avait choisi Regina pour sa nouvelle vie et savait comment ouvrir un portail. Cependant, il ne savait pas où se situait son autre neveu exactement et ne savait pas où trouver de quoi ouvrir la porte vers cet autre monde. Au moins, il connaissait quelques propriétés capables de faire fonctionner l'ouverture d'un portail. Seulement, pour se faire, il lui fallait un haricot magique.

Declan avait mis dans le mille. Elwyn n’aurait jamais espéré entendre des mots aussi clairs sur la destinée réservée à son frère. Quand le prétendu oncle évoqua William, l’ancien boulanger fronça un peu plus les sourcils, avant qu’une lueur étrange ne passe dans son regard. Certes, il devait se méfier du sorcier, l’éviter comme la peste qu’il trainait derrière lui. Mais voilà, il agitait sous le nez du Orpwood la seule raison de son existence actuelle. Son petit frère. Alors, même si sa logique lui disait le contraire, il resta. Sans se détendre, il se montra néanmoins moins méfiant, une hésitation sur ses traits. Si jamais Declan lui racontait des mensonges, Elwyn tomberait dans le piège. Il ne pouvait prendre le risque de se détourner du sorcier. Car si ce dont il voulait parler s’avérait être juste, Elwyn faisait un pas en avant inestimable.

Elwyn aurait pu s’inquiéter, de savoir comment Declan était au courant de la disparition de son frère. Peut-être avait-il simplement parlé au hasard. Après tout, qui n’avait pas disparu dans ce monde ? Mais il s’en moquait, trop attiré par le savoir qu’avait Declan et qu’il révèlerait bientôt à Elwyn. Ainsi le brun hocha la tête à l’interrogation du plus âgé, interrogation qui n’en était pas une, mais soit. L’espoir renaissait. Ce n’était qu’une autre piste, comme les autres. Il en avait tant suivi, retournant la Forêt Enchantée dans un sens et dans l’autre, malgré les ogres, malgré Cora qui se plaisait à faire régner un vent de terreur, à présent que sa fille était disparue. L’information que lui délivrerait Declan pourrait très bien le mener dans un cul de sac. Mais au moins, cela ferait un lieu à ne pas chercher. Une autre piste nulle, qui le détruirait un peu plus de l’intérieur.

Un autre monde. L’idée ne plaisait pas à l’ainé Orpwood. Car lui, humain fait de chair et de sang, n’avait aucun moyen de se rendre dans un autre monde. Il ne maniait pas la magie, n’avait aucun haricot magique non plus. Et encore, de ce qu’il avait entendu, ce n’était pas certain que le haricot vous mène là où vous le vouliez. C’était comme sauter dans un tunnel de lapin et suivre à l’aveuglette des traces. Mais bon, savoir où chercher était déjà un avantage énorme. Cela signifiait ne plus vadrouiller sur ces terres dans l’espoir de trouver son frère qui n’y était pas, puisqu’il se trouvait ailleurs.

Declan savait parfaitement qui était William, pour Elwyn. Il maniait le suspense avec facilité. « Parle donc ! N’ajoute pas plus à ton mystère. » Cela aurait le don de réduire la patience d’Elwyn en poudre. Il était toujours hors de question qu’il suive Declan boire un verre. La pluie lui allait parfaitement. Elle lui permettait de garder pied dans cette réalité, de ne pas sourire, le frisson du froid gelant sa peau. Effleurer la possibilité de retrouver William ravivait toujours cette flamme, avant qu’elle ne soit étouffée par le poids cruel de cette malédiction lancée.

En ayant lancé le sujet sur Elwyn, Declan savait parfaitement qu'il aurait réussi à attirer toute son attention. Il jaugea attentivement son neveu de bas en haut puis accrocha une nouvelle fois son regard. Un homme passa entre eux deux et Declan en profita pour disparaître, comme par enchantement. En réalité, il ne se trouvait pas très loin de lui et commença à pénétrer dans la forêt, se mettre à l'abri de la pluie grâce aux feuillages des arbres. Quelques gouttes tombèrent quand même sur son visage déjà ruisselant d'eau, lui donnant de légers frissons par moment. Il aurait bien aimé être auprès du feu, paisiblement installé, une choppe de bière à la main. À la place, il devait marcher à travers la forêt enchanté, dans le froid et la pluie pour parvenir à ses fins.

Elwyn avait été difficile à retrouver. Leur collision n'avait été qu'un pur hasard et Declan devait remercier le destin pour avoir pu échanger deux mots à son neveu et ainsi tenter de le manipuler en parlant de William et en disparaissant dans la forêt pour l'attirer. Il ne savait pas si son plan allait marcher. Peut-être que Elwyn retournerait auprès de son clan. Mais qu'importe son choix, Declan ferait tout pour continuer leur discussion. Il devait bien parvenir à éclairer son neveu au sujet du nouveau monde afin que ce dernier retrouve William. Cependant, un danger persistait là-bas. Eirian n'avait peut-être plus de pouvoir dans cet autre monde mais elle avait Denton. Il ne se souvenait ni de ses fils, ni de sa véritable femme. Sans magie, impossible de raviver sa mémoire.

D'après Cora, s'ils parvenaient à trouver un portail, ils amèneraient certainement la magie avec eux. Declan voulait la croire et Mallory gardait un infime espoir pour que ces rumeurs soient vraies. Elle voulait retrouver ses fils et surtout Denton, malgré que leur vie n'allait plus jamais être comme avant maintenant qu'elle était devenue une sorcière. Declan, lui, pensait que c'était une bonne chose. Être sorcier avait ses avantages, comme ses inconvénients. Les avantages étaient cependant indispensables pour éviter de se faire marcher sur les pieds. Declan en savait quelque chose.

Une fois qu'il fut assez loin de la lisière, le sorcier prit place sur un tronc d'arbre couché et sortit une pomme de sa poche avant d'y mordre dedans à pleine dents. Il se mit même à se parler à lui-même, à défaut d'avoir quelqu'un à qui causer. « Allez, viens Elwyn. Je vais pas attendre ici toute la journée... ou peut-être bien que si. » Il soupira ensuite, continuant sa pomme en chantonnant. Declan comptait rester dans la forêt jusqu'à un certain temps et s'éclipserait au moment venu. Quitte à devoir chercher Elwyn toute la soirée, il le ferait.

Elwyn ne lâchait pas Declan du regard. Jusqu’à ce qu’un individu tout ce qu’il y a de plus banale, passa entre eux. L’ancien boulanger cligna des yeux. Et l’instant d’après, le sorcier n’était plus là. Le brun se remit à froncer les sourcils, tournant la tête à gauche, à droite, pour trouver une trace de Declan. Il n’y avait pas eu de nuage aux couleurs peu naturelles, donc il en déduisit que le prétendu oncle n’avait pas fuis grâce à la magie. Il lui restait toujours la possibilité de l’attraper. Voyons, cet homme n’avait pu fuir bien loin. Et Elwyn devait le retrouver. Declan était sa seule piste tangible pour retrouver William. Il ne laisserait pas le sorcier filer aussi facilement. Il regretta de ne pas avoir Annah en sa compagnie, car elle aurait retrouvé le sorcier en moins de temps qu’il ne lui en faudrait jamais. Cependant, dans le mouvement des passants restant, Elwyn reconnu Declan, de loin, et se mit à sa poursuite aussitôt, bousculant deux badauds au passage, sans s’excuser.

Elwyn pénétra dans la forêt, le feuillage épais de la cime des arbres ralentissant nettement la chute des gouttes de pluie. Il dut s’enfoncer un peu plus dans les bois, repérant les traces du passage de Declan. Sa mâchoire se serra, se demandait quel jeu ce sorcier de pacotille pouvait bien jouer actuellement ? L’ainé Orpwood se sentit moins en sécurité, éloigné d’autres individus. Ici, ils étaient à l’abris des regards indiscrets, certes. Et quelque part, Elwyn était d’autant plus exposé à Declan. Il passa une main dans sa nuque, arrivant finalement devant le noiraud, qui s’était posé sur un tronc d’arbre, comme si de rien n’était. « A quoi joues-tu ? Tu voulais te taper une balade dans les bois, fallait le dire. » D’un geste sec, Elwyn enleva le capuchon de sa tête, sa protection n’était plus nécessaire. Il secoua un peu la tête, chassant quelques gouttes d’eau.

Elwyn dévisagea l’homme un peu plus âgé. Ce n’était simplement pas possible qu’il soit son oncle. Declan était trop jeune pour ça. Et même s’il était un sorcier qui avait un moyen de paraitre plus jeune, dans ce cas, l’ancien boulanger voulait encore moins être affilié à Declan. Mais il n’avait pas le choix. La promesse d’informations sur le lieu où se trouvait William – et surement le reste de la Forêt Enchantée qui s’était volatilisée, bien que ceci intéresse moindrement Elwyn – surplombait la révulsion qu’Elwyn pouvait avoir envers cet individu. Il s’approcha de Declan, le dominant de toute sa hauteur, sans douter une seule seconde qu’il soit vraiment impressionnant aux yeux du sorcier. « Est-ce que tu vas consentir à me dire ce que tu sais où tu vas encore disparaitre ? Je n’ai pas beaucoup de patience. Tu ferais mieux de parler. » Elwyn agissait en enfant égoïste. Il n’avait aucun droit de demander ce genre d’information. Mais quand il était question de son petit frère, il perdait toute notion de gentillesse et autre. Autant aller droit au but. Cependant, au moment où il déversait ses paroles, il eut la mauvaise impression que son prétendu oncle demanderait quelque chose en compensation. Et il pinça les lèvres à cette idée.

En attendant, Declan se trouva quelques occupations. La contemplation d'un arbre tout jeune, celle d'un renard qui fuyait la pluie, celle d'un lapin qui fit de même, et pour finir, des gouttes d'eau qui glissaient le long d'une lierre. Enfin, après quelques longues minutes, Elwyn apparut. Declan posa les yeux sur lui alors que ce dernier avançait rapidement. C'était amusant de le voir le suivre comme un petit toutou ayant flairé l'odeur d'un os. Mais c'était le but, après tout. Sans tout ce mystère, Declan n'aurait jamais réussi à avoir plus de deux minutes en compagnie de son neveu. D'ailleurs, celui-ci lança une remarque sarcastique qui ne manqua pas de faire rire Declan. Qu'est-ce qu'il pouvait ressembler à sa véritable famille. À son âge, le sorcier était tout aussi désinvolte. Cette attitude n'était pas tellement un défaut, puisqu'elle permettait à ceux qui l'utilisait de ne pas se laisser marcher sur les pieds. Declan fut donc plutôt fier d'Elwyn. S'il aurait eu affaire à un jeune garçon naïf et hésitant, le sorcier aurait eu beaucoup de travail à faire pour renforcer son caractère. Là, Elwyn avait bien du sang de Weathers dans ses veines, c'était indéniable.

Il observa chaque gestes de son neveu jusqu'à ce que celui-ci soit assez prêt pour que Declan soit forcé de lever les yeux. Il mordit à nouveau dans sa pomme alors qu'Elwyn lui demandait des informations sur son frère. Le sorcier avait assez joué mais ne comptait pas donner de réponses à son neveu aussi vite. « L'impatience, ça me connait. » Il eut un sourire et jeta son trognon de pomme vers l'arrière. « Mais je ne vais pas être compatissant pour autant. Tout a un prix, je crois que tu le sais. » Declan se leva sur ses jambes et laissa son regard plongés dans les yeux d'Elwyn. Il n'était qu'à quelques centimètres de lui et pouvait distinguer les traits de son visage. « Tu ressembles à ton frère... » Il fit un pas sur le coté et se mit à marcher, lentement. Elwyn ressemblait aussi beaucoup à Mallory. Malheureusement, Declan ne pourrait pas lui en faire part. « J'aimerai conclure un marché avec toi. Je sais, je ne suis pas Rumplestiltskin, » dit-il en mimant la gestuelle du ténébreux, « mais j'ai envie de m'assurer que je peux délivrer mes informations sans avoir à le regretter par la suite. » Il tourna autour de son neveu, jugeant du regard sa façon de se tenir, ses tics, sa façon d'être. Declan voulait voir ce que le jeune homme tenait de sa famille. « En échange de mes informations, j'aimerai que tu m'accordes un moment pour te parler plus... sérieusement. » Declan s'arrêta de marcher, faisant de nouveau face à son neveu. « Alors ? »

Elwyn détaillait Declan. Tout a un prix. Il plissa les yeux. Cette logique qu’adoptait tout sorcier. Il y avait toujours une raison au mouvement d’un être comme son prétendu oncle. C’est là qu’il s’inquiéta. Qu’est-ce que pouvait bien avoir à faire Declan de lui révéler où se trouvait William et le moyen d’y avoir accès ? Elwyn n’était certainement pas le plus qualifié pour se rendre dans un autre monde, loin de là. Alors, qu’est-ce que ce noiraud pouvait bien lui trouver ? Quand Declan se releva, l’ancien boulanger recula d’un pas brusquement. Ce n’était pas de la peur. C’était cette méfiance devenue froide dans ses veines, alors qu’il cherchait une logique au comportement de son comparse, sans en trouver une.

Elwyn serra les poings à la notion de son frère. Bien entendu qu’il ressemblait à William, ils avaient le même sang qui coulait dans leurs veines. Mais ce n’est pas ça qui lui fit serrer ses mains. Ce fut la désinvolture avec laquelle Declan le dit, qui fit naitre l’envie de lui écraser le poing dans sa figure, même s’il doutait de l’atteindre vraiment. Il se ressaisit, principalement parce que Declan se mit à tourner autour de lui tel un vautour étudiant sa proie. C’est ce qu’il avait l’impression d’être, l’ainé Orpwood. Un simple jouet dans les mains du sorcier. Il n’aimait pas ça, oh non. Cependant, il n’avait pas le choix et il se fit violence pour ne pas planter Declan là.

William était en jeu. Elwyn devait se contenir. Il écouta attentivement la proposition de l’homme, fronçant à nouveau les sourcils. Ce n’était pas une grande compensation que lui demandait Declan. Un peu de son temps, il pourrait le donner au sorcier. Il eut un geste de désinvolture avec ses mains. « Très bien. Tu l’as. Je t’écoute. » Et connaitre cette douce sensation de se planter sur les crocs, logés dans la gueule du loup. Elwyn ne savait pas à quoi s’attendre. Aurait-il droit à un interrogatoire ? Il n’avait pas promis de répondre aux questions de Declan, ni de ne pas le frapper une fois, ou deux – parce que cette idée restait logée dans le coin de son cerveau, ancrée comme une tique-.

Elwyn maintenu le contact visuel avec ce faux membre de la famille, sans sourciller. Puis il se recula, prenant la place que Declan avait précédemment occupée sur le tronc d’arbre, les coudes posés sur ses jambes. « Tu as toute mon attention, alors parle. » Elwyn ne comptait plus les sacrifices qu’il avait faits pour se rapprocher de la position de son petit frère. Ce qu’il s’apprêtait à vivre serait surement dans le palmers de ce qu’il aurait bien éviter. Mais voilà, quand il était question de William, plus rien d’autre ne comptait. Elwyn devait le retrouver, et il le retrouverait. Qu’importe le prix. Qu’importe les faux oncles cinglés et dotés de magie.

Enfin une bonne nouvelle. Declan ne put cacher la joie qu'il ressentit lorsque Elwyn accepta son offre. Son sourire s'étirait jusqu'à ses oreilles. « Tu as fais le bon choix... » Il garda le contact visuel avec son neveu jusqu'à ce que ce dernier s'installe à sa précédente place, sur le tronc d'arbre. Elwyn avait envie que le sorcier respecte sa part du marché et le rappela rapidement à l'ordre pour qu'il parle. Declan s'appuya contre un arbre et croisa ses bras. « Tu sais de quoi sont capables les sorciers, je me trompe ? » Le sorcier appuya sa question en soulevant les sourcils. Il se doutait bien que si le jeune Orpwood se méfiait autant de lui, c'était à cause de son père. Declan se déplaça lentement, se détachant de l'arbre sur lequel il s'était appuyé. Ce n'était pas le genre d'homme à rester figé durant de longues secondes, il avait besoin de marcher. « Ton père a disparu durant neuf ans, lorsque tu étais encore un jeune garçon. Denton Orpwood... » Dire son nom prouvait que oui, Declan le connaissait bien. « Mais savais-tu qu'il était revenu un an avant que la malédiction ne frappe le royaume ? » Le sorcier avança près de son neveu dans l'espoir d'avoir toute son attention. Il voulait lui prouver qu'il en savait trop pour ne pas être qu'un simple inconnu, même en étant un sorcier.

« Et il s'est installé dans le royaume voisin, avec ta chère mère. » Il était possible de sentir une pointe de sarcasme dans la fin de phrase de Declan. Il détestait Eirian et ne le cachait pas. Tant pis si Elwyn se vexait en pensant que sa soit-disant mère n'était pas appréciée. « Ils ne sont même pas venus vous voir, vous retrouver. » De nouveau, Declan changea de place, faisant les cent pas devant le jeune Orpwood. « Tu te méfies de moi parce que je suis un sorcier, mais sache que ta... mère est une sorcière, elle aussi. » Normalement, Declan ne devait pas être aussi franc avec Elwyn. Le sort qu'avait lancé Eirian avait embrouillé son esprit et il était extrêmement difficile de faire entendre raison à quelqu'un sous l'effet d'un maléfice. Seulement voilà, Declan parlait sous l'effet de la colère, animé par une rage intérieure qui envenimait ses paroles. Sa voix était de plus en plus sombre et la veine de son front, de sa nuque, commençaient à être visibles. « Tu veux retrouver William ? Alors tu devrais d'abord te poser des questions sur la sorcellerie. Je parie que tu as déjà été attirée par elle, n'est-ce pas ? » C'était également dans le sang des Weathers. Quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils décident, la magie semblaient les poursuivre.

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