Le calme après la tempête - Ouvert à qui veut

De ce qu'elle pouvait en juger par la quantité de nourriture qui commençait à s'amonceler ici, Jamie semblait être quelqu'un d'apprécié ou alors était-ce simplement le gens de cette ville qui avait une fâcheuse manie avec la nourriture ? Mary Margaret elle aussi avait tendance à cuisiner pour un oui ou pour un non, surtout quand elle était énervée ou au choix, amoureuse. Mais bon, ne voulant pas non plus débarquer comme un cheveu sur la soupe, sachant bien que rien ne l'y forçait cependant, elle avait fait un rapide détour par la boutique de l'hôpital mais peut-être qu'elle repartirait avec quelques cupcakes elle aussi au final, vu la multitude de petits gâteaux qui se trouvaient là -et dont elle était à vrai dire assez friande elle-même, mais chut faut pas le dire, dès fois que ça donnerait des idées à Regina...- Mais encore une fois, Emma était ici en qualité de sheriff et rien d'autre. Elle connaissait certes Jamie de vue, mais de là à dire quoi que ce soit de plus sur son compte outre son nom et son métier -et son attirance pour Andrew-, ça serait trop lui en demander. Même si à l'avenir, il était dorénavant certain qu'elle voudrait en apprendre plus sur lui si d'aventure tout ceci finissait par se transformer en une réelle relation. Mais tout ça n'était encore que du domaine de la pure fiction pour le moment alors revenons-en à nos moutons. Entrant dans la chambre, la jeune femme y trouvait l'ébéniste de la ville, Sven Raines et la fraîchement débarquée nouvelle habitante de la ville et journaliste de son état, Eleanor Williams. Sa présence à elle ne la fit pas particulièrement tiquer, ils étaient collègues après tout et elle voulait sûrement s'intégrer au mieux dans son nouveau boulot, autant faire en sorte d'être gentille avec lui d'emblée. Sven, par contre, elle devait admettre que sa présence l'intriguait, voilà peut-être pourquoi au fond elle n'allait pas lui demander de sortir lui aussi après que Jamie ait poliment donné congé à l'autre jeune femme blonde se trouvant dans la pièce avec eux.

« Miss Williams, bonne journée à vous. » finit-elle par lui répondre après qu'elle l'eut salué avant de partir pour de bon de la chambre. Une fois la porte refermée et après un rapide coup d'oeil en direction de Sven qui n'avait visiblement aucune intention de bouger de là, elle reporta son attention vers le principal intéressé de toute cette affaire. Prendre des gants serait la chose à faire en de telles circonstances, pas vrai ? Mais même si elle allait y mettre les formes, Emma n'allait pas passer par quatre chemins pour savoir le fin mot de cette histoire. Elle n'était pas là pour jouer aux devinettes, elle devait résoudre l'affaire et clore ce dossier. Ce qui s'avérerait sans doute bien plus facile à dire qu'à faire... « Pouvons-nous commencer alors ? Je suppose que la présence de Mister Raines ne vous importune pas plus que ça puisque vous ne l'avez pas congédier lui aussi. » Oui, Emme était peut-être blonde mais elle était loin d'être bête. Elle savait tirer les conclusions qui s'imposaient d'elles-même -sauf peut-être quand cela concernait la malédiction et les faits étranges se produisant de plus en plus en ville ces temps-ci. Trop cartésienne peut-être notre sheriff ou trop désillusionnée, au choix-. Elle sortit un petit carnet de note de la poche intérieur de sa veste et en tira aussi un stylo. « Bien, commençons alors. Que pouvez vous me dire de ce qui c'est passé entre vous, votre femme et Andrew O'Cullighan lors de cette fusillade Mister Twigley ? » Autant entrer d'emblée dans le vif du sujet pas vrai ? Elle avait déjà quelques éléments de bases sur lesquels se baser et voir si Jamie racontait la vérité ou pas, mais surtout elle voulait tâcher de comprendre comment tout ça en été arrivé là, étant plus ou moins au courant pour sa part de ce qui pouvait se tramer entre le jeune cuisiner et le journaliste. Pas qu'elle soit offusquée par tout ça, mais qu'une fusillade survienne dans le processus, là, elle n'était pas vraiment enchantée.

La carte de visite atterrit dans sa main et Jamie remercia Eleanor du regard, avec un sourire aux lèvres. Puis elle partit, le laissant seul face aux personnes à qui il devrait répondre de ses actes. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas avoir à parler de cela, mais il le devait. Pour le coup, Jamie se sentait d’une lâcheté sans nom. Il aurait voulu s’enterrer sous les draps de l’hôpital et ne plus en sortir avant d’être sûr de pouvoir fuir sans risquer de s’évanouir de douleur ou par manque de sang parcourant ses veines. La porte finit de se refermer et ce fut comme le son d’une cloche sonnant la fin du sursis. Il avait lui-même mis fin à ce sursis, alors qu’il aurait pu laisser Eleanor rester encore un peu, repousser cette rencontre à plus tard, comme l’avait suggéré Emma, mais non. Une part de lui voulait que tout cela se termine vite, pour pouvoir retourner à sa vie, une vie qu’il devrait totalement reconstruire puisque les quelques repères qu’il lui avait explosé au visage. Il devrait trouver un nouveau logement, faire les démarches nécessaires pour divorcer de Vera, tenter de reprendre une vie sociale sous les regards inquisiteurs des habitants de la ville.

Jamie repoussa le plateau attaché au lit qui supportait les restes de son petit déjeuner. Il n’avait plus franchement faim. Il allait devoir se replonger dans les évènements d’hier soir et il ne pouvait s’empêcher de sentir une humiliation sans nom le parcourir. Ils ne pouvaient pas savoir ce qu’il s’était dit et ils ne le sauraient jamais si tout allait bien. Il avait déjà tout un discours prêt dans sa tête. Un qui expliquerait la vérité factuelle. Ils n’avaient pas besoin de savoir la vérité des sentiments, des envies, des rêves qui avaient provoqué ce drame. Ca, c’était son problème, à lui et lui seul. Malgré tout ça, il avait la gorge serrée. Replonger dans les évènements de la veille le rendait aussi inapte à la réflexion qu’un nouveau-né. Il hocha la tête pour signifier que oui, Sven pouvait rester pendant l’interrogatoire.

"C’est lui qui nous a trouvé. Dans la forêt." Annonça-t-il d’une voix blanche.

Jamie observa du coin de l’œil Emma sortir un carnet et un stylo, mais tout ce que ces yeux voyaient vraiment pour le moment, c’était ce coin de carnet – ce maudit carnet – qui dépassait du sac. Il ne regarda même pas la Shériff alors qu’elle posait sa première question et il ne la regarda pas plus quand il commença son petit discours pré-fait, d’une voix calme mais mécanique, si mécanique…

"Ma femme, Vera, a pensé que j’avais une liaison avec Andrew. Elle est de nature jalouse et le fait que je passe de plus en plus de temps avec lui n’a pas dû lui plaire. Je ne sais pas pourquoi elle s’est imaginé cette histoire de liaison. Elle…" sa voix se fit faible, blanche, alors que la peur, viscérale, qu’il avait ressenti pour Andrew en découvrant que sa femme manigançait quelque chose revenait faisant déraillé sa voix de son ton mécanique si propre et clair "Elle a voulu s’en prendre à lui. Elle s’en est prise à lui. Je. Je l’ai su grâce à Granny. Quand je suis arrivé, elle…allait…tirer…sur...lui" il omettait un grand nombre de détails, mais ne serait-ce que se rappeler du regard déterminé à blesser, non, tuer, de Vera lui glaça le sang et il dut faire de grands efforts pour ne pas penser qu’il était passé à presque rien de perdre Andrew, pour retenir les larmes qui menaçaient déjà de s’échapper "Je n’ai pas réfléchi. Je voulais…Eviter ça. Tout ça. La suite est assez clair je pense…"

Sa respiration était devenue difficile, la douleur dans son épaule se réveillait doucement mais il n’en faisait pas cas. Il s’en fichait bien à vrai dire. Tout ce qu’il espérait c’est que son discours, bien que brouillon, ait suffit à Emma et qu’elle allait s’en aller, emmenant Sven avec lui. Il n’était pas en état de répondre à ses questions. Il y répondrait, mais pas aujourd’hui, pas à l’hôpital surtout. Pas là où il avait passé tellement de temps pour venir voir sa femme, où il avait officiellement rencontré Andrew. Là où toute cette histoire avait commencée…

Revenir sur des événements tragiques n'était jamais quelque chose d'agréable et ça pour personne. Emma le savait elle-même d'expérience, comme à chaque fois qu'elle repensait à ce qui lui était arrivé avec Neal à l'époque. Mais bon, même si elle avait de la sympathie pour le journaliste -en dépit de son boulot-, elle se devait de faire le tri dans toute cette histoire, puisque c'était son boulot à elle. Pas de place pour les sentiments pour le moment, elle voulait les faits. Même si quelque chose lui disait qu'elle devrait creuser cette affaire plus avant pour en connaître les réels tenants et aboutissants. Quitte à ce que cela se révèle être un frein à son amitié avec le jeune cuisinier. Emma nota donc dans son carnet que Sven avait été celui qui avait retrouvé les trois protagonistes principaux sur les lieux de l'incident. Il pourrait donc rester pour l'interrogatoire, elle pourrait ainsi guetter du coin de l’œil ses réactions. Elle attendait donc que Jamie lui donne sa version des faits, du déroulement des événements, notant le tout sur son carnet, bien loin d'imaginer que la vue de son carnet pouvait évoquer de tels sentiments chez le journaliste puisque toute cette affaire était en vérité partie d'un carnet plus ou moins similaire.

Elle écoutait donc le récit que lui exposait le journaliste, évoquant la jalousie de sa femme, des théories fumeuses -ou pas- de cette dernière quant à une éventuelle liaison entre les deux hommes et comment cela s'était malheureusement résolu par un acte désespéré de la part de la jeune femme. Une affaire de "crime" passionnel. A Storybrooke. Comme quoi, ça pouvait bien arriver partout au final, même dans une aussi petite ville où tout et tout le monde semblait bien sous tout rapport, en apparence. Mais elle commençait sérieusement à se dire que tout ça n'était bel et bien qu'une apparence. Elle se doutait aussi qu'il était pénible et difficile pour le journaliste d'en reparler, mais même si elle avait voulu le ménager, il aurait du finir par parler quand même, autant faire ça le plus tôt possible pour en finir de même. « Je ne remets pas en cause vos actions Mister Twigley, j'ai juste besoin de comprendre ce qui a pu se passer. C'était très courageux de votre part de vous interposer. Vous avez sans doute éviter que cette affaire ne se finisse vraiment mal. » Et elle le pensait, on voyait bien à son regard et à son ton qu'elle était quelque part reconnaissante au jeune homme de l'avoir fait, au nom d'Andrew. « Mister Raines, qu'avez-vous vu quand vous êtes arrivés sur place ? Madame Twigley était-elle encore sur les lieux et en possession de l'arme ? » demanda-t-elle alors à l'ébéniste. Si déjà il était là lui aussi et puisqu'elle devrait l'interroger lui aussi, étant témoin de la scène, autant faire d'une pierre deux coups, pas vrai ?

Sven avait de la peine pour Eleanor. Ce n’était jamais agréable de se faire mettre à la porte, qu’importe la quantité de politesse qu’on imprégnait à l’invitation. Mais c’était mieux comme ça. Ce qui sera dit dans les minutes à venir n’avait pas besoin d’oreille étrangère. La rumeur courrait assez vite, autant ne pas la nourrir dans l’immédiat. Il la regarda partir, restant assis dans son siège, alors qu’il observait l’interrogatoire commencer. S’il écouta miss Swan, il ne cessa de regarder Jamie. Parce qu’il était là, avant tout, pour lui, pour avoir des réponses à ses interrogations de la veille. Pour savoir pourquoi Andrew avait paru aussi déboussolée, perdu, quand Jamie baignait dans son sang. Pour savoir pourquoi il n’avait plus tant sa place en face de son frère. Pourquoi, hier, il s’était senti de trop, comme si les deux hommes auraient préféré que le monde s’arrêtât sur cette note presque funeste. Bref, il y avait trop de détails dérangeants dans cette affaire, Sven devait y apporter une clarté qui lui manquait cruellement actuellement.

Je ne sais pas pourquoi elle s’est imaginé cette histoire de liaison. Parce que ça y ressemblait vachement ? Même le premier imbécile venu, comme Sven, sentait qu’il y avait quelque chose qui clochait, que Jamie cachait un détail important. La première discussion que Sven avait eu à propos de l’inconnu d’Andrew, des mois auparavant, lui revint en mémoire. Si le cuisinier s’était épris d’un homme, il était évident qu’il préférait le cacher. D’autant plus que si les deux hommes en question étaient unis par une bague à deux femmes. Sven posa son coude sur l’accoudoir, logeant son menton dans la paume de sa main, les pièces de sa réflexions se mettait petit à petit en place, résolvant lentement le puzzle de toute cette affaire. Ils se connaissaient, Jamie venait de l’avouer, alors qu’un mois auparavant, il avait menti ouvertement à Sven. Bon, il avait juste dit que Jamie et Andrew n’étaient pas amis. Mais l’histoire qui s’était déroulée à Storybrooke et qui avait amené le journaliste à l’hôpital n’était pas qu’une histoire d’amitié. L’ébéniste connaissait assez bien Vera pour savoir qu’elle ne réagirait pas aussi excessivement pour une simple histoire d’amitié.

Ce qui était évident, c’était que toute cette histoire avait bouleversé Jamie. Qu’en était-il d’Andrew ? Sven irait défoncer la porte de son frère après sa visite, promis. Pour le moment, miss Swan était en train de lui parler, ce qui eut le don de lui faire couper le contact visuel avec Jamie pour se tourner vers la blonde. Sven avait les traits toujours fermés, ses yeux normalement brillants étaient ici un peu plus sombres à chaque révélation qui tombait. Il passa une main dans ses cheveux, soupirant un moment, récoltant les souvenirs de la veille, sans qu’il n’ait besoin de les chercher longtemps : tout était encore bien vif dans sa mémoire. « J’ai d’abord entendu Andrew qui hurlait au secours. » Il fit une pause. « J’ai vu Vera en premier. Elle était assise, l’air complètement déboussolée, comme les deux autres. Elle avait lâché l’arme, si je me souviens bien, mais elle était à ses pieds. Andrew n’a pas eu le réflexe d’apporter les premiers secours à Jamie » Il se tourna vers Jamie. « il était trop affolé. » Au journaliste de saisir le sous-entendu. Sven se retourna vers le shérif. Il sera l’arête de son nez. « C’est moi qui ai appelé l’ambulance et le reste. La suite vous le connaissez. » Sven n’était pas dupe, il découvrirait ce qui se tramait entre Andrew et Jamie, il saurait pourquoi il avait été élucidé à coup de mensonges, ceux-là même qui continuaient encore maintenant.

"C'était très courageux de votre part de vous interposer"…Bien maigre consolation que voilà. Jamie était à l’hôpital à cause d’une balle dans son épaule, Andrew…Andrew il n’ne savait rien pour tout dire. Il l’avait bien entendu lui parler, l’avait entendu hurler au secours. Mais il serait bien incapable de dire l’état dans lequel il se trouvait par la suite et maintenant. Il ne l’avait pas revu depuis. Pourvu qu’il aille bien. C’était tout ce qu’il souhaitait. Bon sang, lui qui avait voulu protéger Andrew par tous les moyens, voilà que sa stupidité – qui semblait chronique sincèrement – avait réussi à lui faire mal et possiblement à plusieurs niveau. Rien que le traumatisme d’assister à une scène pareille, sans compter tout ce que Vera avait pu faire comme dégâts de son cru. Jamie ne se pardonnerait jamais d’avoir été aussi imprudent avec ce carnet et d’avoir donné à sa femme autant de moyens de blesser la seule personne qu’elle n’aurait jamais due blesser. Pour le coup, s’il n’était pas lui-même aussi mal en point aussi bien physiquement que mentalement, il serait allé dire deux mots à sa femme, des mots plutôt violents. Pas tant parce qu’elle se serait faite des idées, mais simplement parce qu’elle s’en était prise à Andrew. Point final. Avec tout ça, il manqua même le ton, sincèrement emplis de gratitude d’Emma.

Le changement de personne interrogée lui fit le plus grand bien et il se permit même de se couper un peu de la conversation. Il voulait plus que jamais se retrouvé seul maintenant. Pour être tout à fait honnête, il aurait voulu avoir un endroit loin de tout où il aurait pu dormir et ruminer toute cette histoire en paix, sans personne pour venir lui asséner sans cesse des questions. Sans personne pour le juger, lui et ses actions, ses écrits. Sauf qu’il était bloqué à Storybrooke, et qu’il devait subir les questions d’Emma, puis viendraient certainement celles de Sven, qui lui offrait déjà un regard qui voulait tout dire. Jamie avait relevé la tête vers l’ébéniste quand ce dernier prononça le nom d’Andrew. Il fronça les sourcils, comme pour faire comprendre à l’autre homme que oui, il avait compris le message mais que c’était tout sauf le moment de chercher des réponses. Il les lui donnerait ses réponses, mais il devrait attendre un peu. Juste le temps que Jamie se trouve un coin où il pourrait le recevoir sans risquer de se faire entendre par trop d’oreilles indiscrètes.

"Avez-vous d’autres questions Sheriff Swan ? Les médecins m’ont prescrit du repos et je commence à comprendre pourquoi, malgré un café."

Une petite touche d’humour, très légère, juste de quoi rassurer sur le fait que non, il n’allait pas s’effondrer au premier mots un peu trop proche de la vérité, mais que oui, cet entretien était terminé pour aujourd’hui. Un regard d’à peine une seconde pour lui faire comprendre qu’il incluait Sven dans son invitation à quitter la pièce. Il voulait rester seul. Il voulait se reposer, dans ce sommeil induit par la morphine qui courait dans ses veines afin de calmer la douleur, même s’il savait au fond de lui qu’il ne dormirait pas. Il ne pourrait plus jamais dormir aussi sereinement qu’avant. Son sourire désolé était sincère ; il aurait vraiment voulu continuer à répondre au Shériff, puis peut-être répondre à Sven. Mais pas ici, pas maintenant.

Sven voulait des réponses. Réponses qu’il n’aurait pas aujourd’hui, vraisemblablement. Plus il avançait dans sa déclaration, plus il sentait que Jamie décrochait. Il n’aurait pas dû lui en vouloir. Après tout, le pauvre homme ne venait-il pas de se prendre une balle dans l’épaule ? C’était parfaitement normal de ne pas se sentir en forme après un tel évènement. Mais Sven suspectait Jamie de se réfugier dans cet état de faiblesse pour ne pas répondre à l’attente de l’ébéniste. C’est pour cette raison qu’il le fixait droit dans les yeux, un air sévère dans ses prunelles d’ambre. Il n’était pas dupe. Il se moquait bien de devenir le bourreau après avoir joué le rôle du sauveur. Sven n’était pas fait pour aider les gens, surtout quand ceux-ci se jouaient de lui dans son dos. C’était plus fort que lui, de douter. De Jamie. De Vera. D’Andrew. Autant cette constatation lui faisait de la peine, Sven ne pouvait passer à côté. Il y avait cette rancune qui avait pris place dans son cœur et elle ne serait pas aisée à extraire.

Ainsi le message implicite du journaliste fut facile à comprendre et sans une autre parole de plus, Sven se leva de son siège, calmement. « Repose-toi alors. Tu en auras besoin. » Sous-entendu, il n’en avait pas fini avec Twigley. C’était tout le contraire. Les explications entre eux n’avaient pas encore commencé. Quand ce serait le cas, eh bien, il faudrait prier pour que Sven garde son calme. Il adressa un bref signe de tête à Jamie, dans la plus pure des politesses avant de se diriger vers la sortie, s’arrêtant néanmoins devant le shérif. « Miss Swan, bonne journée. J’imagine que cette affaire est loin d’être terminée. Si vous avez d’autres questions, vous savez où me trouver. » Pour lui, il était passé le temps où il répondrait calmement aux questions. Le peu de patience qu’il avait accumulé au long de sa nuit s’était tout doucement égrainée. Et ce n’était pas encore fini pour lui. Il avait en tête d’aller au seul endroit où il pourrait trouver des réponses : chez Andrew. Sven espérait qu’il n’avait pas fermé la porte, parce que, avec l’humeur massacrante qu’il avait, il serait capable de la défoncer. Il ne savait pas dans quelle histoire ces deux-là s’étaient fourrés. Ce dont il était sûr, c’est que c’était l’heure des coups de pied au cul pour que les choses bougent.

Emma notait avec beaucoup de soin tout ce qu'elle pouvait récolter comme informations venant de la part des deux hommes présents dans la pièce avec elle, certes parce que c'était son job avant tout mais surtout parce qu'elle voulait connaître le fin mot de l'histoire, comme Sven très probablement -chose légitime puisqu'il s'était retrouvé sans doute malgré-lui témoin de toute l'affaire-. Mais elle savait aussi quel lien unissait les deux hommes et à plus grande échelle, le lien unissant les trois hommes. Certes, Emma n'était pas là depuis bien longtemps mais elle avait tout de même pu nouer une certaine amitié avec le jeune cuisinier du Granny's Dinner alors il était clair qu'elle obtiendrait des réponses de tous les protagonistes de cette affaire, quoi qu'il arrive, quitte à froisser certains. Elle n'était après tout pas connue pour faire forcément dans la dentelle. Mais oui, elle avait été sincère quand elle avait dit à Jamie qu'il lui avait fallu du courage pour faire ce qu'il avait fait, même si c'était en vérité un acte un peu stupide en soi, de servir de bouclier humain. Mais ça ne faisait que confirmer son idée sur la personnalité du journaliste. Il était un homme bon, en dépit de son boulot. Et quelque chose se tramait entre lui et Andrew, à présent elle en était persuadée. Et comme Sven, elle n'arrêterait pas de chercher des réponses tant qu'elle ne les auraient pas eues.

Mais pour l'heure, elle n'allait pas faire le forcing vis-à-vis du blessé, se faire tirer dessus ça n'était pas rien et de toute façon, elle voyait bien qu'elle n'obtiendrait pas grand chose de plus pour le moment, ce temps là elle le consacrerait à aller refaire un tour sur les lieu pour corroborer les versions des témoignages qu'elle avait recuillit jusqu'à présent et peut-être, appellerait-elle Andrew pour prendre de ses nouvelles, ou à défaut de lui parler, de lui dire qu'elle était là en cas de besoin. « J'en ai encore mais je les poseraient plus tard. Il ne faut pas sous-estimer les vertus du repos après une blessure par balle, alors reposez-vous Mister Twigley, nous reprendrons ça un autre jour. » dit-elle en refermant son carnet, le rangeant dans sa veste avec son stylo. « Bonne journée à vous aussi Mister Caine. Merci de votre coopération et si j'ai des questions, je n’hésiterais pas. Mais si quelque chose vous revient, vous non plus n'hésitez pas à m'appeler. » répliqua le sheriff, inclinant la tête vers Jamie puis vers Sven après que ce dernier et elle ne finissent par se séparer dans le couloir. Oh ça oui, toute cette histoire était bien loin d'être terminée pour sûr.

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