Introduction © Époque du sujet : Flash-back Date du sujet : Un 20 Mars, deux ans avant la malédiction Ordre de passage des participants : William (Andrew) - Matthew (Jamie)

William venait d'être engagé pour un nouveau mariage. Son travail consistait à faire la cuisine ainsi que le service auprès des invités. Et bien-sûr, seules les riches familles pouvaient se payer ce luxe. William ne refusait jamais une occasion de devenir cuisinier et serveur pour les grandes occasions. Non seulement il voyageait un peu à travers les royaumes du monde des contes mais en plus, il visitait les plus belles et les plus grandes demeures. À chaque fois, il se plaisait à s'imaginer y vivre et n'hésitait pas à faire le tour du propriétaire alors que les hôtes et leurs invités étaient occupés à festoyer. Mais le jeune Orpwood ne faisait pas que visiter les lieux et profitait de chaque occasion pour se remplir les poches. Elwyn n'était pas le seul à pouvoir rapporter l'argent dans leur foyer.

Aujourd'hui, c'est dans la famille Aylward que William devait préparer le repas. Il ne connaissait cette famille que de réputation. À ce qu'il avait entendu dire, le père comptait marier tous ses fils, les uns après les autres. Si le cuisinier arrivait à impressionner les organisateurs, alors peut-être pourrait-il être demandé pour les prochaines occasions. En tout cas, il comptait bien s'appliquer à cette nouvelle tâche et faire un petit repérage, au cas où. William se rendait souvent dans un coin du marché où un homme rachetait tous les objets luxueux. Il y avait également le ténébreux, qui échangeait certaines babioles contre des fils d'or. Cependant, Rumplestiltskin ne lui avait rien demandé cette-fois ci. William allait donc faire des récoltes pour lui-même et son frère.

Première étape, rencontrer les organisateurs. Jamais la famille. Ceux-ci se fichaient bien de qui préparait quoi, tant que personne ne tentait de les empoisonner. Ensuite, seconde étape, se rendre en cuisine et s'affairer à la tâche. William n'avait pas de temps à perdre pour se familiariser avec les cuisines. Beaucoup d'hommes avaient été employés pour cuisiner et la plupart d'entre eux faisaient également le service. Le jeune Orpwood essaya de détendre l'atmosphère en discutant avec certains de ses coéquipiers mais le chef cuistot n'était pas de cet avis. Troisième et dernière étape : servir les repas.

Un grand buffet était disposé dans la salle afin que les invités puissent se servir librement sans avoir de serveurs derrière leurs chaises à longueur de soirée. William prit place derrière quelques entrées et attendit sagement que les premiers invités arrivent à lui. Alors qu'il servait une dame qui changeait souvent d'avis - ce qui l'exaspéra vite - le serveur remarqua quelqu'un qui attira son attention. Il n'écoutait même plus la vieille dame qui lui indiquait de mettre quatre crevettes dans son assiette et fixait cet homme durant un long moment. Finalement, l'invitée arracha l'assiette des mains de William pour se servir elle-même. Le jeune homme retint un rire et commença à servir de nouvelles personnes. Cependant, à cause de cette vieille dame, il avait perdu de vue le charmant invité. C'est alors qu'on lui demanda de faire le service des coupes de champagnes et de vin. On lui fourra un plateau sur le bras avant de le pousser légèrement vers les invités. Sympathique les organisateurs.

William fit donc le serveur au milieu de la grande salle. En fait, à dire vrai, il se fichait bien de servir les invités. Il était à la recherche de son fameux coup de cœur de la soirée. William ignorait que cet homme était le frère du marié, mais qu'importe. Lorsqu'il le vit enfin, leurs regards se croisèrent. Le cuisinier n'hésita pas à lancer un sourire et son regard changea. William était du genre à jouer avec ses proies. Ses petits yeux laissèrent donc transparaître de la malice et il se fichait bien que sa cible soit un homme, tout comme lui. Le jeune Orpwood n'en serait pas à son premier flirt avec un homme. Il avait fait même beaucoup plus que de lancer de simples regards à d'autres garçons, mais passons.

Ce fut ainsi durant un long moment. Des échanges de regards, des sourires - de la part de William en tout cas - et des jeux de cache-cache avec l'invité. Le jeune Orpwood aimait bien s'amusait à disparaitre en cuisine de temps en temps pour ensuite réapparaître après quelques minutes et voir la réaction du charmant jeune homme. C'était un jeu auquel il dut mettre malheureusement fin lorsque le bal commença à démarrer. Les serveurs étaient priés de se rendre en cuisine ou d'aller prendre une pause à l'extérieur, en attendant que les desserts soient servis. Mais William n'était pas comme les autres. Au lieu d'aller se terrer dans un coin, il décida de visiter un peu les lieux. En bon voleur qu'il était, le jeune homme avait des excuses toutes prêtes si jamais quelqu'un le prenait en train de vagabonder dans les appartements de la famille Aylward.

Après avoir ouvert la porte d'une salle de bain et de ce qui semblait être une chambre vide de décorations, William poussa une nouvelle porte et tomba dans une pièce qui lui sembla forte intéressante. Il entra et lança un regard sur tous les objets présent. Après avoir soigneusement refermé la porte derrière lui, le jeune homme fit quelques pas vers une statuette en porcelaine et s'en saisie. Il n'allait pas la voler, ce serait assez difficile de glisser un tel objet dans sa poche, mais la représentation lui plaisait assez. C'était un cavalier sur un cheval cabré. Soudain, la porte s'ouvrit et William déposa la statuette, se tournant lentement avec une idée toute réfléchie pour justifier sa présence ici.

Elwyn et William avaient appris à voler depuis qu'ils avaient été forcés de vivre par leurs propres moyens, alors qu'ils étaient de jeunes enfants. Aujourd'hui encore, malgré leur travail de boulanger et de cuisiniers-serveurs à certaines occasions, ils continuaient à dérober de précieux objets pour récolter des fils d'or et les vendre aux plus offrants. Pourtant, ils ne vivaient pas dans le luxe, loin de là. La vie était bien chère et les frères Orpwood ne pouvaient pas souvent se permettre de tenir une semaine entière sans vivres. En volant aux riches, ils pouvaient être tranquille durant plusieurs jours. Les riches n'avaient pas à se soucier de savoir comment trouver de l'argent, alors qu'importe s'ils perdaient un peu de monnaie. Néanmoins, William n'avait pas souvent conscience qu'il pouvait voler un objet ayant une grande histoire pour son possesseur et que sa perte pouvait accompagner la tristesse. Lui-même ne s'était encore jamais attaché à un objet, sauf peut-être à ses livres. Il n'avait donc pas cette petite pensée qui pourrait lui titiller l'esprit et le faire culpabiliser. Tant que Elwyn mangeait à sa faim, c'était le principal - et ce dernier pensait sûrement pareil pour son jeune frère.

Les mariages aristocrates amusait toujours William. Il n'en avait pas fait beaucoup mais chaque fois, il arrivait à se faire une idée bien précise du type de personnes qui l'entourait. Attention, il n'était pas du genre à juger gratuitement en plaçant certaines personnes dans des paniers, non. William aimait bien analyser. Il n'avait que cette occupation, alors qu'il servait des plats ou des verres de champagnes et de vins. Son optique avait cependant changé lorsque ce mystérieux inconnu était apparu dans son champ de vision. Il aurait pu jouer avec lui toute la soirée et appréciait énormément le fait que les regards soient rendus. Personne ne les remarquaient et ils ne faisaient rien de mal. William n'était même pas sûr que ce type comprenne réellement à quoi il jouait avec lui. Pour le cuisinier d'occasion, ces regards étaient des regards intéressés. Il trouvait l'invité charmant, à son goût et ne pouvait s'empêcher de regarder ses yeux. William n'en connaissait pas la couleur - trop loin pour vraiment les voir - mais les savait clairs et les appréciaient déjà. Puis, le bal l'empêcha de continuer ses petits jeux, laissant le loisir aux invités de danser les uns avec les autres.

William avait donc fait sa petite visite jusqu'à ce qu'il entre dans ce qui semblait être un bureau. Un objet avait attiré son attention et il n'hésita pas à le saisir pour le contempler de plus près. Puis, la porte s'était ouverte et... surprise, le charmant invité se trouvait là. Cherchait-il une pièce où se rafraîchir ? Était-il perdu ? Non. Il venait d'entrer dans ses appartements. Ainsi, il faisait partie de la famille qui organisait la petite fête ? Peut-être était-il déjà marié. William jeta un rapide coup d’œil sur ses mains mais ne vit aucune alliance. Il offrit donc un sourire au mystérieux inconnu et balaya la pièce du regard. « Vos appartements ? Et bien, je vous plains si vous devez dormir sur votre bureau, ou par terre. Ce ne doit pas être très... confortable. » Aucun lit n'était visible, sûrement qu'il ne parlait pas d'une chambre. William voulait jouer et n'hésitait pas à taquiner l'inconnu sans réellement savoir à qui il avait affaire. « Mais, vu la grandeur de cette demeure, je dirais que je suis dans un de vos appartements ? » Oui, il avait sûrement plusieurs pièces à lui seul.

Non désireux de quitter la pièce tout de suite, William se tourna et observa de nouveaux objets. Il n'avait plus tellement envie de prendre quoi que ce soit ici. Voler un riche, oui, mais peut-être pas celui-ci. Le jeune Orpwood ne savait pas pourquoi ses motivations s'étaient envolées, sûrement pour les beaux yeux de cet homme. Enfin, il se tourna de nouveau vers lui. Il n'avait pas répondu à sa question et semblait ne pas être pressé de sortir. Il venait tout de même d'être pris la main dans le sac et pourtant, sa nonchalance se faisait ressentir. Sans gêne, il inspectait la pièce pour voir quel genre de personne était l'inconnu. La décoration, les objets, tout était susceptible de donner de précieuses informations. « Je m'ennuyais en bas, avec les autres serveurs.Ils n'ont vraiment aucune conversation... et aucun humour. » Véridique. William ne s'était jamais senti autant étranger aux autres que depuis qu'il avait mis les pieds dans les cuisines de cette grande battisse. « Et vous, pourquoi fuyez-vous le mariage de votre... frère ? » Simple déduction, d'après les dires sur la famille Aylward.

William appuya ses deux mains et son bassin contre le bureau, comme s'il avait été invité à rester, faisant face au Aylward dont-il ne savait pas le prénom. « Vous avez eu l'air de vous être ennuyé toute la soirée vous aussi. » En donnant cette information, le jeune Orpwood affirmait l'avoir observé durant tout le temps du repas. « Pourtant, le bal est la partie où les invités s'amusent le plus. » Il offrit un grand sourire à son inconnu et arrêta enfin de parler. C'est que William était un vrai moulin à paroles quand il s'y mettait.

Le regard de William ne quittèrent pas ceux du nouvel arrivant. Maintenant qu'il pouvait les voir de plus près, autant en profiter. Et il fut ravi de ne pas être mis à la porte rapidement. Alors, le jeune Orpwood ne changea pas sa position, observant attentivement le Aylward qui prenait place sur son fauteuil, face à lui. William trouvait la situation amusante et n'effaça pas son sourire niché sur ses lèvres. Il était là, avec son attitude nonchalante, comme si de rien était. Une personne extérieure aurait pu penser qu'ils s'étaient éclipser ensemble, comme deux bons vieux amis, pour parler loin du tumulte de la fête. Mais William ne connaissait pas du tout cet hôte qui le gardait dans ses appartements en répondait à ses questions. Ainsi, il avait fui pour ne pas être présenté à des femmes susceptibles d'être sa future épouse. En effet, mieux valait-il prendre ses jambes à son cou. William se trouvait bien chanceux de ne pas appartenir à cette classe sociale. Au moins, il était libre.

La suite de réponse du Aylward surpris William, qui ne sut comment prendre ses dernières paroles. Distrait ? Par lui ? Peut-être. En tout cas, l'homme afficha un sourire qui eut pour effet d’agrandir celui du jeune Orpwood. Leur petit jeu continuait, mais cette fois-ci, ils pouvaient discuter tout en se lançant ces fameux regards qui avaient animé leur soirée. La magie des mots aussi pouvait avoir son effet. Et William se fichait bien de flirter ouvertement avec un autre homme. Si l'autre entrait dans l'arène, pourquoi porter un masque ? Le jeune Orpwood avait cette fâcheuse manie de faire comme bon lui semblait, qu'importe les règles, qu'importe les principes auxquels l'être humain s'était habitué. Alors, même si le mystérieux Aylward se fichait de lui pour avoir osé jouer à un jeu de séduction, tant pis.

Ce dernier avait d'ailleurs envie que William réponde à ses interrogations. Le jeune Orpwood détacha ses mains du bureau et commença à observer les livres du Aylward de plus près. Il était curieux de voir le genre de lecture auxquelles il s’adonnait. C'était assez intéressant, d'ailleurs, d'en apprendre davantage sur les gens par de simples détails. « J'aime bien visiter. » Ce fut une très courte réponse. William laissa un peu le doute planer, prenant un livre en main pour jeter un œil sur le résumé de celui-ci. Lorsqu'il fut bien informé, il quitta le bouquin et se tourna vers Aylward. « Je suis très curieux. Mais je ne pensais pas tomber dans vos appartements. Un objet a attiré mon attention et je me suis laissé emporter par ma curiosité. »

Nullement gêné par cette question, William ne quitta pas la pièce. Il regardait tout ce qui était à portée de vue, y compris l'occupant des lieux. « On dit que votre père cherche à marier tous ses fils. Je vous souhaite bonne chance. » Un propos un peu déplacé, certes, mais William n'était pas du genre à tenir sa langue dans sa poche. « Je comprends pourquoi vous êtes venu vous réfugier ici. Moi non plus, je n'aurais pas aimé être présenté à des femmes que je ne connais même pas. » Il posa son regard sur Aylward et mit fin à son inspection des lieux. « L'amour, s'il existe vraiment, doit se mériter, selon moi. » Il haussa les épaules, pas tellement sûr que l'amour véritable dont certains parlaient soit réel. Elwyn avait bien rencontré Annah mais William n'avait aucune idée de ce que pouvait ressentir son grand-frère. Il n'avait même pas conscience de se retrouver en face d'un homme pour qui des sentiments naîtraient tôt ou tard. Actuellement, William était certes attiré par le Aylward, mais ce n'était que physique. Le visage de cet homme lui était agréable et il ne pouvait s'empêcher de le fixer.

Andrew écouta attentivement l'histoire qui se rattachée à la fameuse statue qu'il avait repéré. Étrangement, le jeune Orpwood s'intéressait au récit. Il se surprit même à sourire et lança un nouveau regard vers la statue. S'il aurait voulu la dérober, il ne le pouvait plus désormais. Connaître l'histoire d'un objet change parfois les perceptions que l'on a de celui-ci. William volait toujours les riches en essayant de ne pas penser à ce qu'un bien pouvait représenter pour son possesseur - ce qui n'était pas très difficile car le jeune Orpwood n'avait pas souvent conscience de l'importance que pouvait représenter un objet. La statue que gardait Aylward dans son bureau était un souvenir le reliant à un de ses frères. D'ailleurs, William en savait plus sur ce dernier que sur l'homme face à lui - qui l'intéressait beaucoup plus. « Vous devez être très fier de votre frère. » Il lui adressa un sourire bienveillant tout en l'observant ranger la statue. William était également fier de son propre frère et repensa brièvement à Elwyn. Il n'avait absolument pas le même style de vie que ceux des Aylward mais qu'importe.

William était bien curieux de connaître les raisons qui avaient poussé son charmant intérêt de la soirée à se réfugier ici. Bien-sûr, il avait obtenu quelques vagues informations et s'en amusait. Puis, le jeune Orpwood partit sur un chemin bien plus tortueux en osant se mêler de ce qui ne le regardait pas. Il aurait pu s'attendre à ce que le Aylward l'envoie balader mais ce ne fut pas le cas. En fait, le jeune homme répondit le plus sérieusement du monde avant de lancer une petite phrase qui eut le don de faire réagir le subconscient de William. Sans savoir pourquoi, il trouvait l'idée du fils Aylward ridicule. Il ne souriait même plus, comme s'il n'avait plus sa place dans la discussion, comme s'il avait été prié d'abandonner la partie concernant ce flirt subtil auquel il s'adonnait. Les histoires de mariages arrangés, ce n'était pas pour William. Et puis, il était dommage de voir un aussi charmant jeune homme dans les bras d'une femme à peine capable de le regarder ou pire, totalement folle de son argent et hypocrite au possible.

Aylward reprit vite la parole, donnant son point de vue sur le sujet qu'avait lancé William. L'amour. Le jeune Orpwood ne croyait pas en ce phénomène. Pour lui, ce n'était qu'éphémère. Il avait l'impression que l'amour accompagnait volontiers le malheur. Le pire dans cette histoire, c'est qu'il partageait inconsciemment l'avis d'un membre de sa famille qu'il avait oublié suite à un sort. Comme quoi, William était destiné à être pessimiste face à ce sentiment. Et il avait ses raisons. Il attendit donc que Aylward ait terminé de parler pour s'approcher de lui, décidé à jouer au philosophe tout en perpétuant le flirt qu'il avait entamé en début de soirée. « Donc, d'après ce que vous dites, l'amour peut tomber sur n'importe qui ? » Il avança encore et tentait de garder un contact visuel avec l'autre. « D'après vous, on peut avoir une considération soudaine pour une personne à laquelle on ne s'attendait pas ? » Devait-il continuer sur la voie de la provocation ? William avait envie de tester l'avis du Aylward. « D'après vous, on peu ressentir une attraction totalement irrationnelle qui nous éloigne des convenances ? » Il fut maintenant à moins d'un mètre de l'autre et accrochait son regard sans ciller. « Je me demande si vous croyez encore en ce sentiment lorsqu'il inclut deux personnes qui ne sont pas destinées - disons, à cause de certaines idéologies - à être ensemble. » Le jeune Orpwood parlait bien de deux hommes, ou deux femmes. L'amour, était-il encore impliqué dans cette affaire, d'après Aylward ? William en doutait un peu. Lui qui se fichait bien de qui partageait son lit se demandait quel était l'avis d'un homme élevé dans un milieu où tout était orchestré. Même si l'autre flirtait avec lui ce soir, le jeune Orpwood était intéressé de savoir si ce n'était qu'un jeu auquel Aylward participait pour tester son pouvoir de séduction ou s'il était réellement capable de se rebeller contre les conventions sociales pour profiter des plaisirs de la vie. Après tout, William ne connaissait pas l'autre, il ne pouvait pas juger ni se fier aux apparences. Il avait envie d'entendre ses opinions maintenant que la discussion était devenue plus sérieuse.

William fut surpris des premières paroles du Aylward, agréablement surpris. Son sourire reprit sa place initiale, son cœur battait comme jamais. Le petit jeu de séduction continuait et le jeune Orpwood détaillé les traits du visage de l'homme à quelques centimètres de lui. Ses lèvres attirèrent immédiatement l'attention de William, peut-être parce que celles-ci s'approchaient des siennes. Seulement, le destin ne sembla pas jouer en sa faveur. Une voix appela un certain Matthew au loin, mettant un terme aux intentions de Aylward. La porte fut soudainement le centre d'attention. La voix se rapprochait dangereusement et un homme n'allait pas tarder à entrer dans la pièce. William eut à peine le temps de comprendre qui était Matthew que ce dernier lui prit la main pour l'emmener au loin. La situation était assez amusante, voire excitante, pour le serveur qui n'avait peur de rien. Voir le Aylward se cacher de ce qui semblait être son père lui donna presque envie de rire. Ce n'était pas de la moquerie, au contraire. Cependant, William resta silencieux et attendit que Matthew décide de la suite des évènements. Ils étaient actuellement bloqués dans un passage secret, ce qui n'était pas tellement désagréable pour le jeune Orpwood. Finalement, le père de Matthew quitta le bureau. Le jeune Aylward n'entreprit pas de retourner dans la pièce précédente et demanda à William de le suivre.

Les évènements prenaient une drôle de tournure. C'était bien plus amusant maintenant que lorsque les deux hommes jouaient aux philosophes en donnant leurs avis sur l'amour. Un baisait avait peut-être été interrompu mais l'idée d'avoir presque été surpris amusait toujours autant William qui était sûr de ne pas oublier cette folle nuit. Il suivit donc Matthew qui était maintenant arrivé sur une partie du toit de la demeure Aylward. Il n'avait pas lâché sa main et le jeune Orpwood n'était pas sûr d'avoir envie de le faire. Ils étaient encore en plein jeu, non ? William n'avait pas abandonné la partie pour autant et comptait bien repartir chez lui avec un agréable souvenir.

Le prénom du Aylward avait été divulgué par son père qui le cherchait quelques minutes plus tôt. Curieux, Matthew demanda donc au serveur quel était le sien. « Je ne sais pas s'il vous serez utile de le savoir. » Il n'était qu'un serveur de passage, après tout. Et le jeune Orpwood commençait à se demander combien de serveurs étaient venus visiter le passage secret d'Aylward. Il ne connaissait pas Matthew. Il ne voulait pas se faire de préjugés pour autant mais la curiosité s'insinua dans son esprit, le poussant à imaginer divers scénarios. Était-il le premier à venir ici ? Était-ce dans les habitudes de Matthew de flirter avec les employés de son père à l'abri des regards ? Ou bien William avait-il réussi à gagner la confiance du jeune Aylward au point de le pousser dans ce jeu de séduction qui avait terminé en jeu de cache-cache ?

« Je m'appelle William. » Le jeune Orpwood avait fini par lâcher son prénom. Le mystère avait assez duré. Une fois les présentations faites, Matthew présenta le lieu à son invité. Passage inconnu de son père, il l'aurait deviné. Encore heureux, d'ailleurs. William n'avait pas envie de perdre son gagne pain - ni son partenaire de jeu sans lui avoir volé au moins un baiser. Et malgré la situation, le jeune Orpwood écouta les confidences de Mattew qui semblait avoir besoin de se confier un peu. Sa vie n'était sûrement pas évidente. William se trouvait bien chanceux de ne pas appartenir à une telle famille. Le jeune Aylward était destiné à une vie écrite d'avance. Quel homme voudrait d'un tel avenir ? Le serveur tenait encore la main de son hôte et n'hésita pas à s'avancer un peu à ses cotés. « Tu dois beaucoup venir ici dans ce cas. » Simple supposition. William lâcha la main de Matthew et le dévisagea. « Tu viens souvent accompagné dans ta petite cachette ou dois-je me sentir honoré de découvrir cet endroit ? » Un sourire naquit sur son visage à l'air malicieux. Il était bien décidé à continuer son petit jeu, même si écouter les confidences de Aylward ne lui déplaisait pas, au contraire. William se surprit même à vouloir changer les idées de Matthew pour ne pas le voir aussi... torturé ? Il ne le connaissait pourtant pas, ne pouvait deviner ses pensées. Seulement voilà, pour la première fois, le jeune Orpwood n'avait pas l'impression d'être invisible aux yeux de plus riche que lui. Pour la première fois, il se sentait d'égal à égal et oubliait totalement qu'il était serveur. « En tout cas, je n'ai pas oublié ce que tu t'apprêtais à faire... » William avait osé le tutoyer et lui offrit un nouveau sourire, joueur.