Let's share your sin ▬ Andrew

Sujet: Let's share your sin ▬ Andrew Dim 17 Mar - 22:16

Introduction

Époque du sujet : actuelle
Date du sujet : 21 mars
Ordre de passage des participants : sven - andrew

Sven sortait de l’hôpital, les pensées encore embrouillées de la fuite constante de Jamie. Il s’était arrêté chez Granny sur le retour, prenant un café et un morceau de tarte à la pomme, pour se changer les idées. Il avait besoin de faire une pause avant de se rendre chez Andrew. Il ne voulait pas que ça dérape avec son frère. Il entendait encore les cris horrifiés du cuisinier dans son oreille. Il avait peur que cela ait affectés Andrew dans le mauvais sens – pas qu’il y ait un bon sens, mais il ne voulait pas que son frère s’engage sur une pente glissante-. Granny était venue le voir au comptoir, le remerciant de ce qu’il avait fait la veille, à savoir rouler comme un fou jusqu’au bois pour s’assurer que tout se passait bien, ce qui n’avait pas été le cas. Mais la vieille gérante n’avait eu de cesse de dire que grâce à lui, il n’y aurait pas un occupant en plus au cimetière. Quand il lui expliqua qu’il avait l’intention de passer voir Andrew par la suite, Granny lui avait donné une portion de tarte à la crème pour le cuisinier. Son paquet sous le bras, il avait promis qu’il passerait par la suite pour donner des nouvelles d’Andrew à la grand-mère.

Sven avait marché jusqu’à l’appartement d’Andrew. C’était le seul endroit où il supposait être. Il avait monté les marches, tranquillement, son esprit un peu calmé du non échange qu’il avait eu avec Jamie. Il tentait de ne pas penser à l’impression d’avoir été élucidé de ce qui aurait pu être l’affaire criminelle de Storybrooke de l’année. Avant de toquer, Sven s’était arrêté, cherchant ce qu’il pourrait bien dire à Andrew. Il espérait déjà qu’il soit là. Le cuisinier ne lui avait pas répondu, à aucun des sms qu’il lui avait envoyé pour le tenir au courant de l’état de Jamie. C’était ce qu’il lui avait été demandé, de veiller sur le journaliste. Et même si la tâche se révélait être une épine dans le pied puisqu’il ne pouvait pas regarder Twigley sans ressentir une lourde colère monter, il avait besoin de réponse. Il ne voulait pas passer voir Vera. Déjà, il doutait que les visites soient autorisées. Ensuite, cette femme qu’il avait apprise à connaitre et à apprécier, un peu, s’était transformée à l’image d’une veuve vengeresse. Pas la meilleure chose qu’il soit aux yeux de l’ébéniste.

Finalement, il expira un bon coup, resserrant un peu sa prise sur la tarte emballée. Il donna trois coups succin, jugeant bon de parler. « Andrew, ouvre. C’est Sven. J’ai de la tarte. » C’était pas le meilleur argument. « Je sais que t’es à l’intérieur. » Tout du moins l’espérait-il très fort. « Je viens voir comment tu vas. » Et pour des réponses à ses questions. Mais un timbre dans la voix de Sven laissait entendre qu’il ne venait pas juste pour parler du bon temps. Ce n’était pas une période normale, après tout. Sven ne pourrait pas faire comme si rien ne s’était passé.

Comment se sent-on après avoir vécu un évènement traumatisant ? Après avoir cru mourir ? Après avoir cru qu'un être proche allait mourir ? On commence d'abord à ne rien ressentir à part un vide, puis un trouble qui vous rend étrangement calme. Ensuite, vient la réalisation des évènements. Toute l'histoire défile dans votre tête et vous vous rendez compte que oui, tout ce que vous venez de vivre était bien réel. Là, vous pleurez, si vous êtes émotionnellement à bout, si vos nerfs lâchent, si votre souffrance ne peut être apaisée qu'un instant par des larmes. Puis, lorsque votre corps et votre esprit ne peuvent plus supporter la fatigue, vous sombrez dans un étrange sommeil, entre réveils délirants et cauchemars. La nuit d'Andrew avait donc été rythmée par toutes ces étapes et sa nuit avait été difficile. Il n'avait cessé de se réveiller en pensant entendre des coups de feu. Il avait aussi l'impression d'entendre le cœur de Jamie battre, comme il l'avait entendu après que le journaliste ait été touché par la balle. Puis, parfois, il pensait entendre sa voix, la sirène de l'ambulance, revoyait Sven, Vera, Jamie, l'adjoint du shérif. Tous les évènements se répétaient inlassablement dans sa tête jusqu'à l'aube où enfin, Andrew s'endormit pour de bon.

Ce ne fut qu'à partir de la fin de la matinée que le jeune cuisinier fut réveillé par des coups qui tambourinaient sur sa porte. Il ouvra lentement les yeux, n'ayant pas le courage de se lever ni de bouger d'un centimètre. Il n'avait pas espoir que ce soit Jamie puisque celui-ci devait être à l'hôpital. Non, qui que ce soit, cette personne devait partir. Andrew n'était pas d'humeur à recevoir de la visite, même si c'était pour s'assurer qu'il allait bien. Il tira la couette au dessus de son épaule mais fut interrompu dans son mouvement en entendant la voix de Sven s'élever de derrière la porte. Il disait avoir de la tarte. Bien. Andrew n'avait pas faim, ce n'était pas cette information qui allait le pousser à ouvrir. Sven continua alors de parler, sûrement pour forcer son ami, son petit frère, à venir l’accueillir. C'est après la dernière tentative de l'ébéniste que le jeune homme se décida à aller lui ouvrir. Andrew avait une sale tête, avec des cernes marquées sous ses yeux rouges. Et il ne parla pas. Il ouvrit un peu plus la porte pour laisser Sven entrer. Il n'attendit d'ailleurs pas que son ami face un pas qu'il lui tournait déjà le dos pour aller s'asseoir et allumer une cigarette. Il en avait besoin. Il devait fumer pour chasser tout ce stress qui commençait à s'accumuler. Aussi pour ne pas avoir une bonne excuse pour faire comme si... comme si de rien était ? Non, impossible. Andrew avait juste besoin de cette fichue cigarette sans grande raison apparente. Seulement, il n'arrivait pas à l'allumer alors, il la laissa tomber sur la table avec le briquet. Ses mains tremblaient encore et il leva les yeux vers Sven.

Sven commençait à s’inquiéter et au moment où il fut se le point de se détourner, il reconnut des bruits de pas derrière la porte. Il ne lui fallut pas longtemps avant de voir la tête –de déterré- d’Andrew lui ouvrir la porte. Automatiquement, Sven fronça les sourcils. Ça n’allait pas, mais alors, vraiment pas. Andrew ne l’accueillit avec aucun mot de salutation, aucun sourire, rien. Il était éteint, tout comme venait de s’éteindre les envies d’explication de l’ébéniste. Les lèvres pincées, il entra et ferma la porte derrière lui. Il posa la tarte sur le plan de cuisine avant de rejoindre Andrew, assis, qui tentait de s’allumer une cigarette, sans réussir. Il détailla le tremblement des mains du cuisinier, soupira. Sven ne s’était pas trompé, en pensant que les évènements de la veille avaient secoué son petit frère. Il ne savait pas à quel point, cependant. Lui n’était arrivé qu’un coup de feu final de l’expédition dans les bois. Ce qu’il s’était passé peu de temps avant, il n’en avait aucune idée. Sven disposait de pièces éparses d’un puzzle qui semblait ne pas vouloir se résoudre. Il aurait mieux fait de tenter de résoudre la situation de Drake, ça aurait été plus simple.

Sven s’assit à son tour, juste à côté du malheureux. Il ébouriffa les cheveux d’Andrew dans un geste affectueux puis se saisit de la cigarette qui faisait des siennes et la foutu entre les lèvres du plus jeune. Il la lui alluma en un geste simple avant de se prendre lui-même une cigarette. Il tira deux bouffées avant de s’enfoncer dans le canapé et d’étendre les jambes. « Il va bien, Jamie. Je suis passé le voir ce matin, il s’est réveillé. Et à part être vaseux » et présentant une putain de tendance à fuir les questions « il va bien. Encore un peu palot, mais ça allait. » Que pouvait-il dire d’autre ? Son envie d’interroger Andrew était retombée. Le voir dans cet état ne lui plaisait absolument pas. Il aurait voulu le secouer pour lui dire d’aller de l’avant, mais il avait peur que le cuisinier ne se brise, s’éparpillant en mille morceaux. Il était persuadé que s’il regardait bien, il verrait quelques fissures sur Andrew.

Il passa une main sur sa nuque, chassant la fatigue de son corps. Apparemment, tous les deux n’avaient pas beaucoup dormi de la nuit. Rien d’étonnant là-dedans. Qui aurait été capable de dormir après une telle soirée, s’il n’avait pas été sous morphine ? Sven tourna sa tête vers son frère, le détaillant une seconde, avant d’ajouter « il s’inquiétait pour toi. » Bon, Jamie ne l’avait pas dit, mais il supposait que c’était vrai. On ne se prenait pas une balle dans l’épaule juste pour la beauté du geste – quoique-. Sven avait juste supposé que c’était la chose à dire, si n’importe quoi pouvait faire réagir Andrew de la bonne manière. Ou le faire réagir tout court, ce serait bien aussi.

Depuis l'accident, Andrew se laissait parfois aller vers la contemplation d'un objet quelconque, le fixant sans réellement s'en rendre compte. C'était un moyen de fuir les regards, de fuir les conversations. Quand ce policier l'avait interrogé, il avait posé ses yeux sur une pile de dossier et ne s'en était détaché qu'à la fin de l'entretient, après avoir laissé échapper quelques mots, pas plus. Là, il fixait sa cigarette que Sven finit par récupérer pour lui remettre entre les lèvres et l'éclairer. Andrew se laissait faire et glissa son regard sur son grand frère, le remerciant d'un simple hochement de tête à peine perceptible. Il put enfin sentir la fumée envahir ses pouvoirs, ses narines, avant de tout laisser filer en un souffle lent. Il observait les volutes qui s'éloignaient dans la pièce alors que Sven brisait le silence en parlant de Jamie. Le cuisinier n'osait pas regarder on grand frère, alors il continuait de fixer la fumée qui formait progressivement une fine couche de brume dans son petit studio. En revanche, son esprit enregistrait l'information. Jamie allait bien. Ce fut un poids de moins, même si Andrew ressentait encore des difficultés à trouver la paix. Comment pourrait-il se sentir soulager après tout ce qu'il avait vécu ? Oui, Jamie était saint et sauf, mais toute cette histoire avec Vera restait bien logée dans sa petite tête et torturait ses entrailles.

Andrew tira de nouveau sur sa cigarette, le regard toujours perdu dans le vide. Puis, Sven informa le jeune homme en disant que Jamie s'inquiétait pour lui. Le cuisinier serra la mâchoire en secouant légèrement la tête de droite à gauche. Il reprit une bouffée de fumée et la libéra aussitôt dans un soupir. « Je ne vois pas pourquoi il s'inquièterait. Je n'ai pas reçu de balle. Je vais bien. » Andrew semblait détaché, ce qui ne collait absolument pas avec son état physique. Il n'allait pas bien, pas du tout. Pourquoi faisait-il comme si c'était le cas alors ? Le jeune homme posa son regard sur l'heure digitale de sa chaine-hifi et se leva d'un bond. « Granny ! Je suis en retard ! » Andrew écrasa rapidement sa cigarette - contre la table basse et non dans le cendrier - et semblait s'affoler. Il ouvrit une commode où se trouvait ses vêtements et fouilla pour trouver quelque chose de propre à se mettre. « Je devais commencer à neuf heures, je suis en retard... » Et plus le cuisinier cherchait dans son tiroir, moins il parvenait à comprendre ce qu'il était en train de faire. Il ne savait pas quoi prendre, il ne savait plus rien. Son esprit était toujours perturbé par les évènements et plus rien de ce qu'il faisait n'était logique. Il referma rapidement le tiroir en poussant un profond soupir, agacé.

Ce fut au tour de Sven de secouer la tête à la déclaration de son frère. « Si tu veux, je peux t’arranger ça, pour que tu ailles moins bien. » Les mêmes blagues qui ressortaient, en tout temps. Il échappa un rond de fumé, jetant un coup d’œil vers Andrew. S’il allait bien, Sven irait demander Harley en mariage tout de suite. Il ne fallait pas le prendre pour un con. Andrew pouvait peut-être se mentir à lui-même, mais pas à l’ébéniste. S’il allait bien, il ne serait pas dans cet état. S’il allait bien, il serait déjà au travail – comme il semblait soudainement se le rappeler-. Peut-être serait-il même passé rendre visite à Jamie. Il n’avait rien fait de tout cela. Non, il commençait seulement à courir après l’illusion que Granny serait en colère après lui. Sven le regarda se lever et partir à toute vitesse. Il échappa un soupir enfumé, se levant. « Pas besoin de courir mon grand. Je reviens de chez Granny. Elle ne voit pas d’inconvénient à ce que tu restes à te morfondre ici. » Il n’y avait aucune plaisanterie dans sa voix. Aucune moquerie. Il n’y avait que la constatation acide de ce que faisait Andrew.

Il s’était planqué dans une illusion, dans un déni qui semblait être à la mode ces derniers temps dans la ville du Maine. Et Sven n’aimait pas ça, absolument pas. S’il n’irait pas creuser sur ce lien plus qu’étrange qu’il y avait entre le journaliste et le cuisinier, il n’allait pas pour autant laisser Andrew plonger dans les méandres de l’après-coup. Déjà, parce qu’il n’aimait pas voir son petit frère dans cet état. Ensuite parce que la fuite n’était que rarement la solution. Ici, ça ne l’était pas. Les gens parleraient de ce qu’il s’était passé. Andrew serait amené à témoigné au procès qui aurait pour but de condamner Vera. Il devrait bien vaincre ces démons et arrêter de se cacher. « Tu sais, ça ne sert à rien de te voiler la face. Moi je n’ai pas dormi de la nuit, alors ne me dis pas que tu as pu passer à autre chose en quelques heures. » Si Andrew et Jamie avaient pu tromper Sven sur la relation depuis quelques mois, maintenant, il ne se laisserait plus avoir aussi facilement. Alors il choisissait la bonne option de mettre ses deux pieds dans le plat. Andrew pourrait nier, mais Sven avait la dent dure. Et s’il était là, aujourd’hui, c’était parce qu’il s’inquiétait pour son frère. Si Andrew lui avait demandé de veiller sur Jamie, il espérait qu’il serait un peu plus digne pour au moins accepter d’être l’oreille attentive du cuisinier.

Il avait totalement ignoré la blague de Sven, soudainement inquiet de l'heure qui était affichée en face de lui. Andrew ressemblait à un robot pris en flagrant délit qui devait absolument faire son devoir sous peine d’exécution. Il s'était dirigé vers sa commode et mettait un grand désordre dans ses vêtements, sans se soucier de l'état de ses tiroirs suite à son passage. De quoi pouvait-il bien se soucier, de toute manière, si ce n'était de Jamie ? Il y pensait, au fond de lui, malgré que Sven ait tenté de le rassuré. Il était blessé par sa faute. S'il n'aurait pas été dans ce stupide hôpital pour faire ce stupide don du sang, il n'aurait peut-être jamais parlé à Jamie. Il ne lui aurait pas proposé des cours de cuisine, ni une soirée. Et il s'en voulait. Julianne, il l'avait totalement oublié. Son existence s'était évaporée à la minute où il avait reçu le texto de Jamie - qui était en réalité un piège de Vera. À partir de là, l'esprit du cuisinier n'avait qu'une obsession en tête : les évènements passés, les actes qu'il n'aurait pas dû commettre, cette amitié qu'il n'aurait jamais du faire naître entre le journaliste et lui. Tout était de sa faute.

Sven ne tarda pas à interrompre le jeune homme dans son élan alors qu'il s'énervait après lui-même, fermant un tiroir d'un coup sec en soupirant. Granny avait été prévenu des évènements, certainement, et ne voyait aucune objection à ce que son employé reste chez lui. « Je ne veux pas me morfondre je veux... » Il n'eut plus aucun mot à dire. Il ne savait plus comment compléter sa phrase. Andrew finit donc par soupirer en passant une main sur son front, puis dans ses cheveux décoiffés. Sven voyait bien que le jeune homme n'allait pas bien et lui en fit part. Adossé contre sa commode, le cuisinier lança un regard vers son grand frère. Il n'avait pas dormi de la nuit lui non plus et pour cause, il avait été témoin de l'accident, sur la fin. C'est lui qui avait conduit Jamie à l’hôpital, sous la demande d'Andrew. Une demande désespérée pour s'assurer que son ami aille bien. Maintenant qu'il savait le journaliste entre de bonnes mains, il n'avait plus de raisons de s'inquiéter et pourtant...

« Qu'est-ce que tu penses ? » Andrew fixait l'ébéniste, curieux. Après tout, il était arrivé sur les lieux d'un règlement de compte entre une épouse qui s'était sentie trahie, son époux et le cuisinier. « Je sais que tu te poses des questions sur tout... ça » Les mains d'Andrew se mirent à trembler, alors, il les planqua dans son dos pour s'appuyer dessus. « Mais je peux t'assurer que... ce n'est pas ce que tu peux croire. » Qu'est-ce qu'il croyait au juste ? Andrew n'était pas devin et encore moins télépathe, il ne pouvait pas savoir ce que Sven avait en tête, il ne connaissait pas son avis ni ses théories. « Si ce que tu crois est ce que je pense. » Non, il n'était pas en couple avec Jamie. Il ne l'avait jamais été et ne pensait jamais l'être un jour. Jamais.

Tu veux quoi, au juste, Andrew ? Vas, dis-le, pour que Sven puisse comprendre un peu plus la mouise qu’était tes émotions. Le cuisinier s’était arrêté, incapable de prononcer la moindre chose, et Sven expira longtemps, tout en s’approchait de son frère, qu’il toisait d’un œil attentif. La question du cuisinier prit l’ébéniste de court, qui s’il ne le montra pas, ressentit un certain gêne, en même temps que cette colère qui reprenait possession de lui. Bien entendu qu’il avait des questions. Il était arrivé comme un cheveu dans la soupe, sans savoir dans quelle histoire il mettait les pieds. Et les gens refusaient de lui répondre. L’une parce qu’elle était derrière les barreaux, l’autre parce qu’il était sous sédatif et le troisième parce qu’il vivait mal la situation. Sven ne se complaisait pas dans cette ignorance.

Mais si Andrew sombrait dans un désespoir profond, lui, au moins, ne perdait pas de vue que Sven pouvait aussi avoir son mot à dire dans l’histoire. L’ébéniste se gratta le menton, arrêtant de suivre Andrew dans le jeu ‘je pense ce que tu penses’ bla bla. Il tira une nouvelle taffe, gardant la fumée dans sa gorge un instant. « Tu veux savoir ce que j’en pense ? » Garde ton calme Sven, zen, zen… Il soupira, se reculant pour finir par tourner les dos à Andres et revenir dans la pièce de séjour. Il ouvrit une fenêtre, permettant à l’air frais d’entrée et il y jeta sa cigarette à moitié entamée. « Je pense que tu m’as menti, Andrew. » Il s’appuya contre le rebord de la fenêtre, jetant un coup d’œil bref au cuisinier. « La dernière fois qu’on en avait parlé, de ton inconnu, il n’y avait rien de considérable. Et voilà que je te retrouve dans les bois dans une scène parfaite pour les feux de l’amour. Parce que Jamie, il est bien ton mystérieux inconnu, non ? » C’était le plus important, déjà, de savoir s’il ne se trompait pas. Il devait savoir si le journaliste était bien celui qui avait détourné Andrew de Julianne, pour le rendre dans un état pareil.

Sven passa une main dans ses cheveux, s’étirant le dos, sentant le poids de la fatigue s’installer sur ses muscles, sur sa patience aussi. Mais il ferait bon de ne pas virer trop mauvais, parce qu’il tenait à Andrew. Même s’il avait toujours du mal à avaler cette histoire, le fait d’avoir été envoyé comme un total étranger sur une future scène du crime. Il ne savait pas pourquoi Granny lui avait demandé d’aller voir ce qu’il se tramait après ce fameux sms, surement parce que dans cette période, Sven serait l’un des meilleurs alliés d’Andrew, à condition qu’il ne se retourne pas contre lui.

Malgré tout ce qu'il s'était passé, malgré l'état dans lequel il se trouvait, Andrew voulait parler de cette histoire. Il en avait besoin. Il ne pouvait pas laisser Sven dans l'ignorance plus longtemps. Et le cuisinier ne savait pas où cette discussion allait mener. Il ne voulait pas non plus dévoiler les secrets de Jamie et tant pis s'il omettait certaines informations. Être déchiré entre deux n'était jamais une bonne chose, il y avait toujours des conséquences. Mais Andrew était prêt à mettre la faute sur lui, à se désigner en tant que coupable, comme il l'avait toujours fait. Alors, il observait Sven qui ouvrait le fenêtre et ne sentit même pas le froid envahir la pièce. Non, tout ce qu'il ressentait été de la tristesse et de la colère, envers lui-même. Sa gorge commençait à se serrer et des larmes montaient dans ses yeux qui rougissaient encore plus. Andrew n'avait jamais voulu que tous ces évènements arrivent, il n'avait jamais voulu que sa simple attirance pour ce journaliste ne devienne une histoire tragique. Qu'est-ce qu'il pouvait être stupide, vraiment ! Sven se sentait trahi et avait bien deviné que Jamie était l'inconnu du jeune homme. Qui d'autre aurait pu l'être dans de telles circonstances ? Andrew sentit une larme couler mais il ne l'essuya pas. Elle faisait son chemin et s'écrasa quelque part sur ses vêtements.

L'esprit d'Andrew était totalement confus. Il avait envie que rien ne soit arrivé, de retourner en arrière. S'il aurait su, il n'aurait jamais parlé de cette histoire à Sven. Mais il était son ami, il le considérait comme un grand frère. Pourquoi n'aurait-il pas pu se confier ? Andrew n'aurait jamais pu prévoir qu'il se rapprocherait du journaliste, de son inconnu. Il s'approcha alors vers Sven, les yeux brillants. « Je t'ai peut-être menti sur un détail lorsque je t'ai dit que je n'avais plus vu cet inconnu mais j'avais mes raisons ! » La colère montait en lui d'une façon dont-il n'aurait pu l'imaginer. Elle lui serrait les entrailles, lui troublait l'esprit. Il ne voyait plus qu'un coupable, qu'un seul et ce n'était ni Sven, ni Vera, ni Jamie mais lui. Andrew était coupable de tout. « Je ne voulais pas mêler Jamie à cette histoire ! J'étais attiré par lui mais je ne voulais pas qu'on sache qu'un petit con dans mon genre pouvait avoir des vues sur lui. Je ne voulais pas qu'on dise qu'un homme était amoureux de lui, lui mettre cette rumeur sur le dos... » La voix d'Andrew commençait réellement à s'enrouer, déchaînée par la colère et la tristesse. « Je me suis rapproché de lui pour essayer de devenir son ami, pour le voir tout les jours et voilà où toute cette histoire nous a conduis ! » Les larmes coulaient sans qu'il ne s'en rende compte, et il continuait de se jeter la pierre. « Sa femme nous a pris pour des amants, je ne suis rien, je ne suis qu'un cuisinier, qu'un putain de petit con de cuisinier, je n'étais que son ami, rien de plus ! » La phrase d'Andrew n'avait plus aucun sens. Il craquait, il se laissait emporter par toutes ces émotions qu'il ressentait et qui le rendait irrationnel.

Le vent soufflait, faisant voler les mèches de Sven, qui ne frissonna pas de l’air frais. Il écoutait silencieusement le récit de son jeune frère, à quel point il avait hésité, à quel point il avait espéré être ami avec Jamie. Dans le récit d’Andrew, il y avait toujours ce petit détail, par rapport à Vera qui clochait. Il la connaissait, surement mieux que le cuisinier lui-même avant qu’elle ne se prenne pour une veuve noire. Ce n’était pas le genre de comportement de l’infirmière de se baser sur les ‘on dit’. Au moins, il avait sa réponse à la disparition répétitive d’Andrew, qui avait toujours un petit quelque chose à faire. Au moins, il avait un semblant d’explication, sur pourquoi il avait été mis sur le côté. La peur des rumeurs. Sven fut déçu, terriblement, par la supposition qu’il tira du monologue du plus jeune. Ça se voyait sur ses traits tirés par la fatigue, sur son front plissé par le désaccord.

Ce que Sven aimait encore moins, c’était la manière dont Andrew se rabaissait, comme s’il voulait porter le blâme à lui seul. Pourtant, ce n’était pas lui qui avait tiré le coup de feu. Ce n’était pas lui qui avait envoyé ce sms faussé. Ce n’était pas lui qui avait forcé à attirer Jamie vers lui. Sven se détacha de sa fenêtre, se rapprochant à grands pas d’Andrew. « Tu étais un ami qui avait des vues sur Jamie. Je ne sais pas si les femmes sont douées à ce point pour sentir quand quelqu’un tourne autour de son compagnon, mais Vera a eu du flair. » La constatation était là, dans cette pièce manquante que Sven n’arrivait pas à saisir et que peut-être il ne découvrirait jamais. Jamie aussi se sentait coupable, l’ébéniste l’avait reconnu dans les yeux du blessé. Il ne révèlerait pas ce détail, peu sûr de ce que cette déclaration produirait. « Quoiqu’il en soit, des rumeurs bien pires vont se mettre à courir sur vous trois, maintenant. » Et peut-être même sur Sven, si les langues s’avéraient malignes. « Tu ne peux pas t’en vouloir. Ce n’est pas entièrement de ta faute. Vous étiez trois, dans ces bois. Vous êtes tous les trois responsables, chacun à votre manière. »

Sven avait choisi de plaquer la vérité à plat, pour qu’elle paraisse limpide aux yeux d’Andrew. Il pouvait s’en vouloir, oui, mais pas à l’excès. Quand quelqu’un tirait sur une tierce personne, il fallait au moins deux acteurs. Andrew ne pouvait pas s’attirer tout le mérite. « Donc, déjà, tu vas arrêter de te considérer comme un con, sinon je t’en retourne une et là, tu mériteras vraiment ton titre. » Il valait mieux éviter les baffes de Sven, elles étaient généralement… retentissantes. « Maintenant, dis-moi, tu vas l’éviter et ne plus chercher à le revoir, de peur qu’une telle scène se reproduise ? Tu ne devrais pas. » Mon dieu, est-ce qu’il jetait Andrew dans les bras de Jamie ? Certainement. Mais là n’était pas la question. Le mal était déjà fait, et le principal obstacle – Vera- n’était plus. Qu’est-ce que, à part le remord, les empêchait d’être ensemble ?

Tout, absolument tout dans l'esprit d'Andrew n'avait aucun sens. La tête lui tournait et il dut s'asseoir pour ne pas sentir ses jambes se dérober sous le poids de son corps pourtant frêle. Plongeant son visage entre ses mains, le cuisinier écoutait les paroles de Sven avec une très grande attention, même si tout ce qu'il disait ne faisait qu'augmenter la sensation de mal-être qui s'immiscer dans son esprit. La voix de son grand frère se mélangeait à celles qu'il entendait dans sa tête, celles qui faisaient parties d'un souvenir qu'il voulait chasser. La voix de Vera qui disait que tout était de sa faute. La voix de l'adjoint qui lui posait des questions... Andrew voulait que tout s'arrête. Il voulait rester seul et oublier toute cette histoire. Il voulait oublier la folie qui avait animé la femme du journaliste, oublier le mal qu'il avait pu faire à Jamie. Et en repensant à toute ces évènements, le cuisinier comprit enfin qu'il avait également fait du mal à Vera. Peut-être avait-elle eu raison. Peut-être que Andrew avait perverti son époux. Le cours de cuisine, le dîner. Le jeune homme n'était plus très sûr de rien mais il commençait à croire sincèrement que c'était de sa faute si Jamie avait fini par avoir de drôles de pensées à son égard. Mais avait-il se pouvoir là ? Le pouvoir de troubler l'esprit d'une personne ? Andrew ne se trouvait pas si intéressant. Pourquoi Jamie avait-il écrit toutes ces choses dans son carnet ? Pourquoi le cuisinier s'était-il lancé dans ce jeu de séduction ? Il avait flirté avec lui ! Il l'avait fait, sans se soucier des conséquences. Andrew aurait dû écouter cette petite voix qui lui avait dit de ne pas penser à Jamie autrement qu'à un ami.

Une fois le long discours de Sven terminé, le jeune homme leva les yeux vers lui en laissant ses mains retomber sur ses genoux. « Non, je ne peux pas. » Il ne pouvait plus revoir Jamie, il ne pouvait plus risquer qu'un autre malheur arrive par sa faute. Sans qu'il s'en rendre compte, Andrew pensait exactement comme les réels membres de sa famille qui attendaient quelque part, dans un autre monde. Leur famille était vouée au malheur et s'il l'aurait su... peut-être serait-il resté qu'un pauvre garçon solitaire. Mais la malédiction avait frappé. Il ne savait plus qui il était réellement. Même s'il l'aurait su, Andrew avait eu la mémoire effacée par une sorcière, alors rien n'aurait changé de ce coté là. « Je ne veux pas. Je ne veux plus le voir. » Il se mentait à lui-même, il se refusait le bonheur, pour avoir dérobé celui d'une autre. « Et je me fiche de ce que les mauvaises langues de Storybrooke diront sur mon compte. C'est trop tard pour penser à la réputation de chacun, pas vrai ? » Andrew reprit une cigarette qu'il parvint à éclairer cette fois-ci. « Maintenant que tu sais tout, tu peux me laisser seul ? » Le jeune homme ne regardait pas son grand frère. Il ne voulait pas l'entendre dire qu'il avait besoin de revoir Jamie ou quoi que ce soit d'autre.

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