Sirène bâtarde, ainsi j’étais renommée. Issue d’une union entre une sirène et un humain, il me fallut beaucoup de temps pour assumer ma vraie nature, celle d’une hybride. Ma mère me voyait comme l’enfant d’un cabot d’humain, pas comme sa fille. Je devais être sa honte et elle m’avait attribué un rang inférieur. Je ne pouvais pas lui en vouloir, j’avais bien conscience d’être une honte pour les miens et pourtant je souhaitais de tout coeur qu’il me reconnaisse comme une des leurs et non comme un vilain petit canard. Beaucoup de temps s’écoula avant que j’accepte ma condition d’hybride, mais après tout je ne pouvais pas faire grand chose et je ne voulais plus subir. Une chance s’offrit à moi lorsque mon neveu me demanda de l’aide. Pour une fois que je pouvais me rendre utile en tant qu’humaine, je n’avais pas hésité une seconde et je l’avais encore moins questionné en profondeur sur ses ambitions. Il avait besoin de trouver un homme puissant, un homme sachant utiliser la magie.

Quelle sensation étrange de troquer sa belle nageoire contre une paire de jambes ! Il me fallut quelques instants pour que je puisse me tenir debout. Mon neveu m’observait au loin, peut être avait-il peur que j’en profite pour m’échapper ? J’avais la chance de pouvoir saisir une nouvelle vie. La terre ferme était le meilleur moyen pour moi de pouvoir me changer les idées et de voir un nouveau monde, une partie de moi même que je n’avais jamais connu. Être humaine, j’aimais ça et je me sentais tellement utile de pouvoir aider mon neveu grâce à cette nature. Je me sentais enfin libre comme si toutes mes angoisses sur mon humanité avaient disparu.

Impossible de pouvoir dire combien de temps j’avais cherché ce fameux magicien mais je commençais sérieusement à perdre espoir. Comme s’il avait attendu ce moment, une étrange créature apparût. Un hybride lui aussi ? Peut être moitié homme, moitié serpent ? J’étais bien incapable de le dire. En tout cas, aussi étrange et fascinant qu’il était, cette chose savait tout de moi. Une partie en moi me disait qu’il fallait que je me méfie. J’étais peut être sur la terre ferme, mais ce monde m’était totalement inconnu.

Sirène bâtarde, me disait-il en ricanant. Comment osait-il me parler ainsi ? N’avait-il pas de bonnes manières ? Je n’avais pas le temps à perdre et lui expliqua rapidement la raison de ma présence ici et les attentes de mon frère. Il ne semblait pas vraiment intéressé par ce que je lui disais mais il semblait plutôt intéressé par moi. Étais-je heureuse ? A vrai dire, je n’étais pas malheureuse mais je me sentais triste de ne pas avoir la reconnaissance de mon clan. Avec cet aveu, le pacte avec le diable était passé. Toute magie avait un prix et en l'occurrence la créature lui demandait son premier enfant.

Comme promis, je ramenais à mon neveu ce sorcier. J’assistais silencieuse à leur marché. En un claquement de doigt une fiole apparût, le sorcier disait qu’elle pouvait rendre stérile la plus fertile des créatures. Mon neveu était surexcité par cette annonce et signa le marché en offrant sa compassion. N’était ce pas un peu démesuré de lui demander autant ? Tohanui n’avait-il pas peur ? En réalité, j’étais mal placé pour le jugé, j’avais promis un enfant. Bien que j’étais persuadé que je ne serais jamais enceinte, je me sentais horriblement mal à l’aise d’imaginer le contraire et de devoir l’abandonner.

La soeur avala le contenu de la fiole que possédait mon neveu et avec les années, elle n’eut jamais d’enfant. Elle semblait si malheureuse d’avoir été condamné à avoir un seul fils. Je me sentais coupable mais j’avais promis de garder le silence...

Quelle horreur. Mon neveu était devenu un être ignoble sans aucune once de compassion. J’en avais l’estomac retournée. Était-ce ma faute ? Il avait lancé une guerre sanglante et qui me paraissait interminable. Je ne pouvais le laisser détruire le peuple pour un trône. Dévastée, Aife quitta le clan avec un groupe de fidèle me laissant de droit le trône. Jamais je ne l’avais convoiter et je ne pouvais croire qu’on me le laisser. Tohanui, blessé et trahi tenta de me tuer. Il avait complètement perdu la tête, je ne le reconnaissais plus, il ressemblait à certaines légendes barbares qu’on nous racontait. Il ne ressemblait plus au neveu que j’aimais...

Un mâle eut la clairvoyance de me sauver avant le coup de grâce de Tohanui. Jamais je n'aurais pu croire cela possible et pourtant, il se tenait bel et bien devant moi. Il était séduisant et diffusait une telle force et une telle confiance en lui ! Sa personnalité et sa présence me charmaient. Il s'appelait Raihei. Je n'étais pas prête à oublier ce moment. Le jour où ma vie aurait pu s'arrêter. Reconnaissante, je passais de plus en plus de temps avec lui. Je voulais connaître ce mâle qui m'avait sauvé. Qui était-il ? Toutes les réponses me séduisaient. Il n'y avait aucun faux pas. Il était l'homme idéal pour me suivre sur le trône et c'était lui, Raihei que j'avais désigné comme mon compagnon. Au fond de moi même, je savais que je faisais le bon choix. Il m'apportait une sécurité que je n'avais jamais ressentie auparavant. Ensemble, nous étions devenus un couple royal et nous régnions avec la volonté et l’accord des autres membres.

Notre clan gagnait sa fin heureuse et tout se reconstruisait doucement mais sûrement. Je tombais enceinte de Raihei, offrant à notre couple une magnifique petite fille. Je n’osais la contemplais de peur de rompre mon contrat avec le sorcier. Je ne voulais pas m’attacher à elle, si je me laissais avoir, je ne souffrirais que de trop de notre séparation. A peine, venait-elle de vivre ses premiers instants sous l’océan que j’allais l’abandonner sur la plage, laissant le dû que je devais. En revenant, mon époux me demanda ce qu’il s’était passé. Ma tristesse me permit de lui mentir en lui annonçant que l’enfant était mort-né. En lui annonçant la nouvelle, les traits de son visage se durcissait. Il garda le silence et notre relation devennait des plus glaciales. Il me punissait pour mon abandon, il ne me croyait pas et bien qu’il ne me l’avait pas dit avec de réels mots, je l’avais bien vu. Il n’avait plus aucun respect pour moi. J’avais perdu tout ce que j’avais gagné et je réalisais à quel point je souffrais des conséquences de mon accord avec le sorcier.

La malédiction tomba, me laissant coincé dans ma souffrance, ne me laissant nullement le temps de retrouver ma fin heureuse. Comme tout le monde, je tombais dans l’oubli. Mon passé n’existait plus, ma famille, mes amis, ma fille. A présent, je n’étais plus Vehia mais Delilah une jeune commerçante de la ville de Storybrooke.