Something to Believe In ~ Jamie

Sujet: Something to Believe In ~ Jamie Mar 4 Juin - 19:05

Introduction

Époque du sujet : Actuelle
Date du sujet : 18.05.13
Ordre de passage des participants : Andrew - Jamie

Les jours passaient vraiment très vites. Andrew avait du mal à réaliser qu'un mois s'était écoulé depuis qu'il partageait la vie de Jamie. Et il n'allait pas s'en plaindre, bien au contraire. Quelques semaines plus tôt, rien n'aurait pu lui prédire qu'il allait enfin pouvoir vivre de bons moments avec le journaliste. Aujourd'hui, il en profitait. Même s'il restait quelques séquelles psychologiques et physiques depuis l'accident, Andrew ne voulait pas s'empêcher d'être heureux et ne voulait plus se torturer comme il l'avait fait durant des semaines. Même si son histoire avec Jamie était encore secrète, il s'en fichait. Elle le concernait lui, le journaliste et personne d'autre. Le reste de la ville n'avait pas besoin de connaître les détails de leur relation. À leurs yeux, Jamie et Andrew n'étaient que deux bons amis, rien de plus.

Ce soir, les deux amoureux avaient un autre rendez-vous, chez Andrew. Le jeune cuisinier avait préparé un petit repas, sans prétention, accompagné de vin et de cookies - un dessert plutôt original qui avait son importance depuis le cours de cuisine qu'avait donné Andrew au journaliste. Et comme pour leur première soirée chez le cuisinier, ils s'étaient installés devant la table basse, à même le sol. Sauf que cette fois-ci, Andrew n'était pas éméché et n'avait pas d'excuses bidons pour pouvoir flirter avec Jamie. Il pouvait librement passer ses doigts dans ses cheveux, contre sa peau, prendre sa main ou même l'embrasser sans qu'il n'y ait aucune gêne entre eux. D'ailleurs, le jeune homme se montrait vraiment très câlin - ce qui ne lui ressemblait pas - et n'hésitait pas à profiter de la présence du journaliste.

Le dîner était plutôt calme et agréable. Andrew n'avait pris que deux verres de vin mais n'avait pas mangé grand chose, trop occupé à observer le journaliste ou à lui voler quelques baisers. D'ailleurs, le dessert venait à peine d'être servi que le jeune homme se fourra dans les bras de Jamie, dos contre son torse, alors qu'il tenait sa petite assiette de fondant au chocolat entre ses mains. « J'espère que tu passes une bonne soirée... parce que je ne suis pas très bavard. » Andrew prit une bouchée de gâteau à l'aide d'une fourchette et soupira, serein. Cependant, comme il l'avait dit, il craignait d'ennuyer le journaliste. « Et la soirée passe vite. Dans quelques minutes tu sera déjà parti. » Le jeune homme n'avait pas prévu de faire rester Jamie chez lui et n'osait pas lui demander de rester. De plus, Andrew travaillait le lendemain et, se connaissant, il aurait certainement été très câlin avant de s'endormir. Bon, c'était une excuse bidon parce que cette condition ne l'aurait absolument pas dérangé, mais tant pis. Il fallait être raisonnable et ne pas se montrer trop gourmand dans ce début de relation.

Tout le monde dans la ville avait remarqué la façon presque spectaculaire dont le journaliste s'était remis de son divorce et semblait plus heureux que jamais dans son célibat. Certains trouvaient ça louche, commençant même à croire les rumeurs comme quoi la femme - pardon, ex-femme - du journaliste avait effectivement été trompée par ce dernier. Ou bien à se dire qu'il devait y avoir un motif caché à ce divorce qu'une simple balle dans l'épaule. D'autres y voyaient là une bonne chose. Il était devenu plus ouvert, plus chaleureux qu'il ne l'a jamais été, tout en restant cet homme calme et réservé sur sa vie privée que tous ont toujours connu. Personne non plus n'avait raté comment son amitié avec Andrew, le cuisinier de chez Granny, avait reprise suite à...Eh bien ils ne savaient trop quoi pour dire vrai. Mais le fait était là. En somme, Storybrooke tentait de reprendre une activité et une vie normale. Cependant, s'il y a bien une chose qui a changé dans la vie du journaliste, c'est sa relation avec le dit cuisinier. Il y a quelques semaines encore, il n'était qu'un ami, voire un homme qu'il avait préféré éviter pendant un temps - la plus grosse erreur de sa vie - aujourd'hui, il était en couple avec ce dernier. Un changement radical, certes, mais pour le meilleur. Pour des raisons qui leur sont propres, ils préféraient garder cette facette de leur relation secrète du reste de la ville (à quelques exceptions près), vivant cet amour caché.

Ça avait certains avantages, mais aussi des inconvénients; l'un d'entre eux étant qu'ils ne pouvaient pas profiter autant l'un de l'autre comme ils auraient aimé le faire. Le bal par exemple avait été particulièrement éprouvant pour eux deux. Mais passons; ce soir ils dînaient ensemble chez Andrew. Enfin, si dîner pouvait vraiment s'appliquer à cette rencontre. Certes, il y avait de la nourriture (et de la bonne nourriture en plus, Andrew était cuisinier après tout), une table sur laquelle la manger, mais elle fut relativement peu touchée au final, les deux hommes passant plus de temps à profiter de la présence de l'autre qu'à réellement manger. D'ailleurs, le dessert fut servis mais Jamie n'eut même pas l'occasion de se servir une part qu'Andrew prit place tout contre son torse. Avec un sourire attendri, le journaliste passa ses bras autour de la taille du plus jeune, l'attirant un peu plus contre lui. Bah! Il avait une part de gâteau lui, il lui en piquerait une bouchée ou deux. Cependant, les paroles qui sortirent de la bouche d'Andrew firent rire Jamie.

"Ce n'est pas franchement moi qui peut te dire quoi que ce soit sur le fait d'être peu bavard..." il déposa un baiser sur la tempe du brun et reprit "Je passe une excellente soirée. Je préfère les soirée cocooning à la maison avec toi qu'une soirée dans un bar. Moi et la foule ça n'a jamais fait bon ménage..."

C'était dans sa nature de casanier de ne pas spécialement aimer la foule. Mais devoir partir ne faisait pas partie des choses qu'il voulait absolument faire, bien au contraire; seulement il le fallait bien. Sinon ils risquaient d'éveiller les soupçons. Il poussa un lourd soupir et emprisonna un peu plus Andrew contre lui.

"Je sais, mais tu travailles demain, je travaille demain et puis...Il y le reste de la ville." pas besoin d'en dire plus, ils savaient tous les deux ce que ça voulait dire. Il attrapa la cuillère traînant sur la table basse et piqua un morceau de gâteau dans l'assiette que tenait le cuisinier, affichant un visage joueur par la suite "Tu ne croyais tout de même pas que j'allais partir sans goûter à ton moelleux quand même? Cela relèverait de l'hérésie!"

Tout semblait bien trop agréable. Andrew et Jamie rattrapaient le temps perdu, à l'abri des regards, et semblaient en profiter avec joie. Mais... il y a bien un mais, Andrew ne se sentait pas totalement à l'aise dans toute cette histoire. Oui, il était amoureux du journaliste, c'était certain. Oui, ils avaient vécu un drame et étaient parvenus à se mettre ensemble par la suite, mais Andrew ne pouvait pas tirer un trait sur l'affaire Vera. Il avait pourtant eu une discussion avec Jamie, un soir, juste avant qu'ils ne tombent dans les bras l'un de l'autre. Pourtant, le jeune homme demeurait perturbé par ce qu'il avait fait. Il ne pensait plus avoir perverti le journaliste, puisqu'il avait eu la preuve du contraire, mais avait la sensation tenace d'avoir brisé le bonheur d'une personne, de Vera. Même s'il l'avait détesté autrefois, plus les jours passaient et plus il se mettait à sa place. Oui, elle avait été odieuse avec lui bien avant l'accident, oui elle l'avait menacé d'une arme et frappé, mais tout avait été orchestré pour une raison. : elle n'avait pas supporté que son mari lui soit dérobé par un gamin.

Andrew repensait souvent à toute cette histoire et y repensait actuellement, alors que Jamie lui disait préférer les soirées cocooning plutôt que de sortir dans les bars. Oubliant momentanément ses pensées parasites, Andrew eut un petit sourire lorsque le journaliste termina sa phrase. « J'ai cru remarqué ça lors du bal costumé. Mais tu avais quand même fait un effort et je t'en félicite.» Son sourire s'élargit alors qu'il sentait les bras du journaliste se serrer contre lui. Et malgré sa petite torture intérieure, Andrew se sentait horriblement bien. La culpabilité arriverait plus tard, lorsqu'il se retrouverait seul. Un petit effet de la malédiction, sans doute.

D'une humeur plaintive, surtout en fin de soirée, Andrew fit remarquer que l'heure passer trop vite et que bientôt, Jamie ne serait plus là car il devait rentrer chez lui. Le journaliste répondit à cette plainte en parlant du travail - bien évidemment - et de la ville. Oui, le reste des habitants n'était pas censé savoir qu'ils étaient ensemble et voir l'un sortir de chez l'autre n'allait pas les aider. « Ouais, je sais,» soupira Andrew qui n'avait soudainement plus très faim. Par contre, Jamie n'hésita pas à faucher une part de gâteau sous le regard amusé du plus jeune. « Tu peux même le finir, je pense que j'ai assez mangé pour ce soir. Ou alors, ton départ me coupe l'appétit. » Andrew prit un petit air faussement boudeur et se leva de sa place pour ranger un peu la vaisselle qui s'était entassée sur la table basse.

Il ne fallait pas être un génie pour voir que le cuisinier n'était pas exactement ravi à l'idée de voir partir Jamie. Il le savait, le sentait, sentait le tiraillement dans son être qui le poussait à rester, à ne plus le laisser seul quand il pouvait l'éviter. Parce qu'il l'avait déjà trop longtemps laissé seul. Pendant sa propre convalescence, et bien avant ça. Il aurait probablement pu éviter tout le drame avec Vera s'il n'avait pas pris ses distances avant cela. Enfin, avec des si on pourrait refaire le monde et puis, malgré tout, sans cela ils ne se seraient probablement jamais mis ensemble au final. Alors dans un sens, c'était un mal pour un bien. Ça n'empêchait pas le journaliste d'hésiter à rester, en proposant à Andrew de dire qu'ils avaient trop bu pour qu'il rentre chez lui le soir même. C'était une excuse qui avait déjà fait ses preuves...Et c'est bien là que le bas blesse; trop de fois déjà ils avaient usé de ce subterfuge pour faire taire les mauvaises langues et Jamie craignait que ça ne finisse par attirer l'attention. Il ne voulait pas plus qu'Andrew se priver des moments qu'ils passaient ensembles, mais certains sacrifices étaient nécessaires pour qu'ils puissent vivre en paix tous les deux.

Cependant, le fait que lui cuisinier - grand gourmand de son état - ne termine pas son gâteau, ça c'était pour le moins inhabituel. Le regardant se lever et se diriger vers le coin cuisine pour la vaisselle, Jamie savait que quelque chose tracassait son amant. Il finissait par bien le connaître, déjà avant qu'ils ne soient officiellement ensemble. Alors il déposa l'assiette que lui avait laissé Andrew et se leva, suivant son compagnon. Il posa une main dans sa nuque, un geste intime, qu'il utilisait surtout quand il ne voulait pas trop déranger le cuisinier dans ce qu'il faisait, tout en lui faisant comprendre qu'il était là. Une caresse tendre qui se voulait rassurante, à l'instar de ses petite caresses à l'intérieur des poignets du jeune homme qu'il avait utilisé plus d'une fois pour le calmer. Ici, c'était surtout pour l'apaiser.

"Qu'est-ce qu'il se passe Andrew?" Jamie connaissait assez bien son compagnon pour savoir qu'il tenterait d'éviter la question, ne voulant pas embêter le journaliste avec ses états d'âme. Sauf que ça ne l'embêtait pas. S'il lui en parlait, peut-être qu'il pourrait l'aider à résoudre ses problèmes ou simplement lui témoigner son soutien. Sauf que cette fois il ne le laisserait pas se défiler. "Et ne me dis pas que ce n'est rien parce que je vois bien que ce n'est pas vrai."

Aucune agressivité d'aucune sorte dans sa voix malgré ses propos qui auraient pu s'y prêter. Juste une inquiétude sincère et vibrante pour cet homme dont il partageait maintenant pleinement la vie et dont il ne voulait plus se séparer, jamais. De toute façon, il avait bien vu ce que se séparer de lui provoquait dans son esprit et il était loin de vouloir retenter.

Andrew avait l'impression constante d'être en conflit avec lui-même et cette sensation s'était décuplée depuis qu'il était avec Jamie. Une part de lui se fichait totalement des éléments extérieurs tant qu'il était avec le journaliste, alors qu'une autre part ne cessait de se remettre en question sur ses actes, sur ses paroles, sur ses choix. C'était comme s'il avait deux consciences, l'une pouvant être représentée comme un ange, l'autre comme un démon. Et bizarrement, Andrew se sentait plus proche de celle qui lui disait de faire ce que bon lui semblait, celle que d'autres n'auraient pas écouté car elle poussait dans des choix égoïstes et peut-être même inconscients. Cependant, ce n'était pas cette conscience-là que le jeune homme écoutait. L'autre lui disait de regarder d'un peu plus près les dégâts qu'il avait causé en cherchant le bonheur. Un bonheur qu'il avait arraché à une autre et dont-il profité aussitôt l'obstacle écarté. La part de William qui était en lui essayait de repousser ces idées absurdes qui s'insinuaient dans l'esprit de celui qu'il était devenu à cause de la malédiction. Et même si la malédiction s'affaiblissait, les pensées d'Andrew continuaient de le torturer, comme s'il recevait une punition pour avoir pensé à son plaisir personnel.

Jamie avait compris que quelque chose n'allait pas et s'était rapproché du jeune homme en déposant une main sur sa nuque, un geste qui fit frissonner Andrew malgré la situation. Ce qu'il se passait ? Cette discussion avait déjà été abordée lors de leur confrontation après des semaines de silence radio et avait déclenché une dispute. Andrew n'avait vraiment pas envie d'inquiéter Jamie avec ses histoires et avait l'impression de toujours revenir sur le même point, ce qui l’agaçait lui-même car rien ne semblait le rassurer à cent pour cent. Alors, le jeune homme eut dans l'idée de dire qu'il était épuisé ou qu'il n'y avait absolument rien, mais le journaliste le pris de court en le sommant de dire ce qu'il se passait réellement. Andrew soupira puis haussa les épaules, sans regarder son aîné. « On en a déjà parlé... » Finalement, il eut le courage de le regarder dans les yeux mais se sentait vraiment stupide d'aborder ce sujet à nouveau. « J'ai juste le sentiment de faire quelque chose de mal à chaque fois que je suis avec toi. Mais j'aime être avec toi. » Il prit une courte pause pour passer une main dans ses cheveux, déconcerté par lui-même et ses propres pensées qui semblaient se faire un malin plaisir à le torturer. « Je me pose beaucoup trop de questions en fait. J'ai l'impression d'avoir sauté une étape dans cette histoire. » Andrew secoua la tête et laissa échapper un rire nerveux. « Tu es tombé sur un anxieux de nature. Tu peux encore fuir si tu veux. »

Comme s'il n'avait abordé aucun sujet, le jeune homme prit une part de fondant au chocolat qu'il mit dans une boîte hermétique. « Il se fait vraiment tard, tiens. Tu peux le manger quand tu veux. Ce soir, demain matin, au travail... c'est pour toi. »

C’était donc cela qui triturait la tête et l’esprit d’Andrew, alors qu’ils étaient ensemble ? Effectivement, c’était un sujet qui avait déjà été abordé entre eux, notamment au tout début de leur relation actuelle, mais quelque part Jamie pensait qu’il avait réussi à rassuré le brun sur ce fait-là. Il faut croire que non. Pourtant…Rah, et puis qu’est-ce qu’il en savait ? Il avait presque le beau rôle dans cette histoire ; celui du mari qui avait voulu quitter sa femme pour un autre mais qui n’a même pas eu besoin de faire cette discussion difficile pour quitter la dite femme. Il était une victime de plus, rien d’autre. A part Sven et deux-trois autres, personnes ne semblait vouloir croire qu’il soit quelque peu responsable activement de ce qu’il s’est passé. Alors que, bien évidemment qu’il avait des responsabilités à prendre ici. En fait, il devrait être celui qui devrait se sentir le plus mal par rapport à ce qu’il s’était passé, car c’était lui qui avait laissé tomber sa femme, qui l’avait poussée, bien involontairement, à faire ce qu’elle avait fait…Pourtant, depuis qu’il avait mis les choses au clair avec Andrew, il n’arrivait pas à ressentir la moindre pointe de remord envers son ex-femme. Cruel et sans-cœur peut-être, mais il n’y arrivait pas. Il ne voulait plus se pourrir la vie comme il avait pu le faire auparavant et il refusait que le poison que Vera avait pu instiller avec ses paroles lors cette soirée fatidique ne continue de faire du mal à Andrew, surtout pas.

Sa main se déplaça doucement de la nuque du cuisinier pour aller se loger sur son ventre, finissant par entourer entièrement sa taille de ses bras alors qu’il continuait de parler, son torse épousant son dos. Lui faire savoir qu’il était là et qu’il serait toujours là. L’étreindre comme il n’avait pas pu jusqu’à maintenant tout en le souhaitant de tout son être…Cherchant à le rassurer autant qu’il le pouvait avec les moyens du bord.

"Non, je ne fuirais pas." Il déposa un baiser tendre sur sa tempe puis dans son cou avant de resserrer sensiblement ses bras autour de lui "Je t’ai dit que je resterais avec toi et c’est ce que je ferais. Je ne veux pas que les mots de Vera ne te fasse douter de ça…"

Il se tut, enfouissant son visage dans les cheveux d’Andrew alors qu’il le regardait lui préparer une part de fondant à ramener chez lui. Il n’était pas très sûr que ça avait suffi ce qu’il venait de dire. Il aimerait que ça soit le cas, pour ne plus voir son compagnon dans cet état, mais par expérience, le journaliste savait que la vie n’était pas aussi facile…Malheureusement. Ils restèrent ainsi, blottis l’un contre l’autre pendant un moment, Jamie déposant de temps à autre des baisers doux et légers sur la peau de son amant, cherchant à le rassurer. Puis il eut une idée. Une qui serait comme jouer à quitte ou double mais si ça pouvait définitivement rassurer Andrew sur le fait que leur relation n’avait pas un dysfonctionnement quelconque.

"Je reviens"

Le lâchant le temps d’aller farfouiller dans sa sacoche, il revient moins d’une minute plus tard en tendant un carnet à Andrew. Pas n’importe quel carnet ; le carnet. Celui qui avait déclenché le drame qui, au final, avait conduit à ce dénouement plus heureux qu’avait été leur mise en couple. Il avait longtemps hésité à le lui donner, sachant pertinemment quel impact cela pourrait avoir sur lui, les souvenirs que ça impliquait et apportaient. Cependant il fallait qu’il le lise à un moment donné. Pour qu’il sache que ce qui avait été dit n’était qu’un fragment, minime de la réalité de ses sentiments. Maintenant semblant être le meilleur moment vu la détresse que ressentait son compagnon.

"Avant que tu ne poses la question, oui, c’est bien le même carnet. Je te le donne. J’aimerais que tu le lises. Tu prends ton temps ; tu n’es pas obligé de le lire ce soir ni même demain, ni même dans un mois. Mais je pense que…enfin je ne sais pas." Il se perdait un peu dans son discours "J’ai le sentiment que ça ira mieux après. Enfin tu fais comme tu veux ; je sais que ce que je te demande n’est pas facile, loin de là. Si tu veux le brûler, fais-le. Mais réfléchis-y au moins un peu…"

Jamie l’embrassa, tendrement, amoureusement. Il devait lui faire comprendre, effectivement que non, il ne l’obligeait à rien. Si c’était trop dur pour lui de se replonger à ce moment de sa vie, il n’aurait qu’à jeter le carnet, le brûler, ou en faire ce qu’il voulait…

Si William pouvait se voir, ici et maintenant, il aurait très certainement envie de se donner une paire de claques monumentales. Pourquoi était-il si faible ici, à Storybrooke ? Était-ce donc dans cet état d'esprit que Regina aimait plonger ses victimes ? Comme si les priver de l'amour véritable ou de toutes autres personnes qui leur étaient chères n'était pas assez suffisant. Non, il fallait même priver ces personnes de tout ce qui faisait d'eux des êtres à part. William n'était pas ce genre de garçon. Bien évidemment, il avait ses faiblesses et ses moments de doutes, mais pas autant que le jeune homme qu'il était en ce moment-même. Andrew était incapable de faire le moindre pas vers Jamie. Il était incapable de dévoiler ses sentiments, incapable de croire au bonheur. Il n'était plus qu'un pauvre garçon paumé, à tendances masochistes, qui se torturait l'esprit de mille et une façons. À sa place, William aurait profiter de cet instant. Il n'aurait certainement pas hésité à retenir Jamie chez lui pour profiter de sa présence. Andrew le repoussait. Comme s'il voulait que l'autre s'en aille. Comme s'il avait envie de faire comprendre au journaliste qu'il méritait certainement mieux qu'un pauvre cuisinier à peine entrée dans le monde des adultes. Seulement voilà, Jamie ne voulait pas fuir. Il avait même emprisonné le jeune homme dans ses bras en déposant quelques baisers sur sa peau.

Andrew fermait les yeux, comme pour tenter de ne plus penser. Il écoutait seulement la voix du journaliste qui rassurait encore et toujours le jeune homme malgré ses innombrables doutes. Vera devait quitter son esprit et les laisser tranquille. Mais Andrew ne parvenait pas à changer d'avis. Il avait besoin d'un déclic. Il avait besoin de quelque chose, n'importe quoi, qui fasse réagir son esprit. C'était comme apprendre une nouvelle et la nier tant que les preuves n'étaient pas là. Andrew avait besoin de preuves, en plus des paroles rassurantes de son compagnon. Pourtant, il avait confiance en Jamie. À croire qu'il avait des soucis de cognition. Tout étant que, silencieux, le cuisinier avait cessé toutes activités pour profiter des bras de son aîné, appuyant volontiers son dos contre le torse de Jamie en soupirant. Et après seulement quelques minutes, le journaliste quitta sa position pour aller faire... quoi ? Andrew ne savait pas. Il l'observa un moment en s'appuyant contre le rebord de l'évier, curieux.

Le carnet. Jamie était-il réellement en train de proposer au jeune homme de le lire ? Andrew posa son regard sur l'objet, l'air un peu ailleurs. Ce carnet avait déclenché la fureur de Vera, certes, mais il contenait également toutes les pensées du journaliste depuis sa rencontre avec Andrew. Si le jeune homme en question était curieux d'en apprendre plus sur le contenu de l'objet ? Oui, bien évidemment. Il ne pouvait pas se mentir à lui-même. Était-ce bien ou mal ? Vouloir connaître les pensées les plus profondes d'une personne à qui l'on tient ? Andrew commença à ouvrir la bouche dans l'espoir de prendre la parole, mais Jamie le coupa dans son élan, comme s'il avait deviné ses intentions. Il lui donnait le carnet. Andrew leva les yeux vers le journaliste, incertain, mais celui-ci était formel. Il voulait qu'il le lise. Aujourd'hui ou un autre jour. Puis, il proposa même de le brûler. Non, Andrew ne pourrait jamais faire une telle chose. Ce n'était pas le carnet de Vera après tout. Et, sans ce carnet... ils n'en seraient peut-être pas là. Quelle drôle de pensée. Cet objet était à la fois bon et mauvais. Il avait attiré le mal, puis le bien. Mais le bien l'emportait, non ?

Jamie n'attendit pas la réponse du jeune homme pour l'embrasser. Ce baiser était tout aussi différent que les autres, Andrew pouvait le ressentir. Et il le laissa faire, sans approfondir plus, même s'il le désirait. Il ne pouvait pas revenir Jamie ici. Après quelques secondes, ou peut-être quelques minutes, il ne savait pas, Andrew cessa le baiser et se saisit du carnet. Il allait le lire. Ce soir. Mais pas devant Jamie. Devait-il partir ou attendre que le journaliste s'en aille ? « Si tu dis que ça ira mieux après... je ne peux que te faire confiance. » Le jeune homme eut un triste sourire. Son regard ne lâcha pas le carnet de plusieurs minutes avant qu'il ne se décide à poser ses yeux sur Jamie. « Je pense que j'aurai de la lecture ce soir. Ça tombe bien, je me demandais quoi lire avant de m'endormir. » Un peu d'humour - bizarre, certes - ne pouvait pas faire de mal. « On se voit demain ? Ou tu veux attendre la review de ma lecture ?» Bon, encore une petite pointe d'humour, mais Andrew devait se détendre, alors, tous les moyens étaient bons pour qu'il cesse de jouer les dépressifs.

Jamie s’en voudrait presque de délaisser son compagnon alors qu’il venait juste de commencer à se détendre dans son étreinte. Une chose qui ne manquait jamais de le faire sourire d’ailleurs. Savoir que lui, cet handicapé des sentiments aussi sociable qu’un ours qui sort à peine de sa caverne, était capable d’apporter une sorte de paix d’esprit à l’être qui était devenu le plus important dans sa vie…Il se sentait enfin utile à quelqu’un, désiré et aimé ; non pas enfermé dans une union sans amour et sans aucun sens pour Matthew qui sommeillait en lui et qui semblait prendre de plus en plus de place dans le subconscient du journaliste. Il prenait aussi confiance en lui là où Andrew semblait en manquer. Il avait toujours été quelqu’un de plutôt tactile et n’avait fait que se réfréner depuis qu’il s’était marié avec Vera. Aujourd’hui, il était sûr de lui, de ses sentiments et du fait qu’il ne voulait plus lâcher l’homme qui partageait aujourd’hui – secrètement – sa vie. Ils avaient bataillés pour en arriver là ; contre eux-mêmes, contre la société et les rumeurs de leur petite ville de Storybrooke, contre son ex-femme, contre beaucoup de choses. Maintenant ils méritaient le droit à ce bonheur qu’ils découvraient à peine.

Aussi Jamie pensait nécessaire qu’Andrew sache exactement ce qui le faisait rester et s’accrocher au jeune homme. Il lui donnait le carnet tant redouté et cause de beaucoup de chose. Il y avait toutes ses pensées dedans ; tout ce qu’il avait pu penser durant les mois où il a connu le cuisinier sans jamais agir sur une seule de ces pensées – sauf une fois et encore Andrew n’était même pas au courant à l’époque – alors qu’il en avait crevé d’envie à l’intérieur. Pendant des semaines il avait gardé, conservé et protéger ce carnet comme sa vie, par peur qu’on ne tombe dessus par inadvertance alors qu’il était heureux aujourd’hui. Ou presque. Il devait faire voir à son compagnon combien ils méritaient ce bonheur, à quel point ils avaient raison de profiter de cette chance qui s’offrait à eux. Ce n’était pas…Pas une chose qui était arrivée comme ça, d’un coup de tête. C’était une affection, simple, pure, qui avait grandi, et pris des proportions qui avait donné le tournis au journaliste par leur intensité. Le jeune homme semblait en proie à des doutes et même les paroles rassurantes de son compagnon n’y changeait rien sur le long terme, alors autant régler ça une bonne fois pour toute. Il le laisserait lire, découvrir par lui-même à quel point le journaliste tenait à lui, a toujours tenu à lui, depuis le jour où il a croisé son regard entre deux clients chez Granny jusqu’à maintenant et pour longtemps encore.

Le commentaire d’Andrew lui fit chaud au cœur tout en le mettant mal à l’aise. Oui, il avait l’intuition qu’ils iraient mieux après sa lecture mais…Il s’inquiétait aussi. Ce n’était pas simplement une lecture qu’il lui proposait, c’était le fond de son cœur, tous ces sentiments qu’il avait si bien protégé pendant des mois…Il était intimidé. Il n’était pas sûr de la réaction qu’aurait le cuisinier quand il aurait fini sa lecture et…Et il avait peur. Oui, il pensait que c’était la seule solution, mais on a toujours peur de se confier autant et aussi profondément à une personne, aussi chère cette dernière puisse-t-elle être. D’autant plus quand Andrew lui fit comprendre qu’il le lirait ce soir. Une boule se forma dans sa gorge. Anticipation, appréhension…tout cela se bousculait dans son être et quand on lui proposa d’attendre la réaction le journaliste se recula, comme prenant conscience d’un coup qu’il faisait quelque chose de tout à fait inapproprié et aborda un sourire nerveux, bien qu’heureux.

"Non, non. On se voit demain." il déglutit "Je suis peut-être courageux, mais pas téméraire. Alors…Je vais rentrer. Et attendre. Enfin…" ça y est, le voilà nerveux. Et quand il est nerveux, Jamie était bien incapable de faire une phrase correcte sans se perdre. Incroyable quand même, pour un type qui maniait si bien les mots en règle générale. Alors pour couper court à ce désastre de vocabulaire, il se décida, après avoir fini d’enfiler son manteau, d’embrasser une nouvelle fois Andrew, parce que ça lui permettait de se retrouver, de se rassurer, de savoir où il allait et pourquoi. "Merci Andrew…Pour me faire confiance." Un dernier baiser, plus chaste, et il passa la porte, un dernier sourire lancé au jeune homme habitant l’appartement. Maintenant il devait attendre.

Reportant son attention sur le carnet qu'il tournait et retournait, Andrew était à la fois curieux et nerveux. Peut-être ressentait-il la nervosité de Jamie qui ne semblait pas prêt à attendre son avis lorsqu'il aurait terminé sa lecture ? Possible. De toute façon, donner une partie de ses pensées personnelles ou lire les confessions intimes d'un être cher ne pouvait que faire naître des craintes. Andrew ne s'attendait pas à lire des histoires négatives à son sujet, mais quelque part, il n'était pas certain de vouloir se lancer dans la découverte du carnet. Il se sentait tiraillé, comme souvent, entre deux et allait certainement mettre beaucoup de temps avant d'oser lire les premières lignes écrites par Jamie. Alors, dans un sens, peut-être que le départ du journaliste n'était pas une si mauvaise idée après tout. Pas sûr qu'Andrew aurait pu réellement lire toutes ces pages en présence de l'autre, même dans une pièce voisine. « Ne t'en fais pas. Promis, je ne serai pas trop critique.» Gardant une pointe de bonne humeur pour masquer ses véritables émotions, le jeune homme eut un petit sourire avant de recevoir un baiser d'au revoir de la part de Jamie qui le remerciait ensuite pour sa confiance. « Ne me remercie pas...» À peine sa phrase fut-elle terminée que le cuisinier sentit les lèvres du journaliste se reposer contre les siennes, pour un véritable au revoir. Puis, un dernier regard, un dernier sourire, et les deux hommes se quittèrent pour la nuit.

Deux minutes plus tard, Andrew marchait dans son petit studio, le carnet à la main. Il n'avait pas encore osé ouvrir la couverture et sentait son cœur battre à une vitesse supérieure. Mais il fallait bien qu'il découvre les pensées de Jamie, ne serait-ce que pour se rassurer. Andrew poussa un long soupir et prit place au sol, le dos appuyé contre son canapé-lit. « Allait, tu peux le faire. Ce n'est pas comme si c'était une fichue prise de sang. » Devait-il réellement lire toutes ses phrases à son sujet ? Devait-il laisser cette part d'intimité à Jamie, même si elle le concernait ? Andrew ne savait plus où il en était, mais sa curiosité fut finalement victorieuse. Le voilà désormais concentré sur les premières lignes du carnet, puis les suivantes... jusqu'à ce que les minutes défilent sans que le cuisinier ne s'en rende compte.

Qu'en tirait-il, au final, de cette lecture ? Eh bien, quelque chose... qu'il ne pouvait pas nommer. Un ressenti, une sensation... étrange. Andrew n'avait même pas terminé les dernières pages et n'en avait plus eu la force. Une partie de lui se disait que c'était mal, une autre voulait en savoir davantage. Pourtant, il avait tout arrêté, car il savait. Il savait que le journaliste avaient de réels sentiments envers lui et que ce n'était pas lui qui l'avait perverti. Car oui, même si Jamie l'avait rassuré sur ce point durant leur première grande dispute, Andrew n'avait jamais réellement voulu entendre cette version. Vera lui avait fait un lavage de cerveau express et, avec l'incident qui s'en était suivi, comment raisonner logiquement ? Cet événement avait marqué Andrew mais ce carnet... ce simple petit carnet, ces simples petites notes, avaient tout changé. Mais en quoi était-ce différent des paroles de Jamie ? Il n'en savait rien. Mais, comme on dit souvent, les mots sont parfois magiques et l'écriture est une thérapie. Toutes les pages qu'il avait parcouru étaient sûrement les pensées les plus enfouies du journaliste et Andrew ne pouvait plus douter.

Guidé comme s'il était hypnotisé, le jeune homme se dirigea vers l'appartement de Jamie. Il ne savait pas pourquoi il se déplaçait ainsi, à une heure tardive, mais qu'importe. Il avait besoin de serrer le journaliste dans ses bras, besoin de sentir sa présence, juste... maintenant. C'était presque vital. Andrew n'avait pas pu attendre quelques heures de plus ni le lendemain. Son instinct le sommait de faire une chose totalement stupide uniquement pour être avec le journaliste. Et s'il le réveillait ? Et s'il le dérangeait ? Tant pis, le voilà devant la porte, près à toquer. Une dernière grande inspiration, une dernière petite pensée et Andrew donna trois coups contre la porte.

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