Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : Février 2012 Ordre de passage des participants : Drake - Harley

Allez, respires-toi Drake. Tu vas voir Harley, okay, c’est une raison de plus pour ne pas faire d’hyperventilation ! C’était en tout cas ce que se répétait Drake durant tout le chemin qui le menait de sa petite maison où il vivait avec ses parents à la maison de Harley. Il faisait le chemin en vélo, préférant la sensation du vent frais sur son visage alors qu’il roulait à une vitesse réglementaire. Il ne manquerait plus qu’il se fasse arrêter par le Shériff ou son adjoint pour excès de vitesse. A vélo surtout, ça serait…la lose. Comme si sa vie n’était pas déjà assez loseuse comme cela. Rien qu’hier il avait reçu deux ballons, avait dû ramasser trois fois ses livres de cours parce que des gros abrutis trouvaient ça marrants de lui rentrer dedans (quoi que certains étaient moins subtiles, ils empêchaient simplement le gymnaste de passer avant de prendre ses livres et de les mettre par terre), fut à deux doigts de devoir jeûner ce midi mais il a réussi à sauver son déjeuner, merci la gym pour une fois. Ce genre de journée, c’était tous les jours. Heureusement, les professeurs semblaient savoir ce qu’il se passait avec les camarades de Drake et évitaient à présent de trop vanter ses notes ou son attitude.

D’ailleurs de ce côté-là il n’y avait pas grand-chose à dire ; Drake était un garçon qui essayait de se faire le moins remarqué possible. Il s’asseyait toujours au fond de la classe, s’assurant une tranquillité relative. Ce n’était pas une bonne idée pour sa vue qui avait tendance à baisser depuis quelques années, mais il préférait encore ça à recevoir sans cesse des boulettes de papier, des coups de pieds dans sa chaise ou ce genre de choses. Il ne savait pas exactement ce qui poussait les gens à le martyriser comme ça…C’est aussi une des raisons qui l’ont poussés à proposer ces cours d’assurance à Harley. Bon, c’était aussi une excellente excuse pour que Drake puisse voir plus souvent Harley sans les autres autours. Sinon il était sûr d’avoir droit à des quolibets et surtout, il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas rester très longtemps avec elle.

Drake freina pour finalement d’arrêter devant la maison de Harley. Il posa son vélo sur le côté de la maison et resta un petit moment devant la porte. Ca n’était pas la première fois qu’il venait pourtant la nervosité est toujours la même que la première fois où il lui a adressé la parole. Il prit une grande inspiration et, après avoir remis convenablement son sac de cours sur son épaule gauche, sonna à la porte. Juste après il se rappela ses lunettes et les retira en vitesse, les rangeant dans la poche avnat de sa veste.

Encore une journée sans intérêt au compteur, Harley se posa mollement sur son canapé. Elle alluma la télévision, davantage pour avoir un fond sonore que pour la regarder, ses yeux trainant davantage sur son smartphone. Elle parcourut rapidement ses mails, puis reçut un message qui attira son attention. Elle sourit. C’était la fouine qui la prévenait que son petit ami arrivait à toute trombe en vélo chez elle. Cette gamine était une exécrable larve, mais même ses moqueries à peine dissimulées donnaient des informations utiles à Harley. Ainsi celui qu’Agneta appelait son « petit ami », autrement dit Drake, était en route pour son cours de soutien d’un nouveau genre. A cette pensée, le sourire de la jeune Watson s’élargit encore. Plein d’idées saugrenues surgissaient dans son esprit quand elle songeait au service qu’elle rendait à Drake. C’était un garçon maladivement timide, il ne fallait pas être une lumière pour le remarquer. Mais Harley n’avais pas accepté sa proposition uniquement parce qu’elle avait bloqué sur ses cheveux en bataille dans lesquels elle avait l’irrépressible envie de glisser ses doigts. Elle n’avait pas non plus dis oui pour avoir des devoirs toujours impeccables sans grand effort, elle avait d’autre chats à fouetter que d’être bonne à l’école. Non, en réalité, si elle s’était laissée prendre au jeu, c’est qu’elle sentait un réel potentiel en Drake, qu’elle estimait plus intéressant que ce qu’en disait sa réputation. Cette dernière était un fléau, et ce n’était pas qu’une affaire de lycéen. Toute leur vie, ils seraient pourchassés par la réputation qu’ils auraient dégotée entre les murs de ces bâtiments carcéraux. Car Harley se plaçait dans le même sac que Drake. Que ce soit au lycée comme dans tout Storybrooke, elle avait du mal à obtenir la réputation qu’elle estimait mériter. Elle aurait dû être appréciée, aimée, respectée pour tous les efforts qu’elle faisait. Au lieu de ça, elle était reléguée au même rang que les boutonneux et les introvertis qui erraient en ville tels des fantômes que nul ne voyait.

Le doux éclat de la sonnette retentit dans l’entrée, et Harley se leva sans perdre un instant. Elle s’attarda néanmoins près de la glace qui surmontait le buffet remis à neuf, arrangeant ses cheveux dans un habile coiffé-décoiffée, et pinçant ses lèvres pour les rosir légèrement. Puis elle rejoignit l’entrée et ouvrit la porte pour découvrir derrière elle un visage amical. « Drake ! Bienvenue dans mon humble demeure, entre donc. » Elle sourit en se glissant sur le côté pour laisser l’opportunité au jeune homme de suivre sa directive. Elle repoussa lentement la porte derrière lui, la laissant se claquer d’elle-même. Puis sans perdre une minute, elle aida Drake à se défaire de son manteau pour le déposer sur le portant prévu à cet effet. Après quoi elle passa son bras sous le sien et le conduisit dans le vaste salon. Elle s’arrêta au niveau du canapé et se plaça très solennellement devant lui. Un sourire fin esquissa alors une moue amusée sur ses traits. « Respires un coup, Drake, on est entre nous là, tu n’as aucune crainte à avoir. Mes parents ne seront surement pas rentrés avant plusieurs heures et aucun voisin ne risque de nous épier par-delà les fenêtres dans ce quartier. » Le sourire toujours aux lèvres, elle prit la main de Drake pour l’entrainer à sa suite et contourner le canapé, après quoi elle s’assit et le laissa en faire de même en rompant le contact entre leurs doigts. Elle riva alors sur lui son regard le plus attentif, tout en tâchant de paraître la plus détachée possible pour ne pas lui mettre la pression. « Alors, comment s’est passée ta journée aujourd’hui ? Est-ce que tu as eu envie de boxer quelques débiles ? » Autant commencer par des choses simples, en l’incitant à se confier, Harley pourrait mieux comprendre par où elle devait attaquer le cours aujourd’hui. Drake était un garçon sensible, elle le savait, mais elle n’était pas non plus là pour le prendre avec des pincettes. Passée l'introduction de rigueur, elle comptait bien l’attraper par la peau des fesses pour le forcer à se bouger.

Autant dire que Drake était tiraillé par des sentiments totalement contradictoires envers sa situation actuelle. On la résume déjà : il se trouvait actuellement devant la porte de la maison de Harley Quinn Watson, la fille. Oui, mais quelle fille ? A dire vrai, il n’en n’était pas très sûr lui-même. La seule chose qu’il savait avec certitude, c’est qu’il voulait en savoir plus sur elle. Apprendre à la connaître, petit à petit et surtout, pas entièrement. Quel serait le sel de la vie s’il découvrait tout de Harley avec trop de facilité ? Sérieusement ? Non. Il voulait…Il voulait simplement se rapprocher, un peu, juste pour se dire qu’il n’était peut-être pas un cas si désespéré que ça. Car là, qu’on vous explique la dualité opposée qui fait rage en Drake : d’un côté il était tout simplement extatique à l’idée de voir Harley et le temps qu’elle prenait à répondre à la porte semblait cent mille fois trop long. D’un autre côté, il était une véritable boule de nerfs face à cette porte et à l’idée de qui se trouvait derrière, les secondes avant l’ouverture de la porte étaient autant d’occasion qu’il laissait filer pour fuir, reprendre sa petite vie normale et totalement insignifiante aux yeux de la plupart des gens ; oublier cette idée stupide et hors de sa portée de se rapprocher d’Harley.

Ce fut la dite Harley qui coupa court à son hésitation en ouvrant la porte. Drake afficha un énorme sourire. Un peu trop grand peut-être, mais tant pis. Il faisait ce qu’il pouvait actuellement, tout pour éviter de paniquer. Un petit "Salut" passa ses lèvres alors qu’il entrait dans la maison, observant tout autour de lui. Humble demeure ? C’est cela, oui. C’était déjà bien plus grand que la maison de ses parents, qu’il trouvait déjà grande. Il déposa son sac à dos dans l’entrée, les yeux parcourant toujours la décoration de la maison quand deux mains tirèrent sur son manteau. Il comprit le message et retira son manteau pour laisser son hôte le ranger. Ouais, bon, il devrait se faire à la vitalité de la jeune femme…Et à son franc parlé. Déjà, elle commençait par tirer Drake derrière elle, comme s’ils étaient amis depuis le jardin d’enfant, ce qui eut le don de surprendre le jeune homme qui faillit s’emmêler dans ses pas et se ramasser par terre (mais merci mon dieu il est resté debout), alors que ses yeux continuaient de parcourir la maison, plus rapidement cette fois. Puis elle parla et ce fut un petit rire amusé qui sortit de la gorge de Drake qui, étonnamment, se sentait déjà mieux. Il fit donc un peu le pitre et prit une respiration exagérée, avant de la laisser sortir, se voutant un peu pour mettre l’emphase sur le côté relaxant d’une bonne grande respiration. C’est un sourire heureux sur le visage qu’il annonça à Harley.

"Ah le grand air d’intérieur, rien de mieux pour vous revigorer."

D’où il sortait tout cela ? Son cerveau tout simplement. Il faut dire que sous sa timidité maladive se cachait un sens de l’humour en état de marche, une vivacité d’esprit qu’il préférait garder pour lui et un être terriblement tendre. Mais bon. Il imita Harley et s’assit en tailleur sur le canapé (après avoir enlevé ses chaussures bien évidemment), puis poussa un soupir. Devait-il vraiment raconter sa journée ? Sérieusement ? Raconter les humiliations arrivant les unes après les autres, toutes plus inventives les unes que les autres ? Oui, visiblement.

"Oh. Une journée ordinaire en somme. Cours, des livres qui embrassent le sol, cours, déjeuner à passer en mode camouflage pour conserver mon repas, cours, cours, oh, j’ai échappé de peu à me faire enfermer dans un des casiers du cours de gym." Il fit une légère pause et posa les yeux sur ses mains, ses doigts lâchement croisés "Alors oui, j’ai eu envie de boxer. Mais "avoir envie" et "faire" sont deux choses différentes."

Il se redressa alors, comme sur ressorts, et ses yeux cherchaient de quoi lui servir d’exemple. Il repéra le pot-pourri et pris un pétale de rose séché, la posa dans sa main ouverte.

"Imagine que ça c’est moi." Il serra son autre main en un poing qu’il montra à Harley "Et ça ce sont les « débiles » qui m’ont pris comme tête de turc. Observons maintenant quand les deux entrent en collision" il écrasa son poing sur le pauvre pétale de rose séché, le brisant en petit morceaux "Débiles : 1, moi : 0 et des bleus. La calcul est vite fait."

Ca avait au moins le mérite d’être clair. Il poussa un nouveau soupire et joua avec les petits morceaux de rose dans sa main.

L’idée n’était pas de ménager Drake, mais Harley n’entendait pas lui donner confiance en lui par une série de coups de fouet et d’ordres aboyés dans tous les sens. Il fallait que le jeune homme soit un minimum à l’aise avec elle pour que ses conseils lui soient utiles. Mais la jeune Watson n’était pas non plus une reine de patience et d’indulgence. Si elle devait mettre Drake dans de bonnes dispositions, ce ne serait pas en le couvant et en lui laissant le temps d’atterrir. Voilà pourquoi elle le libéra de son manteau et le mena dans son salon dans le plus grand empressement. Après tout, s’il s’endormait, Harley ne pourrait plus faire grand-chose pour son problème d’assurance. Elle l’incita néanmoins à prendre de grandes bouffées d’air, afin qu’il se détende, le charriant légèrement au passage.

« Ah le grand air d’intérieur, rien de mieux pour vous revigorer. » Harley esquissa un sourire, amusée. Oui, certes, il n’était pas en plein air, mais prendre de grandes inspirations était toujours un exercice efficace, même en intérieur. Aussi laissa-t-elle une moue vexée s’immiscer sur ses traits, avant d’envoyer son poing s’enfoncer dans l’estomac du jeune opportun. Puis elle lui lança un sourire espiègle et fila s’assoir sur le canapé. Ça lui apprendrait à la chercher. Si Drake était un élève malmené, il n’en restait pas moins moqueur, et si cela lui donna l’envie de le dresser comme il se devait, ça la rassura également. Entre deux âmes narquoises, les cours n’allaient pas manquer d’être intéressants. Néanmoins, malgré cet aparté amusant, Harley comprit bien le soupir que lui servit son nouvel élève. Il fallait redevenir sérieux, et de toute évidence cela ne l’enchantait guère.

« Oh. Une journée ordinaire en somme. Cours, des livres qui embrassent le sol, cours, déjeuner à passer en mode camouflage pour conserver mon repas, cours, cours, oh, j’ai échappé de peu à me faire enfermer dans un des casiers du cours de gym. » Harley tenta de déguiser sa pitié sous un air plein d’intérêt. Elle-même n’avait jamais apprécié de voir cette fausse charité dans le regard des gens, elle doutait que qui que ce soit ne puisse l’accueillir avec clémence. « Alors oui, j’ai eu envie de boxer. Mais "avoir envie" et "faire" sont deux choses différentes. » Harley haussa un sourcil. Vive comme elle l’était, elle faillit commenter ses mots, mais il se levait déjà et elle comprit qu’il n’avait pas terminé. Elle prit donc son mal en patience, et croisa les bras en se laissant basculer contre le dossier du canapé, sans quitter le jeune Newlin des yeux. « Imagine que ça c’est moi. » Sa mère serait surement ravie de voir qu’il manquait un pétale dans son pot. « Et ça ce sont les « débiles » qui m’ont pris comme tête de turc. Observons maintenant quand les deux entrent en collision » L’image réussit son coup, Harley fit mine de porter une main à ses yeux pour ne pas assister aux désastreux spectacle. « Débiles : 1, moi : 0 et des bleus. La calcul est vite fait. »

Harley se redressa, et tandis qu’il soupirait et jouait distraitement avec les débris de la fleur séchée au creux de sa paume, elle se leva et se posta face à lui. Elle attrapa ses épaules et flanqua son regard le plus âpre dans les prunelles brunes abattues du jeune homme. « Newlin, un bon conseil ; arrête de voir les choses sous un angle qui t’es défavorable. » Elle affermit un peu plus sa prise sur ses épaules. « Tu n’es pas obligé de les boxer au sens littéral du terme. » Un sourire fin étira ses lèvres, tandis qu’elle approcha son visage du sien, comme si elle souhaitait obtenir une attention plus vive de Drake qu’elle ne l’avait déjà. « Tu es intelligent et plein d’esprit. Ces toquards ne feront jamais le poids si tu les prends par la ruse. Si tu veux les toucher, attaques les dans le dos. Ils sont trop arrogants et t'estiment trop faible pour te faire d'emblée porter le chapeau. Et ils seront encore moins tentés de le faire si tu leur mâches le travail et leur trouves un coupable tout désigné. » Ses yeux s’étrécirent. « Je ne te dis pas de faire porter le chapeau à une autre victime telle que toi, mais à quelqu’un que tu n’aimes pas, oblige les à se retourner les uns contre les autres. » Elle éloigna à nouveau son visage et lâcha les épaules de Drake. Elle lui lança un clin d’œil et ajouta : « C’est très jouissifs de voir les débiles se boxer entre eux. » Puis elle retourna s’assoir sur le canapé en lui tournant le dos. A nouveau bien installée, elle prit un air plus détaché. Il n’était pas question qu’elle laisse Drake se sous-estimer, pas quand il avait dans le crâne une mine d’or capable de les sauver tous les deux. Car Harley n’était pas totalement désintéressée. Si elle pensait son camarade capable de beaucoup mieux, elle l’estimait également digne de lui venir en aide dans sa propre entreprise. Il était bien plus censé et intelligent que les crétins qui formaient sa bande de fortune. Mais il était encore trop tôt pour se confier à Drake, et elle ne le ferait sans doute que si toute tentative de manipulation plus avantageuse échouait lamentablement.

« Sais-tu ce qui fait la popularité de ces débiles quand des gens aussi intéressants que nous galèrent ? » Un mince sourire, dépourvu de toute joie, s’aventura sur ses lèvres. « Ils ne réfléchissent pas. S’ils veulent faire quelque chose, ils le font, s’ils veulent quelque chose, ils le prennent. » Son ton était froid et dur. Elle-même considérait l’absence d’activité neuronale de ces gorilles comme une calamité, mais le lycée semblait bien se prêter à cette configuration-là, laissant ceux qui possédaient une vraie valeur ajoutée seuls et désespérément impopulaires. « Alors il faut que tu apprennes à débrancher ton cerveau. » Ses yeux brillèrent tandis qu’elle sourit en précisant : « Je sais, c’est dur, mais c’est le prix à payer pour être accepté dans ce monde. Arrêter de poser des questions qui exaspèrent le commun des mortels, ne pas employer de mots trop savants qui riment avec pipi et caca à leurs oreilles, et surtout ne pas prendre ces brebis galeuses de haut. » Elle eut un air désolé, sans doute brisait-elle les espérances de Drake, mais il n’y avait pas de solution miracle. Seule la mimétique permettait une réelle acceptation, car les gens fuyaient ce qu’ils ignoraient ou ne comprenaient pas. Elle le regarda droit dans les yeux, avant de terminer : « Il y a quelque chose qui te plait dans cette salle ? » Elle haussa les sourcils, laissant Drake former sa pensée. Puis après quelques secondes de silence, elle ajouta, sèche et déterminée : « Prends le. »

Autant dire que le poing de la Watson tapa dans pas grand-chose qui puisse se révéler douloureux. Drake avait plus de muscles qu'il en avait l'air et même s'il ne s'était pas attendu à ce qu'elle le frappe au ventre, il n'avait pas plus ressenti ça comme un véritable coup. Elle n'y mettait probablement pas du sien non plus mais il fit une mine douloureuse et la suivit sans rien dire. S'en suivit un rapide exposé sur sa journée et comme quoi il finirait en une masse de bleus informe s'il en venait à tenter de frapper les abrutis qui se faisaient un plaisir de le prendre pour cible. Ce fut là que Harley prit le relai et que Drake écouta sagement. Ça, il savait très bien faire. Il le faisait régulièrement quand il se retrouvait à une réunion de famille avec ses oncles, tantes et autres personnes qui adorent raconter leur vie et qui attendaient du jeune homme qu'il les écouté avec un grand intérêt. La différence avec la situation actuelle? L'intérêt n'était pas feint. Il voulait vraiment savoir ce que la jeune fille en face de lui avait à lui dire, quels conseils elle avait pour un cas comme lui. Il découvrit d'ailleurs une chose qu'il ne soupçonnait pas: elle semblait se mettre dans le même sac que lui. Alors que, même si elle n'était pas ce qu'on pouvait considérer comme communément populaire, elle dégageait une espèce d'assurance qui attirait le regard de Drake comme un papillon de nuit à une lampe.

Ce qu'elle dit aurait bien tiré quelques commentaires au jeun Newlin; car il était parfois difficile de ne pas voir les choses sous un angle défavorable quand tout ce que vous tentez de faire pour redresser la situation se solde par un échec. De même, faire de l'esprit, certes; mais soit ils ne comprennent pas et pensent qu'on se fout de leur gueule et vous boxe, soit ils comprennent et vous boxe de toute façon (il en avait fait l'expérience il n'y a pas si longtemps). Donc ouais, Drake avait un peu de mal à voir les choses sous un jour favorable. Quant à la suite...La suite le surprit autant que l'impressionna. Il ne pensait pas Harley capable de penser d'une façon aussi...Sournoise et fourbe mais quelque part ça lui plaisait bien. Le fait de faire en sorte que les gens se boxent entre eux plutôt que sur lui, ça c'était une bonne idée. Cependant, Drake était bien trop intègre pour faire une chose pareille et il le savait très bien. Mais les surprises ne s'arrêtèrent pas là.

Harley continua et, s'il avait réussi jusque-là à garder un air neutre mais attentif (comment ne pas être attentif quand une fille comme elle vous parle à quelques centimètres à peine de votre propre visage? Avec ce petit sourire si...si...Argh, il ne trouvait même plus les mots dans son cerveau), là il ouvrit carrément de grands yeux interloqués face à ce qu'elle disait. En gros, elle lui proposait de devenir ceux qu’il tentait de fuir par tous les moyens. Ça faisait sens d'une certaine façon, s'il cherchait à se faire accepter par ces types. Or, ce n'était pas le cas. Oui, il voudrait bien être un peu mieux vu au lycée, il ne s'en cachait pas, et s'il pouvait faire en sorte que ça arrêtent les abrutis de le prendre pour tête de turc ça serait parfait. Mais ça ne serait certainement pas en devenant l'un d'entre eux ou même simplement un ersatz de ces types. Il avait encore sa fierté et n'était pas désespéré à ce point-là. C'est pourquoi lorsque Harley lui proposa de prendre une chose qui lui plaisait dans la pièce, Drake fronça les sourcils et planta ses yeux marron dans ceux de la jeune femme dans le canapé.

"Hors de question." il fit quelques pas en avant "Je ne deviendrais pas comme eux. Je ne cherche pas une acceptation de leur part, je cherche simplement à ce qu’ils me foutent la paix. Ma vie me convient si on oublie la variante boxing day avec ma tête tous les jours ; j’ai quelques amis, mes parents, ça me suffit amplement."

Il s’approcha encore un peu plus, jusqu’à envahir l’espace vital d’Harley, ses mains sur le dos du canapé autour de la tête de sa camarade.

"D’autant plus que si j’étais comme eux et dans l’hypothèse où j’aurais choisi toi dans cette pièce. Même si tu n’avais pas voulu je l’aurais fait quand même." Il approcha encore un peu son visage, se voulant inquiétant par son sérieux "Je t’aurais prise comme on prend un objet parce que c’est comme ça qu’ils agissent." Il s’éloigna d’un coup, ne revenant pas lui-même de cette audace dont il venait de faire preuve envers sa camarade "Moi non. Je ne traite pas les gens comme des objets qui peuvent me servir à un moment ou à un autre. Je respecte les gens autour de moi, point final. Donc non, je ne prendrais rien dans ta charmante maison."

Ca c’était dit. Maintenant il n’avait qu’à attendre de voir si Harley le foutait dehors pour lui avoir fait perdre du temps ou pas.

Il ne la coupa pas une seule fois, et elle le sentit suffisamment accroché à ses lèvres pour que cela lui donne de l’audace. S’il ne faisait pas trop grise mine à ses paroles, sans doute pourrait-elle rapidement lui donner la confiance qui lui manquait et qu’il était venu chercher chez elle. Harley n’avait jamais eu de faible pour les cas désespérés, mieux valait donc pour Drake qu’il n’en soit pas un. Mais elle ne pouvait pas non plus espérer que leurs petits travaux dirigés se passent comme sur des roulettes, ça aurait été trop beau. Aussi, lorsqu’il fronça les sourcils et planta ses prunelles brunes dans le fond de ses yeux, en lâchant « Hors de question. », d’un ton catégorique, Harley soupira. Elle n’était pas au bout de ses peines avec lui, mais écouta néanmoins ses explications avec intérêt. « Je ne deviendrais pas comme eux. Je ne cherche pas une acceptation de leur part, je cherche simplement à ce qu’ils me foutent la paix. Ma vie me convient si on oublie la variante boxing day avec ma tête tous les jours ; j’ai quelques amis, mes parents, ça me suffit amplement. » Il s’était déjà rapproché avant de monologuer, mais il le fit encore sans aucune mesure ensuite, fixant ses mains sur le canapé, de part et d’autre de la tête d’Harley. Elle haussa un sourcil, tandis qu’un sourire surpris étira ses lèvres.

« D’autant plus que si j’étais comme eux et dans l’hypothèse où j’aurais choisi toi dans cette pièce. Même si tu n’avais pas voulu je l’aurais fait quand même. » Le visage d’Harley se crispa, tandis que Drake l’approchait à une distance de moins en moins raisonnable. Elle se doutait qu’il n’aurait pas le cran de mettre à exécution ses mots. La tournure de sa phrase faisait de toute manière assez finement comprendre à la jeune Watson qu’il ne faisait que lui montrer à quel point ce qu’elle lui demandait de faire était choquant. « Je t’aurais prise comme on prend un objet parce que c’est comme ça qu’ils agissent. » Il se recula brusquement, laissant les pensées d’Harley dans un chaos improbable. Il ne voulait pas faire ce qu’elle lui disait de faire car c’aurait été la traiter d’une manière qu’il réprouvait. Drake avait trop bon cœur, c’était certain, et sa phrase suivante ne laissa plus le moindre doute possible. « Moi non. Je ne traite pas les gens comme des objets qui peuvent me servir à un moment ou à un autre. Je respecte les gens autour de moi, point final. Donc non, je ne prendrais rien dans ta charmante maison. » C’est qu’il mordrait presque. Harley tenta de dissimuler son amusement. Elle avait d’autres projets dans l’immédiat que de se moquer de la finesse de son camarade. Elle se leva et franchit la distance qui les séparait à nouveau tout en lançant : « Bon sang, Newlin, c’est quand même pas difficile ! » Elle attrapa sa nuque et pressa ses lèvres contre celles de Drake. Elle ne chercha pas à rendre le contact doux, ni à approfondir le baiser, reculant rapidement son visage de celui du jeune homme, sans néanmoins retirer ses mains de sa nuque. Elle le regarda alors droit dans les yeux. « Tu vois, un jeu d’enfant, et je ne te considère pas pour autant comme un objet. » Elle le relâcha avec un clin d’œil mais ne s’éloigna pas. « Mais j’aime ton enthousiasme à défendre ce qui te tient à cœur. C’est très inspirant. » Elle eut un sourire fin et espiègle, puis recula finalement d’un pas pour instaurer entre eux une distance de sécurité.

Elle estimait avoir suffisamment dérouté Drake pour le moment. Sans lui laisser l’occasion de devenir véhément face à son initiative, elle reprit avec un calme froid : « Tu ne veux pas te comporter comme eux, j’ai compris. Mais je vois mal comment tu pourras gagner en assurance si tu continues à te faire frapper dessus à longueur de temps. Tu ne mérites pas ce traitement, j’en suis convaincue, mais il faut réussir à les convaincre également. » Elle réfléchissait tout en parlant. Harley détournait agréablement le sujet, faisant passer le baiser qu’elle avait volé à Drake pour de l’histoire ancienne, un simple contact du même gabarit qu’une poignée de main, qu’elle avait déjà effacé de ses pensées. Mais si elle faisait admirablement illusion, rien n’aurait pu être plus faux. Leurs lèvres ne s’étaient pas mêlées longtemps, et ça avait été sans douceur, seul le frôlement lorsqu’elle avait mis fin au baiser pouvait sembler digne d’intérêt. Toujours est-il que ce contact bref et froid avait donné un étrange frisson à Harley. Ca n’avait rien à voir avec le frisson d’envie qu’elle avait pu ressentir l’autre soir avec Sven, c’était … autre chose. Mais Harley avait choisis de ne pas en faire cas davantage, reléguant ça à une part de son subconscient qui traiterait l’information en temps voulu. « Ah moins qu’en prenant confiance en toi, tu finisses par réussir à les remettre à leur place ou au moins à les désintéresser. » Elle songea à son propre cas. Harley était loin d’être la fille la plus appréciée du lycée, et pourtant elle évitait admirablement bien les sournoiseries de ses condisciples, attaquant toujours la première lorsqu’elle se sentait menacée, et les gros bras la laissaient tranquille, sifflant même parfois sur son passage selon ses tenues. Mais sur ce dernier point, elle doutait de pouvoir utiliser son expérience au service de Drake. Il fallait lui trouver un autre point d’intérêt, autre chose susceptible de le montrer aux yeux du monde sous un meilleur jour. Soudain, elle eut une idée qui la fit trépigner. Son regard restait jusque-là planté dans le vide, mais il revint s’intéresser à son élève, et il brillait lorsqu’elle ajouta : « As-tu une activité extra-scolaire, qu’on pourrait mettre en spectacle pour travailler ton assurance et te permettre de te révéler à Storybrooke et de trouver dans le regard des habitants le courage de croire en toi ? »

Okay, ça il ne s’y était pas attendu. Mais alors pas du tout. Drake s’était attendu à…Euh, pas grand-chose à vrai dire, mais pas à ce que Harley l’embrasse. Certes, c’était plus un frôlement de lèvres qu’un vrai baiser mais ça eut son petit effet sur le jeune homme qui n’affichait plus rien de l’audace et de l’assurance dont il avait pu faire preuve avant, son visage ayant viré au rouge cramoisie et se mains se retrouvant à se triturer l’une l’autre d’une manière un peu nerveuse. Okay, carrément nerveuse. Son cerveau tournait à cent mille à l’heure pour tenter de mettre de côté cet évènement hautement…Perturbant, mais dans le bon sens, pour Drake. Il ne devait pas se laisser distraire par ce genre de choses. Surtout si ça l’empêchait de se défendre correctement face aux moqueries que lui lançait Harley. Pourtant le fait était là : il n’arrivait pas à se concentrer suffisamment pour retrouver sa répartie. Alors il prit le parti de laisser sa camarade parler, le temps que son cerveau s’accroche à quelque chose de plus solide que simplement des théorèmes de math sur lesquels il devait bosser ce soir.

Il finit par s’accrocher à son avant dernier commentaire. Qu’il désintéresse ses détracteurs par son assurance ? Ca semblait tordu comme truc, mais pourquoi pas. Après tout, s’ils voyaient que, malgré son manque de popularité, il arrivait à ne plus fuir la queue entre les jambes quand ils approchaient ça serait déjà une grande avancée. Sauf qu’il ne voyait pas comment faire ça. Tout acte de défiance qu’il avait déjà pu tenter s’était soldés par de cuisants échecs, ce qui ne l’encourageait pas à retenter. Oh…Oulah…Il n’aimait pas ce regard brillant que lui lançait Harley. Il ne lui disait rien qui vaille. Pas qu’il s’attende à du « mal » à proprement parlé, mais il savait reconnaître ce regard. C’était celui qui disait qu’elle avait une idée. Il ne savait pas laquelle et c’est bien ce qui l’inquiétait. La jeune femme en face de lui pouvait se montrer très imaginative et avait régulièrement de bonnes idées, mais bien souvent elles étaient au dépend de quelqu’un, ici ça serait lui si rien ne venait contrarier ses plans, il en était sûr. Pourtant il ne dit rien et attendit. La réponse à sa sourde interrogation fut plus…simple qu’il ne l’imaginait. Pas de malice visible ici. Pas de jeu. Une vraie question.

Et quelle question. Il passait son poids d’un pied à l’autre, cherchant quoi dire. Drake ne savait pas s’il devrait vraiment parler de la gym. C’était son échappatoire. Ce n’était pas…Ce que les gens s’attendaient d’un garçon de dix-huit ans comme lui. Ils s’attendaient à le voir jouer au foot, au baseball ou même au basket. Pas à ça. Clairement pas. Il ne voulait pas se ridiculiser plus qu’il ne l’avait déjà fait face à Harley…Déjà qu’il venait ici pour se faire aider à avoir confiance en lui…Ouais mais le regard qu’elle lui lançait, presque espérant, finit de le décider. Poussant un lourd soupir de résignation, il ferma les yeux une seconde avant de croisa les bras sur sa poitrine pour empêcher ses bras de trembler de nervosité.

"Je…Je fais de la gym acrobatique." Il fit une pause juste le temps de voir si elle se moquait de lui tout de suite ou non "Mais ça, la plupart des gars au lycée le savent. Tu penses bien, à force de vider mon sac par terre ils ont fini par faire un plus un égale deux. Si, si, je te jure ils y sont arrivés. C’est pas pour autant qu’ils me respectent, au contraire."

Il retourna s’asseoir sur le canapé, ses mains derrière la tête.

Grappiller les petits détails du quotidien de Drake pour tenter d’en faire sortir une substance digne d’intérêt, voilà ce sur quoi Harley s’était arrêtée. Le jeune homme paraissait être quelqu’un de bien, sans doute un peu trop bien à son goût, malheureusement la bonté d’âme et le repli sur soi n’étaient guère des qualités populaires au lycée de Storybrooke. Harley avait bien saisi le fond de la pensée de Drake, il ne souhaitait pas être populaire, simplement gagner confiance en lui et pouvoir s’ouvrir à des gens sans doute aussi dignes d’intérêt que lui. A cette pensée, Harley du réprimer un sourire triste. Si Drake avait eu assez d’assurance, et n’avait donc pas eu besoin de son aide, sans doute ne l’aurait-il jamais abordée. La jeune Watson n’était pas exactement le genre de personne que l’élève lambda crevait d’envie d’approcher. Plutôt auto-suffisante, un brin hautaine, extravagante, et ne mâchant pas ses mots, elle était loin de la poupée modèle qui faisait craquer ses congénères et attirait convoitises et amitié de la part de la gente féminine qui se plaisait dans les contradictions et l’hypocrisie. Tout ceci faisait naître en elle une étrange appréhension qui lui nouait l’estomac. Une fois qu’il aurait ce qu’il voudrait, et qu’il serait capable d’atteindre les personnes qu’ils méritaient d’avoir dans son entourage, il oublierait sans doute tout de la rouquine délurée qui lui avait servis de guide. Ses lèvres s’étirèrent avec finesse. Elle ne pourrait pas lui en vouloir, elle agirait exactement de la même façon si les rôles se trouvaient inversés.

« Je…Je fais de la gym acrobatique. » Les joues d’Harley se crispèrent, mais elle réussit tant bien que mal à conserver son calme. Ne pas rire au nez de Drake était de la plus haute importance, après tout elle était sensée l’aider en le traitant mieux que la plupart de leurs camarades ne le faisait. « Mais ça, la plupart des gars au lycée le savent. Tu penses bien, à force de vider mon sac par terre ils ont fini par faire un plus un égale deux. Si, si, je te jure ils y sont arrivés. C’est pas pour autant qu’ils me respectent, au contraire. » Ses sourcils se froncèrent bien malgré elle. Que le petit Newlin pouvait être défaitiste, ce n’était pas avec cet état d’esprit là qu’il réussirait à mettre les cours d’Harley à profit. Il s’installait à nouveau sur le canapé, croisant ses mains derrière la tête dans une attitude nonchalante qui fit naître un éclair dans l’œil de la jeune fille. Elle se posa juste à côté de lui sur le canapé, une jambe repliée sous ses fesses, complètement tournée vers Drake. L’air grave, elle attrapa son regard dans ses prunelles claires, et entama avec vélocité : « Tu es vraiment trop défaitiste, mon pauvre. Regarde-moi, est-ce que je suis toujours en train de me plaindre ? Est-ce que je tire la gueule à longueur de temps ? Nan ! Et pourtant, crois-moi, avoir de l’argent n’apporte pas tout. » Elle ne laissa pas l’ombre d’un doute ni la moindre once d’amertume dénaturer ses traits, continuant sur la lancée en attrapant Drake par l’épaule. « C’est vrai que la gym n’est sans doute pas le sport le plus populaire chez les mecs de ton âge mais … » Un sourire malin fit irruption sur ses lèvres. « Les tenues doivent être pas mal moulantes non ? » Développant encore un peu son sourire, tandis que sa voix se faisait moins vive et plus profonde, elle ajouta : « Et puis quand vous vous servez de vos muscles, ça doit être très … inspirant. » Cette fois-ci son sourire avait viré carnassier. Elle ne cachait plus les idées qui lui venaient en tête. Mais si elle avait utilisé le « vous » en parlant des muscles, c’est qu’elle estimait que les coéquipiers de Drake en avaient nécessairement plus que lui. Les apparences étaient souvent trompeuses et la jeune fille ne jurait que par elles. Lâchant finalement l’épaule de Drake, elle laissa sa tête tomber contre le canapé, tandis que son regard n’observait plus réellement le jeune homme, mais imaginait ses condisciples en tenue hyper saillante. « Tu crois que je pourrais venir avec toi à ton prochain entraînement ? » Elle ajouta précipitamment : « Pour voir ce qu’il y a à tirer de tes capacités de gymnaste, bien sûr, c’est purement professionnel. » Elle prit un air soudain sérieux, en se redressant, rivant ses prunelles dans les yeux sombres de celui qui lui ouvrirait bientôt les portes d’un monde qu’elle ne pouvait que soupçonner.

Défaitiste, c'était un fait, Drake l'était. Il n'y pouvait rien si, à force de se voir pris constamment pour cible il finissait par avoir une attitude négative. On ne pouvait pas lui demander de faire de grands sourires et de se la jouer Candide tout en encaissant les coups bas de ses camarades de classe qui se croyaient encore à la Préhistoire. Pourtant il était allé consulter le Docteur Hoper il y a quelques années pour ses problèmes d'adaptation aux autres. Ça n'avait pas eut un grand succès, il fallait bien le dire, mais ça ne l'empêchait pas de continuer à aller le voir de temps en temps, plus pour avoir l'impression de parler avec un ami que parce qu'il avait besoin d'être suivit par un psy. C'était triste à dire, mais les quelques personnes qu'il considérait comme ses amis étaient des gens plus âgés que lui, des adultes bien souvent. Si ceux du lycée pouvaient le laisser tranquille, il pourrait mieux profiter de ces amis-là, plutôt que de se replier sur lui-même dans l'espoir de devenir assez petit pour disparaître au fond d'un trou de souris.

Harley reprit la parole et le sermonna encore un peu sur son attitude défaitiste et lui demandant, plus pour la rhétorique qu'autre chose si vous voulez son avis, si elle faisait la gueule ou quoi. Non. C'est vrai qu'à chaque fois qu'il apercevait la jeune femme, celle-ci avait un sourire sur le visage. D'accord souvent moqueur ou malicieux voire diabolique, mais c'était un sourire. C'était déjà plus que ce dont lui était capable au lycée (et non, il ne passait pas ses journées à observer Harley quand elle était dans la même pièce que lui, c'est faux). Drake redescendit ses bras pour les poser sur ses cuisses, attendant que sa camarade ait terminée, d'autant plus qu'elle avait énoncé un mais, une chose qui généralement voulait dire une suite logique dans un discours, même si ça venait donner une contradiction parfois. Sauf que la suite le rendit perplexe, cherchant à voir où elle voulait en venir. Les tenues étaient-elles moulantes? Euh...oui, pour éviter qu'il ne se prenne les pieds ou les mains dans les plus de sa tenue pendant un enchaînement. Et puis pourquoi "vous"? Il aurait bien aimé encore faire partie d'un club mais ce n'était malheureusement plus le cas depuis quelques années maintenant. Il était tout seul, d'où un énorme soucis pour monter des numéros, seul on peut faire pas mal de trucs, mais ce n'est rien face à ce qu'il pouvait faire avec un ou une partenaire. N'osant pas interrompre Harley pour rectifier ce petit détail, Drake la laissa continuer.

La suite lui fit comprendre certaines insinuations qu'il n'avait pas comprises avant et qui eurent le mérite de faire rougir à vitesse grand V le jeune homme et à lui faire reculer un peu sur le canapé, soudain inquiet du sourire que sa camarade lui lançait. Sa dernière question le fit même déglutir. Venir le voir à son entraînement? Euh...allo la terre, ici Drake on a un soucis! Il ne savait même pas quoi répondre. Harley lui avait donné une vision de la gym qu'il n'avait jamais eu jusque là; celle de voir des hommes (et des femmes il en avait déjà vu lors de concours qu'il avait pu faire plus jeune et dans les cirques) dans des tenues mettant en valeur les muscles et accomplissant des choses que le commun des mortels ne pouvait pas se vanter de faire. Il ne voulait pas refuser cela à Harley mais elle risquait d'être déçue, ce n'est pas aussi...Sensuel qu'elle semblait le penser. En plus il était tout seul, bonjour le spectacle.

"Si...Si tu veux...Euhm....Je t'enverrais un message pour te dire quand est le prochain entraînement. Mais tu risques de t'ennuyer, je te préviens tout de suite." sa phrase étant un peu trouble, il préféra expliciter "Quand je suis en mode entraînement, disons ça comme ça, je...J'oublie vite ce qui m'entoure. Être humain et plantes vertes même combat."

Ouais, mets-toi une baffe Newlin, tout de suite...

Déjà emportée par son imagination, Harley ne pouvait craindre aucune contradiction. Elle voyait déjà Drake lui présenter des partenaires imaginaires, tous plus séduisants et bien battis les uns que les autres, et portant des tenues à même de mettre en valeur leurs formes les plus intimes. Garder son sérieux en pareilles circonstances semblait délicat. Aussi tenta-t-elle de se focaliser sur Drake. Voilà qui était moins troublant. Dans les yeux du jeune homme elle parvenait à trouver un ancrage sans faille. Elle n’aurait su dire pourquoi, mais Drake lui inspirait confiance et stabilité. Fixant son regard clair dans celui du gymnaste, elle parvenait à recentrer son esprit, ce n’était pas désagréable, au contraire. Ses lèvres se figèrent dans un sourire tendre. Même si son manque de confiance en lui et son esprit défaitiste lui donnait envie à certains instants de le prendre par les épaules et de le secouer jusqu’à ce que chaque chose retrouve une place logique dans son corps et dans son esprit, Harley ressentait une étonnante tendresse pour son camarade. Pourtant, ils ne se connaissaient pas depuis longtemps. Elle se souvenait l’avoir déjà vu se faire bousculer par les brutes du lycée, et même avoir ressenti quelques pincements au cœur très justifiés en assistant à ce spectacle, pourtant elle ne s’était jamais sentie réellement solidaire de lui, et n’avait jamais cherché à se précipiter à son secours. C’était étrange, car depuis qu’il avait trouvé le courage de venir lui parler et de lui demander son aide, elle se demandait comment elle avait pu rester aussi insensible si longtemps. Elle ne pouvait cependant imaginer que ce changement d’état d’esprit avait quoique ce soit à voir avec l’installation d’une certaine Emma Swan à Storybrooke.

« Si...Si tu veux...Euhm....Je t'enverrais un message pour te dire quand est le prochain entraînement. Mais tu risques de t'ennuyer, je te préviens tout de suite. » De sa voix hésitante, Drake la rappela à l’instant présent. « Quand je suis en mode entraînement, disons ça comme ça, je...J'oublie vite ce qui m'entoure. Être humain et plantes vertes même combat. » Son humour douteux tira un éclat de rire très sobre à Harley. Drake se cachait de toute évidence derrière un humour bien à lui, qui lui permettait d’affronter la dure réalité sans sombrer dans la dépression. Harley connaissait ce système de défense stupide, mais plutôt que l’humour, la rouquine avait choisi le cynisme. Finalement, ce fut sur un ton conciliant qu’elle répondit. « Tant mieux alors, je pourrais mieux constater tes capacités, tu ne risqueras pas d’être troublé par ma présence. » Elle sourit, amusée, avant d’ajouter : « Ca me laissera l’occasion de faire connaissance avec les autres membres de ton équipe. » Harley ne pouvait pas soupçonner que Drake faisait de la gym seul, ce n’était pas imaginable, la moindre des choses était d’avoir un entraineur, qui s’occupait de l'équipe et la préparait au mieux aux championnats.

L’œil vif et plein d’intérêt, elle ajouta : « Je suis curieuse de voir ce dont tu es capable. » Elle marqua une courte pause, durant laquelle elle dévisagea un tantinet son interlocuteur, le détaillant plus que de raison, et son visage se fit plus triste. « Je ne savais même pas que tu étais gymnaste. » Pas de quoi en faire tout un plat, sans doute, mais cela rappelait à Harley une réflexion qu’un homme d’âge mûr lui avait murmuré quelques temps auparavant. Elle ne s’intéressait pas assez aux gens qui l’entouraient. Les rumeurs et les détails croustillants étaient tout ce qui pouvait capter son intérêt et son attention. Aller plus en profondeur n’était pas son fort, sans doute parce qu’en cherchant à connaître mieux autrui, il faudrait également qu’elle se livre. Cette réciprocité l’effrayait, car elle doutait d’avoir quoique ce soit de très glorieux à révéler. Tout ce que ses couches de maquillage et son amertume cachaient n’était que la hideur de son âme et la peine qui baignait son existence. « Tu sais, je suis désolée de ne pas m’être intéressé à toi jusque-là. » Elle esquissa un sourire sans joie tout en déposant doucement sa main sur celle de Drake. « Tu mérites pourtant que l’on t’accorde de l’attention. »