« Ahhh vous pouvez pas faire atten... » Mon regard courroucé tomba dans les deux yeux troubles du nain qui avait osé se mettre en travers de ma route. Il paraissait complètement déconnecté, et comme il ne tendit pas la main pour réparer son affront, il m’obligea à me relever seule. Mon regard devint plus que hautain face à sa petite personne, et je n’hésitai pas, par mon attitude, à lui faire regretter les circonstances de sa naissance. « Oui, c'est vrai qu'il est bizarre depuis quelques minutes. Il n'en fait qu'à sa tête. Et il ne cherche qu'à me fuir... » Ce nain était d’une tristesse navrante. Je fronçai les sourcils, loin d’être attendrie par ce que j’estimais être un stratagème minable digne d’un demi-homme. « Attendez, on va essayer de lui parler pour le raisonner. » Mes lèvres s’étirèrent, sceptiques, tandis que l’étrange personnage s’éloignait déjà. Il passa la porte que venait de franchir son compagnon et disparu de ma vue. Je n’étais pas décidée à le suivre, ni à attendre qu’il raisonne son ami. J’avais d’autres projets en tête que de faire la discussion, même si ces deux énergumènes pouvaient se révéler dignes d’intérêt. Laissant le nain à sa tentation de négociation, je portai une main à mon menton en tentant de réfléchir à l’endroit où Maléfique pouvait bien avoir caché le bien que j’entendais lui subtiliser.

Il me paraissait désormais évident qu’il ne se trouvait pas dans une pièce quelconque de ce château, ouvrir les portes à tout va ne serait donc d’aucune utilité. La salle du trésor méritait sans doute que l’on s’y attarde, il n’y avait qu’un petit détail d’envergure concernant ce type de pièces : elles étaient traditionnellement très larges, et permettaient à un dragon d’y acculer ses proies sans la moindre difficulté. J’étais moi-même assez bien placée pour le savoir. Fallait-il profiter que Maléfique soit momentanément hors d’état de nuire pour se rendre dans la zone de son repère la plus sensible ? Ou au contraire garder ce lieu comme dernier recours, lorsque toutes les autres hypothèses auraient été examinées et se seraient révélées infructueuses. « Que voulez-vous ? » L’homme me fit relever la tête. En réfléchissant, j’avais inconsciemment fait quelques pas et baissé le visage sur ma progression. La question de celui qui me semblait être un odieux voleur de plus me surprit. Je haussai légèrement les sourcils, tâchant de rester la plus sobre possible. « Vous aider, peut-être ? » Répondre à une question par une autre était un stratagème humain dans lequel j’excellais. Faire planer le doute dans leurs têtes de linottes était un délice conséquent. « Je pense pouvoir dire que vous cherchez quelque chose, le trésor de Maléfique sûrement. Avez-vous seulement pensé à sa salle aux trésors ? » Je pouvais parfaitement me servir de ces laquais pour atteindre mon but. Et au cas où il y avait le moindre risque, je les enverrais au charbon pendant que je faisais main basse sur le trésor le plus cher à ma vieille mère. « Je sais où elle se trouve, je connais bien ce château. » Je lançai un regard fin au nain qui était à son tour revenu dans le couloir. « Mais il va falloir courir vite, Maléfique ne sera pas immobilisée longtemps, et sachez que la salle aux trésors est loin d’être la pièce la plus sûre. »

Je n’attendais pas un mot des deux comparses, les contournant déjà pour suivre la direction de la fameuse salle. Je ne leur avais rien dis de mes intentions, et je doutais qu’ils ne se posent pas la moindre question sur mon compte, néanmoins je gardais les explications pour un moment moins pressant. A vrai dire, j'entendais bien les éluder en faussant compagnie à mes nouveaux partenaires de fortune dès l’instant où j’aurais entre les mains le bien qui m’intéressait. Mais ils n’avaient pas à le savoir, juste à me suivre et à se taire, puis couvrir mes arrières lorsque la sorcière nous tomberait dessus.

Au premier abord, William ne savait pas s'il devait faire confiance à la jeune femme qui s'était pointée. Qu'avait-elle fait de maléfique, au juste ? Qui disait qu'elle n'allait pas vouloir tuer les deux voleurs une fois qu'ils auraient le dos tourné ? Mais d'un autre coté, le jeune Orpwood était très curieux. L'inconnue disait vouloir les aider à trouver ce qu'ils cherchaient et William ne put qu'écouter plus attentivement. Il devait tout enregistrer pour parvenir au trésor avant Candide. Et en parlant de ça, la jeune femme fit justement référence à une salle aux trésors. Les yeux du jeune homme semblèrent s'illuminaient de diamants. Il oublia totalement son coté méfiant envers la demoiselle et ne prêta attention qu'aux futures informations qu'elle pourrait livrer. « Bien, je vous écoute ». Oui, il ne parlait que pour lui - et puis, ce n'était pas comme si Candide n'allait pas tendre l'oreille, hein.

L'inconnue continuait les révélations, disant savoir où se trouvait la fameuse salle. Mais - il y avait un mais - il leur fallait courir vite s'ils voulaient y parvenir. Maléfique n'était donc pas morte, d'après ses dires, et finirait bien par venir les chercher. De plus, toujours selon la demoiselle, la salle aux trésors n'était pas la plus sûre du château. William haussa les épaules en toute réponse, alors que la jeune femme les contournait pour les guider. Le voleur lança un regard à son rival et emboita le pas. Candide ne tarda pas à suivre et se remit à faire la conversation, comme il avait pu le faire avec William au début de leur rencontre. Le jeune Orpwood suivait l'inconnue tout en écoutant le nain. Celui-ci se présenta à leur nouvelle compagnie, ce que William évita de faire en observant les alentours. Il n'était pas très rassuré et détestait bien suivre quelqu'un dans une quête. Il espérait que la jeune femme connaisse réellement les lieux et ne leur fasse pas perdre leur temps.

Candide enchaina ses paroles avec de nouvelles, demandant davantage d'informations à leur guide improbable. William gardait un oeil sur eux, les suivant en silence. Le nain parlait très bien pour deux, inutile d'en rajouter. En attendant, le jeune Orpwood lançait des regards aux murs et se disait qu'il manquait de décorations. Il n'eut pas trop le temps de voir quoi que ce soit des murs puisque aussitôt, c'est le sol qui fut devant lui. Candide ! William devait encore être étonné ? Non. Il se contenta alors de râler doucement, essayant de ne pas trop montrer son agacement. « Fais attention où tu marches ! » Bon, il repassera pour contenir son exaspération.

La suspicion de l’humain ne m’étonna guère, et je ne m’y arrêtai pas. Après quelques mots, il eut l’air bien plus enclin à m’écouter. Parler de confiance aurait sans doute était présomptueux et hâtif, mais je pouvais néanmoins être sûre d’avoir acquis son attention. « Bien, je vous écoute » Un rire trouble manqua de passer la limite de ma gorge, je le retins néanmoins à temps, et décidai de ne pas prendre au pied de la lettre l’autorisation que cet humain chétif se pensait en droit de m’accorder. Afin de me retenir de lui briser la nuque, je reportai mon regard sur le semi homme, son visage me paraissant bien plus opportun que celui de son comparse. Je ne pus ainsi pas manquer la moue distrayante qui prit possession de ses traits, et fit naître une lueur amusée dans le coin de mes yeux. Je n’avais fait qu’énoncer une pure et simple réalité, en insistant du regard sur le nain, faisant assez bien comprendre l’opinion que m'inspiraient ses capacités d’endurance.

« Ne vous fiez pas aux apparences ! Je peux être beaucoup plus rapide qu'il n'y paraît ! » J’haussai légèrement le menton, signifiant que j’avais bel et bien entendu sa remarque, sans pour autant la relever par le moindre regard ou rebondir dessus. Nous n’avions pas une minute à perdre, j’aurais rapidement le moyen de vérifier mes soupçons. Si le nain se révélait encombrant, et qu’il nous ralentissait, je ne ressentirais pas le moindre remord à le laisser derrière, et quelque chose me disait que son comparse n’attendait lui-même que ça. La marche des partenaires improbables que nous étions commença, et je m’employai à couper au plus court. Je bénéficiais d’une excellente mémoire, qui fit de moi un guide précieux. Néanmoins, j’avais besoin de calme et de silence pour me concentrer et utiliser au mieux les souvenirs qui me revenaient. Le nain ne semblait pas avoir compris que nous ne suivions pas un parcours de santé, mais qu’il s’agissait d’un moment critique. « Au fait... Je... m'appelle.... Candide.... Et vous ? » Je levai les yeux au ciel. Je sentais que lui intimer de se taire serait une pure perte de temps, aussi fus-je lapidaire : « Denitsa. » Si je n’avais pas l’intention de masquer mon identité, il devrait se contenter de mon nom humain, inconnu du « grand public » qui composait ce monde. Le nom d’un dragon devait en revanche se mériter, et il y avait également plus de risque à lui en faire part. Dans la zone où je sévissais, mon nom ne faisait aucun secret, et un étranger n’avait pas à être très malin pour reconnaître en lui l’apanage d’un dévoreur de chair. Nevadeth était composé des caractères les plus nobles de la langue draconique. Mais le nain n’avait pas encore mérité un tel privilège, et sans doute n’en serait-il jamais digne, peu de gens pouvait s’en vanter. « Vous... connaissez... cet endroit... comment ? » De toute évidence, la demi-portion n’avait pas compris que je n’avais aucune envie de faire la discussion.

Afin de régler le sort de ses interrogations, je décidai de garder le silence. Il n’insista pas, et j’aurais facilement pu oublier sa présence si sa respiration n’avait pas été aussi bruyante. Si Maléfique s’était remise de mon coup de poignard, elle ne mettrait pas longtemps à nous retrouver avec ce véritable traceur sur pattes. Par chance, les bruits se réduisirent, en même temps que l’homme et moi distancions le nain. Je n’y faisais pas attention, accélérant au contraire le pas pour ne pas perdre plus de temps, une part de ma conscience cherchant sans doute à se délester du fardeau qui nous encombrait.

Le nain trébucha en arrivant dans les jambes de son comparse, devenant plus bruyant que jamais. « Oups ! Désolé ! » Je me stoppai et me retournai à peine, levant les yeux au ciel face au spectacle ridicule que donnait à voir le nabot. « Fais attention où tu marches ! » Je ne m’inquiétai pas de ces deux clown plus longtemps, reprenant ma marche rapide, peu soucieuse que mon rythme puisse provoquer un autre incident de la sorte. Tournant distraitement la tête vers l’humain qui n’avait pas la moindre difficulté à accrocher mon pas, je sifflai : « Vous devriez songer à le vendre à un marchand ambulant. Il vous rapporterait son pesant d’or et vous seriez déchargé de son embarrassante présence. » Je m’exprimai en pensant que le nain n’était autre que le larbin de l’humain, qui devait lui servir, dans un cas comme celui-ci, à déjouer certains obstacles et à activer des mécanismes inaccessibles aux humains lambda. Que le pitre qui m’exaspérait depuis l’instant où je m’étais pris les pieds dans sa petite personne puisse être totalement indépendant et libre ne m’effleurait pas une seconde.

Différents couloirs durent être traversés, ainsi que quelques salles inquiétantes. Mais finalement, nous arrivâmes en un temps record devant les lourdes portes de chêne qui manifestaient l’entrée de la salle des trésors. Mon regard les détailla un instant, elles étaient exactement les même que dans mes souvenirs. Je n’avais pas répondu au nain, alors les deux autres ne pouvaient pas comprendre ce qui motiva mon instant d’inaction. Néanmoins, je comptais bien leur révéler mon origine avant que cette histoire ne prenne fin, même si j’attendais un moment plus théâtral pour le faire. J’ouvris les portes sans perdre une seconde supplémentaire, invitant directement les loups dans la bergerie, pour mon plus grand plaisir et la future désolation de ma pauvre mère. J’espérais que les voleurs seraient rapidement intéressés par tout ce qui brillait en ces lieux, me permettant ainsi de m’éclipser et de mettre la main sur le bien que je cherchais à dérober.

« Je ne suis pas à vendre, jeune demoiselle ! Je suis un nain libre qui parcourt ces terres tout comme vous ! Vous devez vous sentir bien seule et désespérée pour avoir besoin de rabaisser les gens à ce point... » Je levai les yeux au ciel comme première réaction aux paroles qui échappaient au nain. Il faisait beaucoup de bruit pour pas grand-chose, en plus de n’être pas un coureur hors pair. Je ne cherchais pas à imaginer ce qui avait pu persuader le nain qu’il serait bon comme voleur, mais son erreur était manifeste. Je tournai vers lui un regard interdit alors qu’il tentait de récupérer son souffle en s’affalant contre le mur. Je n’arrivais décidément pas à trouver un intérêt à sa petite personne, et ce ne fut pas ses mots suivant qui m’aiguillèrent. « Et... Donc... On entre ? Ah mais oui, j'en oubliais mes manières ! » Il s’avança et se posta à mes côtés face à la porte, avant de frapper de ses ridicules phalanges boursouflées contre celle-ci. « Il y a quelqu'un ? » Je soupirai, le nain commençait à user ma patience pourtant légendaire. L’air bienheureux qui flottait sur ses traits lorsqu’il nous regarda tour à tour son comparse et moi constitua une désagréable cerise sur le gâteau. « Ben quoi, vous frappez jamais aux portes vous ? On vous apprend bien la politesse chez les humains, n'est-ce pas ? » L’observer creuser sa tombe aurait sans doute été amusant en d’autres circonstances ainsi qu’en d’autres lieux, mais pas ici, pas maintenant. Ma langue claqua contre mon palais, et je baissai un œil courroucé sur le farfadet.

« Et qui espérez-vous voir nous ouvrir ? Maléfique ou un de ses laquais bien dressé ? » Je me penchai, attrapant d’un geste sec le menton du petit homme pour capturer son regard et toute son attention. « Sans doute n’avez-vous pas compris le danger que représente cette maudite sorcière, alors je vais vous l’expliciter, mon ami nain. » Mes lèvres s’étirèrent dans un sourire mauvais, tandis qu’une lueur malsaine brilla au fond de mes prunelles brunes. « Où que Maléfique se trouve, grâce à votre cirque, elle ne tardera pas à nous mettre la main dessus. En un regard, elle immobilisera votre corps minuscule, et si vous ne lui plaisez pas davantage, sans doute écourtera t’elle vos sévices. Si en revanche, votre bonhommie est à son goût, elle prendra grand soin de vous maintenir en vie tandis qu’elle vous éviscérera et qu’elle marquera votre corps en divers endroits. Si elle est d’humeur capricieuse, et je ne doute pas qu’elle le soit après le poignard que je lui ai planté dans l’estomac, elle s’amusera certainement à dévorer vos organes sous vos yeux. Et vous serez toujours en vie lorsqu’elle le fera. Vous ressentirez la déchirure causées par la perte d’un membre ou deux, et vous sentirez ses crocs s’enfoncer dans votre chair. Elle ne relâchera la magie qui vous maintient en vie que si vos aboiement ridicules pour obtenir sa pitié parviennent à la lasser, mais là encore, je ne suis pas sûre qu’elle vous ménagera. » Mon ton était sévère, mais mes yeux ne cessèrent jamais de briller tout au long de mon discours. Je ne fis une pause que pour accentuer l’effet diabolique de ma mise en garde, alors que je me redressai, et lâchai avec dédain le menton du demi-homme. « Alors, maintenant, si vous voulez continuer à l’attirer, libre à vous, mais nos chemins se séparent ici. »

Me désintéressant du nain, j’ouvrai d’un geste solennel la large porte de la salle aux trésors. Mes paroles âpres avaient réveillé l’instinct de prédateur en moi. Et je commençais à songer que si ma chère mère ne mettait pas la main sur le nain, je risquais de me charger moi-même de son cas. Je n’avais encore jamais expérimenté cette viande. Serait-elle plus tendre ou au contraire plus coriace que la chair humaine ? Je fis un pas dans la vaste salle, et les trésors qui s’y trouvaient amoncelés concentrèrent subitement toute mon attention. Mon allure d’abord très lente, perdue que j’étais en contemplation, l’œil brillant, accéléra jusqu’à ce que je n’en vienne presque à courir. Maléfique n’avait rien à envier à mon trésor, et si j’étais là pour un objet en particulier, j’avais du mal à me détacher de ses merveilleux bibelots. La pièce était immense. Chercher le bien ultime de ma génitrice revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Il n’y avait plus de doute possible. La potion se trouvait forcément là. M’éloignant de plus en plus des deux autres voleurs, je tâchai de raisonner avec soin et minutie, malgré l’appel infernal de tous ces objets d’or et de diamant autour de moi. Après quelques minutes de recherches visuelles intensives, un objet plus petit que la moyenne attira mon regard. Il était là, à quelques pas à peine de moi, sur un présentoir de marbre. J’avançai vers le coffret que je soupçonnais de contenir la fiole qui m’intéressait, le regard avide. J’en oubliais jusqu’à la présence des deux comparses, qui se rapprochaient pourtant dangereusement de l’objet de mes désirs.

Candide n'était pas bien méchant, mais demeurait très bavard. Surtout pour partir en mission. Il était également très maladroit et enchaînait les gaffes à grande vitesse. Il avait hurlé, était rentré de plein fouet dans tout le monde, s'était uriné dessus, puis avait bousculé William au point de le faire tomber, encore. Autant dire que l'aventure n'était pas prête de manquer d'action. À lui seul, le nain faisait tout un numéro de cirque, entraînant involontairement le jeune Orpwood avec lui. L'inconnue pensait même qu'il appartenait au jeune voleur, ce à quoi William ne manqua pas de réagir, bien avant que Candide n'entame ses propres explications « Ce n'est pas mon nain. Mais oui, ça aurait pu être une très bonne idée. » Il adoptait un ton calme malgré la situation, alors que Candide commençait à se défendre. Il disait être un nain libre et continua sur sa lancée en faisant quelques remarques à l'inconnue. William préférait ne rien dire et se leva du sol sans grande difficulté en époussetant ses vêtements.

Le silence aurait pu s'installer suite aux dernières paroles du nain mais non, ce ne fut pas le cas. Celui-ci continuait de parler au lieu d'agir. William roula des yeux en réaction à la question de Candide. Demandait-il vraiment l'autorisation d'entrer dans un lieu qu'ils étaient censés fouiller ? À sa place, le jeune voleur n'aurait pas hésité à ouvrir la porte. Et voilà que le nain toquait maintenant. Voulait-il ameuter tout le château ? En imaginant que le dragon qu'était maléfique et la sirène ne soient pas les seuls occupants des lieux. Dans tous les cas, le nain avait remarqué l'air dépité de la jeune femme et de William, ce qui ne manqua pas de le faire parler, une nouvelle fois. Le jeune Orpwood restait silencieux alors que l'inconnue prenait la parole, décrivant point par point les sévices que pourrait lui faire subir maléfique s'il ne faisait pas preuve d'un peu plus de discrétion. Et plus la jeune femme donner de détails, plus William grimaçait. Le simple fait d'imaginer toutes les scènes lui donnait mal, comme s'il subissait lui-même les tortures à l'heure actuelle. Il ferma les yeux un instant pour chasser toutes ces images de son esprit, prêt à se concentrer sur les nouvelles paroles de l'inconnue, qui ouvrait enfin cette porte derrière laquelle se trouvait tout un tas de trésors.

William lança un regard curieux vers l'immense salle qui apparaissait devant ses yeux ébahis. Mais il devait faire attention et ne devait en aucun cas perdre son temps à essayer de dérober des trésors pour son plaisir personnel. Sa mission avait été donnée par le ténébreux, avec qui il ne fallait absolument pas plaisanter. William se concentra donc sur celle-ci, oubliant la tentation grandissante qui chatouillait son instinct de voleur. Candide devait certainement le suivre mais il n'y prêta aucune attention. En revanche, il fut un peu plus intéressé par l'attitude de la jeune femme qui semblait vouloir mettre la main sur un objet, elle aussi. N'était-elle pas censé juste les accompagner ? William ne savait plus et une petite voix lui disait de ne pas perdre cette inconnue de vue. Après tout, pourquoi lui ferait-il confiance ? Il ne la connaissait pas. Elle était apparue soudainement et s'était occupée de Maléfique après les avoir sommé de partir. Qui sait ce qu'elle avait fait à la sorcière ?

Le jeune voleur avança donc d'un pas prudent, ne se souciant même plus de la présence du nain. Tout ce qu'il voyait, c'était un coffret qui avait les caractéristiques exactes de ce qu'il recherchait. Alors, essayant d'être le plus discret possible, il s'avança plus près de la jeune femme, le regard sombre. S'il devait se battre avec elle pour mettre la main sur le coffret en premier, il le ferait. Sa mission lui importait et il devait la réussir. William n'hésita pas un seul instant à se saisir du coffret mais ne l'arracha pas de sa place pour autant...