Jamie se montrait de plus en plus entreprenant dans ses actes. Il avait laissé ses dents frôler la peau d'Andrew qui frissonna immédiatement à ce contact, surprenant et agréable à la fois. Dans une autre vie, le journaliste n'avait pas hésité à déposer sa marque sur le jeune homme, pour dire qu'il lui appartenait. Et quelque part, Andrew eut une impression de déjà-vu. Cependant, il ne s'y attarda pas. Il voulait profiter du moment présent et laissa ses doigts attraper les cheveux de Jamie, les serrant doucement à chaque fois qu'il sentait les lèvres de ce dernier se déposer sur une nouvelle partie de son cou. Puis, reprenant ses esprits, Andrew fit un compliment bien mérité au journaliste. La réponse de celui-ci ne se fit pas attendre. Déposer cette information sur un C.V ? Hors de question ! Le cuisinier laissa échapper un petit gémissement de plainte et secoua la tête. « Non. Si tu le fais, je risque d'avoir de la concurrence. » Andrew fronça un peu le front, curieux et taquin. « Sauf si tu as besoin de rencontrer d'autres prétendants. » Cette simple pensée ne plaisait pas au jeune homme, même s'il plaisantait. Maintenant qu'il avait réussi à mettre la main sur Jamie, il n'allait pas le laisser filer. Surtout que les nouveaux baisers que lui offrait le journaliste étaient absolument exquis et il voulait être le seul à pouvoir en profiter, aussi égoïste soit-il.

Par vengeance, Andrew avait entreprit de faire voyager sa main dans le dos de Jamie. Il voulait découvrir une partie de lui qu'il ne connaissait pas encore, ou plutôt qu'il ne pensait pas connaître. Dans le passé, lorsque les deux hommes étaient devenus vraiment très proches, William s'était beaucoup attardé sur cette partie du corps de son amant. La ligne qui se dessinait le long de sa colonne vertébrale avait de nombreuses fois sentit les doigts fins du jeune homme la parcourir, avec douceur et tendresse. Ce geste, Andrew le réitéra à l'instant-même, heureux de voir que ses caresses innocentes avaient un effet sur le journaliste. Et quel effet... Le cuisinier eut un fin sourire en voyant le journaliste perdre ses moyens, pour si peu. Comme quoi, il avait un pouvoir d'attraction sur lui qu'il ne soupçonnait pas.

Sûrement par masochisme, Andrew rompit l'instant en demandant à Jamie s'il ne devait pas se reposer, à cause de son bras et de tout le reste. Mais le journaliste ne semblait pas vouloir partir, jugeant qu'ils étaient assez sages pour continuer leurs petits câlins. Sages, c'était vite dit. Ils étaient quand même en train d'éveiller les sens de chacun, s'envoûtant l'un et l'autre avec différentes tactiques qui ne les laissaient pas indifférents. Pourtant, même si Andrew avait très envie de laisser son cou retrouver les lèvres de Jamie, il décida de se détacher doucement de lui et de s'extraire du canapé, non sans se maudire lui-même, intérieurement. « Tu vas sûrement avoir mal en restant installé sur ce canapé tu sais ? » Malgré son poids plume, Andrew réussit à tirer doucement Jamie par son bras valide, glissant sa main dans la sienne pour le guider hors du salon. « Viens. »

Andrew pouvait facilement trouver la chambre, puisqu'il s'était déjà rendu dans la cuisine ainsi que dans la salle de bain et qu'il ne pouvait pas y avoir trente-six autres pièces dans ce petit appartement. À son tour, il voulait prendre son de Jamie et le ménager un peu, pour son épaule. Il l'entraina donc jusqu'à une porte et se décida à l'ouvrir, sans hésiter. Puisqu'il avait été invité à passer la nuit ici, Andrew ne se gêna pas pour entrer, amenant doucement Jamie jusqu'à son lit pour le faire asseoir. Puis, le jeune homme prit le temps d'observer la pièce, avant de reporter toute son attention sur le journaliste. « Maintenant, tu te reposes. » Andrew eut un sourire et passa une main délicate dans les cheveux de Jamie, très affectueux avec lui. Mais bien vite, il se rapprocha du journaliste et posa son autre main contre sa joue, plongeant son regard dans le sien alors qu'un sourire se dessinait aux coins de ses lèvres. Après cette contemplation, Andrew se pencha sur son compagnon pour capturer ses lèvres et lui offrir un nouveau baiser, plus tendre que les précédents. Il l'aimait, c'était évident. Seulement, il ne lui avait pas encore dit et attendait le bon moment. Le jeune homme n'avait pas voulu répondre au trois petits mots du journaliste immédiatement après lui, pensant que pour une première fois, cette révélation ne devait pas ressembler à un simple écho qui aurait sûrement sonné faux, même si Andrew ressentait vraiment cet amour au fond de lui.

« Hm, question. » Le jeune homme s'était détaché des lèvres de Jamie et replongea son regard dans le sien. « Est-ce que ça te dérange si je dors sans le pull ? » Non pas qu'il soit exhibitionniste mais Andrew ne supportait pas de dormir avec trop de vêtements sur lui. Un pull, encore moins. Tant pis si sa question semblait totalement stupide. En attendant la réponse, le cuisinier caressait les cheveux de Jamie, des deux mains, alternant parfois avec la nuque et les joues.

Même s'il avait plaisanté au sujet de possibles prétendants, Andrew fut rassuré de savoir qu'il était le seul qui comptait aux yeux du journaliste. Ce qu'il ressentait pour Jamie était indescriptible et ces paroles l'apaisaient étrangement, comme si une partie de lui avait besoin de savoir que l'autre l'aimait toujours. Il profita alors des quelques minutes supplémentaires de baisers et de caresses avant de se lever, prêt à emmener Jamie dans une autre pièce, même si celui-ci semblait ne pas vouloir quitter le canapé. Andrew fut presque attendrit par ce comportement de petit garçon qui ne voulait pas aller se coucher mais ne céda pas. Il réussit à relever le journaliste et partit rapidement en direction de la chambre sans lâcher la main qu'il tenait.

Une fois dans la chambre, Andrew prit le temps d'observer celle-ci dans les moindres détails. Il n'y avait pas grand chose à voir, mais le jeune homme appréciait toujours de se familiariser avec un lieu, surtout s'il devait y dormir. Son attention se reporta cependant sur Jamie qu'il avait fait asseoir et à qui il offrait de nouveaux gestes affectueux, puis un baiser. Andrew ne pouvait pas rester trop éloigné des lèvres de l'autre, comme si cet acte lui était désormais vital. Il profitait au maximum des petits instants de bonheurs auxquels il avait droit et apprenait à connaître toutes les habitudes du journalistes en tant que compagnon. Il savait déjà, par exemple, que Jamie appréciait les caresses dans le dos, dans les cheveux, les baisers tendres et passionnés, ainsi que leurs corps l'un contre l'autre. Il n'y avait qu'à voir la façon dont le journaliste s'était débrouillé pour retrouver Andrew contre lui, en l'attirant sur ses genoux sans se soucier de son épaule. Le jeune homme eut d'ailleurs un peu peur de poser sa main contre la blessure de son aîné mais ne put réfléchir bien longtemps que les lèvres de Jamie retrouvaient les siennes. Par chance, ou par réflexe inconscient, Andrew avait posé sa main dans la nuque du journaliste, évitant de justesse ce qu'il avait redouté.

Le baiser terminé, Jamie recommanda au jeune homme de faire attention à ce qu'il disait. Et puisque cet avertissement avait été lancé avec humour, le visage d'Andrew fut animé d'une petite moue espiègle. Le message était bien passé : il continuerait de flirter avec lui de toutes les manières possibles, y compris en lançant des questions stupides comme celle qui avait poussé le journaliste à le récupérer contre lui. Andrew profita d'ailleurs de sa nouvelle position pour poser sa main libre dans le dos de Jamie en l'écoutant parler. Celui-ci disait devoir se changer mais ne voulait pas déloger le jeune homme de ses genoux. Pas tout de suite en tout cas. La main d'Andrew qui se trouvait sur la nuque du journaliste descendit lentement vers son torse et s'arrêta à l'endroit exact où se trouvait le cœur. Jamais le cuisinier ne se lasserait de sentir ses battements. Mais cet endroit était également la partie où se trouvait la blessure. Andrew ne l'avait jamais vu. Il ne l'avait jamais touché non plus, hormis le jour de l'accident, lorsqu'il avait dû appuyer contre celle-ci pour arrêter l’hémorragie. Ce soir, il ne devinait pas les intentions de Jamie. Il ne savait pas que celui-ci voulait simplement retirer son pull pour enfiler un t-shirt. Andrew se préparait donc à voir la blessure. Il fallait qu'il la voit. Cette cicatrice faisait désormais partie de Jamie, de leur histoire. Elle était là parce que le journaliste lui avait sauvé la vie.

Jamie n'avait-il pas dit d'oublier les malheurs liés à l'incident lorsqu'ils n'étaient que tous les deux, plus tôt dans la soirée ? Andrew se répétait cette phrase dans sa tête. Il ne devait plus s'en vouloir et devait tourner la page. Pour ce faire, le jeune homme devait voir la réalité en face. Jamie ne pouvait pas lui cacher cette réalité physique, même si elle était liée à un évènement difficile à oublier. « Pourquoi te débarrasser de moi pour ça ? » Andrew essayait de sourire, de se détendre, alors qu'il faisait doucement glisser le pull du journaliste vers le haut. Tant pis si Jamie n'appréciait pas son geste, tant pis s'il tenterait de lutter. Andrew avait toujours été très entreprenant, même par le passé, et n'allait pas changer de sitôt.

Ses yeux ne se posèrent pas immédiatement sur la blessure. Le bras de Jamie était toujours en écharpe - au sens propre du terme suite à l'épisode de la douche - et Andrew mit un petit moment avant d'oser observer le tout. Mais il ne s'y attarda pas. Il ne voulait pas mettre le journaliste mal à l'aise ni ressasser les récents souvenirs. « Voilà, terminé. » Le sourire retrouva sa place sur le visage du jeune homme qui ne pouvait pas laisser une "simple" cicatrice troubler ses retrouvailles avec Jamie. « Maintenant, tu veux dormir ou tu n'es pas encore décidé à me déloger d'ici ? » La main d'Andrew retrouva vite la peau du journaliste et ses doigts glissèrent doucement dans le creux qui se dessinait sur son torse.

Avoir retiré le pull de Jamie l'avait mis mal à l'aise. Du moins, c'est ce que ressentait Andrew, qui essayait tout de même de rassurer son aîné en lui caressant la peau du bout des doigts. Il ne voulait pas qu'il se sente honteux de porter cette blessure, même si les évènements qui se rattachaient à elle n'avaient pas de quoi les rendre fiers, ni l'un, ni l'autre. Si Vera avait eu raison de s'en prendre à eux pour l'histoire qui s'était crée entre les deux hommes, elle avait eu tord en mêlant une arme à feu dans son désir de vengeance. Jamie s'était interposé entre son ex-femme et le cuisinier pour empêcher un drame, ce qui restait malgré tout un acte héroïque. Andrew lui était reconnaissant pour son geste et lui devait la vie. Pourquoi devait-il fermer les yeux sur la présence de la blessure, comme si elle n'existait pas ? Non, il devait accepter le fait que Jamie était bel et bien blessé. Après tout, le journaliste lui avait demandé d'être là tant qu'il le désirait pour l'aider à se rétablir. Il pourrait même l'aider à changer son écharpe s'il le fallait.

Le moment câlin était terminé. Jamie avait besoin de se reposer et Andrew ne comptait pas s'interposer dans ce choix. Lui-même sentait ses paupières devenir lourdes, ses yeux lui brûler, et l'alcool continuait malgré tout à agir dans son sang. S'il n'était pas saoul, il n'en restait pas moins légèrement éméché. La fatigue reprit rapidement le pouvoir sur son état et Andrew n'avait presque plus la force de jouer au petit ami câlin avec le journaliste. Alors, lorsqu'il sentit la prise de Jamie devenir moins importante, le jeune homme descendit de ses genoux et s'empressa de lui passer le t-shirt qu'il avait demandé.

Ne souhaitant pas laisser une gêne s'installer depuis que la blessure avait fait son entrée en scène, Andrew passa brièvement sa main contre la joue du journaliste avant d'oser s'installer dans son lit. Il n'était pas chez lui et aurait pu attendre d'être invité à prendre place dans les draps, mais le jeune homme était tellement épuisé qu'il aurait pu même s'endormir sur le sol s'il aurait fallu. Et puisqu'il ne connaissait pas les habitudes de Jamie lorsque celui-ci se couchait, Andrew s'était allongé au milieu du lit. C'est dans cette même position qu'il décida d’ôter son pull avant de le laisser tomber sur le sol comme une vulgaire paire de chaussette. Il n'était pas franchement disposé à prendre soin de tout bien plier ni à sortir du lit pour ranger le vêtement correctement.

« Hmm, il est confortable ce lit... » Ce fut une toute petite phrase que le jeune homme réussit à dire avant de fermer les yeux. Il était encore un peu conscient mais sentait la fatigue l'accaparer. Dans quelques minutes, il en était certain, Morphée allait l'arracher de son éveil.