« Eh bien, tu vas les chercher au berceau maintenant ? Corrompre les grands ne te suffit plus, il te faut les marmots aussi ? » Je me suis retourné avec surprise. Puis, j'ai découvert le visage de la nouvelle venue. Davy Jones. Un sourire a élargi mes traits froids. Alors, elle s'est postée devant notre petit interlocuteur, en l'observant de haut en bas ; et il n'y avait pas un long trajet à faire avec les yeux.. « Il n’a pas l’air bien costaud ton petit ami, avec ce gabarit les ogres n’en feront qu’une bouchée et en redemanderont ensuite. » J'ai regardé les deux personnages, tout en me demandant un peu ce qu'ils venaient faire ici. Certes, les ogres attaquaient, et nous devions nous prêter main forte. Mais je n'étais pas très encline à aider les autres. Mis à part quelques personnes que je pouvais éventuellement connaître. Tel que Davy Jones, Crochet ou encore Declan Weathers. A la limite. « Alors petit ? Réponds à la dame, tu m’as rendue curieuse aussi… » Alors, ma question m'est revenue à l'esprit ; je voulais savoir à qui avais-je l'honneur en croisant le chemin de ce bien petit homme.

« Je... je m'appelle Keenan Rodhlann, madame... je suis.. hm... l'apprenti de Declan Weathers. » Mes yeux s'écarquillèrent quelques secondes, avant de prendre la mesure de ce qu'il venait de nous révéler. Il était l'apprenti de Declan Weathers. Un des deux hommes que je cherchais impatiemment depuis de longues journées. C'est grâce à lui et à Crochet que je pouvais aller à Storybrooke. Je devais les trouver, et j'étais à deux doigts d'y parvenir. « Pardonnez-moi si... si je vous offense mais... vous m'êtes totalement inconnues. Que pourrait savoir un ancien esclave à votre sujet, de toute façon ? ... Vous allez me livrer aux ogres ou me tuer ? » Un rire s'échappa de mes lèvres frêles, tandis que je continuais de regarder Keenan. Je ne pouvais m'en empêcher. « Vois-tu, mon cher petit. En temps normal, je t'aurais très certainement attaché à un arbre pour t'offrir aux ogres.. Mais le fait que tu sois l'apprenti de Declan Weathers change totalement la donne. » Je fus prise d'un petit rire nerveux. Ce qui attisa la curiosité des ogres, qui se murent à hurler. Décidément, j'étais la Reine de coeur, mais pas la Reine de la discrétion. Blague à part, je devais trouver Declan et Crochet. Il en était de mon devoir pour sauver ma fille. Sa malédiction avait des failles, et connaissant Rumpelstiltskin, il pouvait les retourner contre elle. Et ainsi, tout le monde se souviendrait de la méchante reine. Dès lors, les habitants de Storybrooke voudront tous la tuer. Ce que je ne laisserais pas faire.

Afin d'interrompre mes pensées, des craquements retentirent. Ne provenant pas des ogres, car ils étaient bien trop faibles. Alors, surgit une jeune fille. Je la connaissais seulement de vue, rien de plus. Je ne savais pas grand chose d'elle, à part qu'elle était une grande ennemie de Maléfique, une amie de ma fille. « Oh dieu merci, je rencontre enfin des humains ! » Je n'eus pas le loisir de réagir. Elle semblait paniquée, mais aussi soulagée. Une question de temps, car les ogres l'avaient surement entendue, ou flairée. Quelle petite sotte ! Elle allait les amener droit au château. Ma mission se retardait de plus en plus à cause de ces apparitions soudaines et incessantes. « J'ai dû fuir des ogres plusieurs fois, vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis heureuse de vous rencontrer. » Joie non partagée. Sa fuite risquait d'alerter les ogres, et leur attaque n'était qu'une affaire de temps. « Je me prénomme Aurore. » Un rire s'échappa de ma bouche, sans que je ne puisse le contrôler. C'était bien elle. La fameuse petite princesse que Maléfique voulait voir morte. Décidément, cela ressemblait de plus en plus à une réunion idiote. Tout le monde essayait de se regrouper pour se protéger des ogres, la seule chose à ne pas faire. Car les ogres allaient nous entendre, et viendraient nous attaquer.

Décidément, j'allais avoir du travail. Après tout, j'avais repoussé une malédiction créée par Rumpelstltskin, je pouvais bien faire de même avec quelques ogres. Et puis, cela pourrait peut-être redorer ma réputation auprès des habitants du monde des contes. Et je comptais bien récupérer le pouvoir que ma fille avait laissé derrière elle en quittant le château. Ceci n'était qu'à portée de main. Voyant les personnes arriver, je n'eus pas le loisir d'engager la parole. Et je fis quelques pas vers le château. Nous devions tous nous y réunir.

Le vermisseau paraissait hésitant. Si j’avais eu le moindre intérêt à suivre ses états-d ’âmes, j’eus sans doute senti son frissonnement à la mention d’un sorcier. Mais sa réaction m’importait peu. J’attendais simplement qu’il me suive, et qu’il garde le silence, mais aussi qu’il sache se battre lorsque des ogres croiseraient notre route. Qu’il puisse faire le poids face à l’une de ses répugnantes créatures ne me paraissait que peu probable, mais je ne pouvais pas négliger un peu de chair à canon. S’il évitait de trop m’indisposer, l’humain pourrait se révéler un appât de choix. J’y songeais tout en reprenant mon chemin, et mon esprit glissa négligemment sur les paroles du bipède. « Vous ne semblez pas avoir besoin d’aide. Vous semblez même à l’aise. » Mes lèvres s’étrécirent dans un sourire malin. Les flatteries avaient toujours reçues un agréable écho en moi, et je voyais la réplique de l’inconnu sous ce même angle. Un coup d’œil avare à son attention me permit de comprendre le sens de ses mots. Il enviait cet aise que j’arborais, alors que lui, pathétique et fébrile petit être humain, se crispait sur la poignée de son épée, le regard furetant en tous sens. Je considérais cette attitude sans le moindre intérêt, mais un humain ne pouvait pas bénéficier de mes sens surdéveloppés, et devait donc bien se contenter de ce cirque ridicule. Je soufflai légèrement pour moi-même, comprenant que cette alliance risquait fort de m’accabler s’il n’arrivait pas rapidement un ennemi à déchiqueter.

Ce ne fut cependant pas un ennemi qui se révéla à nous, quoi que j’eus sans doute apprécié enfoncer mes canines dans sa chair, tant j’avais toujours aspiré à goûter le sang d’un sorcier. Celui-ci était-il différent de celui du commun des mortels ? L’homme crispé derrière moi semblait connaître le sorcier que j’avais rencontré à peine un instant auparavant. Je me stoppai nette alors que les deux humains se jaugeaient, et mes sourcils se raidirent sensiblement lorsque le simple insecte fit quelques pas en avant, avant d’envoyer son poing accueillir la mâchoire de la vermine sorcière. Mon amusement fit briller un éclat sombre au fond de mes prunelles, et je croisai les bras en picorant quelques informations, dans une position de retrait qui ne me convenait guère. « Pas de lavage de cerveau. » Je décidai de ranger cette remarque-ci dans un coin de mon incommensurable esprit, mais laissai le reste des paroles du jeune homme sombrer dans le gouffre de mon indifférence. Je voulais garder l’esprit clair aux informations dignes de ce nom, aussi ne me détournai-je pas du regard que posa un instant sur moi le sorcier adepte des lavages de cerveaux. Leur querelle ne me regardait en rien, et je n’avais aucune curiosité pour les affaires humaines. Je ne pris pas pour moi la promesse du sorcier, mais l’humain sembla y trouver un quelconque signal, puisqu’il commença à faire un pas en avant, comme pour reprendre la marche. Je restai néanmoins immobile, tandis que les rumeurs de nouveaux arrivants se rapprochaient à grands pas. « Personnellement, je ne compte pas rester ici bien longtemps. » Je n’aimais pas être d’accord avec un sorcier, mais mon regard imita le sien lorsque des troncs survolèrent notre position, vraisemblablement lancés par des spécimens d’ogres plus robustes que ceux que nous avions eu à combattre précédemment. « Je connais une personne qui peut aider à arrêter les ogres. » J’arquai un sourcil ; cette fois-ci, l’humain avait réussi à attirer mon attention. Et il sembla redoubler d’effort pour la garder en ajoutant : « Bien que vous ne semblez avoir aucun mal à vous en débarrasser. » Un sourire parfaitement mesuré germa sur mes lèvres, mais je n’eus pas le temps de goûter ce que je prenais comme un compliment. Le sorcier tournait déjà les talons, volant cet instant de jubilation qui aurait dû me revenir. Je perdis le soupçon de superbe qui maquillait mes traits, et il fut remplacé par une expression soucieuse.

Je ne perdis pas plus de temps à me formaliser, l’urgence était ailleurs. Les deux humains s’emboitaient le pas, dans une direction qui leur semblait parfaitement claire. Sans un regard en arrière, j’allongeai le pas pour les rejoindre sans plus de cérémonie. Nous marchâmes un certain temps en silence, et si les humains trouvèrent sans doute le temps de se jauger à nouveau, je me gardai bien de m’abaisser à de tels procédés. La compagnie qu’ils m’apportaient n’avait pas d’autre but dans l’immédiat que de trouver des réponses à l’attaque des ogres. Silencieuse, je gardai les sens à l’affût du moindre indice. Finalement, mon regard se posa sur les courbes d’un château qui devait être parfaitement somptueux avant que la malédiction ne s’abatte sur ces terres. Je fus sans doute la première de notre groupe de fortune à repérer, au-delà de l’enceinte du château, les formes distinctives d’humains qui s’étaient rassemblés.

« Eh bien sorcier, vous semblez avoir visé juste. Ce château est apparemment le point de rassemblement d’un certain nombre de vos semblables. » Mes enjambées devinrent plus assurées, maintenant que je voyais le groupe aux portes du château. Plus encore, je ressentis le besoin d’accélérer le pas lorsque je fus en mesure de distinguer clairement les visages et que l’un d’entre eux se révéla familier. Je risquai un regard vers le sorcier à ma gauche, et sans même ralentir ma progression, je lui glissai avec un sourire au coin des lèvres : « J’aurais dû m’en douter. Cette personne qui peut arrêter les ogres … Cora. »

Un gamin inexpérimenté. Tout ce qu'il était aux yeux des personnes qui l'entouraient. Il avait l'impression que m'sieur Declan le percevait de la même façon. C'était frustrant et fatiguant, à la fois. Keenan aurait voulu maîtriser suffisamment ses pouvoirs pour venir en aide au petit groupe qui commençait à se former, il aurait voulu que ses tremblements s'arrêtent. Mais ils avaient tous raison dans le fond : il n'était encore qu'un petit garçon effrayé qui ignorait quoi faire et restait dans l'ombre en attendant m'sieur Declan. C'était tout ce qu'il savait faire. Keenan observa les personnes se trouvant près de lui, il se sentait seul, il aurait tellement aimé que m'sieur Declan soit là près de lui. Avait-il peur de Cora ou de Davy Jones? Oui, un peu, bien sûr. Mais il s'en méfiait énormément, et cela dépassait aisément sa peur. Il se disait qu'elles n'hésiteraient pas à le donner en bouillie aux ogres pour avoir la paix, mais il n'était sûrement pas comestible, son régime alimentaire étant majoritairement composé de pommes et de champignons. Mais passons. Les ogres étaient tellement stupides qu'ils seraient prêts à manger n'importe quoi, y compris la robe de Cora.

Alors qu'il regardait autour de lui dans l'espoir de voir m'sieur Declan apparaître, un bruit attira son attention, parmi les arbres. Etait-ce un animal? Il n'avait pas tellement l'occasion de s'arrêter en pleine route pour les observer, il devait suivre le rythme de m'sieur Declan. Mais il n'était pas là, et personne ne faisait attention à lui, du moins c'était ce qu'il croyait. Keenan s'éloigna petit à petit, plongeant la main dans sa poche au fur et à mesure qu'il marchait. Il avait certainement de quoi nourrir le petit animal, du moins si ça en était bien un. Et si c'était un ogre? Non, impossible, un simple pas aurait suffi à le faire rebondir sur un buisson. Sa curiosité allait définitivement le perdre un de ces jours. Il jeta un coup d'oeil en arrière, le groupe qui se formait commençait à être assez éloigné de l'endroit où il se trouvait. Parfait, personne n'allait donc le gronder ou grommeler en voyant qu'il passait son temps à nourrir les animaux au lieu de chercher une solution contre les ogres.

Petit, petit, viens par là... comment on parle aux animaux, d'ailleurs? Et voilà qu'il se parlait à lui-même. En même temps, il n'allait pas parler à l'arbre situé à côté de lui. La réponse la plus probable qu'il allait recevoir serait une branche sur la tête.Il soupira avant de parvenir à mettre la main sur un bout de pomme dans sa poche. Mais en voulant le faire sortir, tout le contenu de sa poche tomba par terre, y compris un petit objet assez brillant : un haricot magique. Keenan resta où il se trouvait, regardant en l'air puis près de l'arbre dans l'espoir de voir le petit animal. Mais peut-être qu'il avait rêvé, après tout. Peut-être avait-il imaginé les pas de m'sieur Declan qui arriverait enfin jusqu'à lui. Un bruit étrange attira son attention, et des frissons parcoururent tout son corps. Il recula d'un pas, abandonnant son idée de nourrir un animal sûrement inexistant mais il tomba dans le vide. Par inadvertance, il avait utilisé le haricot magique qu'il possédait grâce à une aide très précieuse. Et il n'avait aucun moyen de retourner en arrière, aucun moyen d'arrêter ce qu'il avait mis en marche. Au lieu de trouver un animal, il allait atterrir dans un monde dont il ne connaissait rien. Keenan tomba dans le portail en poussant un dernier cri. M'sieur Declaaaaan !

Désormais accompagné de son neveu et d'une femme-dragon, Declan marchait à travers la forêt pour rejoindre ce qu'il restait du château de blanche-neige, mais surtout pour se rallier à Cora Mills, qui avait certainement une solution pour repousser l'attaque des ogres. Et avant de partir, le sorcier avait dévoilé son idée, ce qui semblait arranger la jeune femme du groupe. Cependant, il n'avait pas parlé de Cora. Pas encore. Pas tant que Elwyn était prêt à le suivre. La forêt n'était plus sûre et à lui seul, le jeune garçon ne pourrait pas arrêter toute une horde d'ogres capable de le démembrer en une poignée de secondes. Declan non plus ne le pouvait pas. Pas tout seul.

Les portes du châteaux n'étaient plus qu'à quelques mètres du petit groupe qui continuait sa progression, tournant le dos à un véritable chaos. Devant eux, quelques survivants s'étaient rassemblés pour contrer l'attaque des ogres. La femme-dragon accéléra alors le pas, dépassant Declan qui croisa son regard. Celle-ci lui glissa une petite phrase qui le fit sourire. Cora Mills n'était pas inconnue et sa réputation la précédait. La sorcière était capable de tout, même contre des ogres. Aussi puissante que sa fille, proche des capacités du ténébreux, Cora pouvait changer le cours des événements. Mais la présence de cette dernière ne semblait pas enchanter Elwyn qui s'était figé quelques instants avant de continuer son chemin.

Il ne restait plus que quelques pas à faire pour rejoindre le groupe de survivants. Declan lança un regard à son neveu pour s'assurait que ce dernier suivait avant que son attention se porte sur les arbres qui entouraient le château. Des craquements de branches se firent entendre et la terre tremblait. Une nouvelle troupe d'ogres s'approchait dans l'espoir d'attaquer. Declan pressa alors le pas, en gardant un œil sur son Elwyn. Puis, un cri l'alerta. Il avait entendu la voix de celui qui l'avait suivi durant de nombreux jours, celle de Keenan. Le sorcier pouvait le reconnaître entre mille. Qui d'autre se permettrait de l'appeler "M'sieur Declan" à part lui ? Cependant, Declan ne put chercher d'où provenait cet appel. Un ogre le poussa violemment contre un arbre, ne lui laissant que quelques secondes de réflexion pour l'attaquer en retour. « Il ne manquait plus que ça...» Se relevant péniblement du sol, Declan se recula vivement pour rejoindre le reste des survivants. « J'aurais préféré faire une entrée moins grotesque mais cet ogre a eu de l'avance sur les autres.» Le sorcier venait de s'adresser à Cora et se posta près de Killian Jones, le détaillant du regard de bas en haut. « C'est dont vous le pirate dont tout le monde parle ? Je vous imaginais plus... menaçant.» Son regard se posa ensuite sur la princesse Aurore. Tiens, que faisait-elle ici ? « Princesse.» Un petit sourire et voilà que les présentations étaient faites. Mais Declan ne pouvait pas discuter avec tout le monde. Bientôt, les ogres seraient trop proches pour se permettre de faire une pause. Désormais, les quelques survivants devaient sortir les armes. Il fallait combattre et en finir une bonne fois pour toute avec ces créatures répugnantes.

Je continuais ainsi ma marche vers le château. Le temps passait vite, et les ogres n'allaient pas tarder à arriver. Nous devions faire vite. Enfin, je devais faire vite. Apparemment, j'étais la seule ici à pouvoir vaincre ces ogres, et je devais sauver la forêt enchantée. Une tâche qui ne m'intéressait guère, mais qui me permettrait probablement d'asseoir mon pouvoir et mon autorité sur ce monde. Je devais prendre la relève, et montrer que j'étais capable de remplacer Regina. Depuis son départ, le monde des contes devenait fébrile ; des événements étranges se produisaient et tout se dégradait. Je devais faire quelque chose. Non pas pour sauver les autres, mais pour améliorer mes propres conditions de vie. Et puis après tout, j'étais née ici, je devais garder ce lieu intact. Cela ne pouvait qu'augmenter mon pouvoir et redorer ma réputation auprès des habitants de ce monde. C'était le seul et unique moyen. Mes pensées furent interrompues par un léger tremblement de terre. Quelque chose se passait dans la forêt. Les ogres allaient-ils venir aussi rapidement ? Ou bien, était-ce autre chose ? Mes yeux se perdirent, pour remarquer la disparition de quelqu'un : le jeune nain qui était avec Davy et moi quelques minutes avant. Il venait probablement de faire les frais de sa rencontre avec les ogres ; dommages collatéraux, devrais-je dire.

Puis, un énorme bruit semblable à un craquement survint. J'interrompis rapidement ma marche en direction du château pour me retourner à toute vitesse. Un homme venait de se faire balayer par un ogre, et s'était écrasé non loin de moi, contre le sol. « J'aurais préféré faire une entrée moins grotesque mais cet ogre a eu de l'avance sur les autres. » me lança t-il. Mon regard s'aiguisa et se lança sur son visage. Declan Weathers. Ma bouche se fendit en un sourire faux. Le voir ici ne présageait pas grand chose de bon ; il n'avait pas été capable de se défendre seul. Il venait probablement demander mon aide. Ce qui voulait dire que les ogres allaient constituer un plus grand problème que je ne l'imaginais. « Declan Weathers. Heureuse de vous voir parmi nous. Hélas, bonheur assombri en voyant que vous nous emmenez de la compagnie. » Mon regard se posa sur deux ogres qui s'étaient postés devant nous. Leur vue avait beau être totalement inexistante, leur ouïe était décuplée. J'ouvris alors mes bras, montrant à tout le monde de s'écarter. « Faites attention à vous, ils ne vont pas tarder à amener leurs congénères. » lançais-je, un ton légèrement inquiet dans la voix. Cela n'arrivait que très rarement, mais lorsque cela arrivait, cela ne présageait rien de bon. Au contraire. Mes sourcils se froncèrent.

L'un des deux ogres déracina un arbre, et prit de l'élan. Il voulait le lancer sur nous. Je me mis alors à agiter mes doigts avec frénésie. La situation risquait de s'empirer. Les ogres souhaitaient passer à l'attaquer, je pouvais le sentir. Et j'étais certaine que tout le monde autour de moi pensait la même chose. Alors, l'ogre élança son bras dans notre direction. Le tronc vola lourdement vers nous, sa vitesse était incroyable. Il s'écrasa un peu derrière nous, balançant des morceaux de terre partout. Une épaisse volée de poussière se propagea vers nous. Les ogres voulaient nous réduire au même état qu'eux ; la cécité. Ils voulaient que notre vue soit entièrement brouillée pour prendre l'avantage. Ma main droite s'éleva dans les airs, et mon poignée se mit à tourner. « Si je pouvais vous donner un conseil, alors protégez vos yeux. » lançais-je, un sourire en coin. Une fumée bleuâtre tendant vers le violet s'échappa de ma main, qui tournoyait dans les airs. La poussière suivit le mouvement, et forma un épais tourbillon autour de notre petit groupe. Mon bras s'est alors balancé en direction des ogres, suivi immédiatement par la poussière. Grave erreur, que je constatais dans l'instant suivant. Les ogres n'avaient que faire de la poussière, ils étaient déjà aveugles. Et à présent, l'épais brouillard les enveloppait. Ils étaient invisibles. Une fois la fumée dissipée, ce n'étaient pas deux, mais quatre ogres qui se trouvaient devant nous. La situation devenait critique. Je devais agir, au plus vite.

J'ai alors agité mes mains dans leur direction, et des arbres s'écroulèrent sur eux. Un des ogres prit un tronc d'arbre dans la tête, et s'affala contre le sol. Moins un. Mais les trois autres l'avaient entendu, ils étaient furieux. « Attention, ils arrivent ! » criais-je pour prévenir les autres. Et en effet, deux ogres se lancèrent sur nous. Alors, j'ai balancé mes bras sur les côtés, pour que notre groupe soit enveloppé dans une large fumée bleuâtre. Nous venions de nous téléporter quelques mètres plus loin. Hélas, mes pouvoirs ne me permettaient pas d'emmener autant de monde trop loin. Mais au moins, les ogres ne savaient plus où nous nous trouvions. Je pris mon courage à deux mains, pour m'approcher des ogres. Je me mis alors à mimer le geste de mélange d'un chaudron, pour provoquer un large séisme dans la zone où se trouvaient les deux ogres. La terre s'ouvrit, et une large crevasse engloutit les deux créatures géantes. D'un geste simple mais efficace, je balayai l'horizon, la terre se reforma comme avant. Il ne restait plus qu'un ogre debout. Le plus grand, le plus fort. Evidemment. « Un peu d'aide ne serait pas de refus. » marmonnais-je à l'égard de mon acolyte sorcier. Declan. Je me postai à ses côtés, tandis que l'ogre s'élança vers nous.

Je joignis ma main gantée à la sienne, pour tendre ma main libre vers l'ogre. Je tirais le maximum de pouvoir du corps de Declan, pour les amener à moi. Une large flamme émana de mes doigts, pour grossir au fur et à mesure que mon énergie s'élançait au bout de ma main. L'énergie de Declan m'aidait grandement. Bien sur, je ne lui volais pas ses pouvoirs, je m'en servais seulement pour augmenter ma force ; il ne trouverait aucun changement. La flamme s'écrasa contre l'ogre, qui fut calciné en quelques minutes. Hélas, il se débattait. Les flammes n'arrivaient pas à entièrement le consumer, il pouvait toujours bouger. Il prit un arbre pour le lancer vers nous, un petit tremblement de terre me déstabilisa. Je levais alors ma main, emportant l'arbre dans une large fumée. Il s'écrasa sur le crâne de l'ogre, qui tomba sur le corps inerte de son congénère. Je mis alors le feu à l'arbre. Les flammes se propagèrent sur les corps des ogres, qui furent vite réduits en cendre. La bataille était gagnée. Les ogres n'étaient plus. Un sourire se dessina sur mon visage. La menace n'était plus. « Les ogres ne sont plus. La forêt enchantée est saine et sauve. » dis-je d'une voix claire, et avec fierté.