Quelque chose s’échappa. Sven cru mal entendre. Aime moi. Tout s’évapora. Tout disparu. Il y eut un fleurissement, deux centimètres sous son cœur, qui d’ailleurs, fit mine de s’arrêter. Cela se passa au ralentit. Harley se détacha de lui, et avant qu’il ne puisse la saisir par le poignet – parce qu’il la voyait déjà fuir -. A nouveau, il fut plaqué contre cette porte, des lèvres se posant sur les siennes, suivi d’un baiser plus échaudé. Le clic sembla se produire dans son esprit, alors qu’il réagissait, une de ses mains se posant sur celles d’Harley, les serrant affectueusement, l’autre effleurant la nuque de la brunette, sur laquelle il perdit ses doigts dans la longue chevelure de son amante. Pouvait-il seulement encore pensé qu’elle n’était que ça ? Non. Certainement pas. Enfin, il n’était pas en possession de ses pleins moyens pour y réfléchir, alors qu’il approfondissait à son tour le baiser, une chaleur irradiant de sa poitrine, partageait cette étreinte endiablée, comme elle ne l’avait jamais été.

Entre les baisers, il y eut les confessions. Entre les confessions, il y eut les baisers. Sans que Sven ne puisse répondre, comprenant bien qu’il n’avait pas le droit à la parole, au risque de briser ce qu’il se passait entre eux. Il posa son front sur la fille Watson, attendant qu’elle finisse, l’embrassant à la conclusion de sa déclaration. Une partie de lui aurait pu prendre peur, et quelque part, cela devait se passer, dans un recoin éloigné de son passé. Tout allait trop vite. Tout était trop intense. Sa raison aurait voulu qu’il s’éloigne d’elle, parce que au risque de bruler les étapes, Sven finirait pas se bruler lui-même. Ce ne serait pas se bruler les ailes, ou le cœur. Non, il finirait en un petit tas de cendre, d’une combustion incontrôlable. Mais cette chaleur, douce chaleur, qui se libérait dans chaque parcelle de son corps empêchait cette éventualité. Dis-moi de t’aimer, et je t’aimerais. Oh, suis-je bête, elle venait de le dire <3 « Si tu es faible, je serai ta force. Je t’aimerai, et on souffrira ensemble. » Qu’avait-il d’autre à dire, vraiment à cette confession ? Qu’est-ce qui aurait été plus naturel encore que cela ?

Sven n’aurait pas pu la rejeter, car il était pris d’Harley d’une force dont il n’aurait jamais soupçonné l’existence. Chaque seconde passée en la présence de la brunette augmentait la nécessité d’être près d’elle, à tel point que ça ressemblait à de l’insanité. Ses mains glissèrent dans le creux des reines de la fille Watson, lui empêchant toute escapade. « Ne rentres pas au lycéen dans ce cas. » Était-elle obligée d’y retourner ? Oui, elle l’était, mais qu’est-ce qu’était l’obligation ? Il savait qu’une fois déposée devant le bâtiment scolaire, il lui faudrait combien de jours avant de pouvoir se revoir ? Combien d’heures leur restait-il avant qu’elle ne doive retourner vers la figure autoritaire du père, qui était incapable d’aimer sa propre fille comme Sven le faisait ? Sven l’embrassa, délicatement, détaché de toute cette brusquerie qui les avait animés, peu de temps auparavant. Il ne voulait pas se séparer d’elle. Harley n’aurait qu’à dire oui, dans un doux rêve éphémère et il l’emmènerait avec lui.

Ils restèrent ainsi, plusieurs secondes encore, jusqu’à ce qu’un malicieux petit frisson ne vienne se glisser dans le dos de Sven, lui arrachant un frémissement. Se détachant à contre cœur d’Harley, bien qu’elle restait juste à côté de lui, il chercha des yeux son caleçon, qui en fait était à ses pieds. Décidemment, eux, ensemble, les lieux s’en sortaient rarement indemne. Un boxer sur les fesses, il se retourna vers Harley, de la douceur dans le regard. « Il va vraiment falloir que je t’apprenne à faire le mur. » & tout ce qu’il y avait derrière.

La violence et la douceur se mêlaient à la perfection pour étendre leurs ailes sur Harley. L’instant était magique, et elle osa à peine briser le silence. Ses paroles lui semblaient confuses, vides de sens, en comparaison de la flamme qui brûlait en elle. Sven lui faisait vivre des instants dont elle se protégeait avant, car elle était loin de les imaginer dans toute leur splendeur. Mais aujourd’hui c’en était fini. Insidieusement, il avait brisé une grande partie de la bulle de verre dans laquelle elle s’était toujours retranchée. A cause de Sven, elle avait laissé une faiblesse étrange s’inviter dans ses veines et parcourir son corps. A cause de Sven, tout ce qu’il y avait au-delà de ce cagibi lui était égal. Rien ne comptait hormis sa main sur sa nuque, ses caresses dans ses cheveux. Il avait posé son front contre le sien, et Harley eut une vue saisissante sur ses prunelles d’ambre. Elle tenta de s’y accrocher afin de trouver en elles les réponses à toutes ses nouvelles craintes, la force de ne pas devenir faible, de ne pas tomber dans des vices qu’elle fuyait comme la peste. Mais les yeux de Sven ne réussissaient qu’à la corrompre davantage, jusqu’à ce qu’il lui concède : « Si tu es faible, je serai ta force. Je t’aimerai, et on souffrira ensemble. » Les doutes se dissipèrent lorsque son cœur se souleva. Elle aurait juré qu’il avait manqué un battement, mais ça n’était pas possible, n’est-ce pas ? Une nappe de chaleur recouvrit le corps d’Harley, tandis que son cerveau perdait le fil de la réalité. Que Sven soit sa force ? Au fond d’elle, l’idée la séduisait et ferait bientôt son chemin jusqu’à des coins moins reculés de sa conscience.

Les mains de Sven coururent sur sa peau nue, lui tirant un frisson subtil, avant de se nicher au creux de ses reins. « Ne rentres pas au lycée dans ce cas. » Sven n’était pas loquace, il ne faisait pas les longs discours verbeux dont elle seule avait le secret. Mais ses quelques mots suffisaient à Harley, distillant assez de poison dans ses veines. Elle n’aurait pas osé lui en demander plus, il venait déjà d’en dire assez pour la faire chanceler. Mais elle resta forte, puisant dans les yeux sombres qui la fixaient la capacité de faire face à la vague qui manquait de la submerger. Elle accueillit ses lèvres en fermant les yeux, profitant du bref répit que lui accordait son aîné. Rassembler ses pensées n’avait rien d’une mince affaire, mais elle s’y attela en laissant ses bras remonter derrière le cou de Sven et l’enserra comme si elle craignait qu’il ne s’échappe. L’étreinte était simple, le chaos de leur ébat s’étant évaporé. Mais les lèvres de Sven finirent par se dérober, et elle laissa ses bras glisser du corps de son amant lorsqu’il se détacha d’elle. Il n’était pas encore sa force, sans quoi elle ne l’aurait pas laissé se dégager si facilement. Pour l’instant, elle se sentait seulement faible en sa présence. Seule sa fierté pouvait encore se dresser entre elle et les quatre volontés de l’ébéniste, mais elle n’était pas certaine que ce soit réellement une force. Un jour, sans doute, trouverait-elle le moyen de transformer ce qu’elle ressentait pour Sven en force, mais pour l’instant ça ne lui donnait que des raisons de s’inquiéter.

Sven avait eu le bon sens d’enfiler son boxer, et Harley suivit son exemple en cherchant à mettre la main sur ses sous-vêtements. Son soutien-gorge fut rapidement trouvé mais le string se révéla plus difficile à repérer dans la pénombre, parmi le désordre à leurs pieds. « Il va vraiment falloir que je t’apprenne à faire le mur. » Elle sourit alors qu’elle accrochait son soutien-gorge, mais ne répliqua pas. La détermination de Sven rappelait à Harley la difficulté qu’ils avaient désormais à se voir. Elle ne doutait pas qu’ils arriveraient à déjouer à nouveau la vigilance de ses géniteurs, cent fois s’il le fallait, mais ce qui la renfrognait c’était le temps perdu en manigances. Elle, reine de l’embrouille et des plans diaboliques, en venait à voir ces exercices comme du temps en moins passé avec Sven. Bien sûr, ça pouvait être très excitant de trouver d’autres endroits improbables comme celui-ci pour se retrouver, mais jusqu’à quel point leur patience serait-elle apte à les réunir ? Elle enfila son string avant d’empoigner son jean et de le passer sans plus un regard ou un mot pour l’ébéniste. Réfugiée dans ses pensées, Harley réalisait le chaos dans lequel elle avait trouvé bon de laisser battre son cœur. Son bustier fut passé avant qu’elle ne daigne glisser un regard vers Sven. Elle se baissa pour attraper son t-shirt et le lui mit entre les mains dans une réplique cynique : « Rhabille-toi, espèce de vieux vicieux. » Son insolence refaisait surface pour protéger ses arrières. Elle enfila rapidement son pull, avant de pousser Sven sans aucune tendresse pour se laisser le champ libre. La main sur la poignée de la porte de service, elle lui accorda néanmoins un regard malicieux et quelques explications à sa soudaine vivacité. « Il est temps d’avoir une petite conversation avec mon père ! »

Harley ouvrit la porte sans laisser à Sven l’occasion de réagir, retrouvant la salle principale du restaurant et attirant au passage le regard d’un serveur qui passait par là. L’air inquiet, il se précipita sur elle, mais la flèche Watson n’entendait pas se laisser arrêter par un sombre prélat. « Vous devriez faire plus souvent le ménage dans ce local, c’est un vrai chantier. » Elle s’éloignait déjà, laissant l’homme sidéré démêler le sens de ses mots. D’un regard, elle balaya les clients qui se trouvaient attablés, et repéra rapidement la figure paternelle. Elle s’approcha de lui à grand pas, prête à en découdre, sans s’inquiéter de savoir si Sven la suivait. Mais un détail la força à suspendre subitement sa progression. Installée face à son père, elle pouvait distinguer un profil qui n’était pas celui de sa mère. La détresse passa dans ses prunelles grises, tandis qu’elle surprenait une fois de plus son géniteur en flagrant délit d’adultère. Peu importait qu’il ne soit pas dans une position significative cette fois, quelle femme splendide était-il sensée emmener au restaurant si ce n’était sa propre épouse? L’humidité dans le regard d’Harley risquait de faire chanceler l’éclat vindicatif qui y brûlait. Et soudain, ses forces l’abandonnèrent. A quoi bon revendiquer quoique ce soit face à cet homme indigne et sans morale? Harley avait honte d’être sa fille. Il n’était pas question de lui devoir une seule chose de plus à partir de ce jour. Elle tracerait sa voie elle-même, sans son aide, et même contre sa volonté puisqu’il semblait vouloir lui mettre des bâtons dans les roues. Elle fit volte-face, décidée à rejoindre Sven et à l’emmener loin de cet homme qui ne méritait pas une seconde qu’il prenne la peine de lui casser les dents.

Sven se rhabillait, ce qui mettait un point final à leur étreinte intime. C’était à contrecœur. Il serait bien resté ainsi, dans ce petit cagibi, à serrer Harley contre lui et à s’échanger des mots d’amour pour le restant de leur journée, pour leur restant de leur vie, éventuellement. Cependant, il y avait tant d’autres choses qui les attendaient, à l’extérieur de ce restaurant. Ainsi, il enfila son boxer, non sans perdre la délicieuse vue d’une Harley qui enfilait ses sous-vêtements. Pour la peine, il oublia de chercher ses chaussures, et enfila son pantalon sans vraiment faire attention. Qui aurait cru, deux semaines auparavant, qu’ils se seraient retrouvés, pour partager un moment romantique. Qui aurait cru que Sven se serait tant attaché à la fille Watson qu’il crevait déjà d’envie de la retrouver, alors qu’elle n’était pas encore partie. Il ne voulait pas qu’elle parte. Le lycée l’attendrait, il ne disparaitrait pas. Quant à Harley, elle, elle pouvait bien disparaitre pour une poignée d’heures en plus, non ? Son t-shirt fut remis entre ses mains, ce qui eut le don de le couper de ses pensées, levant le regarde sur une Harley parfaitement habillée, alors que lui était encore torse nu. « Pourtant, je n’avais pas l’air de te déplaire plus tôt. » C’était ainsi. Harley retrouvait sa répartie cinglante, Sven renvoyait la balle. Ce n’était pas parce qu’ils s’étaient avoués certains sentiments deux minutes auparavant qu’il changerait sa manière d’être. Il lui décrocha un sourire et enfila le reste de ses vêtements.

Ses yeux d’ambre, interrogateurs, suivirent la silhouette de la fille Watson qui quittait la pièce exiguë pour se rendre dans la salle. Sven haussa un sourcil, enfilant finalement ses chaussures. Il se calla sur le contour de la porte, croisant les bras, tandis qu’il suivait des yeux l’avancée d’Harley dans le restaurant. Une conversation avec papa Watson, vraiment ? Il ne savait pas d’où venait cette soudaine détermination de la part de son amante. Cependant, il ne pouvait que sourire. Ce n’était pas à lui de décider quand ils devraient affronter la figure paternelle. Sven ne ferait que suivre Harley dans ses choix, aussi mauvais soient-ils. S’ils devaient faire un deuxième scandale dans le restaurant, ainsi soit-il. C’était presque dommage, l’ébéniste aimait bien la cuisine qu’ils servaient. Il fut interrompu dans sa vision par le raclement de gorge du serveur que la brunette avait précédemment remballé. « Quoi ? » Le ton était sec. Il ne souffrirait aucune remarque désobligeante sur le manquement morale de ce qu’il s’était passé dans ce placard à balais. Le jeune homme s’apprêtait à servir un chapelet de réprimandes à Sven, qui n’en avait cure.

Harley s’était arrêtée. Les traits de l’ébéniste s’aggravèrent. C’est vrai, il avait oublié de mentionner la présence d’une tierce femme à la table du père. Il la contempla, comme si elle s’était heurtée à un mur invisible. Le mur de la vérité, de la douleur. Sven ne prêtait d’ores et déjà plus attention au serveur, qui continuait de lui souffler dans l’oreille. Il le repoussa, alors qu’il rejoignit son Harley, presque tremblante. Il ne fit aucun commentaire sur la détresse qu’il captait. Sven se contenta de lui adresser un regard tendre, tout en prenant sa main dans la sienne. « On y va. » Il l’avait dit, n’est-ce pas ? Qu’il serait sa force et qu’il ne la laisserait pas tomber. Si quelqu’un devait faire souffrir Harley, il était seul à y avoir droit. Si quelqu’un devait réconforter Harley, il serait le seul à pouvoir le faire. Sven ouvrit la marche, encore une fois, sortant la brunette de ce lieu qui ne requérait plus leur présence. Il voulait s’assurer qu’elle allait bien, mais il ne lui demanderait pas. Ils n’avaient fait qu’une promesse : celle de se languir l’un de l’autre. Sven n’avait pas reçu l’autorisation d’Harley de lui panser ses blessures, une à une. Cependant, rien ne l’empêchait de ramasser les morceaux de cette Harley brisée, pour les recoller, un à un.

L’air froid de février lui fouetta le visage, alors qu’il approchait de sa voiture. Néanmoins, avant de monter dedans et de devoir se détacher une fois de plus d’Harley, il l’attira à lui, sa main libre emprisonnant la fille Watson par les hanches. Il se pencha pour l’embrasser, se fichant bien d’être à la vue de tous, voire pire, du père adultère. Ce baiser retrouvait ce goût pour cette sauvagerie que seule Harley réussissait à faire bruler dans les veines de l’ébéniste. Il franchit la barrière des lèvres de la brunette, approfondissant le contact, cherchant à être toujours plus proche de sa partenaire, malgré les vêtements, les chagrins, les envies. Sa main ne lâchait pas celle d’Harley. Il détacha ses lèvres, gardant encore le goût de la jeune femme, son arôme sur sa langue. « Surtout, n’oublies pas que je t’aime. » Elle lui avait demandé de l’aimer, ainsi il l’aimait. Sven offrit un dernier baiser délicat, un mince sourire étirant ses lèvres. Elle voulait qu’il souffre de son absence, ainsi souffrirait-il du trou qu’elle creusait, deux centimètres sous son cœur, et qu’elle laisserait indéniablement vide une fois qu’il ne trouverait plus le chemin jusqu’à son corps, jusqu’à elle.

Sven se tourna vers son véhicule, se détachant partiellement de Harley, sans pour autant rompre le contact physique – il n’en avait pas envie et sa voiture lui sembla soudainement un grand obstacle à ceci-. Mais il avait plus important à faire qu’assouvir son désir égoïste. Il devait prendre soin d’Harley. Et cela dépassait toute considération personnelle. « Où veux-tu aller ? » Là où elle voulait aller, ils iraient, Sven obéissant à ses moindres ordres, ses moindres désirs.

« Pourtant, je n’avais pas l’air de te déplaire plus tôt. » Il avait fallu qu’il réplique face au cynisme de sa cadette. Harley ne pouvait pas lui en vouloir, au contraire. Un sourire s’était immiscé au coin de ses lèvres lorsque Sven avait échappé cette si cruelle constatation. Ça aurait été bien hypocrite de sa part de perdre du temps à nier. Les regards lubriques de son aîné ne lui déplaisaient pas, ils l’inspiraient plutôt. Harley aimait savoir ses prunelles ambrées rivées sur elle. La gamine gâtée qu’elle était avait toujours souhaité être dévorée du regard comme le seul et unique centre d’attention. Si ses parents avaient dans un premier temps bien joué le jeu, ils étaient devenus de moins en moins présents au fil des années. Et alors qu’Harley s’apprêtait à confronter son père avec audace, elle eut sous les yeux l’une des raisons les plus ignobles qui avaient détourné le regard des Watson de leur petite princesse. L’adultère. C’était devenu la grande passion de ses parents. Il ne se passait plus une journée sans mensonge, trahison et jeu de dupe. C’était devenu le quotidien d’Harley, qui avait dû commencer à chercher ailleurs les marques d’attention qu’elle n’obtiendrait plus de ses géniteurs. Elle se complaisait depuis dans les coups bas et les exhibitions destinées à attirer l’attention de Storybrooke. Elle s’y était sans doute mal prise, mais dans la débâcle, elle avait réussi à s’accrocher à Sven. Lorsqu’elle y pensait, c’était la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis des années. Depuis que son père avait commencé à emmener ses poules au restaurant et que sa mère invitait son amant à la maison sans le moindre remord.

Elle s’était détournée de la peine qui l’avait submergée face à ce désagréable constat. Elle n’avait pas eu à marcher beaucoup pour retrouver Sven, sur lequel elle leva un regard poignant. Il aurait sans doute à être sa force plus tôt que prévu. Une idée étrange chemina jusqu’au cerveau d’Harley, et elle sentit que l’ébéniste aurait les épaules pour n’importe quoi. Ce n’était pas son genre de se reposer sur quiconque, pourtant elle eut envie de s’abandonner totalement à son jugement lorsqu’il prit sa main dans la sienne tout en la considérant avec tendresse. Il eut le bon sens de ne faire aucune remarque, et Harley n’arriva pas à déceler la moindre pitié dans son regard, malgré toute la conviction avec laquelle elle le scruta. « On y va. » Elle se contenta d’opiner du chef, retrouvant tout aplomb dans les prunelles sombres de son aîné. Sven l'emmena hors des lieux, et cette fois-ci pour de bon. Harley retrouva le froid de l’hiver et la clarté du ciel avec l’étrange sensation d’avoir été enfermée des heures. Ils rejoignirent le pick-up de Sven d’un pas décidé, mais Harley n’eut pas le loisir de s’écarter de l’homme pour aller jusqu’à sa portière. Pas encore décidé à la laisser lui filer entre les doigts, Sven l’attira à lui et Harley sentit sa main bloquer sa hanche tandis que ses propres lèvres accueillirent son baiser avec ferveur. Elle accrocha sa main libre au col de son amant, l’attirant encore un peu plus à elle. Leurs langues se retrouvèrent et jouèrent un instant, avant que Sven ne rompe le charme en éloignant son visage. « Surtout, n’oublies pas que je t’aime. » Harley se mordit la langue, tandis qu’un soubresaut de son cœur lui fit chanceler l’esprit. « Je sais. » Que pouvait-elle répondre d’autre ? Elle avait exigé qu’il l’aime, et en bon soldat, Sven s’était exécuté. Son aveu paraissait si simple, et ne rien lui coûter. Harley ne pouvait pas lui en offrir autant, mais elle ne s’encombrait pas de savoir s’il s’en offenserait. Sven l’embrassa à nouveau, comme pour sceller leur nouvelle relation. A partir de ce jour, de cette minute, de cette seconde, ils ne se contenteraient plus d’être amants. Ils ne voueraient plus uniquement leurs corps à cette passion qui les rongeait qu’ils soient proches ou éloignés de l’autre. Mais ils y jetteraient toutes leurs forces, toute leur âme, tout leur cœur. Ce serait naturel, Harley imaginait à peine l’étendue des dégâts. Elle laissait un sourire ravi et inconscient flotter sur ses lèvres.

Sven se détacha d’elle, et les insignifiants centimètres qui les séparèrent alors parvinrent à exécrer Harley. « Où veux-tu aller ? » Son sourire revint à la charge, s’épanouissant alors qu’elle réalisait qu’elle pouvait bien aller n’importe où avec Sven, ça lui était égal. Seule sa présence comptait, car il était Sven et qu’il lui faisait perdre la tête sans avoir à bouger ne serait-ce que le petit doigt. Ils avaient déjà partagés beaucoup en peu de temps, et sans doute allaient-ils trop vite. Mais Harley pensait en savoir suffisamment sur l’ébéniste et le fond de son cœur pour ne pas se tromper en se jetant avec lui dans le tumulte des sentiments. Il n’avait rien cherché à l’origine, et Harley était plus que partante pour une aventure sans lendemain. Mais la passion leur était tombé au coin de la gueule, et ils n’avaient pas pu résister, ils s’étaient brûlés au contact l’un de l’autre. Mais il n’était pas encore trop tard pour bien faire les choses, et transformer une relation amorcée par la chair en une affection et une connaissance plus profonde et aboutie de l’autre. « A ton atelier ! »