Declan marchait depuis plusieurs jours maintenant, accompagné de son nouvel animal de compagnie : un jeune homme appelé Keenan. Il n'avait pas revu ses frères ni sa soeur depuis presque un mois et restait éloigné du clan de Cora. Le solitaire qu'il était aimait bien partir seul à travers le royaume, dans le but de trouver une solution, un moyen de rejoindre le monde sans magie. Et il n'était pas difficile pour Declan de contacter les membres de sa famille ou Cora, soit par l'intermédiaire d'un rêve, soit à l'aide d'un rapace capable de porter des messages aux bons destinataires. Il aurait bien envoyé Kennan jouer les messagers - dans le but de s'en débarrasser - mais le petit homme était tenace et semblait ne plus vouloir quitter le sorcier. Declan avait l'impression d'être un pot de miel ambulant. Il se demandait bien ce qui pouvait motiver certaines personnes à lui tenir compagnie et était certain de ne jamais trouver la réponse à ce mystère.

Aujourd'hui, Declan était presque arrivé au campement où se trouvait sa famille - et peut-être Cora, qui sait ? Il continua alors son chemin, sans se tourner, un bâton en bois à la main pour ne pas trop souffrir des longues distances parcourues. Mais il restait encore quelques minutes avant qu'il ne puisse retrouver les siens et la fatigue se faisait ressentir. Et puisque les retrouvailles n'étaient pas une priorité absolue, Declan décida d'arrêter le voyage pour se reposer. Il alluma rapidement un feu et lança sa besace quelque part contre un tronc d'arbre couché. Dans un autre de ses sacs se trouvait quelques poules mortes qu'il avait récupéré chez un fermier non loin d'ici. Plusieurs habitants du monde des contes tentaient de refaire leur vie et il n'était pas difficile de marchander avec eux pour un peu de vivres.

Après le repas, Declan posa son dos contre un arbre, bras croisés. Il ordonna à son pot-de-colle de dormir, décidé à veiller un peu avant de faire de même. Mais après quelques minutes seulement, des cris l'alertèrent. Il redressa alors son dos de l'arbre, le regard perdu dans le vide, l'oreille aux aguets. « Tu as entendu ça ? » Il s'adressa à Keenan, incertain. Peut-être avait-il rêvé ? Après tout, la fatigue avait failli l'assoupir. Sa réponse arriva bien vite. Un arbre passa tout près d'eux et tomba lourdement sur le sol, soulevant une fumée de poussière alors qu'il continuait son chemin, traînant sur plusieurs mètres avant de s’arrêter. Declan se leva brusquement et récupéra ses deux besaces. « Il ne faut pas rester ici ! » Il souleva Keenan du sol par le bras et le lâcha rapidement, partit dans une course pour rejoindre le campement où se trouvait sa famille mais aussi surtout pour fuir l'attaque des ogres.

Dire que marcher en compagnie de Declan Weathers n'était pas de tout repos serait mentir. Ce serait presque lugubre, pour être totalement honnête. En étant "recueilli", et surtout sauvé, par le sorcier, Keenan aurait espéré pouvoir apprendre quelques chansons de route, histoire d'avoir le coeur léger à chaque pas, mais tout ce dont ils parlaient était de magie, le jeune sorcier devant approfondir ses connaissances en magie. Après tout, quand il était détenu par ses "maîtres", il n'avait jamais eu l'occasion de faire de la véritable magie. Etre obligé d'en faire était un supplice, mais il était bien soulagé que tout cela soit fini. Il secoua sa tête frisée pour sortir de ses pensées et se mit à courir pour rattraper Declan. Il pouvait être agaçant avec ses longues jambes et son bâton mais Keenan s'habituait à tout cela. Il était comme l'apprenti de Declan, même si ce dernier le voyait davantage comme un pot de colle ambulant qui ne voulait plus le quitter. Le jeune sorcier taisait ses pensées mais il était persuadé que sa compagnie soulageait Declan qui n'était plus seul. Sssssh, ne le dites à personne.

Lorsque le sorcier alluma un feu et balança sa besace - qui manqua la tête de Keenan de peu, ce qui le fit soupirer - il comprit qu'ils allaient déguster un repas et pouvoir se reposer un peu. Keenan savait qu'ils allaient retrouver la famille de Declan, il était d'ailleurs assez nerveux en y pensant mais il n'en fit pas part à l'homme qui venait d'appuyer son dos contre un tronc d'arbre. Il termina de manger son repas en silence, en tentant de ne pas mâcher trop fort pour ne pas déranger Declan, et sursauta lorsqu'il lui conseilla de se reposer. C'était plutôt pour avoir la paix, et le plaisir de le réveiller en fracas. En parlant de fracas, il éclata tout juste. Keenan n'avait même pas eu le temps de lâcher ce qu'il tenait, jetant des coups d'oeil frénétiques autour de lui. Avait-il rêvé? Il braqua son regard sur Declan qui semblait tout aussi alarmé.

- M'sieur Declan... qu'est-ce qui se passe...?, mais aussitôt cette question posée, il eut bien rapidement sa réponse. Un arbre passa près d'eux, répandant un nuage de poussière en achevant sa course. Keenan n'avait pas le souvenir d'avoir vu un arbre de si près auparavant. Son corps tremblait, ses yeux étaient écarquillés. Que se passait-il donc? Ses maîtres avaient parfois évoqué des ogres, mais non, ce n'était pas possible. N'est-ce pas...? Il tenta de ranger ses affaires convenablement mais il se sentit soudainement soulevé du sol par Declan qui ne perdit pas de temps pour fuir. Keenan prit son maigre sac et tenta de suivre l'homme du mieux qu'il le pouvait. Il venait à peine de manger, alors il priait pour ne pas libérer son repas sur le sorcier. Il allait encore grommeler, et Keenan n'aimait pas voir m'sieur Declan grognon. Cependant, ils avaient un problème beaucoup plus urgent.

- M'sieur Declan, où allons-nous? Et allez-vous me dire ce qui se passe ou dois-je continuer à courir comme un idiot derrière vos longues jambes?

Ah oui, fait intéressant à propos de Keenan : quand il avait peur ou était en situation d'alerte, il perdait un peu ses bonnes manières. Juste un tout petit peu. Mais les ogres n'en avaient aucune, après tout ils avaient failli les assommer avec un arbre, du moins si c'était bien eux. Alors au diable les manières, survivre était sa leçon du jour.

La guerre des ogres

La nuit était tombée depuis déjà quelques heures, et la lune brillait parmi toutes les étoiles. Je décidais de profiter de cette obscurité pour me rendre dans la forêt. Je devais absolument trouver un moyen de me rendre dans ce monde où ma fille était allée, et avait emmené tous les habitants de nos terres avec elle. Dénués de magie et de souvenirs. Un monde qui m'était inconnue. Je savais bien que je n'aurais plus aucun pouvoir une fois là-bas, mais je devais trouver un moyen d'y aller, et de raisonner ma fille. Et si elle n'acceptait pas de ramener la magie, ou de retourner ici, je risquais d'avoir une petite discussion avec mon cher Rumpelstiltskin. Je me demandais réellement s'il avait perdu la mémoire ou non. Mais compte tenu de l'immensité de ses pouvoirs, j'en doutais fortement. Après tout, j'avais obtenu la magie grâce à lui, et mes pouvoirs égalaient presque les yeux. A quelques éléments près, je devais malheureusement l'avouer. Alors, je décidais de me rendre dans la forêt, afin d'aller dans l'ancien château de Blanche Neige et de son Prince. J'aurais pu m'y rendre directement, sans passer par les bois, mais je préférais me méfier. Au cas où des personnes y auraient élu domicile. Alors que, de l'extérieur, je pourrais voir s'il y'avait de la lumière, ou non. Après quelques minutes à faire mes préparatifs, un nuage de fumée violette se propagea dans la salle. Il enveloppa mes jambes, puis ma taille, et enfin, mon corps entier. En quelques secondes, ce nuage se dissipa au beau milieu des bois, et les légers passages de fumée violâtre s’évaporèrent dans les airs.

Le temps était frais, et la nuit était totale. Aucun bruit ne se faisait entendre. Rien. Un temps idéal pour mes recherches. D'un pas décidé, je me dirigeais vers le château. J'étais seule, dans ces bois. Le ciel était dégagé, étoilé. L'atmosphère était pesante, et trop silencieuse. Alors, je continuais d'avancer, brûlant quelques branches et ronces gênantes au passage. Ma robe était toujours intacte. Cette longue robe rouge et blanche que j'avais obtenu dans le monde où j'avais été nommée Reine. Ce monde où ma fille m'avait envoyée à cause d'un présent ridicule de Rumpelstiltskin. Rien qu'en pensant à ça, un soupir s'échappa de mes lèvres froides, et rouges comme le sang. Tout à coup, j'entendis un long craquement. Comme si un arbre se fissurait, avant de s'écraser contre le sol. Puis, suivit un grognement sourd, et un cri grave. Mes sourcils se froncèrent, tandis que j'essayais de comprendre ce qu'il se passait. Des pas se firent entendre, et la terre semblait trembler. C'est alors que je compris. « Les ogres.. » chuchotais-je sur un ton grave. Je devrais surement remettre ma petite recherche à plus-tard. Toutefois, je ne voulais pas abandonner. Pas ce soir là. Alors, l'habituel nuage violâtre m'enveloppa, tandis que je me retrouvais un peu plus loin. Marchant rapidement, j'allais de l'autre côté des grognements. Je n'étais ni inquiète, ni peureuse, mais je préférais quand même éviter ces créatures. Même si je devais les combattre, je préférais d'abord faire en sorte de ne pas être prise par surprise..

La guerre des Ogres

30 mars • Nuit • Quelque part à quai sur le Jolly Roger.

Cela faisait plusieurs jours que le capitaine Hook n'avait pas eu affaire à Cora et il trouvait cela étrange. Après tout, ils devaient tous les deux trouver un moyen de se rendre dans le monde créé par Regina pour qu'elle retrouve sa fille et que lui se venge de ce fichu crocodile de Rumplestilskin. Mais les choses ne semblaient pas si simples et notre pirate commençait à se lasser de cette attente. Sa soif de vengeance était telle qui pourrait tuer le premier matelot entrant dans sa cabine à ce moment précis ; du moins si cela ne lui jouait pas de tour par la suite...

En attendant que Cora daigne refaire surface et surtout en attendant qu'elle trouve cette fichue solution, le capitaine continuait de peaufiner ses plans pour le moment où il arriverait dans ce monde supposé sans magie dont la sorcière avait parlé. Cela lui paraissait surprenant que ce monde existe. Bien sûr, il n'était pas sorcier lui-même mais il vivait tout de même entouré de magie. Son navire lui-même était une incarnation du monde magique ! Il se demandait à quel point ça devait être dur et ennuyeux de vivre sans aucune magie pour vous aider.

Bref, il préférait ne pas penser à cela pour le moment et donc continuer d'améliorer le projet qui était en cours. Lequel était-il ? Eh bien, il créait un poison ; c'était une chose dont il avait le secret et qu'il aimait faire. Le poison était tellement ... jouissif quand il agissait. Selon sur lequel on tombait, la souffrance était plus ou moins longue et l'agonie plus ou moins douloureuse. C'était si plaisant de savoir qu'une petite concoction pouvait causer la mort en quelques minutes si l'antidote n'était pas pris à temps. Et oui, Hook n'était pas si fou que ça, à chaque poison il créait un antidote pour le cas où sa création se retournerait contre lui ! Pas totalement idiot le pirate !

Le poison qu'il concoctait à présent était prévu pour son ennemi juré et il se délecterait du moment où il en souffrirait mais alors qu'il s'apprêtait à verser la dernière goutte, l'ultime, celle qui donnerait toute sa force au mélange, il sursauta. C'était pourtant bien loin d'être dans sa nature mais un grondement très fort se fit entendre non loin de là. Et rapidement après, il entendit les pas de ses matelots sur le pont. Il soupira, las de devoir abandonner son activité et encore plus las de savoir que, de toute façon, ce poison était raté, ayant reçu trop de gouttes de ce produit magique ... il fallait savoir doser sinon, les effets avaient tendance à s'annuler... Dommage quand on y pense ! Il se hâta donc et monta sur le pont à son tour. Bien entendu, il faisait nuit et la lune était à peine présente, n'illuminant que très peu la nuit.
Un autre bruit sourd se fit entendre, comme du bois qui se craque mais ... pas une petite planchette ! Plutôt ... tout un arbre.
Connaissant bien l'univers qui l'entourait, le capitaine se doutait que cela ne pouvait être qu'une seule chose. Pour être capable de déraciner des arbres, ça ne pouvaient être que des ogres !
Il hésita un moment, réfléchissant à l'attitude à adopter face à cela. Une chose était sûre : il n'était pas le genre à aller se planquer à fond de cale pour éviter le combat mais il devait aussi comprendre ce qu'il se passait. Il ordonna alors à ses hommes en criant :

« La moitié d'entre vous sur le pont, épées prêtes à être dégainées ! L'autre moitié, sortez les canons et préparez-vous à tirer. Protégez ce navire comme s'il s'agissait de votre propre vie ! » Il les regarda un à un avant de s'attarder sur son fidèle second - du moins il le lui faisait croire - Mr Smee. « Je descends à terre, je dois en savoir plus sur ce qui se passe ; je vais essayer de trouver Cora. Je compte sur toi pour faire que ce navire soit encore debout quand je reviens sinon ... » Il passa son crochet lentement sous le menton de Smee. « Sinon tu sais très bien ce qui arrivera ! »

Il se détourna de celui qui était en réalité plus un mousse qu'autre chose et se dirigea vers le marchepied lui permettant de descendre. Avant de disparaître de la vue de ses matelots, il ajouta :

« Et que PERSONNE n'entre dans ma cabine ! »

Il partit alors en direction du camp où se trouvait souvent Cora. Il n'affichait rien mais l'action entreprise par les ogres ne le rassurait en rien.

La nuit venait de tomber sur la forêt enchantée. Une heure s’était déjà écoulée depuis que j’avais rejoint l’auberge miteuse où Moïra et moi nous étions rencontrées la première fois. Ce bouge sordide devait être notre point de ralliement. Après quelques jours mouvementés, nous avions convenu de nous séparer, la rousse pistant un groupe de barbare qu’elle avait rencontré par hasard peu de temps après que la malédiction ait été levée, tandis que j’avais continué à traquer Klaus, dans notre intérêt mutuel. De mon côté, les choses ne s’étaient pas déroulées comme prévu. La piste que j’avais suivi m’avait conduit au beau milieu de la forêt enchantée, où les ogres pullulaient, et semblaient se reproduire à une vitesse alarmante. Mes capacités m’avaient cependant permises de les éviter aisément, même si leur présence n’était en rien de bon augure. Je commençais néanmoins à craindre que Moïra n’ait pas eu ma facilité. Et si les ogres avaient réussi à lui mettre la main dessus ? Si elle n’avait jamais réussi à rallier les hommes qu’elle entendait retrouver pour obtenir plus de renseignements ? Et si j’attendais en vain depuis une heure alors que la rousse avait été réduite en un tas de cendres des semaines auparavant ?

L’auberge était plutôt paisible ce soir, comme sans doute la plupart des soirs depuis le jour fatidique où la malédiction avait été lancée. En croisant une femme particulièrement bien renseignée, j’avais pu avoir des informations très précises sur l’état de la situation. De fait, le retour de Moïra n’était pas primordial. Une partie de mon esprit espérait simplement qu’elle fut sauve. La mort d’une si jolie créature serait un beau gâchis. Mais je n’eus pas le temps de m’en inquiéter plus longtemps. Des cris déchirants retentirent, que l’ambiance feutrée de l’auberge ne parvint pas à étouffer. Je me levai d’un mouvement vif, et quittai l’auberge sans prendre la peine de payer ma consommation. A l’extérieur, les hurlements semblèrent plus déchirants encore. Mon visage se crispa, tandis que je faisais un pas vers la forêt. Le bon sens aurait voulu que je parte dans la direction opposée. Je jetai un coup d’œil vers la lune, faible croissant dans un ciel sans nuage. Les bruits devinrent plus pressants, et je n’eus pas de mal à reconnaître le son caractéristique d’arbres que l’on abat. Mes sens étaient en alerte. J’aurais du fuir. Mais il fallait que je comprenne. Si les ogres étaient à l’origine de ce capharnaüm, je ne les craignais pas. Et si Moïra peinait à me rejoindre précisément à cause de ce qu’il se passait là-bas ? Sans réfléchir davantage, je me précipitai dans la forêt, désireuse de connaître l’origine du vacarme qui retentissait dans toute la forêt. Je pouvais sentir la peur qui ébranlait les habitants de ces lieux. Et je n’en étais pas l’origine.

Plus je m’enfonçais dans la forêt et plus les cris et les chocs se firent bruyants. Cette nuit ne serait pas de tout repos, mais après des jours et des jours passés à chercher et à piétiner, une bonne course au clair de lune me faisait le plus grand bien. Ce n’était pas exactement en me précipitant sur des ogres que j’allais trouver le moyen de rejoindre le monde de la malédiction, mais si je pouvais mettre la main sur Moïra ou sur Cora, je n’aurais pas perdu ma soirée.

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